Bannière Ces villageois allaient tuer ce cochon par tradition…  la suite est belle et inattendue.

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Cela pourrait être un conte de Noël. Mais cette histoire est vraie, elle se passe aujourd’hui, dans un petit village du Portugal nommé Vilarandelo.

C’est l’histoire de Toninho (Petit Antoine), le cochon qui a conquis le coeur d’un village.  Tout commence lorsque les habitants décident de rétablir une tradition abandonnée : élever et engraisser un cochon en liberté dans les rues du village. Puis le sacrifier pour les fêtes.

 

Toninho dans le village

 

Toninho était encore un porcelet lorsqu'il est arrivé à Vilarandelo. En le voyant grandir dans les rues du village, les habitants ont découvert un être sensible et attachant. Un être qu’on aime caresser et nourrir sur le pas de sa porte. Ils ont découvert quelqu’un.

Et plus grand monde n’avait vraiment envie de lui ôter la vie.

 

 

Mais les billets de tombola avaient été vendus, et Toninho en était le gros lot. Et seul le gagnant déciderait de son sort.

Fin novembre, l’histoire de Toninho fait le tour des médias. Une chaîne de solidarité se met en place afin d’attirer l’attention sur son sort incertain, et lui obtenir une place dans un refuge.

 

 

Lundi 26 décembre, le gagnant de la tombola a été tiré au sort. Toninho n’a pas été mangé. Il a été décidé qu’il restera vivre au sein du village, et confié à une association communale. L’aire de jeux de l’ancienne école deviendra son terrain de fouille.

Souhaitons à Toninho de vivre longtemps et de continuer à toucher les coeurs et les consciences. De ne jamais connaître la vie misérable ni la mort violente et prématurée de ses congénères élevés pour la viande.

Si cette histoire vous touche, partagez-la.

Nous pouvons tous changer des vies, chaque jour. Apprenons à manger autrement.

 

 

photos : Leonel De Castro / Global Imagens

 


Bannière Émouvante scène d'une chauve-souris retrouvant son petit

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Ce bébé chauve-souris avait été trouvé égaré et incapable de s'envoler. Sous la surveillance de l'association ACRES (Animal Concerns Research and Education Society), basée à Singapour, le bébé est placé dans un endroit propice pour être retrouvé par sa mère.

La scène des retrouvailles est tout simplement émouvante. Ouvrez grand les yeux et profitez de ce moment rare et magique.

 

Les liens qui unissent les mères à leurs enfants sont parmi les plus forts au monde.

Malheureusement de nombreux animaux sont privés de cette relation unique et essentielle. Vaches et veaux, truies et porcelets, poules et poussins... ont eux aussi, le profond désir de rester unis. Leur porter secours est plus simple que nous l'imaginons.

 


Bannière Ces recettes de fêtes vegan vous mettront l'eau à la bouche

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Pour que les animaux soient dans nos coeurs, pas dans nos assiettes, passons des fêtes sans cruauté et trinquons à leur santé !
Les recettes festives sans viande foisonnent sur Internet. En voici une sélection :-) Très belles fêtes à tous et à toutes de la part de l'équipe de L214.

30 recettes festives par Antigone XXI

Un défilé de saveurs et de couleurs préparer Noël dans la joie, la simplicité… et la plus grande des gourmandises !

30 recettes festives par Antigone XXI

 

Noël vegan, par Marie Laforêt

La célébrissime auteure culinaire offre pas moins de 37 recettes festives pour faire craquer les palais les plus gourmets, sur son blog "100% végétal"

Recettes de Noël par Marie Laforet

 

Patate et cornichon, pour des fêtes sans prise de tête !

C'est LE blog vegan des recettes pas du tout compliquées, pour les flemmards qui ont du goût !

Recettes festives vegan par Patate et Cornichon

 

Noël vegan au vert avec Lili

Pour un Noël doux avec les animaux et la planète, une mine d'idées recettes végétales et bio.

Noël vegan, Au vert avec Lili

 

Recettes de fêtes de Melle Pigut

Ses fameux bons petits plats, version cuisine festive, déclinés en 30 recettes à tomber d'envie !

recettes de Noël par Pigut

 

Retrouvez également sur notre site des recettes d'alternatives au foie gras.


Bannière Témoignage : les images de l'abattoir d'Alès m'ont rendue végétarienne

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Après la diffusion des images de l'abattoir d'Alès, vous avez été nombreux à avoir changé votre façon de vous alimenter. Nous reproduisons dans cet article un très beau témoignage illustré que nous avons reçu.

 

Bonjour,

Je tenais à vous écrire un mot de remerciement.

Je réfléchissais depuis un moment à devenir végétarienne, j'avais réduit ma consommation de viande, choisi un "bon boucher" qui indique l'origine de la viande française en plein air, "veau élevé sous la mère", ainsi que le nom de son abattoir que l'on imagine "familial" ou "artisanal". Bref, de belles conditions de vie et de mort pour les animaux, quelque chose d'éthique qui me déculpabilisait un tant soit peu et qui m'évitait d'engraisser les industriels.

Je m'imaginais que me priver de viande serait difficile, "c'est tellement bon, surtout le cochon" je m'entends encore dire. Je pensais que ça serait une  tentation quotidienne, que j'en mourrais d'envie à chaque repas, goûter, encas (car oui, je mangeais parfois du pâté au petit déjeuner ou du jambon au goûter, même si j'avais réduit ma consommation). J'imaginais vraiment que ce serait le supplice de Tantale.

Dessin petite fille qui mange beaucoup de viande

Grâce à la vidéo de l'abattoir d'Alès que vous avez diffusée, j'ai sauté le pas. En regardant la vidéo, j'ai pleuré. Pleuré de voir la façon dont l'humanité traite les animaux, dans l'irrespect le plus total pour la vie, quelle qu'elle soit. Les tuer pour les manger n'est pas suffisant, il faut en plus qu'on les fasse souffrir pour accroître la rentabilité.

Ma prise de conscience a été immédiate : je ne peux pas cautionner ça. JE ne peux pas donner mon seul bulletin de vote valable — mon argent — à des gens qui font ça. Ma décision a été prise, en ce qui me concerne, je ne prendrai plus de vie pour mon plaisir.

Et depuis, Tantale me paraît bien loin... Le saucisson que j'aimais tant dégage une odeur de mort. À chaque fois que je vois de la viande, je n'y vois plus une source de plaisir, mais le cadavre d'un être sensible, qui a très certainement vécu très malheureux quelques mois ou années dans une misère sociale et physique intense. C'est pas ce qu'il y a de plus appétissant !

Merci de m'avoir ouvert les yeux, L214. Et merci au blog Insolente Veggie d'avoir enfoncé des portes ouvertes, c'est tellement logique. Il faut "juste" y penser...

Aujourd'hui je parraine un petit cochon à l'association Groin-Groin. Parce que désormais je préfère les cochons vivants et heureux, que morts et dans mon assiette.

Merci pour vos efforts et votre implication,
T.

Dessin d'une fille à table avec un cochon et des légumes dans l'assiette

 


Bannière Élevage et climat : affichage dans le métro parisien

Élevage et climat : affichage dans le métro parisien

  • Article du Mercredi 9 décembre 2015

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Un véritable parcours du combattant

En septembre dernier, L214 a lancé un grand concours d’affiches, le projet gagnant était destiné aux murs du métro parisien juste avant la COP21. Mais afficher dans le métro sur l’une des causes principales du réchauffement climatique - l’élevage - s’est révélé être un vrai challenge.

1, 2, 3, c’est le nombre d’affiches que nous aurons soumis, entre le 22 octobre et le 22 novembre, à l’organisme de régulation de la publicité (ARPP), dans lequel siègent les annonceurs traditionnels (Nestlé, Le Gaulois, le Medef, L’Oréal, etc). Pour arriver à nos fins, il aura fallu retoucher, sourcer (en vain), relancer. L214 aura bien un pied dans la COP21 à travers cette campagne d’affichage qui se déroulera finalement du 10 au 17 décembre 2015 dans le métro parisien.

Il nous semble indispensable que le consommateur soit alerté sur le lien entre élevage et climat, qu’il ait les cartes en main pour agir !

22 octobre - L’affiche de Pauline et Jonathan Her qui a remporté le 1er prix est adressée à Media Transport, gestionnaire de l’espace publicitaire dans le métro, qui transfère notre proposition pour validation à l’ARPP.

Affiche gagnante 'Et toi, ta planète, tu la préfères bleue ou saignante ?'

30 octobre - La réponse se fait attendre, c’est 8 jours plus tard que l’ARPP revient vers nous : "[...] les différents éléments chiffrés présentés doivent reposer impérativement sur des éléments objectifs, véridiques et vérifiables. Les sources relatives à ces données devront figurer dans la publicité de manière parfaitement lisible [...] les allégations environnementales suivantes : Pour préserver notre environnement, notre vie ainsi que le slogan Sauve la planète, revoie le contenu de ton assiette sont à notre sens excessives, non nuancées [...]"

Bien sûr, tous nos chiffres sont sourcés, mais comment garder une affiche lisible dans ces conditions ?

1er novembre - Nous soumettons un nouveau texte (sans les 3 données chiffrées) : “Votre planète vous la préférez bleue ou saignante ? 51% des Français disposés à réduire leur consommation de viande pour lutter contre le réchauffement climatique. Chaque fois que vous mangez vegan, vous contribuez à préserver l’environnement et vous épargnez des animaux.” Nous leur rappelons que nous sommes en mesure de justifier les 51% figurant sur l’affiche (source : sondage IPSOS pour Chatham House - 2014)

3 novembre - L’ARPP nous répond : "Nous avons bien noté les propositions envisagées. Il faudra dans tous les cas sourcer dans la publicité les chiffres annoncés. Nous avons besoin de voir les conclusions des sondages et études."

9 novembre - Nous proposons la même affiche reformulée intégrant un tout récent sondage réalisé par YouGov pour L214 les 5 et 6 novembre 2015 en lieu et place du sondage de Chatham House :

Affiche 'Votre planète, vous la préférez bleue ou saignante'

Silence radio pendant 5 jours… Le planning de Media Transport se remplit, et il est impossible de caler à l’agenda une période d’affichage sans projet d’affiche validé.

13 novembre - Jour noir avec les tragiques attentats. L’accroche Votre planète, vous la préférez bleue ou saignante ? nous paraît alors inappropriée.

16 novembre - C’est alors l’affiche d’Olivier Jimenez, qui avait remporté le second prix, que nous nous empressons de soumettre à l’ARPP avec, en pièces jointes, les résultats du sondage YouGov et le rapport de la FAO (Food Agency Organisation) sur l'impact de l'élevage sur l'environnement.

Mais l’affiche est retoquée : "Le visuel présentant un ours polaire, espèce menacée, dont la banquise a été remplacée par des morceaux de viande, apparaît excessif pour illustrer l’impact de la consommation de viande sur le réchauffement de la planète. Cette représentation nous paraît contraire aux principes de proportionnalité des messages et de véracité des actions[...]"

Et ajoute :  "De plus, une telle présentation de la consommation de viande est de nature à susciter des réactions de la part de la filière bovine, sur le fondement du dénigrement. [...] Ce visuel ne peut donc être affiché."

22 novembre - Nous savons que l'affichage risque d'être en décalage avec la COP21, mais notre message s'adresse avant tout aux citoyens. Nous persévérons et proposons l’affiche de Julien Jacob qui avait aussi reçu un franc succès auprès des internautes en remportant le 3e prix.

1er décembre - Media Transport nous appelle : cette affiche est acceptée !

Les emplacements de 4mx3m sur les quais du métro sont tous réservés jusque la fin de l’année, nous afficherons alors dans les couloirs. Retrouvez nos 170 affiches dans le métro parisien du 10 au 17 décembre 2015.

 

 


Bannière Elles courent derrière le tracteur qui emmène leurs bébés. La suite brise le coeur.

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Une nouvelle enquête entache à nouveau la blancheur du lait. Après avoir vu cette vidéo, vous comprendrez pourquoi des millions de personnes ont décidé de dire non aux produits laitiers.

Ces scènes se passent en Nouvelle-Zélande, mais elles exposent une vérité qui concerne autant la France que le reste du monde : pour obtenir du lait, les vaches sont inséminées et séparées de leur bébé à la naissance. Les veaux (mâles notamment) sont des “sous-produits”, des marchandises de peu de valeur dont on se débarrasse rapidement, après quelques jours ou quelques mois d'engraissement.

Sur ces images tournées par les associations SAFE et Farmwatch, des vaches courent désespérément derrière le tracteur qui emmène leurs petits, quelques heures seulement après leur naissance. Ces nouveaux-nés sont violemment jetés dans les camions, trainés au sol, comme des déchets. Parce qu’ils ne représentent aucun intérêt financier, peu importe le cauchemar qu’ils vont vivre.

Ils n’ont que 4 jours et vivent leurs derniers instants. Sous les coups. Balancés comme des sacs, poussés, frappés. Puis c'est un coup de masse sur le crâne, la lame d'un couteau dans la gorge, et une lente agonie.

Nous ne laisserions pas ces actes se dérouler sous nos yeux. Mais si nous ne pouvons pas intervenir pour retenir la main d'un boucher, nous pouvons en revanche cesser de financer le malheur immense des veaux et des vaches, en nous alimentant autrement.

Ouvrez les yeux et votre coeur. Lancez la vidéo. Les animaux en valent la peine, ne les abandonnons plus.

 

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Le lait et la viande ne sont pas indispensables pour vivre en bonne santé. De nombreux produits alternatifs sont désormais disponibles dans les grandes surfaces et les magasins bio (lait de soja, de riz, d'avoine, d'amande, de noisette, steaks végétaux...). Des alternatives au fromage ou au cuir sont en vente dans un nombre croissant de magasins, comme en témoigne notre sélection de boutiques en ligne.

 

 

 


Bannière Noël vegan

Noël vegan

  • Article du Dimanche 29 novembre 2015

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couverture du livre Noël vegan, de Marie Laforêt Vous vous demandez depuis quelque temps si on ne pourrait pas fêter Noël autrement ? Vous trouvez difficile de concilier pendant les fêtes plaisir d'être ensemble et tristesse de voir tous ces animaux sacrifiés ? Si oui, le dernier livre de Marie Laforêt, Noël vegan, sera pour vous comme pour nous un cadeau somptueux. Feuilleter ces pages rappelle qu'il n'est nul besoin de tuer des animaux pour se régaler, et, comme l’écrit justement Marie Laforêt, que Noël peut être « une fête où l'on célébrerait des idées et valeurs qui nous tiennent à cœur, comme la justice et la compassion ».

Si vous voulez revisiter les classiques, rien ne manque : tarama végétal, terrine façon foie gras, bouchées royales aux marrons, bûche glacée agrumes et meringues… À côté de ces valeurs sûres, le livre regorge d'idées pour renouveler cette fête traditionnelle ; patates douces farcies au tempeh fumé, cannelloni butternut-kale-ricotta … à vous d'oser ces nouveaux délices !

 

Que vous soyez novice ou cuisinier expérimenté, vous trouverez votre bonheur, les recettes simples côtoyant celles qui nécessitent une certaine dextérité. Cerise sur le gâteau, Marie Laforêt vous fera découvrir LA dernière technique culinaire végane, à la portée de tous : l'eau de pois chiche en neige !
Amateurs de traditions ou férus de nouveautés, cet ouvrage aura pour vous la saveur d'un paquet dérobé à l'avance sous le sapin… Un Noël vegan est un surtout un cadeau - le moindre des cadeaux - pour ceux qui partagent notre planète, les autres animaux.

Noël vegan de Marie Laforêt est publié aux éditions La Plage.


Bannière À la française, la tradition façon vegan

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Lorsque j’ai découvert ce livre, je n’en ai pas cru mes yeux : je tenais enfin LE livre qui revisite les plats de mon enfance version végétalienne et de façon quasi exhaustive !
Car même si j’adore la cuisine du monde et raffole de couscous, nems, samoussas, houmous, dhal, tacos et autres merveilles (préparées de façon vegan, bien sûr), quel bonheur de retrouver les saveurs de la choucroute garnie, de la blanquette, du cassoulet et du hachis parmentier ! Quel plaisir de se régaler de grands classiques, enfin exempts de souffrances – ici, point de veau mariné, de bœuf haché menu, de cochon sacrifié, mais des protéines de soja texturées (PST), du tofu, du seitan et du tempeh frits, mijotés et mitonnés.
Et, (encore plus fort) quelle surprise de découvrir que je pouvais aimer certains plats autrefois honnis, comme le « bœuf » bourguignon, les «  escargots » ou le « navarin » – la version végétalienne me semblant infiniment plus appétissante et étant, surtout, plus douce avec les animaux !

 

Bourguignon vegan de Sébastien Kardinal

 

Alors, je dis merci, merci à Sébastien Kardinal d’avoir osé, et aussi d’avoir partagé, la flammekueche au tofu fumé, la basquaise aux PST, le foie gras sans torture et les spaetzle sans œufs. Les ingrédients de base de ces recettes sont simples, et Sébastien Kardinal agrémente chaque recette d’un « petit plus » bienvenu, portant par exemple sur la variété de pommes de terre à choisir ou la façon de servir le plat. Outre ses trois catégories principales (entrées, plats et garniture), l’auteur nous offre également ses conseils pour choisir les vins d’accompagnement, remplacer la viande et la crèmerie, découper les légumes (si, si, c’est important), et nous explique comment faire son bouillon et son seitan. Même les photos sont belles et appétissantes.
Je parie que À la française, la tradition façon vegan va vite devenir un incontournable de bien des cuistots, amateurs et professionnels.

Clem


Cette note concerne la version éditée en 2015 par les éditions L'Âge d'homme, maintenant épuisée.

Une nouvelle version, revue et augmentée, est parue en 2020 aux éditions La Plage.


Bannière Ma vie avec 16 dindons sauvages

Ma vie avec 16 dindons sauvages

  • Article du Lundi 23 novembre 2015

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Tout récemment, j’ai regardé par hasard le film Ma vie avec 16 dindons sauvages, qui passait sur Arte, et ce film m’a vraiment interpellée : il retrace l’aventure extraordinaire de Joe Hutto, un écrivain passionné par la vie sauvage, qui a passé une année entière en immersion dans une famille de dindons, en immersion d’autant plus totale qu’il a pris la place de leur mère.

L’humain, un dindon comme les autres ?

Cette aventure a commencé de façon totalement inattendue, le jour où un fermier voisin a déposé devant la maison de Joe un panier plein d’œufs de dindons sauvages : la nichée avait été découverte lors d’une opération agricole (l’histoire ne nous apprend pas si la mère a été tuée, si elle avait disparu ou autre). Joe s’est précipité chez un ami emprunter une couveuse électrique, car il avait sa petite idée.
Konrad Lorenz (le père de l'éthologie moderne), a en effet découvert au début du XIXe siècle le phénomène de l'imprégnation : en gros, lors de l’éclosion et pendant une période très brève, certaines espèces d'oiseaux « s'associent » à la première chose qu'ils voient, qui bouge et qui émet un bruit. En temps normal, il s’agit bien sûr d’une femelle de leur espèce (leur mère), mais si c'est par exemple un humain, l’oisillon identifiera ce dernier comme étant sa mère.

Face à ces œufs abandonnés, Joe Hutto a décidé de tenter de remplacer la mère absente.
Il a commencé par communiquer avec les œufs : il a émis des petits cris de maman dindon, et les œufs lui ont répondu ! Plus tard, lors de l’éclosion, les mêmes petits cris ont rassurés les oisillons qui, mouillés et tremblants, se sont alors dirigés vers lui et l’ont identifié comme leur mère : le processus d’imprégnation fonctionnait.
S’en est suivi une année incroyable et intense, où Joe a vécu coupé du monde et a passé tout son temps dans sa maison perdue dans une magnifique forêt de Floride à s’occuper de « ses enfants ».
Au-delà de ce qu’il voulait être une sorte d’expérience, il s’est énormément attaché à eux, notamment à l’affectueuse Sweet Pea et à l’intrépide Turkey Boy, chacun des 16 oiseaux affirmant très jeune son tempérament. L’engagement au quotidien de Joe, qui a partagé avec une patience infinie chaque instant d’une année entière avec les oiseaux, lui a aussi permis de découvrir l’étonnante complexité de leurs comportements et de décoder une partie de leur langage : outre les divers appels de contacts, certains cris alertent sur la présence d’un serpent rôdant alentour (et le cri donne une indication sur l’espèce du serpent et sa dangerosité), d’autres signalent un rapace haut dans le ciel, etc.

Une reconstitution qui questionne

 

Joe a raconté cette aventure extraordinairement touchante dans un livre, Illumination in the Flatwoods, dont le film s’inspire.

Pendant toute l’année passée avec « sa famille » dindons, Joe n’a pour ainsi dire pas vu d’humains, et bien sûr personne n’a pris d’images. Le film est donc une reconstitution, où tout laisse supposer que le même processus a été reproduit : œufs placés en couveuse et imprégnation des petits - mais cette fois les œufs avaient été enlevés à leur mère. Au-delà des images magnifiques et souvent très touchantes, au-delà de l’incroyable fusion entre cet homme et ces oiseaux, je n’ai pu m’empêcher de me poser mille questions sur le tournage. Ont-ils réellement fait dévorer un dindonneau vivant par un serpent, ou était-il déjà mort ? Et ce serpent, avait-il été capturé ? Les corps des deux oiseaux morts étaient-ils réels, si oui, avaient-ils été tués pour les besoins du film, ou bien s’agit-il de corps de dindons morts en élevage ? Et comment a pu être reconstituée la scène de l’attaque de Joe par Turkey Boy (ou plutôt, par l’oiseau qui le remplaçait) ? Avaient-ils lancé un oiseau sur Joe ?
Autant de questions qui rappellent que dans bien des films animaliers les animaux sont souvent plus ou moins considérés comme des produits utilisables au gré des besoins du tournage, souvent au prix de stress, de contraintes, voire de violences, ou même de leur vie. Le désir de réaliser un film, aussi exceptionnel soit-il, ne devrait jamais justifier de tels actes.
Dans une interview, Joe indique simplement que tous les animaux du film (à l’exception de deux serpents) sont des animaux sauvages.
Gageons que ce film, malgré toutes ses limites, permettra à bien des spectateurs de comprendre que « les émotions ne sont pas le propre de l’homme », et que joie, jeu, tristesse et affection sont aussi ressentis par des animaux aussi dévalorisés que les dindons, qui s’avèrent être des oiseaux intelligents et pleins de joie de vivre.

Domestiqués, apprivoisés ou sauvages, mais tous également sentients

Dans son récit, Joe souligne parfois que les dindons sauvages et les dindons domestiques sont différents, un peu comme les loups et les chiens peuvent l’être. À vrai dire, et je me trompe peut-être, mais je n’ai pas ressenti cette réflexion comme étant très positive de sa part.
En domestiquant les animaux, nous avons modifié leurs corps, parfois leurs comportements, et ce de façon accélérée depuis les progrès génétiques des années 1960.
Par exemple, les poulets de chair à croissance rapide sont sélectionnés pour produire le maximum de chair le plus vite possible. La conséquence, c’est que leurs pattes, leur cœur, leur squelette et leurs poumons ne suivent pas la croissance accélérée de leurs muscles, et qu’ils ne peuvent pas dépasser l’âge de quelques mois, leur morphologie ne le permet plus. Dans les élevages, ils sont tués vers leur 40e jour, et beaucoup meurent avant.
Mais chacun des 700 millions de poulets de chair élevés et tués chaque année en France est un être sensible qui ne demande qu’à vivre, et chaque animal, domestique, apprivoisé ou sauvage, a une vie mentale intense et des émotions que nous devrions prendre en compte.

Dans les élevages, on fait naître les animaux par millions pour les manger, leur existence se limite à la cage, au hangar ou à la micro parcelle de leur élevage, et ils sont souvent tués très jeunes, à quelques mois.

De quel droit les privons-nous de leur vie ?
Non seulement nous la leur prenons en les tuant, mais aussi nous la leur volons en ne leur “offrant” au mieux que de l’ennui, le plus souvent assorti d’une multitude des souffrances : mutilations, séparations (comme le sont nombre de mères et de leurs petits), torture (songeons au gavage), douleurs physiques et psychiques liées à l’enfermement.

Lorsqu’il a placé en couveuse les œufs trouvés, puis qu’il a élevé les oisillons, Joe a donné à ces oiseaux une chance inespérée de vivre.
Mais une chose est certaine : en refusant de manger de la viande, nous épargnons des animaux. C’est sans doute moins sensationnel que de partager une année de sa vie avec des dindons sauvages, mais c’est très efficace pour sauver des vies.

Clem

Ma vie avec 16 dindons sauvages sur Arte
Rediffusion samedi 05.12.2015 à 16h40 et sur Arte +7 jusqu'au 25.11.2015

 


Bannière [pétition] Assignés en justice pour avoir révélé comment sont traités les cochons

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[signer la pétition directement]

Leur procès aura lieu mardi prochain. Le 24 novembre, l’association belge Bite Back sera au tribunal, parce qu’elle a révélé, fin 2013, comment sont traités les cochons dans les élevages.

L’enquête montre le malheur des cochons dans les exploitations porcines. Sur les images, un porcelet suffoque, lentement écrasé par sa mère, qui est bloquée en stalle. Un autre se noie dans un réservoir d’eau. De nombreux cochons sont paralysés, respirent avec difficulté, souffrent de plaies ouvertes et d’ulcères douloureux. Tout cela sans espoir d’être secourus.  

Ces vidéos et photos ont été prises dans 9 élevages belges. Leurs propriétaires sont porte-parole de l’industrie porcine, ancien administrateur de la fédération de producteurs, gagnant du prix “Golden Pig”...

La réalité de la production de viande est à mille lieux des publicités. L’élevage est un calcul, et ce que vivent et ressentent les animaux n’a pas de place dans l’équation. Mais le dire et le montrer est une menace pour l'industrie.

Les éleveurs qui ont assigné Bite Back en justice l’accusent de dommage financier, d’atteinte à la réputation, de harcèlement et de calomnie, et exigent une compensation de plus de 70.000 euros, auxquels s’ajoutent chaque jour les frais de justice.  L’existence même de l’association est menacée.

Vous trouvez que c’est le monde à l’envers ? Pour vous aussi, défendre les animaux n’est PAS un crime ?

► Signez cette pétition de soutien en signe de solidarité. Cliquez ici et partagez la pétition au maximum. Merci.


Bannière Enquête dans un abattoir au Japon : signons la pétition

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Notre amie Chihiro de l’association Animal Rights Center Japan nous écrit pour demander notre aide. Récemment, son association a enquêté sur l’activité d’un abattoir de vaches et cochons au Japon. Filmées de l’extérieur, les images sont très pénibles. Un salarié s’acharne sur les cochons en leur donnant de nombreuses décharges électriques. Un autre tord la queue d’une vache pétrifiée qui refuse de sortir du camion. Un cochon souffrant, incapable de tenir debout, est abandonné sur le quai, puis traîné par une patte à l’intérieur de l’abattoir. Privés d’eau, les cochons boivent leur urine.

Cette situation n’est pas particulière au Japon. C’est le sort des animaux qu’on tue pour leur viande dans le monde entier. Mais nous avons une chance de les aider.

Chihiro nous transmet la pétition de son association pour demander au Japon de mettre en oeuvre les normes minimales de l’Organisation mondiale de la santé animale. Cela poserait au moins certaines limites à ce que les abattoirs peuvent faire subir impunément aux animaux.

En solidarité avec les animaux, cliquez ici pour signer la pétition.

N'oublions pas : une façon simple d'aider les animaux est d'arrêter de les manger. Personne d'autre que nous ne peut rayer la souffrance de notre assiette. 

Decouvrez de nombreux sites de recettes vegan pour manger autrement.

 

 

 

 

 

 


Bannière Convoquée au tribunal pour avoir abreuvé des cochons assoiffés

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Article mis à jour le 9 mai 2017

Le 4 mai 2017, la Cour supérieure de Justice de l’Ontario a acquitté Anita Krajnc. L’argument selon lequel elle aurait donné aux cochons « une substance inconnue possiblement contaminée » a été écarté par le juge chargé de l’affaire. Et le magistrat de rappeler : « Des manifestants ont déjà donné de l’eau à des cochons, le chauffeur le savait et l’abattoir également. En dépit de cela, l’abattoir n’a jamais refusé une livraison de cochons pour cette raison. »

Interrogée par la presse à la sortie du tribunal, Anita a déclaré : « la compassion ne devrait jamais être illégale. La règle d’or s’applique à tous les animaux, y compris lorsque l'on donne de l’eau à un cochon qui a soif sur le chemin de l’abattoir. »
 


Article du 4 novembre 2015

Anita Krajnc est investie dans la défense des animaux. Au sein d'un groupe appelé Toronto Pig Save, elle se rend régulièrement aux abords d'un abattoir situé près de Toronto, au Canada, pour participer à des rassemblements de "veille" pour les animaux. Elle mène ces actions pacifiques dans le but d'attirer l'attention sur le sort des milliers de cochons sacrifiés.

Le 22 juin 2015, une bétaillère s'arrête sur la route. À l'intérieur, il fait chaud et les cochons halètent. À travers les ouvertures du camion, Anita leur tend une bouteille d'eau pour les abreuver. Le conducteur s'approche et lui ordonne agressivement d'arrêter. Mais Anita refuse d'abandonner les cochons, et continue de leur témoigner un dernier geste d'attention avant leur départ pour l'abattoir.

 

Pour avoir donné à boire aux cochons, Anita s'est retrouvée accusée de méfaits qui pourraient lui coûter 6 mois de prison et 5000 $ d'amende. Son procès se tiendra les 24 et 25 août 2016. Selon Radio Canada, des experts en écologie, en agriculture, en nutrition et en médecine vétérinaire ainsi que des activistes seront aussi appelés à la barre des témoins.

 

 « Je suis accusée de méfaits pour avoir gêné "l’emploi, la jouissance ou l’exploitation légitime d’un bien". Mais à mes yeux, les cochons ne sont pas des biens. Ils sont des êtres à part entière.» - Anita Krajnc

 

« Dans la vie, nous avons le choix: si vous voyez quelqu'un souffrir, vous pouvez lui tourner le dos. Ou vous pouvez vous en approcher et essayer de l'aider. Je pense qu'il est de notre devoir de témoigner, et de venir en aide à ceux qui souffrent.»

En soutien à Anita, le hashtag ‪#‎CompassionIsNotACrime‬ a fleuri sur les réseaux sociaux.

La compassion n'est pas un crime. Un jour, grâce à des personnes comme Anita, nous ouvrirons les yeux sur un crime qui l'est vraiment, tellement immense et monstrueux que nous demanderons : comment fut-il possible de tuer des êtres sensibles pour le seul plaisir de manger leur chair ?

 

Vous pouvez rejoindre la page de Toronto Pig Save sur facebook.

Photos: Anita Krajnc / Louise Jorgensen


Bannière Un séjour en France. Chronique d’une immersion.

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Dans ce livre Un séjour en France, Bérangère Lepetit, journaliste, rapporte son vécu après avoir travaillé quatre semaines à l’abattoir Doux, à la section du conditionnement des poulets. À aucun moment, elle ne parle de la façon dont les animaux sont tués, ni élevés. De toutes façons, elle n’a rien vu du massacre, puisque les bâtiments sont séparés et, à moins d’y travailler, on n’entre pas dans la section d’abattage, car « il est malvenu de poser des questions, de s’aventurer dans le reste des bâtiments ». Ensuite, ce n’est pas sa préoccupation, même si elle s’interroge : « Chaque jour, chaque nuit, les cinq cent mille poulets qui passent entre nos mains sont ensuite congelés, et les cartons chargés dans des poids lourds qui prennent la route du port de Brest. Et avant, comment se passe l’électrocution ? Et ensuite, où vont-ils précisément ? »

Elle finit par apprendre que ces poulets fournissent les étals en Arabie saoudite et en Afrique, rien de plus. Une recherche sur Internet me confirme que ces poulets sont étourdis par un bain électrifié avant d’être tués par décapitation et qu’ils sont en effet destinés à l’exportation.

couverture du llivre Un séjour en France.Entre deux mondes

C’est pour son journal Le Parisien que Bérangère Lepetit a plongé dans le monde de l’abattoir Doux. Son objectif était d’en savoir plus sur la vie à l’usine : elle a donc vécu avec ses tripes le quotidien d’un de ses employés. Elle a découvert « une planète à part », marquée par la mixité culturelle, linguistique et religieuse : 27 nationalités y sont représentées à travers 650 employés, essentiellement des femmes.

Pour gagner leur confiance, et surtout pour ne pas créer de distance sociale, elle n’a jamais révélé son vrai métier, et s’est trouvée ainsi psychologiquement écartelée entre son rôle d’ouvrière et sa profession de journaliste. En plus, le premier jour de son arrivée à l’usine a eu lieu la tuerie de Charlie, et la voici loin de son journal parisien, ouvrière à la chaîne  dans une usine en Bretagne. Le jour de l’attentat, elle travaillait dans l’usine de charcuterie Monique Ranou, où elle a passé deux jours avant d’aller chez Doux. Deux journées terribles, où, écœurée par les odeurs et pétrifiée par le froid (4°C), l’immobilité et l’ennui, elle s’est sentie devenir une machine. Chez Doux, la température est meilleure : il fait 7°C. Et le poulet mort ne sent pas grand-chose à 7°C.

Le corps est là, douloureux, mais l’esprit est ailleurs.

À l’usine Doux, le travail commence avec le pointage et est réglé toute la journée à la minute près. Pendant la journée, beaucoup préfèrent ne pas savoir l’heure – ce temps figé, « mortellement long ». Les montres sont d’ailleurs interdites pour des raisons de sécurité, et aucune horloge n’est accrochée aux murs. Les bruits permanents, intenses, métalliques, stridents ou graves, finissent par rendre sourd malgré les protège-oreilles et interdisent toute conversation. Bérangère Lepetit travaille « aux cartons » : elle place des poulets emmaillotés dans du film bleu blanc rouge dans des cartons. Sa seule initiative consiste à choisir la taille du carton selon le poids des poulets qui arrivent : 1,6 kg ou 650 g. La torpeur et l’hébétude ont vite raison d’elle, mais elle est stupéfaite de la résistance et de la rapidité des autres employés, rodés au travail, tandis qu’elle peine à suivre la cadence. Elle a le sentiment que tous sont « des paires de bras qui fonctionnent sans vraiment savoir pourquoi, sans vraiment savoir pour qui, dans le grand cercle vicieux de l’indifférence et de l’ennui généralisé ». Le corps s’habitue aux gestes cent mille fois répétés, ou du moins donne l’impression de s’habituer : tendinites et prises de comprimés antidouleur sont le lot quotidien de nombreux employés. D’autres tiennent grâce à l’alcool. La médecine du travail, totalement débordée, a depuis longtemps déclaré forfait.

Le bâton et la carotte

L’auteure s’intègre facilement, se rendant compte que c’est notamment dû au fait qu’elle est française – celles et ceux qui parlent mal français, incapables de communiquer verbalement, vivent sur la défensive et sont victimes d’ostracisme. Elle découvre des copinages, des jalousies, des clans.

Comme les autres, elle connaît l’affreux accablement du lundi et l’insoutenable impatience du vendredi. Et pourtant, dans cette usine qui embauche à tour de bras en CDD et en intérim, le CDI est vu comme un graal. Quand on a des bouches à nourrir et des traites à payer, Doux « ce n’est pas la panacée mais c’est de l’argent ». La peur du chômage, les plans sociaux, restructurations, débauches et embauches font frémir les ouvriers. L’arrivée de nouvelles machines pour remplacer les bras fait peur aussi : comment rivaliser avec ces « masterpacks » capables d’emballer 7000 poulets à l’heure, sans tendinite ni ralentissement ?

Ces ouvriers payés au SMIC tendent tous vers le même objectif : gagner des « pépettes », toujours plus de « pépettes ». On aspire à la médaille du travail pour toucher la prime qui va avec. On espère aussi gagner du galon, quitte à faire un peu de délation, et pouvoir ainsi, de temps en temps, quelques heures par jour, changer de service, c’est-à-dire changer de gestes. À certains postes, on est même assis. En plus des règles d’hygiène draconiennes (pas de parfum, pas de maquillage, pas de vernis à ongle, pas de faux-ongles, pas de bijoux, etc.), les employés n’ont pas le droit d’avoir d’objets « à usage non professionnel » à leur poste de travail, donc pas de portable, pas d’encas, pas de bonbon. Beaucoup détournent les règles et ne boutonnent pas leur blouse jusqu’au col, mâchent du chewing-gum, téléphonent aux toilettes, se passent des bonbons à la menthe. Autant de minuscules entorses au règlement qui donnent à l’auteure l’impression d’être une rebelle dans cet univers rétréci, où les conversations tournent autour des ragots, des comprimés antidouleur, du prix des boissons au distributeur et des mini-compotes du supermarché du coin.

Les employées ont quand même le droit d’aller aux toilettes (singulièrement puantes et sales) en dehors des pauses en cas « d’envie pressante », mais chaque sortie dérange plusieurs personnes et oblige à passer devant les bureaux vitrés des chefs situés à l’entrée d’ateliers, surnommés « la guillotine ». Bref, on se retient.

Ruiner sa vie à détruire des vies

Situé cœur de la Bretagne, Doux est entièrement spécialisé dans la production de poulet halal exporté à 100%.

25 000 poulets sont tués chaque heure dans cet abattoir qui tourne 24 h sur 24. 600 000 poulets par jour. 21 900 000 oiseaux par an. Des chiffres vertigineux à la mesure du plus grand abattoir de poulets de France.

photo d'une chaîne dans un abattoir de poulets

Le travail y est extrêmement pénible et ennuyeux, parfois dangereux. Les parents de la région menacent même leurs enfants indisciplinés de finir à Doux, version modernisée du bagne, s’ils ne sont pas sages.

Les conditions de travail sont probablement les mêmes dans tant d’autres usines agroalimentaires. Des milliers de personnes passent ainsi leurs journées, des années, une vie entière à tuer, découper ou emballer des animaux. L’impératif de « gagner sa vie » ne laisse pas la place aux questionnements éthiques, même si « chez Doux, les gens finissent par ne plus manger beaucoup de poulet. Une overdose de volaille les saisit quand ils rentrent chez eux le soir ». L’auteure dit manger moins de viande suite à cette expérience.

La division du travail dans les abattoirs, qui débuta aux États-Unis à partir du milieu du XIXe siècle, a ouvert la porte à la déresponsabilisation, l’ouvrier n’étant plus qu’un minuscule rouage d’une énorme machine que rien n’arrête. L’éleveur élève les poulets, le routier ne fait qu’apporter les animaux à l’abattoir, un autre tue les animaux qui de toutes façons sont là pour ça, des ouvriers découpent des corps déjà morts, d’autres les emballent, et le consommateur ne fait que les manger. C’est pourtant dans les abattoirs que le travail est le plus dur : le turn-over y est conséquent et l’alcoolisme fait des ravages, surtout chez ceux qui tiennent le poste de tueur.

Cette répartition du travail liée à la mécanisation permet aussi d’atteindre des taux de production gigantesques, à l’image des trois millions d’animaux terrestres tués chaque jour, en France. Dans cet univers démentiel où tout est ultra organisé, huilé, chronométré, les animaux ne sont que de la matière première, une chair à rentabilité, dont la vie n’a plus aucune valeur.

Titou, poulet rescapé de l'abattoir.
Titou, poulet rescapé.

Pour aller plus loin : Manuela Frésil, Entrée du personnel, Ad libitum, 2011. Documentaire.

Bérangère Lepetit, Un séjour en France. Chronique d'une immersion, Éditions Plein Jour, 2015.


Bannière Abattoir d'Alès : exemple ou exception ?

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En moins d’une semaine, les images de l’abattoir d’Alès dévoilées par L214 ont été vues près de 1 700 000 fois sur Facebook et Youtube. L’enquête, reprise par la grande majorité des médias nationaux, a suscité l’indignation de l’opinion publique. La pétition demandant la fermeture immédiate de l’abattoir a quant à elle réuni plus de 200 000 signatures en quelques jours.

Face à la polémique, Max Roustan, maire de la ville d’Alès, a ordonné la fermeture de l’abattoir « immédiate et à titre conservatoire ». Peu de temps après, le parquet  a ouvert une enquête pour « actes de cruauté » sur des animaux. De son côté, le responsable de l’abattoir d’Alès a porté plainte pour « atteinte à la vie privée par fixation ou transmission de l’image des personnes. »

Invité d’Europe 1 le vendredi 16 octobre, Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, a affirmé être « vigilant pour faire respecter les règles de bien-être animal dans tous les abattoirs » et « prôner une fermeté totale par rapport aux activités des abattoirs » Questionné sur la possibilité d’une enquête d’envergure nationale, Stéphane Le Foll a estimé suffisants les enquêtes continues et les contrôles réguliers des services vétérinaires.

Stéphane Le Foll tente l’enfumage. Plusieurs alertes ont en effet été lancées auparavant contre l’abattoir d’Alès, dont une mise en demeure administrative, notifiée par la DDPP pour pratiques professionnelles non conformes. En 2014, rappelle le journal Le Monde dans un article daté du 15/10/2015, sur les 263 abattoirs recensés en France, il y a eu 104 avertissements, 60 mises en demeure et (seulement ?) deux suspensions d’agrément. Preuve s’il en est que les incidents sont monnaie courante.

L’abattoir d’Alès serait-il alors une exception ? Présenté comme une entreprise de proximité, à taille humaine (une trentaine de salariés), avec un rythme d’abattage raisonné, pratiquant aussi la mise à mort d’animaux issus de filières biologique, cet abattoir a pourtant à première vue toutes les caractéristiques d’un établissement exemplaire.

Si ces images nous sont insoutenables, c’est qu’elles nous mettent face à une impitoyable réalité, que les politiques et le lobby de la viande préfèrent garder soigneusement cachée. Cette souffrance nous apparaît universelle. Elle abolit la différence entre les humains et les autres animaux, entre « la viande » et la chair d’un être sensible. Ce que nous voyons alors, c’est la douleur nue, la peur nue, la tentative désespérée de survie, et la barbarie engendrée par l’industrie de la viande et nos modes de consommation.

Nous continuerons de démontrer par nos enquêtes qu’on ne peut pas parler de « bien-être animal » dans un abattoir, quel qu’il soit.

L’abattoir d’Alès n’est qu’un triste exemple, la partie (rendue) visible de l’iceberg. Chaque année, dans les abattoirs de France, plus d’un milliard d’animaux sont mis à mort selon des techniques identiques.

Quand bien même un hypothétique abattoir appliquerait parfaitement les règles, le stress et la terreur des animaux conduits à la mort n’en resteraient pas moins réels. Il n’existe tout simplement pas de « viande propre » ni de tuerie respectueuse.

Nous ne saurions nous contenter de la fermeture temporaire d’un abattoir ni de vagues promesses de contrôles accrus. Nous pouvons désormais souhaiter que ces pratiques soient plus souvent dénoncées, que le contrôle des abattoirs soit renforcé, mais aussi que la question de la condition animale et des alternatives véganes puisse être portée au débat public.


Bannière L214 contre la réouverture de Marineland

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Lors des intempéries survenues le samedi 3 octobre dernier, les infrastructures de Marineland (classé depuis 2010 en zone rouge inondable), à Antibes, ont été gravement atteintes. Dans un premier communiqué, le directeur du parc, Bernard Gianpaolo, a confirmé que 90% des installations avaient été touchées, portant atteinte à la sécurité des animaux détenus. 

Cette avanie est un coup dur porté au groupe espagnol Parque Reunidos, propriétaire de Marineland, qui a investi 30 millions d’euros en 2014 pour le développement du site dans l’objectif d’augmenter la fréquentation du parc déjà visité chaque année par près de 1,3 million de visiteurs. Mais, dans cette véritable usine, ce sont les animaux qui paient le prix fort pour le divertissement des hommes.

Sans électricité, sans arrivée d’eau, les systèmes de chauffage, d’oxygénation, de filtration et d’alimentation se sont retrouvés hors-service. Les bassins ont été gravement contaminés par les écoulements de boue. Les images d’otaries nageant et pleurant dans une mare de boue ont frappé l’opinion publique, encourageant le lancement d’initiatives pour la fermeture définitive de Marineland.
 

Photo des bassins de Marineland pollués

Bien que le directeur de Marineland ait, dans un premier temps, reconnu une « casse animale » (un choix de vocable qui en dit long sur la considération des animaux et la politique du parc), les informations contradictoires se sont succédées.

Habitué à passer sous silence la réalité des conditions de capture, de survie et de mort des animaux parqués derrière les murs de Marineland, Bernard Gianpaolo a cherché une fois de plus à minimiser le drame, affirmant que la plupart des animaux étaient sains et saufs.

Sea Sheperd France n’a cependant pas tardé à donner un autre son de cloche : annonçant qu’une orque serait morte ainsi que toutes les tortues, tous les poissons, et plusieurs animaux du zoo pour enfants.

Le 12 octobre, Marineland est contraint d’annoncer la mort de l’orque Valentin, précisant « (n’avoir) à cette heure aucune explication sur les causes du décès. »

Le lendemain, Sea Shepherd France cite une source anonyme confirmant la présence de signes de pollution grave : eau trouble, présence de mousse blanche et marron en surface, boue collante et composée d’hydrocarbures au fond du bassin. L’association précise également que l’orque Wikie, née en captivité à Marineland en 2001, est isolée dans un bassin, prostrée, et qu’elle ne s’alimente presque plus. Blessée, elle a été attaquée par les autres orques devenues très agressives.

Le contact de Sea Shepherd se confie : "Ce spectacle est désolant, j'en ai la gorge serrée et une grande tristesse intérieure. Et ces bassins sont minuscules... J'ai un gros sentiment de honte."

Photo des orques dans les bassins pollués de Marineland

Cette catastrophe met une fois de plus en lumière l’incapacité de Marineland d’offrir aux animaux détenus captifs des infras-tructures adaptées à leurs besoins vitaux, et désormais de faire face aux réalités du changement climatique qui pourrait être à l’origine de cette tempête et de futures intempéries d’une puissance identique. Par ailleurs, la communication autour de cette situation de crise pointe à nouveau du doigt le manque de transparence et la politique de désinformation menée par la direction de Marineland.

Via la page Facebook de l’association, L214 a communiqué son soutien aux victimes humaines des inondations. Nous avons également relayé l’Opération oblitération pour demander à Mme Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, du Développent Durable et de l’Énergie, la fermeture définitive de Marineland.

Le 25 octobre prochain, à l’initiative de l’association « Sans voix PACA », une manifestation et une marche silencieuse auront lieu à Antibes, en hommage aux animaux humains et non humains victimes de la catastrophe.

En refusant la réouverture du Marineland d’Antibes et en demandant la remise en liberté des animaux survivants, la France donnerait au reste du monde un signal fort et exemplaire contre l’exploitation des êtres sensibles et pour la fin des parcs animaliers. 


Bannière Olivier, coordinateur VegOresto à L214

Olivier, coordinateur VegOresto à L214

  • Article du Jeudi 8 octobre 2015

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Et si nous allions à la rencontre d'Olivier ? Aujourd'hui coordinateur de la campagne VegOresto, Olivier est depuis longtemps actif pour les animaux : lutte contre la corrida, engagement politique, militant à L214 ; il saisit toutes les occasions de les défendre, et sa détermination n'a d'égale que son optimisme !

Comment as-tu pris conscience de la souffrance des animaux ?

J’ai toujours aimé les animaux. J’ai grandi dans un petit village vers Avignon, entouré de chiens, de chats, de chèvres, de tortues, d’abeilles, de pigeons, de lapins… hélas, on mangeait les lapins. Quand j’avais une dizaine d’années, j’ai vu mon père en tuer : l’acte de cette mise à mort a été cauchemardesque, j’étais en pleurs ! C’est vraiment un souvenir assez violent. Ensuite, c’était impossible pour moi de les manger, heureusement ma mère ne me forçait pas. Il y avait d’autres viandes que j’étais incapable de manger : à l’époque, on mangeait de la cervelle et je trouvais ça répugnant, ou encore des cailles sur du pain cuites au four, et voir l’animal entier était abominable. D’ailleurs, l’industrie du lapin l’a bien compris puisque maintenant ils vendent les lapins découpés en morceaux. La vue de l’animal entier dégoûte de plus en plus les gens.

Le premier vrai déclic s’est fait quand j’avais 14 ans. Une de mes amies avait reçu une correspondante anglaise végétarienne, ce qui m’avait fasciné. Ma grand-mère était fille de boucher, un de mes oncles était boucher, et je n’avais même jamais imaginé que ça puisse exister ! Cette rencontre m’a rassuré car j’ai compris que je n‘étais pas le seul à être dégoûté par la viande.

Quand j’étais adolescent, des voisins ont invité mes parents à une corrida, on ne savait même pas ce que c’était. On est resté au maximum 20mn dans l’arène. On était assis devant et le taureau a vomi tout son sang à mes pieds. Ma mère s’est mise à hurler et on s’est fait « gentiment » sortir.

À 19 ans, alors que j’avais déjà choisi d’être pâtissier, j’ai ressenti le besoin de me rendre utile. J’ai réfléchi à la façon dont je pourrais agir, à mes passions, et la cause animale est venue de manière assez logique. J’ai écrit à la Fondation Brigitte Bardot (FBB), qui était une des associations animalistes les plus connues de l’époque, j’ai reçu les premiers magazines et ça a été comme une bobine de fil : tu tires et tu découvres des horreurs à n’en plus finir – et ça continue malheureusement aujourd’hui encore. Comme j’habitais dans le sud, le plus évident pour moi a été de m’investir dans les manifs contre la corrida. J’ai aussi acheté des cassettes de l’émission « SOS animaux » qui montraient, entre autres, l’horreur des abattoirs. Quand j’ai découvert tout ce qu’on pouvait faire aux animaux, je me suis dit « stop », je venais d’avoir 19 ans. Après 18 ans de végétarisme, je suis maintenant vegan depuis environ quatre ans, mais je n’achetais déjà jamais de cuir ou de produits testés depuis longtemps.

Comment ton entourage a-t-il vécu ton passage au végétarisme ?

J’ai eu une chance inouïe : ma mère est devenue végétarienne en même temps que moi ! Elle aussi a eu le déclic en recevant les magazines de la FBB, ça devait être quelque chose de sous-jacent chez elle, d’ailleurs elle avait toujours eu du mal à voir mon père tuer les lapins. Comme tous les repas de famille se passent chez mes parents, c’est ma mère et moi qui cuisinons, et je n’ai jamais eu de soucis pour ça. Aujourd’hui, ma mère est pour ainsi dire vegan, et j’ai aussi remarqué qu’en vieillissant mon père a développé plus d’empathie pour les animaux. Ma mère est aussi active pour les animaux via les réseaux sociaux, mais elle va aussi sur le terrain, par exemple à des actions contre la corrida, etc.

La personne avec laquelle je vis depuis maintenant cinq ans est devenue végétarienne, et elle est végétalienne à la maison. Il y a toujours un déclic, ça peut être une rencontre, un article, une photo ; pour elle, ça a été le fait de comprendre qu’une autre alimentation est possible qui lui a permis de rompre avec le schéma habituel.

Et professionnellement, comment ça se passe pour toi ?

Je suis enseignant pâtissier. Au début, j’étais végétarien, donc c’était très facile ! Je dois évidemment appliquer le référentiel, mais dans le cadre de projets pédagogiques j’organise des ateliers où je fais découvrir aux jeunes la pâtisserie végane. On a fait des cupcakes,des cookies et même des meringues, et on va faire des cheesecakes, des cannelés, etc. Je pense que ça fait partie de ma mission de professeur de leur faire découvrir la pâtisserie végane, en plus c’est l’avenir ! Et ce n’est pas difficile, ce sont juste de nouveaux réflexes à prendre.

"La pâtisserie végane, c’est l’avenir !"

Outre les gens qui ne souhaitent pas consommer de produits animaux par éthique, ils rencontreront forcément dans leur clientèle des personnes allergiques aux œufs ou aux produits laitiers. En tant que professionnels, nous devons savoir préparer des pâtisseries sans ces produits-là. Et au niveau technique c’est vraiment intéressant, par exemple de savoir comment remplacer les œufs pour lier les ingrédients entre eux : il y a les purées d’oléagineux, la banane, les graines de lin broyées, la crème de soja, le tofu soyeux, etc. Je leur présente aussi l’ensemble des laits végétaux qui existent, ça fait partie de ma mission pédagogique. J’aurais vraiment aimé avoir cette approche quand j’avais leur âge.

J’espère d’ailleurs vraiment que le projet de loi pour un menu végétarien sera validé, ce sera vraiment une grande avancée ! Ça montrerait aux enfants, et ce dès le plus jeune âge, qu’on peut vivre sans manger les animaux. Et quand on est jeune on est plus enclin à changer, on est souvent aussi plus optimiste.

Comment as-tu appris à faire des pâtisseries végétales ?

J’ai fait beaucoup d’essais à partir des livres de Marie Laforêt. J’ai également appris avec Wendy’s Kitchen : Wendy est une enseignante anglaise qui fait beaucoup de pâtisseries véganes, et je l’ai d’ailleurs fait intervenir dans mes cours.

Et qu’est-ce qui t’a amené à t’investir pour les animaux avec L214 ?

Il y a quelques années, j’ai rencontré Bérénice via un tractage incitant Monoprix à ne plus vendre d'oeufs de batterie, le cadre était très pro et j’ai accroché tout de suite. L’approche de L214 qui consiste à être au contact des gens dans la rue était nouveau pour moi et vraiment très enrichissant. J’ai participé à toutes sortes d’actions. Je trouve que la Marche pour la fermeture des abattoirs est un moment très fort, pour moi c’est vraiment LE jour de l’année !

"Pour les animaux,
on n’a pas le droit de se diviser."

L214 donne la chance aux militants de participer à différentes actions régulièrement, qui sont bien cadrées et respectueuses des gens, avec un réel échange et en même temps des positions bien fermes. Ça correspond tout à fait à la façon dont je conçois la protection animale actuellement, ça et la nécessité de rester soudés. Quand il y a des conflits entre associations, ça dessert la cause, c’est du gaspillage d’argent… On peut ne pas être d’accord, mais pour une cause aussi importante, il faut remballer sa fierté et son orgueil, on n’a pas le droit de se diviser. Les animaux n’ont pas le droit de subir toutes nos conneries. C’est l’union qui fait la force.

 

 

Tu es aujourd’hui très investi dans la campagne VegOresto, tu peux nous en dire plus ?

S’il faut bien sûr dénoncer toutes les horreurs, il faut aussi apporter une solution, et la campagne VegOresto de L214, c’est la solution : les gens voient qu’on peut manger autrement, ils découvrent de nouvelles saveurs, une nourriture saine et équilibrée. Ça facilite le quotidien de ceux qui sont déjà végés et ça ouvre la porte vers le végétalisme aux autres.

Depuis un an et demi, je suis référent VegOresto sur Vannes, et depuis peu de temps j’aide aussi au niveau national.

À Vannes (60 000 habitants) et ses alentours, on a déjà huit restaurants qui ont signé la charte ! Cette campagne me demande pas mal d’investissement mais c’est vraiment passionnant et c’est un engagement dans la continuité : toutes les semaines je fais quelque chose pour VegOresto. Après, je réponds aussi présent dès que je peux pour les autres actions de L214.

Tu as déjà conscience que, grâce à toi, des milliers d’animaux ont déjà été épargnés ?

J’avais trouvé sur Internet un site qui permettait de calculer combien d’animaux tu avais sauvé en étant végétarien ou vegan. C’était énorme ! Je crois que ce combat, le fait d’avoir épargné toutes ces vies, c’est la plus grande fierté de toute ma vie.

Quand je vais dans le Sud pendant les vacances, si je peux j’en profite pour participer à des actions anti-corrida. D’ailleurs, je suis sûr que, de mon vivant, je verrai la fin des corridas et parfois je me dis même que ça peut aller très vite. La corrida, c’est la mort montée en spectacle, c’est abominable.

Olivier à la Marche pour la fermeture des abattoirs

"Une semaine sans faire quelque chose
pour les animaux,
c’est une semaine de perdue."

Si je peux me rendre utile à la cause animale je le fais, la souffrance est tellement abyssale qu’une semaine sans faire quelque chose pour les animaux, pour moi, c’est une semaine de perdue.

Militer permet aussi de rencontrer des gens intéressants, il ne faut pas rester isolé. J’ai vu des végétariens remanger de la viande parce qu’ils étaient trop isolés. En même temps, je trouve ça absurde de rester tout le temps entre végans : si on veut que les choses avancent, il faut rencontrer des gens non végans, on peut essayer de provoquer le déclic, et puis il faut qu’ils voient qu’on est des gens tout à fait normaux qui avons juste choisi d’arrêter de cautionner toutes ces horreurs. Des gens m’ont dit que maintenant ils ne voient plus de la viande, mais l’animal qui a été derrière.

Ce qu’il faut, c’est vraiment convaincre l’opinion publique, ouvrir les yeux aux gens, et les politiques iront aussi dans le bon sens.

D’ailleurs, tu t’es aussi engagé en politique ?

Oui, à une action anti-corrida j’ai rencontré Jean-Marc Governatori qui m’a proposé de m’engager pour l’Alliance écologiste indépendante, qui a un programme intéressant pour les animaux, par exemple, elle est pour l’abolition de la corrida et le végétarisme. En 2012, je me suis donc présenté pour les législatives en tant que représentant de l’Alliance, ce qui m’avait permis de bien mettre la cause animale en avant lors des interviews. Mais j’ai trouvé que j’étais plus utile sur le terrain, que c’était plus concret, et peu de temps après je me suis engagé avec L214.

Note : de nombreux livres de Marie Laforêt sont disponibles sur notre boutique en ligne.


Bannière [Vidéo] Sébastien Arsac - Actualités et inactualités de la question du droit des animaux

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Extrait de la conférence Pourquoi faudrait-il donner des droits aux animaux ? organisée le 4 février 2015 à l’Université Jean Moulin Lyon 3 par l'association étudiante Sentience et l'association Les médiations philosophiques.

 

Sébastien Arsac, l’un des co-fondateurs de l’association L214 voit dans le débat actuel sur la question des droits des animaux un « sujet phare », comme en témoigne l'abondance de livres et d’articles sur ce thème.

Malgré cet engouement nouveau, est-il envisageable d’accorder des droits à tous les animaux sans exceptions ? L’anémone de mer, par exemple, doit-elle être titulaire de droits subjectifs ? Un critère fondamental doit retenir notre attention pour répondre à cette question : la sensibilité.

Mais cette sensibilité n’est pas toujours évidente à appréhender. Nous pouvons reconnaître cette sensibilité, sans coup férir, par analogie avec les animaux qui nous sont proches. Mais qu’en est-il de ces animaux, telle l’anémone de mer précitée, qui ne manifestent pas de comportement que nous pourrions subjectivement, et de toute évidence, associer à de la souffrance ? À défaut de réponse à l’existence avérée ou non de cette sensibilité, il est toutefois concevable de leur accorder le bénéfice du doute. Il est utile de rappeler que la douleur chez l’enfant a pendant longtemps été, et jusqu’à récemment, réfutée par l’ensemble de la communauté scientifique.

Toujours est-il que la majorité des animaux non-humains que nous exploitons et consommons pour satisfaire nos intérêts sont, à l’instar des animaux humains, sensibles, voire conscients de leur propre existence. La Déclaration de Cambrige sur la conscience signée en 2012 évoque, en ce sens, que les animaux humains ne sont pas « seuls à posséder les substrats neurologiques de la conscience ».

Toutes ces avancées scientifiques en matière d’éthologie, de cognition animale ou de reconnaissance de la sensibilité chez les animaux n’empêchent pas, cependant, le développement industriel et « sans commune mesure » de l’exploitation intensive des animaux dans notre société, que ce soit pour leur chair, leur peau, leur lait, leurs œufs, etc. La question n'est donc pas tant de savoir "pourquoi faudrait-il donner des droits animaux ?" — dont la réponse peut sembler évidente au vu des nombreux progrès de la science — que de savoir "pourquoi refuse-t-on encore de leur donner des droits ?".

Kévin Barralon


Bannière Oppressions entrecroisées : le point de vue d’une féministe musulmane et vegan

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Avoir une poule comme amie d’enfance, être témoin de l’abattage rituel d’un mouton par un membre de sa famille, voir une vidéo choquante de la mise à mort de bétail australien en Indonésie – tous ces facteurs ont conduit Ruby Hamad à faire le lien entre féminisme et droits des animaux. Elle affirme que les féministes qui mangent de la viande militent peut-être pour leur propre libération, mais tant qu’elles participent à l’exploitation animale, elles soutiennent le système contre lequel elles luttent.

Traduction de l'article intialement publié en anglais sur le site The Scavenger sous le titre Intersecting oppressions: perspectives from a Muslim vegan feminist

11 avril 2013

Longtemps avant de savoir ce que cela signifiait, bien avant d’avoir entendu le terme, j’étais ce qu’on pourrait appeler une féministe. En grandissant en Australie dans les années 80, en tant que petite dernière d’une famille de sept enfants, mon enfance semblait m’offrir une liberté illimitée. Mes parents, arabes et musulmans, ne faisaient que très peu, voire aucune différentiation entre mon petit frère et moi.

Ruby HamadJ’étais un garçon manqué. Pendant que mes sœurs aînées devaient récurer le plancher, faire la vaisselle, et vider des poissons avec ma mère, je me retrouvais dehors avec mon petit frère. Quand nous ne grimpions pas aux arbres, nous jouions à cache-cache sur le toit de notre école primaire, étions absorbés dans une partie de cricket, ou occupés à plonger  dans la piscine du coin.

Les différences entre les filles et les garçons ne rentraient pas en jeu. Pas au début. Nous étions égaux. Les grandes vacances à Sydney semblaient éternelles. La vie était belle… jusqu’au jour où la puberté a commencé. C’est le moment où l’illusion d’égalité s’est brisée.

Je l’ai remarqué pour la première fois à l’âge de onze ans. Avant mon frère et moi traînions toujours au parc jusqu’à la tombée de la nuit à nous accrocher à l’échelle horizontale, mais ma mère a commencé à exiger que je rentre tout de suite après l’école. Mes demandes de permission de jouer au touch football avec les enfants du coin (des garçons, pour le plupart) étaient accueillies avec une expression d’horreur, bouche bée.

Tu veux jouer avec les garçons ?

Quand j’ai eu douze ans, moi aussi on m’a attribué des corvées. La tâche que je détestais le plus, qui me faisait bouillir de rage, était de faire le lit de mon frère cadet.

Je n’étais plus son égale.

C’est à ce moment-là que j’ai compris.

Je savais que le clivage entre la façon dont on traitait mes frères, moi et mes soeurs n’allait que s’agrandir, à cause de nos corps féminins. Je savais que mes jours de liberté étaient comptés. Et je savais aussi que je n’allais pas le tolérer.

Je n’ai jamais été rebelle, du moins pas ouvertement. Ma rébellion se passait dans ma tête : à treize ans, j’ai décidé de ne pas supporter cette situation éternellement. Je me suis résolu de n’accepter le contrôle qu’avaient mes parents sur mon corps que jusqu’à l’âge de pouvoir légalement me prendre en main moi-même. Dès mes dix-huit ans, je partirai, me suis-je promis.

A bien des égards, j’étais une fille obéissante. Vu que je n’avais jamais montré de signes apparents de mécontentement, ce serait un euphémisme de dire que mes parents ont été pris de court quand, à dix-neuf ans et sans être  mariée, j’ai quitté la maison un matin sans jamais revenir. Ils n’avaient jamais remarqué — je ne l’ai compris moi-même que des décennies plus tard — que les signes de ma révolte étaient là. Simplement, ils ne les avaient  pas vus. S’ils y avaient prêté plus d’attention, ils m’auraient vu poser des questions sur l’autorité patriarcale dès l’âge de cinq ans.

C’était à cet âge-là que j’ai commencé à montrer un profond malaise vis-à-vis de la consommation de viande.

Une poule sans nom

Tout a commencé avec une poule. Je suis souvent attristée par l’incapacité des adultes à se rappeler à  quel point les enfants considèrent les animaux comme leurs égaux.  Un jour – j’avais alors cinq ans –  j’ai été ravie de trouver une poule en train de gratter la terre dans notre jardin. Elle semblait être sortie de nulle part, et je n’ai jamais pensé à demander pourquoi elle était là, elle y était et ça me suffisait… Je lui ai vite dit qu’elle était ma nouvelle meilleure amie et ai commencé de suite à la poursuivre dans l’arrière-cour. Donc, pour l’enfant de cinq ans que j’étais, ce fut une tragédie de passer du moment où je lui cherchais un nom, au moment, quelques jours plus tard, où j’ai vu mon père tenir  son corps fragile dans ses grosses mains  et, invoquant le nom de Dieu, trancher net sa petite tête la séparant de son cou. Eh oui, les poules sans tête courent vraiment comme… des poules sans tête.
Trop choquée pour crier, je me suis échappée au garage, qui avait été sa maison de courte durée, où je suis restée tremblante pendant des heures, blottie dans la la paille parsemée de quelques plumes. Mes parents ont pensé que mon chagrin était mignon mais totalement injustifié. Ça ne leur a jamais traversé l’esprit que j’étais en deuil pour la perte de ma meilleure amie.

C’était ma première expérience de ce que Carol Adams appelle le modèle patriarcal de la consommation de viande. Je ne le savais pas à l’époque, mais manger de la viande est, par sa nature même, une expression du pouvoir et du contrôle masculin sur les corps des autres. Il est impossible de le nier aujourd’hui. Nous sommes tous, végétariens et omnivores, conscients que la consommation de viande est intiment liée à la notion stéréotypique de “masculinité”. Je repense aux campagnes publicitaires australiennes des années 80 qui encourageaient les femmes au foyer à “Donner de la viande à votre homme !”.

Dans le cas de mon animal de compagnie d’enfance condamné, imaginez la scène : un oiseau sans défense se trouve à la merci de la puissance du père – mon père – qui, à son tour,  fait appel au père céleste (bien que les musulmans n’appellent pas leur Dieu “Père”, ils respectent la hiérarchie familière femme-homme-Dieu), pour la permission et la justification de prendre la vie de la poule. Tuer et manger les animaux est considéré comme faisant partie de l’ordre naturel. Le même ordre, bien sûr, place les hommes au-dessus des femmes et prescrit les rôles rigides de genres auxquels on est censé se conformer. C’est différent pour les filles, vous savez ?

Je n’ai pas mangé la poule. J’aimerais dire que je n’ai plus jamais consommé de poulet ni aucun autre animal mort. Mais la culture dominante qui présente la viande comme normale, naturelle et nécessaire est une force difficile à défier et, avec le temps, la douleur s’est estompée.

Néanmoins, une décennie plus tard, mon chagrin a refait surface quand, à quinze ans, j’ai visionné une cassette vidéo où l’on voyait des membres de ma famille en Syrie abattre un mouton suite à un décès dans la famille. Le sacrifice d’un animal est une tradition religieuse de longue date, où la viande est distribuée aux plus démunis. Je n’arrivais  pourtant pas à réconcilier le sang qui jaillissait du corps de l’animal avec le concept de “charité”. La vie qui se vidait du mouton se synchronisait avec l’innocence qui s’en allait de mon âme. C’était à ce moment-là que j’ai annoncé pour la première fois mon intention de devenir végétarienne, une déclaration qui a provoqué un mélange d’amusement et d’horreur chez mes parents musulmans.

Mais Dieu a crée les animaux pour être mangés !

Le végétarisme, bien que pas tout à fait inconnu, est néanmoins rare dans une religion qui considère la viande comme halal – c’est-à-dire permise – du moment qu’elle provient du “bon” animal (c’est-à-dire pas du porc, mais j’y reviendrai plus loin). Ma décision de tourner le dos à la consommation de viande est venue deux ans après ma résolution secrète de quitter ma religion dès que je serai majeure.
Coïncidence ? Je le croyais à l’époque. Je n’avais pas les moyens de faire le lien entre les deux. Je ne me considérais pas comme “féministe” en refusant d’accepter ma place dans l’ordre naturel des choses. Je savais juste que je voulais être libre. Et je pensais que le fait de ne pas vouloir manger de viande n’avait rien à voir avec ma détermination de vivre de façon autonome. Je peux comprendre aujourd’hui que ce contre quoi je me révoltais, pour moi-même et pour les  animaux, c’était contre l’idée qu’il est acceptable et naturel que certains contrôlent et dominent les autres.

Le processus fut facilité par le problème majeur que j’avais par rapport au porc. Il est difficile de faire sentir à quel point les musulmans ont une aversion au porc. Le Journal de la Ligue Mondiale des Musulmans dit :

« Le porc est par nature paresseux, lubrique, sale, gourmand et vorace. Il déteste la lumière du soleil et n’a ni l’esprit ni la volonté de “se battre”. Il mange presque tout, fussent des excréments humains ou autres choses infectes... On peut lui donner de la nourriture propre et saine, mais on ne peut pas changer sa nature. Il reste un porc et le restera à jamais. »

C’est vrai, cette aversion est si profonde, si viscérale que c’est non seulement la chair qui est considérée comme contaminée, mais même le caractère du cochon est vu comme pouvant être moralement contagieux pour les humains.

Cette répulsion m’a été inculquée dès mon enfance. Pendant nos jeux d’enfants, si on voulait se faire vraiment mal, ce n’était pas avec des pierres ou des bâtons, ni des gifles ou des coups de poing. On lançait  tout simplement par la pire insulte qu’on pouvait imaginer : Porc !

Étant donné ce tabou instauré dès la petite enfance, je savais qu’il était impossible de surmonter mon aversion à toutes formes de viande de porc. En même temps, je savais que manger d’autres animaux tout en s’abstenant du porc, même sans croyance religieuse, n’avait pas de sens. Autant le porc est interdit et honni dans la culture islamique, autant il est admis et apprécié  dans la culture occidentale dont je voulais tellement faire partie.

Je ne me suis pas rendue compte à l’époque que mon dilemme venait de l’ordre dominant que Carol Adams critique dans une grande partie de The Sexual Politics of Meat. Mon conflit intérieur avec ce que  Carol Adams appelle mes “tabous personnels” questionnait ouvertement la relation arbitraire qu’ont les humains avec les animaux. Je ne pouvais pas répondre à la question éternelle : Pourquoi est-ce naturel de manger certains animaux et pas d’autres ?

Reconnaître mon rôle de victime et oppresseur

Il y avait donc deux fils conducteurs dans ma vie, l’un aussi important que l’autre : mon féminisme et mon végétarisme. Mais je les voyais comme deux aspects indépendants de moi-même. J’ai commencé à concilier ces deux parties fondamentales de ma personne quand j’ai fait la transition de végétarienne à vegan il y a un peu plus d’un an. Le catalyseur cette fois-ci fut le visionnage d’une séquence frappante d’abattage de bovins exportés d’Australie en Indonésie.

L’Australie possède une industrie prospère d’exportation d’animaux vivants. Chaque année, 4 millions de moutons et vaches font des trajets longs et périlleux vers des marchés (musulmans pour la plupart) aussi proches que l’Indonésie ou aussi lointains que l’Egypte et la Turquie, dont beaucoup ne survivent pas au voyage. En 2011, le groupe de défense des animaux Animals Australia a mené une enquête clandestine sur le marché indonésien. Ce qu’ils ont découvert a permis à la directrice de campagne, Lyn White, de déclarer que, durant les cinq premières minutes de leur tournage, il y avait assez d’informations pour faire fermer l’entreprise définitivement.

Les gros animaux mouraient de façon lente et pénible dans des abattoirs mal équipés et en sous-effectif. Beaucoup d’entre eux subissaient jusqu’à vingt minutes de torture : queues cassées, tendons entaillés, des doigts enfoncés dans leurs yeux, des coups de pieds à la tête, et de l’eau pulvérisée directement dans les narines. Mais la fin n’arrivait toujours pas ; tout ça était suivi de plusieurs coups de couteau maladroits à la gorge.

À chaque étape, ces douces créatures ne cessaient jamais de lutter. Elles tremblaient de peur en voyant les autres se faire égorger sous leurs yeux. Elles beuglaient pour protester. Elles résistaient. Elles essayaient de s’échapper. Elles voulaient vivre.

Les animaux souffraient physiquement, mais aussi mentalement ; il n’y a aucun doute. On voit clairement un des bœufs condamnés (nommé ‘Tommy’ par Animals Australia à titre posthume) trembler, son cœur battant si fort qu’il sort presque de sa poitrine quand il voit un autre bœuf se faire tuer et démembrer devant lui. Il savait qu’il serait le prochain.

Cependant, je ne crois pas que cette souffrance animale soit uniquement liée à la culture musulmane. De telles pratiques choquantes ne sont pas propres à  l’Indonésie ou à l’islam mais illustrent l’impossibilité de respecter les critères les plus basiques de bien-être quand on traite les animaux comme des objets et non comme des êtres vivants. Une inspection du gouvernement de South Wales a révélé des infractions dans les dix abattoirs de l’État qui traitent la viande rouge. Quand 100% des abattoirs ne répondent pas aux normes de bien-être, on peut considérer que la cruauté envers les animaux dans l’industrie n’est pas l’exception mais la règle.

C’est un problème systématique et endémique. Quand le but est de tuer autant d’animaux que possible dans le plus court délai – ce qui est le but partout où les animaux sont tués commercialement – il n’y a pas beaucoup de place pour le bien-être animal. Les Australiens nient leur part de responsabilité de ce qui se passe dans l’enquête en la rejetant sur l’islam. Tout d’un coup, “l’étourdissement” est devenu la marque de fabrique du traitement respectueux des animaux. Nous les étourdissons, ils ne le font pas. Nous mangeons les animaux “comme il faut”. Nous sommes le bien. Ils sont le mal. Ils ne méritent pas nos vaches.

Je me voyais pourtant dans ce film. Bien que n’ayant pas mangé de la viande depuis une décennie, je voyais la personne qui fournissait toujours de la viande à son équipe sur les plateaux de tournage d’école de cinéma. Je voyais la personne qui mangeait parfois des œufs et du fromage tout en faisant taire la voix dans ma tête qui me disait que les animaux souffraient aussi pour ces produits. Et je voyais la personne qui se sentait aussi enfermée que ces vaches et qui rêvait d’être libre. Je me voyais dans le personnel des abattoirs et je me voyais dans les vaches.

J’ai pris la décision de ne plus jamais être associée à l’exploitation et à la maltraitance des animaux. Je songeais à éliminer de mon régime alimentaire tous les produits animaux après avoir lu que les vaches et leurs veaux étaient systématiquement séparés de force dans l’industrie laitière, mais je suis devenue vegan pratiquante littéralement du jour au lendemain après avoir regardé cette vidéo.

La politique sexuelle de la viande.

Cependant, j’ai fait la transition vers le véganisme par empathie envers les bêtes, sans faire le lien entre le patriarcat et l’exploitation des animaux. Je les considérais toujours comme des problèmes distincts. C’était donc avec le cœur lourd que, quelques semaines plus tard, j’ai entamé The Sexual Politics of Meat. J’avais l’impression que mon féminisme avait été éteint. Plus précisément, je pensais qu’il avait été éteint par ma nouvelle passion pour la justice animale.

En tant qu’écrivaine, je m’étais concentrée principalement sur les problèmes ouvertement féministes y compris la représentation du genre dans la culture populaire, le traitement des femmes dans le monde arabe, et la dichotomie vierge/prostituée. Bien qu’ayant été végétarienne pendant toute ma vie adulte, j’avais réussi à me convaincre que les droits des animaux étaient une cause “moins importante”, sur laquelle on pourrait se pencher après avoir résolu tous les problèmes de l’humanité. Pourquoi perdre son temps à essayer de convaincre les gens de s’intéresser à la souffrance d’autres espèces quand tant d'entre eux est à peine émus par la souffrance de la nôtre ?

Assister à la lutte futile de ces vaches condamnées et lire la confusion totale sur leur visage m’a fait comprendre à quel point j’avais tort. Je savais que je n’allais plus jamais pouvoir regarder le monde de la même façon. J’étais stupéfaite que, contrairement à l’oppression des femmes, nous soyons quasiment tous complices des mauvais traitements infligés aux animaux. Je voulais – j’avais besoin de – diffuser le message des défenseurs de la cause animale, mais j’avais peur que ce soit au détriment de mon féminisme. Après tout, les droits des animaux et ceux des femmes étaient en compétition dans la conscience publique. De plus, vu les tactiques de choc des groupes comme PETA qui ne sont pas contre l’exploitation du corps féminin afin de vendre leur message, les deux sont non seulement pas liés, mais antagoniques, non ?

C’était en cherchant une réponse à cette question que je me suis tournée vers The Sexual Politics of Meat.

Manger les animaux reflète et représente les valeurs patriarcales... Si la viande est symbole de la domination masculine, la présence de la viande signifie donc la soumission des femmes.

Là se trouvait le lien entre mon féminisme et mon végétarisme. La viande me mettait mal à l’aise depuis mon enfance puisqu’elle me rappelait ma situation d’impuissance. Tout comme les femmes, les animaux souffrent parce qu’on les traite comme des marchandises. Relégués au statut d’objets, leurs désirs ne comptent pas. Ils existent pour être utilisés et abusés. Ce n’est pas spécifique à une culture ou une religion, c’est un problème global et structurel qui prend sa source dans la croyance que les plus puissants ont le droit de dominer les plus faibles.

Les féministes qui mangent de la viande militent pour leur propre libération, mais tant qu’elles participent à l’exploitation animale – Donnez de la viande à votre homme ! – elles soutiennent le système même contre lequel elles militent.

Mon refus précoce de l’autorité patriarcale et mes tentatives répétées de vivre sans viande étaient bien liés. Je rejetais le contrôle de mon corps ainsi que des corps des animaux avec qui je me suis toujours identifiée. Je suis féministe et vegan parce que je m’oppose à toute oppression, à toute violence, à toute discrimination. Je m’oppose à ce qu’on appelle “l’ordre naturel” qui considère que l’infériorité perçue donne permission de nier les droits fondamentaux.

Il n’y a pas si longtemps les femmes et les Noirs étaient jugés sans âme et on pensait qu’ils n'étaient pas assez intelligents pour mériter l’autonomie. On continue à enlever les petits animaux de leurs mères avec la même bonne conscience qu’on se donnait quand les femmes noires et indigènes en Australie souffraient des mêmes abus. Elles ne les aiment pas comme nous. Elles ne se souviendront pas comme nous. Elles ne sont pas comme nous.

Mais, en fait, elles sont comme nous. Je le savais à cinq ans quand j’ai versé des larmes pour une poule qui est morte avant que j’aie pu lui donner un prénom. Cette révélation a imprégné mon travail où j’exhorte mes consœurs féministes à ne pas ignorer les liens entre le féminisme et le véganisme.

Nous devons examiner notre privilège humain comme on examine le privilège masculin, le privilège racial et le privilège de classes sociales. En tant que femmes, nous devons nous voir dans la souffrance des animaux puisque, comme nous rappelle Adams, nous sommes celles qui “ont été avalées et nous sommes les avaleuses. Nous sommes celles qui consomment et celles qui sont consommées”.

Il n’y a pas que ma vie professionnelle qui a changé. La boucle semble bouclée dans ma vie personnelle. Quitter ma famille m’a accordé la liberté d’adopter mon mode de vie végétarien. Me réconciliant avec ma mère plus d’une décennie plus tard, j’ai fini par comprendre pourquoi je suis devenue végétarienne en premier lieu, pourquoi je me suis toujours identifiée avec les animaux. 

En tant que féministes vegan, nos meilleures armes pour militer pour un monde plus juste sont nous-mêmes. Je pensais auparavant que les différences entre ma famille et moi étaient insurmontables, et que nous ne ferions plus partie de la vie l’une de l’autre comme avant. Mais le temps et le deuil peuvent rendre les différences les plus importantes négligeables. Quand mon frère est mort soudainement, je me suis occupée de ma mère pendant son deuil insupportable. Telle la fille prodigue, je faisais à nouveau partie de ma famille, mais cette fois c’était à mes conditions et, à son crédit, ma mère n’a jamais essayé de me changer.

Ma famille se retrouve toujours autour de la nourriture. J’ai eu la chance d’assister à plusieurs de ces récentes réunions. Mise à part la détresse intrinsèque que je ressens quand je vois les gens manger de la viande, je les apprécie d’une façon que je n’ai jamais ressentie quand j’étais enfant, comme on apprécie de faire quelque chose parce qu’on en a envie, pas parce qu’on y est obligé. Aujourd’hui, parmi tous les plats de viande, il y a toujours au moins un plat végétalien servi en mon honneur, un respect de mes choix qui n’existait pas quand j’étais adolescente.

Il y a quelques semaines, j’étais chez mon frère aîné qui est très traditionaliste. Toute la famille y était ; ma mère, mes frères et sœurs, leurs conjoints et leurs enfants. Je jetais un coup d’œil à la table à manger ; il y avait au moins trois salades et deux sortes de Kibbeh.

Ce qui m’a frappée c’est que de tous ces plats que ma belle-sœur omnivore avait soigneusement préparés, il y en avait qu’un qui contenait de la viande. Le reste était 100% vegan. Un petit symbole, un petit pas, qui me donne de l’espoir que l’œuvre de ma vie n’est peut-être pas en vain.


Ceci est un extrait édité de Defiant Daughters: 21 Women on Art Activism Animals and The Sexual Politics of Meat. Edité par Kara Davis et Wendy Lee, avec un avant-propos de Carol J. Adams. Publié en mars 2013 par Lantern Books. Reproduit sous permission.

Ruby Hamad est une écrivaine vivant à Sydney. Elle a écrit pour The Sydney Morning Herald, The Age, ABC Unleashed, Crikey, et New Matilda. Sa passion est la poursuite de la justice sociale, y compris la justice pour les plus vulnérables parmi nous, les êtres non-humains. Elle a un blog, quelque peu négligé, dont elle compte toujours s’occuper, et un fil Twitter.

Image : Ruby Hamad à EdgarMission, refuge pour animaux de ferme.


Bannière Les végétariens tuent plus d'animaux ? Pourquoi c'est faux.

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par Aurélien Barrau

Professeur à l’université Grenoble-Alpes, membre de l’Institut universitaire de France, astrophysicien au Laboratoire de physique subatomique et de cosmologie du CNRS.

 

Un étrange article circule depuis quelques temps sur la toile. Il serait certainement raisonnable de l’ignorer si ce n’était son succès au sein des réseaux sociaux et sa reprise sur plusieurs sites d’information ou de divertissement.

Cet article énonce – en titre ! – que « Les végétariens tuent 25 fois plus d’animaux doués de sensibilité par kilogramme » dans sa traduction française1 ou que « En choisissant le repas végétarien, vous avez davantage de sang animal sur les mains » dans sa version originale2. L’argument résumé est le suivant : pour se nourrir avec des végétaux, il faut des cultures et les cultures tuent beaucoup d’animaux, en particulier des souris.

Avant d’en venir à la réfutation proprement dite de l’article (ou parfois davantage de sa réception et de son utilisation sur certains sites), il est important de noter qu’il existe deux formes radicalement différentes de violence, théorisées par de nombreux philosophes qu’il n’est pas ici question de discuter : celle qui s’assume et se reconnaît en tant que telle et celle qui n’a pas même ce courage. L’enjeu de l’article de Mike Archer consiste à mon sens à tenter de placer le lecteur dans la seconde catégorie. Celui qui énonce « je sais que l’industrie de la viande cause d’infinies souffrances à des êtres sensibles (parce que c’est incontestable) et je sais que je n’ai pas biologiquement besoin de viande (parce que c’est tout aussi établi), mais il est légal d’en consommer donc je fais ce choix et je l’assume » est cohérent. Enfin, il ne l’est que dans une certaine mesure car généralement il ne peut pas soutenir les images des abattoirs – conséquence immédiate et irréfutable de son choix prétendument assumé – ce qui pose quand-même un problème évident. Mais celui qui non seulement poursuit l’activité et veut de plus se convaincre qu’il est bienfaisant envers ses victimes, adopte un positionnement particulièrement lâche et intenable au niveau éthique.

Venons-en au fond. La réfutation est immédiate, confondante d’évidence : oui, les cultures sont bien-sûr nuisibles à l’environnement mais il faut typiquement dix fois plus de cultures pour nourrir les animaux d’élevage que pour nourrir directement les hommes avec des végétaux ! L’argument de l’auteur joue donc précisément contre son propos. L’affaire est entendue.

Plus précisément, l’article est totalement incohérent parce qu’il compare essentiellement de la viande qui serait obtenue par prélèvement (gardons à dessein des termes froids et neutres) dans la nature à une alimentation végétarienne provenant de cultures de céréales ! S’il était logiquement conséquent il considérerait alors des végétariens qui se nourrissent en cueillant les fruits sur les arbres de forêts. Mais soyons sérieux. Une chose est vraie dans cet article : les cultures intensives sont néfastes pour la nature et les animaux. C’est tout à fait exact. Et c’est précisément une des excellentes raisons pour laquelle il faut combattre l’alimentation carnée qui, outre sa violence propre, est une source majeure de pollution à l’échelle globale. L’essentiel des cultures aujourd’hui déployées sur Terre sont faites pour nourrir des vaches, des cochons et des moutons. C’est un fait que personne ne peut contester. C’est très facile à vérifier (et cultiver pour les hommes et non les animaux d’élevage permettrait de nourrir environ 4 milliards d’humain en plus3). Donc tous les arguments – très pertinents – suivant lesquels ces cultures sont nuisibles sont précisément ceux pour lesquels il faut en effet diminuer l’alimentation carnée.

Il faut environ 10 calories végétales pour produire 1 calorie de bœuf. La conclusion est donc immédiate : pour nourrir une population avec du bœuf, il faut donc 10 fois plus de cultures que pour la nourrir directement avec les cultures. C’est élémentaire. De plus, une immense quantité d’eau (environ 10 000 litres par kg de viande), ce que personne ne conteste, est également nécessaire pour la production de viande bovine. L’impact écologique est considérable.

Effet de serre selon l'alimentation

Une grande partie de la déforestation aujourd’hui en cours est précisément mise en œuvre pour faire paître des troupeaux ou mettre en place des cultures afin de nourrir le bétail.

Donc, oui, évidemment, l’industrie de la viande est une catastrophe pour les animaux qui endurent le martyre, pour l’environnement qui est beaucoup plus saccagé qu’avec des cultures directement utilisées pour nourrir les humains, et pour les hommes qui sont nettement moins nourris à surface cultivée comparable. Voilà pour les faits.

Il est maintenant intéressant d’en venir à la forme et de noter quelques points signifiants.

  • L’article réfère immédiatement à Peter Singer, grand théoricien de la cause animale, en laissant entendre que c’est en suivant sa logique que les conclusions vont s’imposer. Il insinue qu’il va proposer un cheminement sous couvert de l’autorité de Singer afin de mettre le lecteur réticent en confiance. En réalité, naturellement, pratiquement rien de la pensée de Singer – lui-même végétarien revendiqué – n’est utilisé.

 

  • L’article, pour montrer que, finalement, manger de la viande n’engendre pas de grandes souffrances, mentionne que les animaux de boucherie sont tués « sur le coup ». C’est une double contre-vérité. Les rares journalistes à avoir pu pénétrer dans les abattoirs – qui semblent être parmi les lieux les mieux gardés et cachés au monde : on voit de multiples reportages sur les pires prisons de la planète mais jamais aucun sur les abattoirs – attestent tout à l’inverse de scènes insoutenables. Sans mentionner la vie de pure souffrance qui généralement précède cette fin atroce. C’est aussi une des stratégies rhétoriques de l’article : considérer un cas très particulier – qui peut naturellement échapper à cette description générale avérée – dans l’espoir de susciter chez le lecteur, sans l’appeler explicitement, une confusion par généralisation. L’ensemble de l’article mentionne quelques spécificités australiennes qui, si elles sont vraies, demeurent en opposition totale avec la situation globale.

 

  • De façon volontaire ou non, l’article a conduit nombre de lecteurs – la consultation des réseaux sociaux l’atteste – à croire à l’existence d’un vaste débat sur le sujet alors que ce n’est évidemment pas le cas : personne ne doute sérieusement que l’industrie de la viande soit hautement néfaste à l’environnement et hautement cruelle pour les animaux qui en sont victimes. C’est une technique usuelle qui mérite qu’on s’y attarde. Naturellement, des débats existent partout, sur tous les sujets ! Mais il faut faire attention aux lobbies qui tentent de faire croire à l’existence de débats clivés qui n’existent pas. Par exemple, ceux qui nient le réchauffement climatique d’origine humaine (c’est en train de devenir à peu près aussi cocasse que ceux qui nient la rotondité de la Terre) aiment à faire croire à un débat « chez les scientifiques ». Il est évident que ce débat n’existe pas. Les climatologues ont tranché la question depuis longtemps. Il y a évidemment quelques personnalités isolées qui expriment des doutes. C’est tout à fait normal, c’est ainsi que fonctionne la science, et il ne faut pas les museler. Quoique dise une communauté de chercheurs, quelqu’un doit s’opposer, c’est la dynamique de la pensée. (Même l’existence du monde peut être remise en cause : un physicien théoricien a proposé que nous pourrions vivre dans une simulation informatique.) Mais laisser entendre que la communauté scientifique est divisée est simplement une contre-vérité totale. Prenons un autre exemple, proche de mon champ de recherche : l’expansion de l’Univers. Sur des milliers de cosmologistes, à ma connaissance un seul soutient l’inexistence de ce phénomène. Et il n’est pas rare que, dans les journaux, la situation soit présentée avec une interview de cette personne face à une interview d’un autre cosmologiste, donnant l’illusion d’une communauté de spécialistes divisée ! C’est insensé. Un Univers statique est aujourd’hui intenable et je suis convaincu que même celui qui le soutient le sait… L’univers en expansion, comme l’évolution des espèces, la rotondité de la Terre et l’extinction massive d’origine anthropique sont des acquis. Toute question peut être posée et tout point de vue peut être débattu. C’est essentiel pour la démocratie et pour la science. Mais laisser croire à une situation incertaine quand il n’y a pas de débat authentique est une supercherie intellectuelle. Quand, de plus, il s’agit non pas d’un simple positionnement théorique mais de la légitimation de la mise à mort de 2 000 êtres vivants par seconde4, la technique devient nauséabonde.

 

  • L’article exprime une empathie attendrissante pour les souris tuées lors des labours ou dans les silos à grain. Il cherche à rallier la sympathie de ceux qui savent qu’en effet ces petits mammifères sont capables de ressentis très subtils et, en particulier, de stress voire de panique. Hélas, il tire la conclusion opposée à celle qui s’imposerait pour en effet amoindrir les souffrances infligées à ces animaux et diminuer leurs pertes. Le processus est assez grossier car il est difficile de croire que l’auteur puisse réellement se soucier du sort des souris compte-tenu de l’immense cynisme de son entreprise.

 

  • L’article use de l’argument suivant lequel nos dents et notre système digestif seraient adaptés à la consommation de viande. Il est fort regrettable qu’il utilise ici le mode assertorique – qui l’assène comme une évidence – alors que, justement, et à la différence de ce qui est insinué par ailleurs pour jeter le trouble, il y a là un véritable débat chez les spécialistes! Loin d’être évidente cette proposition est controversée (la longueur de notre intestin n’est pas celle d’un carnivore, la présence de canines se trouve aussi chez les gorilles, etc.) et tout indique aujourd’hui que nombre de maladies – en particulier des cancers – proviennent d’une suralimentation carnée.

 

  • Plus généralement, l’article semble user d’un stratagème assez banal et étonnamment efficace : plus la supercherie est « grosse », plus le mensonge est « évident », mieux il fonctionne. L’abatage des animaux pour fournir de la viande tue environ 65 milliards d’animaux terrestres par an (et sans doute environ mille milliards de poissons, crevettes, poulpes, etc.). La mise à mort se passe souvent dans des conditions indescriptibles, après les avoir condamnés à une vie de pure souffrance. Présenter cela comme un bienfait pour les animaux est aussi logiquement stupéfiant qu’éthiquement innommable. Il fallait oser l’inventer ! Et pourtant, force est de constater que l’article a eu un évident succès : ça marche. On observe parfois ce genre de phénomènes lors les campagnes électorales très dures ou avant une intervention armée d’un État, quand l’opinion publique est sous tension : plus le mensonge est énorme, plus il a de chances de fonctionner. No limit. De même, on voit depuis quelque temps sur les réseaux sociaux un article très partagé stipulant que le déplacement à vélo pollue plus qu’en voiture. No limit.

  • L’article met néanmoins le doigt sur un point important et intéressant. L’agriculture, même biologique, entraine en effet la mort de nombreux petits animaux (rongeurs, reptiles, batraciens, insectes, etc.). Même s’il ne fait aucun doute qu’une alimentation végétarienne diminuerait drastiquement le nombre d’animaux morts (à la fois via l’abattage direct qui est évité et via la moindre surface totale cultivée), cette question demeure pertinente. Il y a ici un travail à mener pour, en effet, mieux tenir compte des morts indirects de l’alimentation végétarienne.

 

Notre société a inventé une industrie de la mort animale d’une efficacité et d’une ampleur sans précédent. Alors même que le statut « d’être sensibles » ne peut plus être dénié aux animaux, devrait s’ouvrir un débat éthique d’une importance essentielle. Se joue dans ce rapport à l’autre – à l’autre en situation de faiblesse, à l’autre sans possibilité de riposte, à l’autre dont les cris d’agonie ont été déportés bien loin de nos oreilles – une question d’une importance abyssale. Il est plus qu’urgent d’y faire face sérieusement. Et cette question n’est jamais antagoniste ou orthogonale à celle du mieux vivre des hommes (qui, stricto sensu, sont évidemment aussi des animaux) : tout au contraire, une évolution des habitudes alimentaires se justifie tout autant par la nécessité d’endiguer les famines et malnutritions humaines que par celle d’épargner, autant que faire se peut, les souffrances animales.

L’article de Mike Archer tente de nous offrir une bonne conscience facile. Préférons-lui la vérité.

La question soulevée est plus globale encore. Récemment, le lion Cecil a été tué, pour le plaisir, par un riche américain. S’en est suivi une indignation générale. Mais, peu après, de nombreux billets sont apparus pour fustiger cette indignation : comment peut-on se soucier du sort d’un animal alors que des hommes souffrent ? Cette vieille et insupportable rengaine est systématique : personne ne s’indigne de la météo quotidienne ou de l’omniprésence des résultats sportifs mais quelques instants d’empathie avec une souffrance animale, non, ça c’est vraiment insupportable, obscène, indécent, scandaleux. Très étonnante réaction qui refuse cette évidence : loin d’être antagonistes, les combats contre les exactions à l’encontre des humains et ceux contre les violence envers les animaux sont frères. C’est une même démarche de soutien aux « opprimés » et de respect des vivants. Ils se soutiennent quand il ne se confondent pas.

 

Sources :

1. « Les végétariens tuent 25 fois plus d'animaux doués de sensibilité par kilogramme », WikiStrike.
2. Archer, M. « Ordering the vegetarian meal? There’s more animal blood on your hands », The Conversation.
3. Cassidy, Emily S. et al., 2013. « Redefining agricultural yields: from tonnes to people nourished per hectare », Environmental Research Letters.
4. Estimation approximative du nombre d’animaux tués à l’échelle planétaire pour fournir la viande utilisée dans l’alimentation humaine.

Bannière Manger (vegan) pour gagner

Manger (vegan) pour gagner

  • Article du Mardi 25 août 2015

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Scott Jurek est une légende vivante de l’ultra-running. Son secret pour gagner ces courses à pied dont la longueur est toujours supérieure aux marathons et qui peuvent se dérouler sur plusieurs jours, voire des semaines entières ? Un entraînement acharné, un esprit de compétition sans faille, un mental d’acier et une alimentation végane. À travers son livre Eat & run, enfin disponible en français, Scott se raconte. Retour sur le parcours incroyable d’un homme que rien ne destinait à devenir une icône de l’ultra-running, et encore moins un végétalien convaincu.

Né dans une famille pauvre du Minnesota, Scott a passé son enfance sous la coupe d’un père très autoritaire. Son quotidien familial consistait à entretenir le potager familial, couper du bois, s’occuper de son frère et de sa sœur et aider aux travaux ménagers. De constitution fluette et timide, il subit les railleries des autres élèves. À dix ans, il parcourt la forêt en solitaire, à pêcher et à chasser avec la carabine que son père lui a offerte.
Impuissant, il assiste à la paralysie progressive de sa mère atteinte de sclérose en plaque. À douze ans, il fait de l’hypertension, mais il parvient à faire baisser sa tension par sa seule concentration, échappant ainsi à un traitement médical.
Adolescent, Il assiste le kiné de sa mère, et finira d’ailleurs par devenir lui-même kinésithérapeute. Il adore les hamburgers et se consacre au ski de fond, ne courant que pour entretenir sa forme hors de la saison de ski. C’est dans son équipe de ski qu’il rencontre Dusty Olson. Ce provocateur à la coupe punk, qui est aussi le meilleur athlète de l’État et un véritable bad boy, va devenir son meilleur ami et changer sa vie.

« Si tu veux gagner, va t’entraîner et,
quand t’en peux plus,
rajoutes-en une louche ! »

Dusty

Scott Jurek pendant la course BadwaterScott comprend que, même en s’entraînant dur, il n’excellera jamais en ski (Dusty, par exemple, est nettement meilleur que lui). Il court de plus en plus, notamment pour être avec Dusty dont l’anticonformisme provocateur le fascine, lui si sage, et ensemble ils effectuent des sorties de plus en plus longues. C’est Dusty qui le pousse à effectuer son premier ultra, une course de 80 km en 1994, où Scott se classe 2e et Dusty 3e.
Scott s’entraîne sans relâche, s’acharne sous la pluie, la neige, la canicule, gravit des montagnes, rien ne l’arrête. Mais il termine son second ultra de 80 km de nouveau 2e et s’interroge : comment gagner ? Des rencontres – dont celle de sa première femme Leah, qui est végétarienne - et des lectures le persuadent que le secret réside dans l’alimentation. Il diminue alors sa consommation de viande, augmente celle de légumes, et gagne enfin cette fichue course.

« Je ne pouvais pas donner plus
mais j’avais appris quelque chose de très important :

je pouvais manger plus intelligemment »

Scott en train de cuisiner.C’est ainsi qu’il devient végétarien, puis végétalien en 1999.
Scott apprend aussi à courir plus intelligemment et à améliorer sa technique au lieu d’allonger indéfiniment les séances. Il se lance à l’assaut des dénivelés et s’inspire du bushido, le code moral des samouraïs, et des moines bouddhistes japonais Tendaï, dont le courage et la ténacité l’inspirent.

Et il se met à gagner. Il remporte ainsi – entre autres courses – sept fois consécutivement la Western States Endurance Run (161 km à travers la Sierra Nevada de Californie), deux fois le Badwater Ultramarathon (217 km et 4000 m de dénivelé positif cumulé, le tout dans la vallée de la mort en Californie où les températures dépassent les 50°C à l'ombre et les 70°c au soleil, et pendant lequel il se plonge dans un bac rempli d’eau glacée), trois fois la Miwok 100K (un trail de 100 km en Californie), trois fois de suite le Spartathlon (245 km reliant Athènes à Sparte), et la Hardrock 100 (161 km dans le Colorado). Il gagne aussi contre les Tarahumaras, ces Amérindiens qui sont de véritables coureurs-nés.

 

« Grâce à mon régime végétalien,
je suis en meilleure forme,
je cours plus vite et plus longtemps »

Portrait de Scott JurekIl gagne une fois avec un orteil cassé, et deux autres fois avec une entorse à la cheville qui, théoriquement, aurait dû l’empêcher ne fut-ce que de marcher. Bouquet final : le 12 juillet 2015, à 41 ans, le voilà devenu l’homme le plus rapide à parcourir, de bout en bout, le Sentier des Appalaches avec 3 522 kilomètres de montagne et 157 km de dénivelé.

D’une certaine façon, Scott reste discret sur son alimentation, par exemple il en parle peu autour de lui. Mais il est l’exemple vivant qu’une alimentation végétalienne bien menée convient même aux athlètes de haut niveau, et il a aussi rédigé un livre consacré au sujet. Dans Eat & run, il fait ainsi constamment le lien entre ses performances et son alimentation végétalienne, sur laquelle il ne tarit pas d’éloges, que ce soit au niveau de l’apport nutritionnel, mais aussi du plaisir gustatif et de la variété. D’ailleurs, il partage une dizaine de ses recettes cultes dans son livre, comme « quino-woaw ! » un délicieux porridge à base de quinoa, « quacamole Holy Moly », « barres chocolatées aux haricots azukis » ou encore ses légendaires « pancakes huit céréales aux fraises ».

 Scott Jurek s'entraîne avec son chien TontoScott Jurek dans son coffre d'eau glacé, pendant la BadwaterScott Jurek à l'entraînement dans le Colorado.
Scott Jurek à l'entraînement avec son chien Tonto, dans l'eau glacée pendant la Badwater,
en plein effort au Colorado.

 

Scott Jurek, Eat & run (Manger pour gagner), Chamonix, Éditions Paulsen.

En apprendre plus sur le site des Éditions Paulsen


Bannière 25 glaces vegan

25 glaces vegan

  • Article du Jeudi 20 août 2015

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Décidément, Marie Laforêt nous gâte : après (entre autres) 25 assiettes vegan, Fromages vegan et 25 desserts vegan, voici 25 glaces vegan pour finir en beauté le repas (ou pour des goûters fondants).
Ces glaces vegan sont moins grasses et moins sucrées, et surtout sans souffrance, alors pourquoi s’en priver – surtout qu’elles sont toutes plus alléchantes les unes que les autres !
Marie Laforêt nous propose des sorbets, mais  pas n’importe quels sorbets ! Le très estival sorbet mangue-melon ouvre le bal, suivi de près par l’original mais néanmoins savoureux sorbet tomate-fraise-basilic, lui-même peut-être surpassé par le tropical sorbet ananas-citron vert.

Et qui a dit que les crèmes glacées devaient contenir des produits laitiers ? Si vous en êtes encore persuadé, c’est que vous n’avez pas testé l’onctueuse et rafraîchissante glace au yaourt et à la framboise, l’irrésistible crème glacée à la pistache, l’ultra crémeuse stracciatella coco-menthe, et bien sûr l’incontournable glace à la vanille. Le secret de leur fabrication ? Du lait, des yaourts et de la crème de soja ou de riz, et de vraies framboises, pistaches et menthe fraîche.

  sorbet ananas citron vertglace vegan stracciatella coco menthesandwich glacé

 

 

 

 

 

 

 

 

 

        sorbet ananas citron vert, glace stracciatella coco menthe, sandwiches glacés

 

buche glacee veganeMais ne nous arrêtons pas en si bon chemin. Pour les grandes occasions et pour épater la galerie, Marie Laforêt nous invite à nous lancer dans la confection de véritables merveilles : barres glacées coco & chocolat noir, sandwichs glacés et (approcherait-on déjà de Noël ?) une incroyable bûche glacée biscuitée vanille-poire-noisette.                                                                    

Bien d’autres recettes (dont celle des cornets maison) sont proposées dans ce livre et, s’il faut un peu de matériel (sorbetière, moules… ) pour se lancer, le résultat en vaut vraiment la peine, car comment rester de marbre et ne pas fondre devant tant de douceurs givrées ?

Marie Laforêt, 25 glaces vegan, La Plage, 2015.
En apprendre plus sur le site des Éditions La Plage


Bannière Une vache peinte en vert pour un ‘greenwashing’ au sens propre

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En juillet 2015, au plus fort de la canicule, une vache peinte en vert a dû marcher 200 km pour promouvoir l’idée que « l’équilibre est dans le pré », équilibre pourtant on ne peut plus douteux...

Plus connue sous le sobriquet de « la vache verte », la vache Normandie a effectué, bien malgré elle, un véritable parcours du combattant. Séparée de son troupeau - les vaches sont des animaux grégaires très attachés à leur groupe – et recouverte de peinture verte, cette vache a dû marcher quelque 200 km et été a exhibée dans des villes et villages entre Paris et Alençon. La Confédération nationale de l’élevage (CNE) s’est ainsi livrée à ses dépends à une opération de  greenwashing au sens propre du terme, via la campagne “L’équilibre est dans le pré”.

                             photo de la vache peint en vert

Élevage et environnement font-il vraiment bon ménage ?

Avec cette campagne « La vache Verte, l’équilibre est dans le pré », la CNE cherche à se placer favorablement dans la lutte contre le changement climatique qui battra son plein à la fin de l’année via la COP 21 (conférence internationale sur le climat). Vu les émissions en gaz à effet de serre (GES), la consommation d’eau et autres dégâts causés par l’élevage, dont l’élevage bovin, ça relève d’une mission impossible. La Confédération s’y est pourtant particulièrement appliquée dans cette opération de communication qui se veut bon enfant, bourrée de chiffres rassurants et de belles images d’animaux vivant paisiblement dans de bucoliques paysages, sans une seule stabulation en vue, alors qu'une grande partie des vaches, veaux et chèvres ne sortent jamais à l’extérieur.

Parmi les principaux arguments avancés par la CNE, on lit que « 90% de l’alimentation de nos troupeaux [de ruminants] en moyenne est produite sur nos fermes ». Mais la CNE ne nous dit pas que, quel que soit son lieu de production, la culture standard de céréales et d’oléagineuses, dont les bovins sont de grands consommateurs, accapare terrain, engrais et pesticides. La seule différence entre produit « à la ferme » ou à l’autre bout de la terre se trouve dans l’économie du transport. La CNE passe aussi sous silence le fait qu’il faut de 8 à 10kg de matière sèche végétale pour produire 1kg de viande bovine : un terrible gâchis quand 800 millions d’humains souffrent encore de malnutrition. Et les prairies sont potentiellement autant d’espaces perdus pour des cultures qui pourraient servir, selon leur configuration, à la production d’aliments végétaux pour les humains ou de stockage du carbone, via des forêts.

« Depuis 10 ans, les éleveurs ont engagé avec les instituts techniques des études pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Ces dernières ont d’ailleurs diminué en élevage de 14% depuis 1990 ». Rappelons que d’après les derniers chiffres de la FAO, l’élevage reste quand même responsable au niveau mondial de davantage de GES que l’ensemble des transports !

D’ailleurs, cette baisse est essentiellement due à la diminution de 12% du nombre de ruminants en France depuis 1990 parce que les Français, dans le même temps, ont baissé leur consommation de viande bovine de 15% ! La filière viande ne manque pas de culot de s’attribuer les effets de la baisse de la consommation de ses propres produits...

La consommation de laitages, en revanche, n’a pas décliné, mais on a rendu les vaches laitières plus productives (autant de lait est produit avec moins d’animaux). Il a fallu pour cela intensifier la sélection génétique ou encore étudier en profondeur leur système digestif, au sens littéral du terme puisque les zootechniciens greffent sur le flanc des vaches des hublots afin de accéder directement au contenu de leur panse. Aujourd’hui, ces hublots servent aussi à étudier leurs émissions de GES.

                         photo de "vache hublot"

Une solution plus simple et nettement plus efficace que ces “efforts” techniques dont les premières victimes sont les animaux est de poursuivre et d’encourager la baisse de la consommation de produits d’origine animale. Le dernier rapport du GIEC estime que si on limitait la consommation mondiale de viande de ruminant à 10g par jour et par habitant et celle des autres viandes à 80g par jour (ce qui correspond aux recommandations de l’école de santé publique de Harvard) on aurait déjà fait la moitié du chemin pour limiter le taux de CO2 atmosphérique à 450 ppm en 2050. Ce serait aussi efficace que réduire de moitié l’utilisation des automobiles. En France, cela permettrait de réduire de 80% les émissions des élevages bovins et ovins et de moitié les émissions des autres élevages. Autrement mieux que 14% en 25 ans !

Dans le même registre, la filière rabâche depuis des années que : « Prairies et haies compensent 30% des émissions de l’élevage ». Or ces 30% correspondent au carbone stocké par les prairies et non au carbone absorbé par les prairies. L’absorption nette des prairies est globalement neutre : en effet, on ne compte dans les bilans carbone ni la respiration des animaux, ni la photosynthèse des plantes qu’ils mangent, car ces deux processus s’équilibrent. Il n’y a aucune raison de soustraire aux émissions des vaches (un flux) le carbone contenu dans les prairies (un stock).

La filière vante la capacité des prairies à stocker le carbone. Mais ce sont de piètres réservoirs de carbone : les forêts contiennent beaucoup plus de matière organique donc beaucoup plus de carbone. Si on plantait des forêts à la place des prairies, elles absorberaient durant leur croissance une quantité énorme de CO2 et stockeraient ainsi une quantité bien plus considérable de carbone que des terrains herbeux !

Un autre argument, « L’utilisation des déjections de troupeaux comme engrais permet d’éviter l’utilisation des engrais chimiques, soit 4,5 millions tonnes équivalent CO2 », ne tient pas mieux car il ne faut pas oublier que ces déjections servent en grande partie à faire pousser les aliments consommés par les vaches et autres animaux d’élevage : sans élevage, on ne serait pas obligé de consommer davantage d’engrais chimiques puisque ces cultures n’auraient plus lieu d’être. Précisons d’ailleurs qu’une agriculture végane, sans intrants d’origine animale, est possible.

Côté eau, l’astuce de la CNE pour dégonfler les chiffres de sa consommation par l’élevage consiste à soustraire du bilan l’eau urinée par les vaches. Selon la CNE, si je bois 1,5 L d’eau par jour et que j’en urine à peu près autant, je n’ai pas consommé d’eau ! Là encore, les données de la CNE sont de la poudre aux yeux.

La solution est ailleurs

De nombreuses études scientifiques l’ont démontré : nous aurions tout à gagner à remplacer les productions animales par des productions végétales.

Ces dernières permettraient de recréer de vastes espaces forestiers, véritables puits de carbone et réserves de biodiversité, et ralentiraient énormément la déforestation amazonienne puisque l’élevage en est de très loin la première cause, notamment en raison des importations de soja pour l’alimentation animale. Elle économiserait l’eau, étant donné qu’il suffit d’1m3 d’eau pour produire 1000 calories d’origine végétale contre 5m3 pour des calories d’origine animale – et qu’une vache en lactation boit jusqu’à 130 litres d’eau par jour, soit autant qu’un éléphant ! Et les subventions actuellement attribuées à l’élevage pourraient être investies dans la reconversion professionnelle.

Que l’utilisation de Normandie en support de communication ait recueilli de la sympathie, dont celle des médias, est révélateur de la réification que subissent les animaux destinés à être mangés - comme Normandie, qui a rejoint son troupeau en attendant de finir à l’abattoir. On imagine le tollé qu’aurait  provoqué, à raison, une campagne utilisant un chat ou un chien recouvert de peinture.

Au lieu de soutenir l’élevage et ses incontournables gaspillages, et même un modèle d’élevage de plus en plus intensif (ferme des 1000 vaches, des 1000 veaux, de 250 000 poules pondeuses, de 5000 cochons… ), il est urgent de mettre en place un modèle agricole qui soit réellement favorable à l’environnement, aux humains et aux animaux. Les productions végétales permettent de répondre à ce défi, adoptons-les dès maintenant.


Bannière Michèle Scharapan soutient L214

Michèle Scharapan soutient L214

  • Article du Mardi 18 août 2015

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Michèle ScharapanLe 30 juin dernier, la pianiste Michèle Scharapan a donné un concert au profit de L214.
C’est une récidiviste ! Michèle avait déjà sévi en 2010. Elle est non seulement une pianiste de talent mais également une militante profondément engagée pour les animaux.

Michèle n’a pas agi seule ; une véritable association de malfaiteurs parfaitement entraînés : Thomas Gautier au violon, Seokwoo Yoon au Violoncelle et Grégory Ballesteros au Piano (pour les quatre mains de Schubert).
Au programme, Mendelssohn (trio en ut mineur opus 66), Schubert (divertimento à la hongroise pour piano à quatre mains D 818) et Brahms (trio en Si majeur opus 8). Leurs méfaits se sont produits dans l’écrin du théâtre du Conservatoire national d'art dramatique. Nous avons adoré !

Si vous y étiez, cette vidéo (merci à Reine Gabriel) vous rappellera sûrement de bons souvenirs.
Si vous n’y étiez pas, elle vous donnera un petit aperçu de cette belle soirée. 

Les entrées ont été reversées à L214 pour la poursuite de son travail auprès des animaux exploités pour l’alimentation.

Un grand merci à Michèle et ses acolytes qui ont fourni un travail colossal pour la réussite de ce concert.
Merci également à la Fondation pour une Terre Humaine sans qui le concert n’aurait pas pu voir le jour.


Bannière Deux bétaillères se retournent : chronique d’une mort planifiée

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Mercredi 12 août 2015. Vers 3 heures du matin sur l’A39 vers Bourg-en-Bresse, une bétaillère transportant 39 bovins et composée d’un camion et d’une remorque se couche sur le bas côté. Le chauffeur se serait endormi alors qu’il emmenait les animaux à l’abattoir. Plusieurs animaux meurent dans cet accident, dix taurillons parviennent à sortir de la bétaillère, terrifiés ils s’enfuient sur l’autoroute. Ils seront traqués par hélicoptère puis tués à bout portant par arme à feu. Les 19 animaux survivants sont à nouveau embarqués dans une autre bétaillère. Légèrement blessé, le chauffeur est transféré à l’hôpital.

Jeudi 6 août 2015, 6 h 30 du matin.
Un poids lourd transportant 63 génisses et taurillons se renverse sur  l’autoroute, après une crevaison. Si le chauffeur est (heureusement) indemne, des animaux meurent sur le coup, d’autres sont grièvement ou légèrement blessés, certains parviennent à sortir du camion et s’enfuient.
L’autoroute A40 où a lieu le drame est rapidement fermée dans les deux sens et les pompiers, dépêchés sur place, s’affairent à rassembler les animaux valides. Une nouvelle bétaillère arrive pour charger les survivants. Des hommes munis de cannes ou de manches à balai poussent des vaches, qui sont forcées d'embarquer. Certaines ont le crâne ensanglanté : leurs cornes ont été arrachées.
On ouvre les portes du camion couché, on découpe son toit à la cisaille électrique. Quelques animaux valides parviennent à s’en extraire, des cadavres sont tirés à l’extérieur. Cinq animaux valides “en divagation” et qui refusent de monter dans la nouvelle bétaillère sont tués par arme à feu. A 9 h 15, la dernière vache est ainsi tuée par un lieutenant de louveterie. Sur les 63 animaux transportés, cinq ont été tués sur place, 34 sont morts dans l’accident ou, blessés, ont été euthanasiés, et 24 ont été “sauvés”, comme l’indique l’article de presse du Dauphiné : “ Accident de bétaillère : les pompiers ont tout tenté pour sauver les taurillons ”.

Mais les sauver de quoi ?
De l’abattoir qui les attend ?
Ici ou ailleurs, sous les balles ou le couteau, leur sang coulera.

Ces accidents de bétaillères sont loin d’être exceptionnels, tant de convois lourdement chargés de cochons, de poules, de moutons ou de bovins, sillonnent sans relâche la France et le monde, sur des dizaines ou des milliers de kilomètres, transportant les animaux condamnés vers des parcs d’engraissements, des foires à bestiaux ou, le plus souvent, des abattoirs.
S’il faut bien sûr venir en aide autant que possible à ces animaux et à ceux en souffrance, s’il faut les "sauver" quand on peut, il ne faut pas non plus oublier qu’on les massacre à la chaîne dans les abattoirs – terrible paradoxe !

Autres notes du blog sur le même sujet :
Détresses animales
D'insignifiants accidents


Bannière Histoire d'un sauvetage

Histoire d'un sauvetage

  • Article du Vendredi 7 août 2015

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Le refuge pour cochons GroinGroin et L214 ont mené une opération de sauvetage dans un élevage porcin le mardi 4 août 2015. La truie à sauver avait une patte cassée. Dans les élevages porcins, un accident de ce type est synonyme de “réforme”, un euphémisme pour parler d’abattage ou de mise à mort. Pourtant, la porchère refusait l’idée de la charger dans cet état dans un camion pour l’abattoir. En effet, les truies sont généralement transportées sans ménagement et sont bien souvent incapables de sortir par elles mêmes du camion : conduites sous les coups ou à l'aiguillon, voire soulevées au chariot élévateur, leur fin de vie est d’une violence sans nom.

8h30. Nous voilà aux portes de l’élevage : deux bâtiments préfabriqués installés en pleine campagne. Émilie, une jeune femme, porchère depuis 2 ans, nous accueille. Nous nous enfonçons dans le premier bâtiment qui ressemble à un immense bungalow délabré. 1513, 1514, 1515, des dizaines de truies sont alignées les unes à côté des autres, sans pouvoir bouger, se retourner, ne pouvant rien faire, juste sentir le poids de leur corps sur le sol bétonné.

Malgré la misère animale qui règne dans ce hangar, Émilie caresse l'une de de ses truies : « Je fais ce métier car au moins avec moi elles seront bien traitées, mon prédécesseur les frappait, ça m’était insupportable. »
Elle s’arrête devant une autre truie : « La voilà ». Devant nous, un corps allongé, coincé entre des barreaux.

 

On s’avance, on croise un regard doux et inquiet, c’est elle. C’est toi, ma belle qui ne finira pas dans un sandwich.
« Est-ce possible de sauver aussi un de ses porcelets ? » lance l’un d’entre nous, « Oui, même deux » répond Émilie. Nos cinq regards se croisent, la décision est prise. Une montagne de paille les attend dans le van, ils sont sauvés.
Harnais, sangles, couverture, la truie est debout sur trois de ses pattes malgré ses 160 kg, guidée par l’équipe pour atteindre l’extérieur. À la sortie de l’élevage, elle s’arrête net. Ses yeux s’ouvrent en grand, son groin sent la paille, elle repart de plus belle. Elle grimpe dans le camion sur son matelas de paille, son regard apaisé inspire la paix.
Mais l’état de sa patte rappelle la violence de sa vie, son jarret est énorme, l’abcès est monstrueux.
bérénice riauxÉmilie nous propose d’emmener deux autres porcelets chétifs, elle refuse de les tuer en les "claquant" contre un mur, pratique très courante dans ce type d’élevage, où les faibles n’ont pas leur place. Elle avait prévu de les nourrir individuellement et de les remettre dans le circuit : engraissement, transport, saignée, assiette. À présent un autre avenir les attend : ils rejoignent leur famille dans le camion, deux autres porcelets sont sauvés !

10h30 - En route pour quelques heures avant d’arriver à la clinique vétérinaire afin d'examiner la truie. On en profite pour leur trouver des noms : les quatre petits cochons s'appelleront Coquelicot, Violette, Lavande et Capucine et leur maman, Fleur.

Trois vétérinaires habitués du refuge auscultent Fleur. Après avoir pris des radios, ils nous expliquent : « Toute l'articulation du jarret est en train de se faire digérer par les bactéries, il y a un germe qui est entré et qui a attaqué les os, toute la capsule articulaire est atteinte, il n'y a rien à faire, il est impossible d'appareiller une truie qui pèsera 300 kg à l'âge adulte. Si ça avait été un pied, il y aurait peut-être eu un petit espoir, là il n'y en a pas ».

Les radios sont envoyées à Servane, vétérinaire et cofondatrice du refuge GroinGroin : même verdict.

Un coup de masse nous tombe dessus, nos estomacs se serrent, les larmes montent. Son dernier souffle sera auprès de ses petits, dans la paille, un rayon de soleil sur son corps si grand et si fort. Fleur, on ne peut pas te soigner, te voir t’éteindre aux portes de ta nouvelle vie nous accable. Être impuissant est le pire des sentiments.

Fleur a été enfermée toute sa vie. Elle est morte en découvrant qu’un autre monde existe, et ses petits pourront en profiter.

16h - Coquelicot, Violette, Lavande, Capucine ont été accueillis avec beaucoup d'émotion et de joie au paradis sur terre pour cochons : le refuge GroinGroin.
Grosse pensée pour toi, Fleur, et longue vie à tes quatre petits cochons.

 



Bannière Le combat d’Amélie pour les animaux

Le combat d’Amélie pour les animaux

  • Article du Vendredi 7 août 2015

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Engagée depuis des années pour les animaux au sein de L214, Amélie a accepté de partager son parcours militant. Je vous propose d’aller à la rencontre de cette bénévole d’une gentillesse et d’une énergie à toute épreuve.

Je suis née et j’ai grandi au Canada, j’ai aussi grandi avec le Guide alimentaire canadien qui est l’équivalent du PNNS en France. Ce Guide est partout, on nous l’apprend à l’école, c’est affiché et distribué dans les écoles, on le colle sur son frigo.

Quand j’ai été étudiante à la fac avec, depuis peu de temps, un logement à moi, une des première choses que je me suis demandée a été : « Est-ce que je mange correctement, est-ce que je mange assez de viande ? Si je mange un sandwich au fromage, est-ce que ça remplace la viande ? Est-ce que mon sandwich au beurre de cacahuètes (que j’aime) peut remplacer la viande ? » Je voyais que le Guide suggérait quelques aliments alternatifs (beurre de cacahuète notamment) aux produits animaux, et comme j’étais en train de devenir autonome, je ne voulais pas me tromper sur mon équilibre alimentaire. Ces questions n’avaient rien à voir avec les animaux ni le végétarisme, mais elles m’ont amenée à chercher sur Internet.

Sur Internet, de fil en aiguille et assez vite, je me suis demandée pourquoi des gens étaient végétariens et comment ils faisaient pour manger équilibré. J’ai rapidement trouvé des arguments en faveur du végétarisme, et ça a fait un petit déclic, c’était quelque chose comme : « Ce n’est pas bête ce qu’ils disent, je vais y réfléchir ! ». Les réflexions sur la souffrance animale me semblait de bonnes réflexions, même si c’était assez diffus.

En une année, je suis passée de carniste à végane.

Couverture du livre "végétariens mais pas légumes!"Puis, je me suis fait offrir pour Noël 2002 un livre de cuisine végétarienne, et j’ai appris à cuisiner en devenant végétarienne et adulte. Vers février, quand j’ai senti que j’avais suffisamment de recettes qui me plaisaient, j’ai déclaré que j’étais végétarienne, même si je mangeais alors encore du poisson. Mes parents habitaient une région côtière où on vivait de la pêche, c’est peut-être à cause de ça. À la fin de l’été, j’avais lu le livre Végétarien... mais pas légume ! (« être légume » signifie « être idiot » en québécois), c’était très axé sur la santé, la planète, le Tiers-monde, les animaux, et comme j’avais déjà avancé dans ma réflexion j’étais plus en capacité de réfléchir à la question des animaux. Cette fois, ma remise en question incluait aussi les poissons. J’ai donc arrêté de manger les poissons et j’ai commencé à tester des recettes sans produits animaux, et quelques mois plus tard j’ai déclaré que j’étais végétalienne. Internet a joué un rôle vraiment décisif dans mes choix, j’y trouvais des réponses à toutes les questions farfelues qui pouvaient me traverser l’esprit, surtout que je ne connaissais pas vraiment d’autres végétariens, j’étais assez isolée.

Quand je suis revenue passer l’été chez mes parents, j’ai senti ma mère un peu sur la défensive. Je l’ai rassurée en lui disant que j’allais me faire à manger. Comme ma famille appréciait ce que je préparais, ça s’est bien passé. Maintenant, ma mère a appris à cuisiner certaines recettes qui me conviennent.

Par contre, ça a été bien plus compliqué avec ma belle-famille française, où j’ai bien senti que refuser de la viande était un enjeu, surtout aux repas familiaux. À Noël par exemple, il y avait plusieurs plats de viande, et même si j’apportais mes plats, toute cette viande me pesait. Je me souviens d’une fois où une pièce de viande était posée sur un plat, mais du sang coulait sur la nappe blanche. Pour moi, ce n’était pas une ambiance de fête. Quand j’ai parlé de ça à ma mère, elle m’avait suggéré de faire des pizzas végétaliennes pour Noël. C’est là qu’on voit bien l’écart culturel : au Canada, Noël ne tourne pas autour de la nourriture. Même s’il y a des plats traditionnels, le repas de Noël dure une petite heure et puis on passe à autre chose, aux cadeaux, etc.

En France, on a souvent l’impression qu’ailleurs ça avance mieux et plus vite pour les animaux mais, au moins par rapport au Canada, je suis pourtant loin d’en être sure. Il n’y a pas là-bas de mouvement comparable à ce qui se passe en France. En 2013, j’ai participé à la Marche pour la Fermeture des Abattoirs à Toronto, j’étais contente car l’esprit de la marche avait bien été repris, mais on était entre 200 et 300 contre presque 1000 personnes à Paris la même année.

Au début, j'avais envie de débattre avec tout le monde.
Puis, j'ai compris que c'était épuisant, peu efficace,
et que les enjeux étaient ailleurs.

Au début de mon végétalisme, j’avais envie de débattre avec tout le monde et de convaincre mon beau-père, mais on tournait en rond et, au final, je ne profitais pas de la présence des autres. Depuis, j’ai dépassé la phase de vouloir militer dans mon entourage, j’ai compris que ce n’était pas là l’enjeu. À la Veggie Pride de Genève en 2013, j’ai vu une conférence d'Anoushavan Sarukhanyan qui m’a pas mal confortée à ce sujet : c’était pour sortir de la stratégie de la conversion qui postule que si on veut changer la société, on doit commencer par changer autour de soi et que ça fera boule de neige. C’est une idée quand même très répandue, mais cette conférence démontrait bien que ça ne peut pas marcher comme ça. L’article dans Les Cahiers antispécistes « Démanteler l’industrie de la viande » d’Erik Marcus m’a aussi confortée dans ce que je pensais déjà sur ce qu’il est important de faire.

C’est la même chose aujourd’hui à mon travail : mes collègues me posent parfois des questions sur mon végétalisme mais ça ne va pas bien loin, c’est notre travail qui passe en priorité et je mets mon énergie ailleurs.

Mes débuts dans le militantisme ont été un peu compliqués, je ne savais pas vraiment à quoi me rattacher. Mon engagement pour les animaux a, là encore, commencé par Internet. J’étais sur un groupe de discussion féminin lyonnais sur la cuisine végétarienne en 2004. On s’est rencontrées, c’était sympa, on faisait un repas par mois, l’occasion rêvée de se dépasser en cuisine ! Puis les filles ont créé l’association Avely (qui n’existe plus) avec laquelle j’ai fait mes premiers stands, par exemple pour des journées contre le spécisme.

J’ai bien aimé aussi la première Veggie Pride où je suis allée, à Paris en 2004. J’ai fait partie de l’organisation pour les cinq années suivantes, mais je n’étais pas très à l’aise parce que je n’ai pas l’âme d’une organisatrice (mais ça, je l’ai découvert après).                                           

En même temps, j’étais alors étudiante pour être infirmière et je n’avais vraiment pas beaucoup de temps à consacrer au militantisme.

J’ai aussi été aux Estivales de la question animale, où j’ai découvert Stop Gavage, qui allait devenir peu de temps après L214.

Puis à partir de 2012, avec mon copain de l’époque, j’ai participé aux campagnes Monoprix de L214 et à des actions de l’AVF, on a tenu des stands et participé à des salons.

Amélie participe à une action contre le foie grasCes dernières années, je me suis beaucoup impliquée à L214, avec qui j’ai participé à nombre d’actions. J’aime bien l’action barquette même si ça me stresse parce que ça peut être perçu de façon assez violente par les passants, mais c’est une violence qui est bien utilisée, parce qu’on est là avec un discours adapté, non agressif, qui pose les mots sur ce qui peut choquer. C’est une action très visuelle qui interpelle vraiment les gens, c’est facile de leur parler des animaux. Quand les gens disent : « C’est choquant ce que vous faites », il suffit de leur expliquer : « La personne qui est dans la barquette est vivante et volontaire, et on ne va pas la manger ! Alors que dans les supermarchés, il y a des barquettes semblables avec des morceaux d’animaux qui voulaient vivre, et c’est infiniment plus choquant que ce que vous voyez ».

L’action compteur a un côté tragique et émouvant, c’est une concrétisation du nombre d’animaux tués en temps réel dans les abattoirs, ça donne la mesure de l’ampleur du massacre. Ça me touche beaucoup et me donne de l’énergie militante.

La Vegan Place est vraiment une action complète où beaucoup de militants interviennent de façon différente, on peut être au cœur du sujet en accompagnant les gens dans leur prise de conscience, dans leur confrontation avec la réalité. Les gens voient à la fois la réalité et l’alternative.

Outre mon implication à L214 sur le terrain, je prends aussi en charge des tâches de logistique, comme des travaux de couture pour réaliser des costumes, des nappes, etc. J’ai créé huit costumes de « poules amochées », et ça a été une tâche très satisfaisante pour moi, je me suis sentie utile. Je cuisine aussi 400 cookies pour chaque Vegan Place à Lyon, je fais souvent des photocopies, des étiquettes, des mises sous pli, etc. Prendre en charge ces choses est ma façon d’aider. J’ai désormais identifié ce qui me plaisait et était utile et ce qui me pesait, et je n’hésite plus à dire « non » si ça ne me convient pas.

Je me retrouve totalement dans la démarche de L214, dans cette façon d’être à la fois audacieux en osant demander des choses aux gens, mais de le faire de manière posée. Pour moi c’est important de défendre vraiment les animaux avec la dimension de l’abolition, tout en tenant compte de la réalité de la société telle qu’elle est maintenant mais sans que cette réalité ne fasse perdre espoir, et de respecter ses interlocuteurs.

Pour moi, L214 arrive à concilier un projet ambitieux
et la réalité, en cherchant sur quoi on peut agir.
Je crois vraiment que c’est comme ça que ça va marcher.

J’ai d’ailleurs l’impression que le mouvement grossit, et de plus en plus les gens que je croise ont déjà rencontré un végé ou ont vu un reportage à la télé, ils voient mieux de quoi il s’agit qu’il y a dix ans. C’est quelque chose que je constate au quotidien, et c’est vraiment motivant pour continuer à avancer !


Bannière Juliana et Eric, mariage vegan pour les animaux

Juliana et Eric, mariage vegan pour les animaux

  • Article du Vendredi 7 août 2015

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« Juliana et moi, nous nous  sommes connus grâce à L214 l’été dernier. Début avril, nous avons décidé de nous marier.  Nous avons souhaité que le mariage se déroule à une Vegan place, parce que c’est sur une Vegan Place que nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Mais ce qui nous tenait encore plus à cœur, c’était de faire en sorte que notre cadeau de mariage serve la cause animale.

Nous avons des valeurs communes que nous partageons au quotidien, et ce projet était parfait pour sceller notre union.

Pour cela, nous avons créé un pot commun encore ouvert aux dons jusqu’au 31 aout 2015 et un évènement Facebook.

Robe (Merci Lolita Lempicka du prêt de la belle robe), alliances (faites en or éthique par APRIL PARIS), super DJs bénévoles, discours magnifiques de dirigeants des associations, tout a été fait pour offrir aux organisateurs et aux donateurs une belle cérémonie qui a éveillé beaucoup de solidarité et de générosité, d’après les retours des différents amis et personnes présentes le jour J du 25 juillet 2015.

La cérémonie de mariage nous a beaucoup touchés. L’émotion était au rendez-vous pour nous soutenir dans notre volonté commune d’aider les animaux. 

Actuellement, les dons collectés atteignent 3700 €. Nous continuons notre campagne pour atteindre un chiffre plus important afin d’aider des associations qui en ont tant besoin.

Nous remercions les généreux donateurs pour nous avoir suivis depuis fin mai dans cette aventure.

Voici les 4 associations qui bénéficieront de 100% de ce projet :

 

La fin de collecte de dons est prévue le 31 aout 2015. Quoi de plus beau pour fêter notre 1er anniversaire de notre rencontre ?

Si vous souhaitez participer à l'appel aux dons, et donc aider les associations de protection animale dont L214 Ethique et Animaux,

► la cagnotte est ICI ◄  jusqu’au 31 aout 2015

Photos de la cérémonie  (Crédit photos Planète animaux)

L’évènement Facebook pour suivre notre projet est ici.

À nos associations dévouées pour les animaux.

Pour eux. »

Juliana et Eric.

 

Crédits photo : Joséphine Jeanneau (bannière) / Jéremy Leguillon (Just Married)

 


Bannière Broyage des poussins : 36 parlementaires interpellent le ministre Le Foll

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Le 18 août 2015, la liste mise à jour des députés et sénateurs ayant déposé une question écrite sur le broyage des poussins s'élève à 41 parlementaires.


Trente-six députés et sénateurs de tous bords* demandent au ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll de mettre fin à la pratique du broyage et du gazage des poussins dans les couvoirs.

Par question écrite, les élus s'inquiètent de cette pratique liée à la production d’oeufs de consommation :

“seuls les nouveau-nés femelles sont conservés (...) et les poussins mâles sont détruits : en effet, n'ayant pas les mêmes caractéristiques que les poulets élevés pour leur chair, ils sont considérés comme inutiles par la filière avicole. En France, ce sont environ 50 millions de poussins mâles qui sont ainsi éliminés de façon particulièrement cruelle au premier jour de leur vie : déchiquetés vivants à l'aide de broyeuses, gazés ou étouffés.”

Prenant exemple sur l’engagement de l’Allemagne à instaurer une détermination précoce du sexe dans l’oeuf pour éviter l’éclosion de poussins non désirés, les élus ont demandé au ministre “s'il envisage d'instaurer de façon obligatoire en France” cette méthode qui épargnerait une mort violente à des millions de poussins.

La mobilisation des députés et sénateurs fait suite à une vidéo, tournée par un employé dans un couvoir breton, de poussins jetés de façon routinière dans une broyeuse ou étouffés par centaines dans des sacs poubelle. Cette vidéo avait été révélée par L214 en novembre dernier.

 

 

En avril, L214 a sollicité un entretien au ministre Stéphane Le Foll pour lui exposer ses recherches et presser la mise en oeuvre d’alternatives dans tous les couvoirs français. Ce courrier est resté sans réponse du ministère, en dépit de l’annonce – faite au lendemain de la publication de la vidéo –- d’une “nouvelle stratégie en matière de bien-être animal” comportant une remise à plat des normes de mise à mort.

Forts de l’appui des parlementaires et du soutien de 85 000 signataires de sa pétition “Stop au Broyage des poussins”, L214 a une nouvelle fois sollicité une rencontre avec le ministre afin de faire avancer le dossier.

Chaque jour, des milliers de poussins nouveau-nés sont déchiquetés vivants parce qu’ils sont considérés comme de simples déchets. Cette cruauté a trop duré. Le code civil reconnaît désormais les animaux en tant qu’êtres sensibles : il est temps d’agir en conséquence.

Ajoutez votre voix à la pétition contre le broyage des poussins : signez ici.


* Ces questions écrites ont été posées entre le 16 juin et le 4 août 2015, par les députés :

Laurence Abeille (EELV, Val de Marne)

Brigitte Allain (EELV, Dordogne)

Laurence Arribagé (LR, Haute Garonne)

Isabelle Attard (ND, Calvados)

Danielle Auroi (EELV, Puy-de-Dôme)

Patrick Balkany (LR, Hauts-de-Seine)

Jean-Jacques Candelier (FG, Nord)

Dominique Chauvel (PS, Seine Maritime)

Olivier Dassault (LR, Oise)

Jean-Pierre Decool (app. LR, Nord)

Dominique Dord (LR, Savoie)

Nicolas Dupont-Aignan (DLF, Essonne)

Jean-Paul Dupré (PS, Aude)

Joël Giraud (PRG, Hautes-Alpes)

Jean-Jacques Guillet (LR, Hauts-de-Seine)

Guénahël Huet (LR, Manche)

Jean Lassalle (Modem, Pyrénées-Atlantiques)

Thierry Lazaro (LR, Nord)

Frédéric Lefebvre (LR, Français établis hors de France)

François Loncle (PS, Eure)

Lionnel Luca (LR, Alpes-Maritimes)

Alain Marleix (LR, Cantal)

Philippe Noguès (PS, Morbihan)

Philippe Plisson (PS, Gironde)

Bérengère Poletti (LR, Ardennes)

Christophe Premat (PS, Français établis hors de France)

Gabriel Serville (D&R, Guyane)

Christophe Sirugue (PS, Saône-et-Loire)

Michel Sordi (LR, Haut-Rhin)

Michel Vergnier (PS, Creuse)

et les sénateurs :

Jean-Marie Bockel (UDI, Haut-Rhin)

Roland Courteau (PS, Aude)

Hubert Falco (LR, Var)

Jean-Noël Guérini (LF13, Bouches-du-Rhône)

Chantal Jouanno (UDI, Paris)

Jean-Pierre Masseret (PS, Moselle)

Cyril Pellevat (LR, Haute-savoie)

Marie-Françoise Perol-Dumont (PS, Haute-Vienne)

Jean-Vincent Placé (EELV, Essonne)

Nelly Tocqueville (PS, Seine-Maritime)

Alain Vasselle (LR, Oise)         

 


Bannière EN DIRECT / une webcam filme deux truies en cages dans un élevage

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Leurs heures s’écoulent en direct sous nos yeux. Nous, on peut retourner à nos moutons et revenir les voir des heures ou des jours plus tard : elles, n’auront pas bougé.

Elles sont deux mères reproductrices, filmées en direct par un élevage porcin situé dans le sud de l'Allemagne. Hors champ mais alignées côte à côte, 248 autres truies mènent la même existence, entre les barreaux d’une cage en métal.

 

Livecam élevage porcin

(lorsque le système vidéo fonctionne, l'image s'actualise toutes les 5 secondes)

Sur son site, l’élevage Müller affiche le slogan : “Faites l’expérience de l’agriculture d'aujourd'hui.” Peut-être est-ce par fierté qu'il ouvre les portes de sa performante usine, où des animaux vivent sans exister.

La même scène se passe en France, derrière les murs des exploitations porcines. L’élevage sur caillebotis est la réalité pour 95% des cochons : maintenus sur ce sol dur et ajouré, leurs déjections s’écoulent dans une fosse située en dessous. Les mères sont comme ces deux truies, bloquées dans des cages de maternité, privées de mouvements pendant toute la période d’allaitement. Elles seront ensuite enfermées dans d’autres cages pour une partie de la durée des gestations qu’elles enchaînent, au rythme des inséminations répétées. Elles passent dans ces prisons la moitié de leur vie de reproductrices. Puis usées, épuisées, ankylosées, elles sont tuées.

Quelle relation ces truies peuvent-elles nouer avec leurs porcelets ? Que peuvent-elles leur apprendre, leur faire découvrir ? Leurs petits leur seront enlevés précocement, vers 21 jours, alors qu’en liberté leur sevrage n’a lieu qu’à 3 ou 4 mois. Dans la nature, elles auraient construit un nid confortable dans un endroit sûr, avec des branchages pour les protéger. En élevage, elles sont impuissantes à défendre leurs petits à peine nés, lorsque l'éleveur les saisit pour leur couper les testicules, la queue et les dents sans anesthésie, et qu’ils hurlent de terreur et de douleur. Elles sont impuissantes lorsque l'un d'entre eux se retrouve dans le minuscule espace qu’elles occupent, et qu’elles ne peuvent rien faire pour éviter de l’écraser.

 

Un porcelet écrasé sous sa mère

 

A quoi songent les truies dans leur carcan, quand leur ennui est infini ? La vie rêvée des cochons est faite de terre à fouiller du groin, de festins en forêt, de vie en famille, de jeux, d’apprentissages. Un rêve qui ne se termine pas sous la lame d’un couteau. Donnons aux animaux la chance de vivre ce rêve-là.

 

 


Bannière Fromages vegan

Fromages vegan

  • Article du Mercredi 29 juillet 2015

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Dans la lignée de Vegan, dans lequel elle consacrait déjà une section aux fromages végétaux, Marie Laforêt livre dans Fromages Vegan le fruit de ses expérimentations plus poussées. Fromages Vegan  a beaucoup en commun avec le très réussi Desserts gourmands sans oeufs ni lait, par la même auteure : les deux ouvrages proposent une sélection à la fois des grands classiques et des spécialités en vogue actuellement, intégralement illustrés par de magnifiques photos dans une mise en page de qualité.

La partie d'introduction, qui présente les différentes techniques et ingrédients utilisés, est claire et concise. L'auteure y expose notamment ses réflexions sur la terminologie choisie pour désigner ces spécialités végétales. Ainsi explique-t-elle que le mot « fromage » est, de part son étymologie (« qui est fait dans une forme »), tout à fait apte à les désigner ce qui a un petit quelque chose de décomplexant. De quoi trancher entre les « faux-mages » et autres « fromazes » : c'est toujours bon de se simplifier la vie, n'est-ce-pas?

Cet ouvrage propose donc 25 recettes de fromages variés et tout aussi appétissants les uns que les autres, organisées en trois parties : Les grands classiques version vegan, Les fromages fermentés, Les spécialités fromagères maison. Il évite l'écueil que rencontrent certains autres ouvrages spécialisés et dont la plupart des recettes semblent être la déclinaison de la même recette de base... Ici, les recettes font appel à une variété de techniques et d'ingrédients, de sorte que même si un des ingrédients vous est indisponible, la plupart des autres recettes vous restent accessibles. Gageons que les quelques ingrédients plus rares (tofu lactofermenté, huile de coco désodorisée) seront bientôt disponibles plus largement dans les boutiques d'alimentation et les supermarchés. Le plus important : les recettes que nous avons testées ont toutes reçu un franc succès, tant au cours de repas de famille que de rencontre entre militants gourmands... Tout aussi esthétique que pratique, ce livre est une valeur sûre !

Photo de fromage vegan aux deux poivresPhoto de cheddar vegan

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                    Fromage aux deux poivres et fromage style cheddar

 

Marie Laforêt, Fromages vegan, La Plage, 2014.
 


Bannière Adopter un chat ? SVP lisez ceci

Adopter un chat ? SVP lisez ceci

  • Article du Lundi 27 juillet 2015

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Les mois d'été sont un véritable drame pour les refuges et leurs pensionnaires. Aux nombreux abandons qui précèdent les vacances s'ajoutent les portées de chatons qui affluent presque en tout temps. Parmi ces innombrables êtres en quête d'une famille pour la vie, tous ne sortiront pas du refuge. Certains auront plus de chance que d'autres. 

Ils ne sont peut-être pas tous beaux, jeunes, ou tirés à quatre épingles. Mais ils ont autant d'affection à recevoir et à donner. Ces chats (et ces chiens) différents vous attendent. Ne les oubliez pas.

Cette bande dessinée traduite en Français a été réalisée par Brittney:  http://8bitrevolver.tumblr.com


Bannière Elle photographie des animaux « de ferme » en refuge : des images rares et précieuses

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« Je suis photographe animalière à Melbourne, en Australie. Il me tient à cœur de permettre aux gens de voir les animaux de ferme comme des individus plutôt que comme du “bétail”. Les animaux élevés pour leur viande, leur lait ou leurs œufs sont tout aussi dignes de mener une existence riche et heureuse que les chiens ou les chats. »

Tamara Kenneally possède un refuge pour animaux dits de ferme. C’est dans ce havre de paix, où chaque être retrouve sa liberté, loin des élevages et des abattoirs, que les animaux se révèlent face à l’objectif comme des individus uniques, ayant une histoire, une personnalité et des émotions.

Voici quelques uns de ses clichés, accompagnés de ses annotations. Ouvrez grand les yeux et le cœur.

 

Ivy regarde le soleil, pour la première fois de sa vie. Après une vie en batterie.

 

 

Ce petit cœur a été trouvé dans un enclos, seule au milieu d’autres agneaux morts. Dans ce pays, 15 millions d’agneaux meurent dans les 48 premières heures de leur vie. Son nom est Scrunky.

 

 

Voici Rhonda et Popeye, né par accident au refuge. Popeye n’est pas le fils biologique de Rhonda : en réalité l’œuf que Rhonda a couvé a été pondu par Pickles. Mais ces deux-là s’en moquent, ils sont inséparables. :)

 

 

J’aime la simplicité de cette image. Elle crie : « J’ai confiance en toi. »

 

 

« Bonjour gros mouton, je suis Banjo. C’est toi ma maman ? » Pauvre Banjo, comme tant de jeunes agneaux dans ce pays, sa mère est morte. Tous les bébés devraient avoir une mère. Mais Righty sera son protecteur lorsqu’elle rejoindra le troupeau. Pour toujours.

 

 

Ils ne sont pas frères de sang, mais des frères de cœur. Sauvés ensemble. Élevés ensemble. Les meilleurs amis. Trouble et Greedy.

 

 

Elsie a été trouvée errante, atteinte de pneumonie. Effrayée par les humains et les moutons, elle s’est isolée pendant 3 mois avant de se décider à rejoindre le troupeau. Righty l’a accueillie à bras ouverts. Wrinkles est tombé amoureux et reste à ses côtés la plupart du temps.

 

 

« Hey, toi derrière ta caméra, est-ce que j’ai bien nettoyé toute la boue de mon visage ?

— Oui, Templeton, touuuut est parti… »

 

 

« Pourquoi voudriez-vous soigner un agneau avec tant de blessures au visage ? »

Cette photo répond à la question. Greedy aime la vie.

 

 

Je regarde mes mails sur la terrasse… et qui voilà : Wrinkles !

 

 

Le cœur lourd, je vous annonce que Scully a quitté le monde ce matin. Son petit corps martyr n’a pas résisté. Elle aura connu 4 jours de liberté, de soins et d’amour. Elle avait conquis le cœur de tous ceux qui l’ont croisée. Elle a appris a ouvrir toutes les portes de la maison. Elle était devenue amie avec un chat et un chien. Elle fut traitée comme l’être unique qu’elle était.

 

 

Molly et Chloe à dix semaines. Il est très difficile de sauver des poulets dits de chair. Ces poulets sont créés pour grandir extrêmement vite. Pour le moment, ils courent, c’est merveilleux. Mais je sais que bientôt, ils seront trop gros et ne pourront plus marcher, et je devrai prendre une décision pour eux. Pour le moment, je veux juste les laisser être le plus heureux possible.

 

 

Wrinkles prend toujours soin de bien dire à tout le monde combien il les aime. Voilà un bisou pour Junior. Wrinkles était destiné à finir sous un couteau de boucher. Il a été sevré terriblement tôt, et nous pensons que cela a affecté sa croissance. Il sera toujours un mouton de petite taille. Il est si beau et plein d’amour pour chacun.

 

 

Les histoires d’amour n’appartiennent pas qu’aux humains. L’histoire d’amour de Super Chicken et Sweetness.

 

Vous pouvez faire un don au refuge de Tamara, Lefty's Place, acheter une impression de ses photos sur son site, ou suivre sa page sur facebook.

 

 


Bannière Adam : le jour où je suis devenu végétarien

Adam : le jour où je suis devenu végétarien

  • Article du Mardi 14 juillet 2015

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Souvenirs...

Le 5 juillet 2006, je prenais une grande décision, de celles qui nous marquent et nous changent à vie. Je m'en souviens encore en détail. La veille j'avais regardé un de ces documentaires sur les animaux et notre rapport à eux, à leur exploitation. Viande, lait, œufs. Sang. Cris. Larmes. Je savais très bien que ces témoignages existaient, je n'osais juste pas m'y confronter.

Et puis un déclic. Un éclair ? Je crois ne pas avoir tenu plus de vingt minutes devant la vidéo. Il ne s'agissait pas de montage gore ou spectaculaire, c'était bien pire que ça : la réalité, dure et froide, concrète, l'autre versant de la barquette de poulet et de la brique de lait. L'autre côté aussi de ma fourchette, de mon frigo. Mon estomac. Je prenais ma décision juste après, ou plutôt elle s'imposait à moi, limpide, évidente. Les bouddhistes parleraient d'un "éveil", et c'est peut être ce qui s'en rapproche le plus.

Un éveil donc, en forme d'un grand "non" à la passivité consumériste ignorante qui avait jusque là guidé mes papilles et mon appétit, cette langueur béate encore si présente, qui nous permet de tolérer l'intolérable. Avec tout le poids d'une société qui a bâti sur le mensonge et la dissimulation son art cruel de l'exploitation des êtres sentients. Mais aussi de mes propres œillères, héritées de la peur de l'inconnu et de la remise en question. Et du dogme spéciste, si bien enfoui en nous qu'on en ignore souvent l'existence.

Mais un grand "oui" aussi, lumineux lui, édifiant. Celui de l'ouverture à l'Autre, fut-il plus petit, poilu, à plume, à cornes ou à bec. Lui qui en tous les cas mérite de vivre, lui qui est richesse incalculable, lui dont l'exploitation est un crime contre tous.

Je ne saurais décrire ici les mille et un enrichissements que cette décision vitale a eu depuis sur ma vie, les rencontres qu'elle aura permises, les causes pour lesquelles elle m'aura fait lutter, et espérer. Je sais en tous cas que ce choix, au fond simple et à la portée de tous, me permet, plusieurs années après, d'avoir une certaine fierté quant au chemin parcouru.

Il ne s'agit pas de chercher à atteindre une improbable perfection, encore moins d'un quelconque attrait pour la marge. Il s'agit simplement d'agir selon les informations dont on dispose et de changer pour le mieux. Pour soi, pour eux.

 

Photo d'Adam lors d'une manifestation avec des animaux morts organisée en 2011 par L214

 


Bannière Sport et véganisme : encore un record pour Scott Jurek !

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Et voilà qu’il en rajoute une couche ! Scott Jurek était déjà une légende vivante dans le monde de l’ultra-running, c’est à dire des courses à pied de très longues distances, toujours supérieures aux marathons. Ce dimanche 12 juillet, le voilà devenu l’homme le plus rapide à parcourir, de bout en bout, le Sentier des Appalaches (un des trois chemins de grande randonnée les plus célèbres des Etats-Unis).

Scott Jurek en plein ascension

3 522 kilomètres de montagne et 157 km de dénivelé (!) avalés en seulement 46 jours, 8 heures et 7 minutes. Pour réaliser cet exploit, Scott Jurek a du maintenir une cadence moyenne presque équivalente à deux marathons par jour, malgré une entorse au genou, un virus gastrique, les privations de sommeil ou encore la profusion de boue générée par des pluies diluviennes. À 41 ans, le sportif a tenu à aller au bout de lui même pour tirer sa révérence et conclure sa carrière en beauté.

Vegan depuis 1999

Ce record s’ajoute ainsi à un palmarès exceptionnel, riche de nombreuses victoires sur les ultra-marathons les plus prestigieux au monde tels que le Spartathlon (245 km entre Athènes et Sparte) ou les 135-miles de Badwater dans le désert brulant de la Death Valley. Notons surtout ses 7 victoires consécutives à la mythique course Western States Endurance Run et son record de 267 kilomètres parcourus en 24 heures.

Victoire de Scott Jurek au trail des AppalachesVégétarien depuis 1997 et vegan depuis 1999, Scott Jurek a acquis tous ses succès avec une alimentation 100% végétale. En outre de ses motivations éthiques et environnementales, il a souvent vanté son végétalisme comme un facteur clé de ses performances athlétiques, de ses capacités à récupérer après l’effort, à augmenter la charge d’entrainement et éviter les blessures.

Ultra-marathons et crèmes glacées

Après avoir été très largement mis en avant dans le bestseller de Christopher McDougall, Born to Run, Scott Jurek a écrit son propre livre Eat & Run (Manger pour gagner), tout récemment traduit en français. Il y raconte sa vie, ses aventures et y dévoile ses propres recettes sans aucun produit d’origine animale.

Félicitons-le pour avoir démontré, une fois de plus, qu’il n’y a nul besoin de faire subir quoi que soit aux animaux pour avoir la force et l’énergie de soulever des montagnes. Et souhaitons-lui désormais de bien se reposer en profitant de sa nourriture favorite : des currys avec supplément de lait de coco, accompagnés de grandes pintes de crème glacée végane, de beignets de pomme de terre et de pain frit !

Flavien Bascoul


Remarque : ce nouveau record sur le Sentier des Appalaches nous rappelle l’aventure de Josh Garett, en août 2013. Cet autre sportif vegan avait alors parcouru les quelques 4 273 kilomètres du Pacific Crest Trail (chemin de grande randonnée traversant les Etats-Unis depuis le Mexique jusqu’au Canada) en 59 jours et récolté plus de 25 000 dollars au profit de l’association Mercy for Animals. Qui dit mieux ?

 


Bannière Fort Boyard: l'engagement d'Aymeric Caron pour les animaux

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Aymeric Caron a été sollicité par France 2 pour participer à Fort Boyard. Il a longuement réfléchi et a accepté. Puis, il nous a appelé.

Ça nous a fait tout drôle. Fort Boyard ?

En tant que défenseurs des animaux, travaillant à la fin de leur exploitation, nous avons tout d’abord pensé à eux. Quel intérêt pour les animaux ?

D’un côté, il y a des animaux captifs, exhibés et utilisés pour faire le spectacle. Une pratique immorale que nous ne pouvons que dénoncer, une pratique non remise en cause à Fort Boyard.

De l’autre côté, il y a les 3 millions de téléspectateurs de tous âges qui regardent l’émission. Captivés, ils suivent les participants relever des défis physiques et intellectuels. D’épreuve en épreuve, les “héros” du jour retiennent leur attention pendant 1h30.

Aymeric y est allé parce qu’il y a des centaines de milliards d’animaux qui sont tués à travers le monde pour être mangés chaque année. Il y est allé parce qu’il veut faire passer un message pour eux et que c’est une opportunité énorme. Et il a choisi L214 parce qu’il pense que les actions de notre association sont efficaces, que les enquêtes que nous menons permettent une prise de conscience. Lui aussi croit à la fin de la consommation de viande, à la fin de l’exploitation des animaux. Aymeric est un excellent ambassadeur, il sait trouver les mots justes pour toucher le coeur d’un public familial.

Les spectateurs de Fort Boyard considèrent sans doute normal que des tigres soient captifs, que les animaux nous divertissent. Ils considèrent sûrement normal, naturel et nécessaire de manger des animaux, du lait ou des oeufs. Après cette émission, grâce à la participation d’Aymeric Caron, un certain nombre d’entre eux aura été amené à se poser des questions, et peut-être à ouvrir les yeux.

Grâce à cette tribune, plusieurs téléspectateurs découvriront L214. Certains se tourneront vers l’association. Ils en viendront à voir les animaux tels qu’ils sont : des individus ayant chacun une personnalité, des émotions, le désir de vivre. Ils réaliseront le paradoxe de considérer les animaux comme des êtres sensibles tout en les exploitant sans merci, dans les élevages ou dans les spectacles. Ils découvriront qu’une autre alimentation est possible, qu’une société vegan est possible. Et qu’ils peuvent agir pour aider à la construire.

Nous remercions vivement Aymeric et son équipe : Gérard, Hélène, Carinne, Damien et Laurent. Merci d’avoir offert cette forte visibilité à L214.
Une somme d’argent sera versée à L214. Elle nous aidera à continuer nos actions. Jusqu’à ce que tous les animaux soient libres.


Bannière Cette maman raton laveur apprend à son petit à grimper aux arbres

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"Je viens de passer une heure à observer cette maman raton laveur enseigner à son petit à grimper aux arbres dans le jardin de mon père. Mon coeur fond..."

Cette scène adorable a été capturée par le photographe Jeff Reid dans l'Etat de Washington. On y voit toute la volonté, l'ingéniosité et la persévérance déployées par une maman pour enseigner l'escalade à son petit.

Une attitude et une attention qui nous sont évidemment familières... Les sentiments des parents pour leur petit n'ont pas de frontière.

 

 

 

 


Bannière Psychologie morale et mouvement végane au Québec

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Le 26 mai dernier, l'Association Végétarienne de France, Lux éditeur et L214 ont accueilli Élise Desaulniers et Martin Gibert pour une soirée très spéciale, très amicale et très instructive. Nous étions dans la salle des expositions de la Mairie du 2e arrondissement de Paris.

Élise a d'abord pris la parole pour nous présenter le mouvement végane au Québec. Passionnante, elle nous a emmené outre-atlantique, au milieu des actions et des réflexions d'un mouvement très actif. Elle a également ouvert les perspectives d'un mouvement végane francophone.

Sauver les animaux reviendrait-il à laisser tomber les êtres humains ? C’est contre ce cliché que l’ouvrage de Martin Gibert axe son propos. Chercheur en éthique et chargé de cours en philosophie du droit à l’Université de Montréal, il est nous présente les thèses de son livre percutant. 

Merci à Martin et Élise pour cette belle soirée ! Merci à la mairie du 2e de son accueil chaleureux ! Merci à Anne-Sophie d'avoir saisi ce bon moment !

 


Bannière Ce que la science nous dit des sentiments des animaux de ferme

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Jonathan Balcombe est Docteur en éthologie et Directeur de la sentience animale chez Humane Society Institute for Science and Policy (Etats-Unis).

Voici un lien vers le site du Dr Balcombe. Nous le remercions de nous avoir autorisé à traduire et reproduire l'article qui suit.


J'avoue que j'ai du mal à dire si c'est en lisant des études scientifiques que j'en ai le plus appris sur le comportement des animaux de ferme, ou si c'est en interagissant directement avec les animaux d'élevage recueillis au refuge où je fais du bénévolat le samedi matin.

En tant qu'éthologue (spécialiste du comportement animal), j’ai parcouru un bon paquet d’articles, traitant de sujets allant des préférences des poules en matière de litière, à l’expression de moments “Eureka” chez les vaches. Mais rien ne remplace l’expérience que l’on fait lorsqu’on gratte le ventre d’un cochon reconnaissant, ou lorsqu’on contemple un groupe de poules prenant un bain de soleil.

Malgré leur injuste relégation aux marges de la respectabilité, les animaux que les humains élèvent pour être mangés comptent parmi les plus étudiés. Si la plupart des recherches sont effectuées dans l’intérêt de l’industrie à maximiser ses profits, une belle quantité d’études purement comportementales a aussi été amassée. À mesure que le tabou scientifique est levé sur l'intérêt d’étudier les pensées et les émotions des animaux, des perspectives passionnantes s’ouvrent sur leur monde intérieur.

Parmi les rapports les plus surprenants, figure une étude sortie en 2004 et intitulée "Les poulets préfèrent les belles femmes". Devant des portraits qui leur étaient présentés, les préférences des poulets se sont révélées incroyablement proches (98%) des préférences qu'avaient exprimées des humains. On ne sait pas bien ce que ça nous apprend sur le sens esthétique des poulets, mais l'idée que des poulets préfèrent certains humains est poignante, vu le traitement misérable que nous réservons ordinairement à ces animaux. Ici, aux USA, nous abattons environ 300 poulets chaque seconde, et ces animaux ne sont même pas concernés par la loi fédérale de protection des animaux au moment de l'abattage.

Ces yeux de poules capables de discernement nous autorisent à imaginer chez ces animaux un cerveau plutôt actif, et beaucoup d'autres études vont aussi dans ce sens. Parmi leurs traits de caractère les plus nobles, on observe chez les poules une capacité à prendre des risques au bénéfice d'autres congénères. Elles disposent par exemple de différents cris d'alarme qui correspondent chacun à différents types de prédateurs aériens : grand, petit, moyen... et qui déclenchent aussi des réactions différentes selon la nature de l'attaque. Même si l'attention du prédateur est inévitablement attirée vers la poule qui donne l'alerte, ces oiseaux n'hésitent pas à prendre le risque d'avertir les autres membres de leur groupe.

Notez que d'un autre côté, ces oiseaux malicieux recourent parfois à la tricherie dans leur propre intérêt. C'est ainsi que certains coqs abusent parfois du cri d'appel à nourriture pour attirer vers eux des femelles, même quand il s'avère qu'ils n'ont pas repéré quoi que ce soit à manger. Néanmoins, il est toujours possible que la "sauterelle" que les coqs avaient repéré dans l'herbe se soit échappée, et que leur crédibilité auprès des femelles demeure néanmoins intacte (à condition de ne pas user de cette ficelle trop souvent).

À juste titre, les cochons sont reconnus comme des animaux intelligents et pleins de ressources. Dans les élevages où la nourriture est distribuée automatiquement en quantité adaptée à chaque animal, certains cochons ramassent les émetteurs qui se détachent parfois du cou de leurs congénères, et s'en servent pour se faire servir une seconde ration à leur place.

Au refuge où je vais, Petey le cochon parvient souvent à se saisir d'un râteau auprès d'un bénévole insouciant, et le porte jusqu'à son nid. Il n'en retire aucune nourriture mais... le voilà avec un nouveau jouet !

En effet, les cochons ont besoin de stimulation. Les cochons élevés dans un environnement social riche et disposant d'une litière paillée et de jeux interactifs sont d'humeur bien plus optimiste que d'autres cochons élevés en enclos nus. Dans une expérience, on habitua des cochons à recevoir une friandise au son d'une cloche, et à s'attendre à quelque chose de déplaisant au son d'un "clic". A l'écoute d'un son ambigu (un couinement), les cochons élevés sur paille réagirent en confiance tandis que les cochons en enclos nus eurent des comportement de fuite.

Ce type de réactions correspond à des attitudes équivalentes chez nous, les humains, et évoquent une vie mentale complexe incluant de l'optimisme, du pessimisme, du bonheur, de la misère. On se prend alors à frémir en pensant aux conditions d'enfermement que tant de millions de cochons endurent dans les élevages industriels.

Une expérience similaire menée avec des chèvres vivant depuis au moins deux ans dans un refuge au Royaume-Uni eut un résultat surprenant : les réponses les plus confiantes à un signal ambigu étaient celles de femelles ayant eu un passé douloureux. Les chercheurs supposèrent que l'optimisme de ces femelles pourrait résulter de la joie prolongée d'avoir été enfin libérées de leur stress passé. De la même façon que nous pouvons nous sentir soulagés d'être libérés de difficultés prolongées, il est possible que les chèvres puissent, elles aussi, voir la vie du bon côté à l'occasion d'une nouvelle situation de liberté et de confort.

De telles études sont précieuses, tant elles révèlent chez les animaux des émotions qu'il est difficile - voire impossible - d'apprécier quand on ne fait que les observer. Néanmoins, d'autres champs de recherche s'attachent à découvrir de nouveaux indices visibles permettant d'interpréter leurs états intérieurs. Selon une étude norvégienne par exemple, la quantité de blanc visible dans l'oeil d'une vache serait un indicateur fiable du niveau de stress et de frustration de l'animal.

Une nouvelle étude suggère par ailleurs que la position des oreilles d'une vache pourrait indiquer si elle se sent détendue ou perturbée. Nous ne devrions d'ailleurs pas sous-estimer la capacité des animaux eux-mêmes à lire des signes subtils sur les visages. Les moutons, par exemple, préfèrent le visage d'un congénère venant d'être nourri (et satisfait) au visage d'un congénère affamé. De même, ils expriment une préférence pour les humains souriants comparés aux visages de personnes renfrognées.

À mesure que la science des émotions et des mondes intérieurs des animaux progresse, la nécessité de mettre un terme à la maltraitance que ces animaux endurent entre nos mains apparait de plus en plus justifiée. Dans ce but, mes collègues et moi-même sommes impatients de lancer prochainement Animal Sentience, la première revue universitaire consacrée à l'étude morale des émotions chez les animaux. Parce que la science nourrit la réflexion éthique, tous les articles de cette nouvelle revue seront consacrés aux moyens de provoquer des changements en faveur des animaux dans les pratiques et dans les politiques publiques.

 

Lien vers l'article original.

Consulter la revue Animal Sentience.


Bannière Fermons les abattoirs

Fermons les abattoirs

  • Article du Lundi 15 juin 2015

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Ce texte a été lu lors de la 4e marche pour la fermeture des abattoirs à Paris, le samedi 13 juin :

Bienvenue à la 4e marche pour la fermeture des abattoirs, terrestres et flottants. Cette année, la marche se déroule dans 10 pays situés sur 4 continents différents.

Ce que nous voulons, ce que nous ferons, c’est abolir l’exploitation des animaux.

Ce que nous voulons, ce que nous ferons, c’est mettre un terme à la tuerie à laquelle se livrent les humains sur d’autres animaux : les animaux élevés ou pêchés pour consommer leur chair, leur lait ou leurs œufs.

Le massacre est si démesuré qu’on ne parvient pas à se le représenter. Chaque année, le nombre de vertébrés tués pour finir dans les assiettes dépasse de beaucoup les 1000 milliards d’individus.

Mais les milliards n’ont pas de visage. Ils sont invisibles à nos yeux.
La Terre est couverte de cages bondées : des cages immergées sous la mer ou alignées dans des hangars.
Nous ne les voyons pas.

Les mers sont quadrillées de pièges qui menacent tous leurs habitants.
Nous ne les voyons pas.

Chaque jour, des poissons se débattent pour s’extraire des filets. Des moutons tentent de reculer dans le couloir de la mort. Des poules se contorsionnent et battent des ailes suspendues tête en bas à une chaîne d’abattage.
Ils résistent de toutes leurs forces.
Nous ne les voyons pas.

À moins de faire attention à ces petits encarts de presse relégués dans la rubrique « Insolite » qui parfois évoquent les résistants.

Insolite cet avis de recherche lancé par le numéro 1 mondial de l’élevage de saumons en Norvège. Il offrait une prime à tout pêcheur qui capturerait l’un des milliers de poissons qui s’étaient échappés de ses élevages. Les fuyards avaient profité des brèches provoquées par les tempêtes dans les cages.

Insolite cette brève parue dans un journal et qui fait écho à beaucoup d’autres semblables.

Début de citation « À Charleville-Mézières, un bovin paniqué s'est échappé d'un camion. Avec son veau, la vache s'est évadée du camion qui se rendait à l'abattoir. Lâchée dans la nature, la vache a légèrement blessé une jeune fille et défoncé le capot d'une voiture de police, avant de se jeter dans la Meuse.
L'envie de liberté de l'animal s'est conclue par une course-poursuite avec les policiers. Jugée trop dangereuse, la vache est encerclée par les policiers, à sa sortie du fleuve. Ils l'abattront de 70 balles. Cette vache de quatre ans a fini par s'effondrer contre un talus qu'elle ne pouvait plus escalader. » Fin de citation.

Insolite, ces cochons laissés autrefois par des marins sur une île des Bahamas dans l’intention d’en faire une réserve de nourriture. Aujourd’hui, leurs descendants y vivent libres. Ils adorent nager dans la mer et se régaler du pain et des gâteaux offerts par des visiteurs bienveillants.

Insolite encore, l’histoire de ce camion qui conduisait des milliers de poules à l’abattoir sur une route d’Espagne. Un accident survient. Beaucoup de poules  périssent. D’autres prennent la fuite.
300 rescapées seront récupérées et transportées dans un refuge végane. Les poules y coulent désormais des jours heureux parmi les humains. Elles y ont découvert l’herbe et le soleil qu’elles n’avaient jamais connus dans les cages sordides où elles avaient vécu.

Ce refuge est un exemple de ce que nous ferons de la société tout entière demain. Une société où personne ne sera l’esclave ni la chose de personne, quelle que soit son espèce.

Les acteurs de la résistance animale, ce ne sont pas seulement les vaches, les poules ou les saumons qui s’évadent. C’est aussi vous et moi. Ce sont ces humains, plus nombreux chaque jour, qui se mettent à douter de la légitimité du grand massacre pour la viande.  Car on sait de mieux en mieux qu’il est commis sans nécessité. La résistance animale, ce sont tous ceux qui se lèvent déjà pour que la tuerie cesse.

Un jour, les abattoirs terrestres et flottants seront déclarés illégaux. Tout comme les élevages qui emprisonnent les animaux et les réduisent à l’état de viande sur pattes.

Un jour, on se demandera avec perplexité comment tout cela a pu exister.

Nous sommes en marche pour hâter la venue de ce jour.

En marche !

Site

Galerie photos

Photos : Juliette Jem / L214 chez Volée de piafs / cdorobek / Dakota Langlois


Bannière Abattoirs ? Basta !

Abattoirs ? Basta !

  • Article du Mercredi 10 juin 2015

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« On ne doit pas maltraiter ou tuer des animaux sans nécessité » : partout dans le monde, ce précepte fait partie de la morale commune.

Marche pour la fermeture des abattoirs

Il vaudrait mieux courir que marcher !

Pourtant, notre société maltraite et tue les animaux. Elle le fait sans nécessité : on peut vivre sans tuer. Les produits d'origine animale ne sont pas nécessaires à notre santé : la plus grande association de nutritionnistes au monde, l'Association Américaine de Diététique (ADA - 70 000 professionnels de santé), établit par exemple que les régimes végétariens (y compris le végétalisme) menés de façon appropriée sont bons pour la santé, adéquats sur le plan nutritionnel et bénéfiques pour la prévention et le traitement de certaines maladies.

Viande, oeufs et lait confondus, le nombre d'animaux terrestres tués pour la consommation s'élève à plus de 60 milliards chaque année dans le monde. On évalue à plus de 1 000 milliards le nombre de poissons pêchés par an.

Samedi 13 juin 2015, dans plusieurs pays du monde, des milliers de personnes revendiqueront dans la rue l'abolition de l'élevage, de la pêche et de l'abattage des animaux pour la consommation. C'est la marche pour la fermeture des abattoirs !

À Paris, RDV à 13h30, place de la République !

Allez faire un tour sur le site de la Marche pour la fermeture des abattoirs ;-)

Merci à Bramley pour ce nouveau dessin


Bannière Les blogueuses cuisinent vegan

Les blogueuses cuisinent vegan

  • Article du Mercredi 10 juin 2015

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Quand cuisine rime avec envie, création et éthique

C'est bon signe pour la cuisine végétale : les éditions Larousse publient un livre de 50 recettes véganes. Aux fourneaux, ce sont dix blogueuses déjà connues pour leurs gourmands exploits culinaires que l'on retrouve ou découvre dans ce livre.

Avec ce Cook&Blog de la cuisine végane, plus aucune excuse pour ne pas décrocher le tablier suspendu au fin fond de nos cuisines !

Au fil des pages

Chaque protagoniste se fait tirer le portrait, et ainsi on comprend un peu plus leurs motivations et engagements. Bien sûr, elles profitent de cette prise de parole pour nous communiquer quelques bons tuyaux à retenir.

On avale les 4 saisons avec gourmandise : le printemps et son clafoutis aux petits pois signé Géraldine du blog My sweet faery, l'été et sa soupe de fruits d'été signée Juliette des Recettes de Juliette, l'automne et ses crackers de châtaignes made in Ophélie du blog Antigone 21 et enfin l'hiver et sa butternut farcie de Laurence du blog Petits repas (green) entre amis.

On en redemande avec les quelques classiques revisités qui nous donne l'eau à la bouche comme la tarte aux quetsches d'Ellen de Saveurs végétales, le chili sin carne de Delphine du blog Le plaisir des mets ou les tacos d'Émilie Murmure.

Les recettes insolites nous attirent définitivement droit dans la cuisine : comment en effet rester de marbre face au Layer Cake au mojito de Laura de VG Zone, au wok de faux poulet d'Émilie d’Aime et Mange ou les bouchées crues au cacao de Marie du blog Sweet&Four ?

Vous l'aurez compris, ce livre de cuisine n'est pas une compilation froide et monotone de recettes mais bien un véritable livre qui va renouveler nos techniques culinaires, donner des ailes à nos idées véganes ou tout simplement nous apprendre à cuisiner sans produit d'origine animale.

Puisqu'il est toujours plus agréable et rassurant de voir le résultat final d'une recette, chacune d'entre elles est illustrée par une très jolie photo colorée.

Avec Les blogueuses cuisinent vegan nous voilà d'attaque pour prendre possession de la cuisine armé d'un fouet et d'un économe. Il ne reste plus qu'à tester sur nos invités ce week-end !

Et bien sûr on attend avec impatience Les blogueurs cuisinent vegan, patience patience, ça viendra !

Les blogueuses cuisinent vegan, Éditions Larousse, 2015.

En apprendre plus sur le site des Éditions Larousse


Bannière Xplore Yesterday - We are the same (music video)

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Le groupe métal français Xplore Yesterday sort un clip dédié aux droits des animaux.
Oreilles sensibles, vous êtes prevenus ;-)

Bravo à eux et merci de leur soutien à L214 !



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Le groupe métal français Xplore Yesterday sort un clip dédié aux droits des animaux.
Oreilles sensibles, vous êtes prevenus ;-)

Bravo à eux et merci de leur soutien à L214 !


Bannière 25 assiettes vegan

25 assiettes vegan

  • Article du Mercredi 20 mai 2015

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Sans doute connaissez-vous déjà Marie Laforêt, auteure du fameux « Vegan », qui a reçu le « Gourmand Word Cookbook Award » ? 25 assiettes vegan est indéniablement une nouvelle réussite à ajouter à son palmarès. Grâce à ce livre, vous saurez composer des assiettes végétales à la fois équilibrées et savoureuses, au quotidien comme pour les grandes occasions. Vous pourrez donc régaler aussi bien vos proches que vos invités !

Au fil des pages, vous verrez d'abord comment composer des repas équilibrés, quels sont les bons réflexes à adopter et en saurez davantage sur les protéines végétales. Les vingt-cinq assiettes proposées sont ensuite réparties en trois volets ; « assiettes pour recevoir », « assiettes de saison » et « assiettes express ».

Ce voyage culinaire vous fera découvrir diverses astuces pour réussir la sauce tartare, les boulettes, la marinade pour les barbecues, la quiche végétale, et bien d'autres mets encore ! Les recettes proposées sont très variées et toutes plus tentantes les unes que les autres. Du côté des « assiettes pour recevoir » le biryani aux aubergines, les brochettes de tofu fumé, les spaghettis et boulettes à la sauce tomate nous mettent l'eau à la bouche. Du côté des « assiettes de saison » et « assiettes express », le curry de légumes d'été, les roulés d'aubergines, la tourte aux champignons et le tempeh à la moutarde nous semblent particulièrement alléchants ! Cerise sur le gâteau, la créativité de Marie Laforêt ne rend pas pour autant les recettes compliquées, les débutants (et les autres !) apprécieront.

couverture brochettes de tofu fumé   byniani aubergines   tempeh à la moutarde

De gauche à droite : brochettes de tofu fumé, byniani d'aubergines, tempeh à la moutarde.

Livre disponible sur la boutique de L214.
 


Bannière [Vidéo] Éric Baratay - Souffrance des bêtes et droits des animaux

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Extrait de la conférence Pourquoi faudrait-il donner des droits aux animaux ? organisée le 4 février 2015 à l’Université Jean Moulin Lyon 3 par l'association étudiante Sentience et l'association Les médiations philosophiques.

L’historien Éric Baratay souligne que la question des droits des animaux est ancienne. Elle prend particulièrement son essor avec Jeremy Bentham au XVIIIème siècle qui faisait de la sensibilité, notamment de la capacité un souffrir, un critère déterminant pour l’élaboration de droits.

La question de la souffrance animale est devenue aujourd’hui « primordiale ». Mais elle n’a pas toujours été appréhendée de la même manière. La souffrance des animaux s’analyse, à l’époque des débats concernant l’une des premières lois de protection animale en 1850 dite « loi Grammont », au travers d’anecdotes. Mais cette souffrance n’émeut pas.

C’est à travers un discours orienté sur les implications d’une telle loi sur le comportement des hommes que la loi Grammont suscite l’enthousiasme. La violence envers les animaux inspirerait la violence entre les hommes. Interdire les sévices faits publiquement envers les animaux satisfait opportunément à la nécessité de maintenir l’ordre public.

La prise en compte de la souffrance animale intervient plutôt de manière diligente depuis les années 1990, avec notamment l’avènement des neurosciences. Désormais, « on sait parler de la souffrance en termes scientifiques ». Le discours devient crédible, et donc recevable.

Mais, alors que la souffrance animale est aujourd’hui avérée, ceux qui bénéficient directement de l’utilisation faite des animaux se trouvent contraints d’adapter leurs arguments pour justifier leurs pratiques. Ainsi, les aficionados, par exemple, ne parlent plus en termes de souffrance chez les taureaux qu’ils ont pendant longtemps niée, mais en termes de tradition. On justifie une pratique, dont nous connaissons désormais le degré de souffrance qu’elle occasionne, par un argument nouveau. Mais, d’après Éric Baratay, l’excuse de la tradition ne tiendra pas longtemps face à l’évidence de la souffrance animale.

Kévin Barralon


Bannière Vidéo : Peaceable Kingdom (Le Royaume de la paix)

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Howard Lyman était un agrobusinessman puissant. Fier héritier d’une famille d’éleveurs du Montana, c’est avec passion qu’il avait entrepris des études agricoles puis repris l’élevage familial. Au cours de sa carrière, il a possédé jusqu’à 7000 bovins, des cochons, des poules et des dindes, cultivé 5000 hectares de céréales pour nourrir ces animaux et eu trente employés.

Profondément persuadé du bien-fondé de son entreprise agricole, il tirait une grande satisfaction du devoir accompli : nourrir ses concitoyens.

Mais une terrible et brutale tumeur l’a conduit à l’hôpital. Miraculeusement sauvé par une opération, Howard a totalement remis en question son mode de vie. Désormais, il sillonne sans relâche le monde pour promouvoir l’alimentation végétalienne et sauver des animaux.

Howard Layman n’est pas un cas isolé. Dans le magnifique documentaire Peaceable Kingdom, cet homme au courage exceptionnel témoigne parmi d’autres anciens éleveurs et des responsables de refuges – autant de personnes qui ont fini par réaliser que les animaux sont des individus à part entière, et non des marchandises à notre disposition.

Peaceable Kingdom nous montre aussi la triste réalité des élevages, et ce quelle que soit la forme qu’ils prennent, ainsi que la détresse de ceux qu’on considère comme des morceaux de viande dès leur naissance.

Harold Brown en train de caresser une vacheÀ travers des portraits d’animaux et des récits poignants, ce film fait prendre conscience au spectateur que les animaux ont chacun leur propre personnalité et que les tuer, les manger n’est pas une fatalité, pour peu que se fissure la dure carapace de l’indifférence, souvent érigée dès l’enfance.

Ce film très fort, bouleversant, est un véritable appel à la compassion et une fenêtre sur un monde de paix qu’il ne tient qu’à nous de construire.

Sous-titre en français, anglais, espagnol, portugais.

Bande-annonce du documentaire :


Bannière Se nourrir, marcher, courir vegan

Se nourrir, marcher, courir vegan

  • Article du Mardi 28 avril 2015

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Vous pratiquez la course à pied ? Ce livre est pour vous !
Vous voulez des conseils pour végétaliser votre alimentation ? Ce livre est aussi pour vous !
Vous souhaitez améliorer votre forme physique, changer vos habitudes, savoir où trouver vos protéines tout en mangeant végétalien ? Ce livre est encore pour vous !

Matt Frazier et deux autres personnes, équipe sportiveAvec son livre Se nourrir, marcher, courir vegan, c’est en toute modestie et avec beaucoup d’humour que l’auteur Matt Frazier – ultramarathonien chevronné – nous entraîne sur ses traces dans l’univers du sport et de la course à pied. De nombreux témoignages personnels complètent son récit, comme celui de Janet Oberholtzer : rescapée d’un très grave accident qui aurait dû la condamner à ne plus jamais marcher, elle est pourtant devenue marathonienne, et a adopté la devise « faites votre possible avec ce que vous avez, où que vous soyez ! ».

logo No Meat AthleteMatt Frazier, qui est aussi le créateur du site No Meat Athlete, prodigue conseils pratiques, techniques et nutritionnels, puisqu’une alimentation végétale équilibrée couvre tous les besoins des sportifs, même de très haut niveau, et facilite la récupération. 58 recettes variées et savoureuses aident le lecteur à végétaliser son alimentation ; elles sont aussi simples que celle de la salade de pois chiche, originales que l’onctueux brownies aux haricots noirs, ou utiles que les recettes de base des smoothies, burgers vegans, barres, boissons et gels énergétiques.

couverture du livre Se nourrir marcher courir veganSe nourrir, marcher, courir vegan s’adresse à toute personne qui souhaite débuter une activité sportive, aussi modeste soit-elle, aux  athlètes qui aspirent à végétaliser leur alimentation, et à celles et ceux qui veulent en savoir plus sur le végétalisme.

Un pas après l’autre,  Se nourrir, marcher, courir vegan est le livre qui vous emmènera loin.

Matt Frazier, Se nourrir, marcher, courir vegan, Hugo & Cie, 2015.

En apprendre plus sur le site des Éditions Hugo & Cie

 


Bannière 25 desserts vegans

25 desserts vegans

  • Article du Mardi 14 avril 2015

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25 desserts Vegan est un livre à déguster sous tous les angles ! C'est d'abord un régal pour les yeux, Marie Laforêt, l'auteure, étant aussi bonne photographe que créatrice culinaire. Les papilles se réveillent déjà à la vue des délices proposés, et on imagine déjà l'effet que peuvent produire ces desserts sur les invités !

photo de couverture du livre 25 desserts veganLes desserts proposés sont variés et classés en trois catégories : les « rustiques » comme les cookies et la brioche, les « élégants » comme les cannelés à la rose et le millefeuille aux framboises, et les « décadents » comme  les cupcakes aux noix de pécan, sirop d'érable et chocolat et le brownie aux cacahuètes (déjà testé, approuvé et dégusté !).

Vous découvrirez dans ce livre certains classiques revisités mais aussi des nouveautés. Les mini-bundt cakes à l'orange et les panna cotta cake sont particulièrement tentants, vous verrez mieux ce que je veux dire avec les photographies sous les yeux !
Pour couronner le tout, la plupart des recettes, bien qu'élaborées, comportent une liste d'ingrédients raisonnable et semblent relativement simples à réaliser. Il ne reste plus qu'à vous lancer !

 

brioche  brownies au chocolat  panna cotage cake

Brioche, brownies, panna coatta cake

Marie Laforêt, 25 desserts vegan, Éditions La Plage, 2015. 

En apprendre plus sur le site des Éditions La Plage


Bannière La Cause des animaux

La Cause des animaux

  • Article du Jeudi 9 avril 2015

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Le dernier ouvrage de Florence Burgat, philosophe et directeur de recherche à l’INRA, pose des questions essentielles pour qui s’intéresse à la question animale.

Couverture du livre La cause des animaux de Florence Burgat

La cause des animaux. Pour un destin commun, part du constat que 86% des Français « trouvent anormal que les animaux continuent d’être considérés aujourd’hui comme des “biens meubles” dans le Code civil ». Pourtant, c’est justement parce que les animaux sont considérés et déclarés comme des biens, c’est-à-dire des choses dont nous pouvons jouir y compris en les détruisant, que nous les mangeons et les exploitons de toutes les manières possibles. Car les animaux sont omniprésents dans notre société. S’ils sont réduits à l’état de viande, c’est aussi de façon insoupçonnable que nous les consommons (on pense aux tests sur les animaux ou à la présence de gélatine dans les glaces ou bonbons).

À la lecture de ce livre, on comprend que l’humanité, qui se perçoit comme une entité singulière, ne tolère les animaux que parce qu’ils lui sont utiles. D’ailleurs, le fait même qu’il y ait des animaux, leur existence, leur présence, pose problème. Preuve en est, s’il en faut, l’insecte inoffensif négligemment écrasé d’une main distraite ou les taupes détruites parce qu’elles font de disgracieuses mottes sur la pelouse. Et que dire de la virulence des réactions hostiles face à tout changement positif, même infime, du statut des animaux, « comme si le cœur de ce qui fait l’humain était en péril dans ce début de déprise ».

« Qui mangeons-nous ? »

C’est dans la sphère domestique, dans son quotidien, que l’auteur questionne le lecteur sur ses habitudes de consommation. Comment expliquer que des violences évidentes, qui sont pour ainsi dire unanimement réprouvées, perdurent ? Ainsi, les mauvais traitements et les actes de cruautés envers les animaux d’élevage, tués par dizaine de millions pour satisfaire notre insatiable appétit de chair, sont avérés et nombreuses sont les excuses que nous nous donnons pour continuer à manger les animaux. Comment est-ce possible qu’à l’heure où l’abondance alimentaire – en Occident du moins – nous permet de choisir notre alimentation, jamais les abattoirs n’aient tourné à un tel régime ?

Quant au chapitre sur l’expérimentation animale, il est également documenté et saisissant par les exemples qu’il donne des atrocités commises derrières les murs des laboratoires.

Écrit dans un style dynamique et clair, La cause des animaux questionne le lecteur pour l’amener à cesser de « déplorer une situation que nous pérennisons par nos modes de consommation » et de saisir, maintenant, la possibilité qui lui est faite d’adopter un mode de vie qui ne soit pas synonyme de mort pour les animaux.
 

Illustration : Photos de Santuario Igualdad Interespecie

Florence Burgat, La Cause des animaux, Buchet Castel, 2015.

En apprendre plus sur le site des Éditions Buchet Castel


Bannière Les poissons et moi...

Les poissons et moi...

  • Article du Vendredi 3 avril 2015

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Merci Sophie Prundup de nous permettre de reproduire son témoignage.

J'ai tardé 3 ans à larguer le poisson... J'ai même travaillé dans un élevage de bars en Bretagne. Ainsi pendant plusieurs étés, j'ai alimenté, sorti les morts, trié, manipulé les poissons avec des épuisettes (havenaux). Au cours de ces manipulations, il arrive que des poissons tombent sur le sol des pontons, on les ramasse comme on peut, ils se blessent, parfois crèvent de stress. Parfois il y en avait qui étaient sur le point de mourir, un peu faiblards, alors je les sortais de l'eau, et je les assommais aussi fort que je pouvais avec un bâton et je les ramenais à la maison ou je les vidais et les donnais à ma mère pour les préparer.

 

aquaculture, France

 

Avant de les pêcher, on les gardait plusieurs jours dans des enclos où on ne leur donnait rien à manger, pour que leurs intestins soient vides pour les consommateurs. Mais en cachette je leur envoyais quelques grains d'aliments et ils se jetaient dessus en se battant tellement ils avaient faim.

 

des bars

 

J'en ai pêché à l'épuisette et mis dans des bacs d'eau glacée pour les endormir le temps qu'on rentre à la berge de la rivière, qu'on les pèse et qu'on les mette dans des caisses en polystyrène contenant de la glace pillée, tous rangés bien serrés. Ces messieurs dames étaient bien sûr toujours vivants (gage de fraicheur !), et certains conscients nous regardaient avec leurs gros yeux, tout en montrant des signes d'asphyxie alors qu'ils luttaient à grands coups de queue.  Ça me faisait un drôle d'effet, mais je ne connectais pas encore. Et je tenais fort le couvercle en leur disant de se tenir tranquilles le temps que je scotche le couvercle. Et puis je les emmenais à Lorient pour les livrer aux transporteurs pour Rungis. Et ça me plaisait !

 

 

Je ne mangeais plus de viande d'animaux non marins, car j'avais déjà fait la connexion avec eux, mais je continuais à manger les animaux marins. Et puis, petit à petit, j'ai appris que dans le poisson il y a un concentré de produits toxiques, métaux lourds, hydrocarbures, même des pesticides aujourd'hui interdits mais qui sont encore présents dans la nature. Alors fin 2006 déjà je me suis dit qu'il faudrait que j'arrête, car c'était comme si je faisais de mon corps une décharge toxique. J'ai appris aussi que pour les alimenter on prend des tonnes de poisson de mer (il en faut 3 à 5 kg pour produire 1 kg de poisson d'élevage), ainsi que du soja qui détruit l'Amazonie.

 

un bar (poisson)

 

Et puis début 2007 j'ai assisté à une conférence sur la sensibilité des poissons, qui a eu un effet choc : j'ai appris que quand je touchais les poissons de l'élevage, ça leur faisait aussi mal que lorsque je me mets un doigt dans l'oeil ! Et là, c'était clair, je devenais végétarienne, et très rapidement ensuite végétalienne (chose qui me paraissait impossible et hors de question à peine 6 mois avant.)

...Maintenant je me régale avec les alternatives végétales. Et pour retrouver le gout de la mer, il suffit de rajouter des algues !

 

crédits photo (dans l'ordre)

creative commons - Olga Diez / Jeanne Menj / Victor Morell Perez / AJHosgood / Citron

 


Bannière Cuisine et... dévore !

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Avec un titre pareil, c’est sûr qu’on ne peut pas rester impassible ! Rien que le nom de cette nouvelle parution aux éditions L’Âge d’homme donne faim. Ouvrir le livre ne fait qu’alimenter l’envie de tester (pour dévorer) la panoplie de recettes proposées par Natalie Slater : donuts, tourte samossa, brownies, très improbables pizzas (avec en prime la recette de la pâte à pizza), cupcakes, sauces de nappage ou d’accompagnement, sandwichs grillés, pains à la banane et autres lasagnes aux tacos.

Natalie Staler, auteure du livre "cuisine et dévore"couverture du livre "cuisine et dévore"

 

 

L’auteure, à l’humour acéré comme ses lames de couteaux, n’épargne ni les noix de coco, les champignons, les patates douces, le chocolat, les cacahuètes, les pâtes ou les haricots ; ses recettes craquantes ou moelleuses, suaves ou piquantes regorgent d’imagination et d’épices. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup d’œil sur les nombreuses photos couleur de son livre ou sur son blog (plus de 500 000 visites par mois).

Les recettes sont résolument végane, comme la moutarde sans miel (« voici une moutarde sans vomi qui vous fera bourdonner de bonheur » - ben oui, le miel c’est pour de vrai le produit de la régurgitation de nectar par les abeilles) et la mayo au tofu soyeux, et une bien utile partie « Astuces, ustensiles et tours de magie » qui dévoilent comment cuisiner sans œufs ou ni lait et cuisiner le tofu pour le rendre goûtu. Parions, avec Natalie Slater, que ces recettes vous encourageront « à partir à l’aventure, à sortir des sentiers battus et à créer vos propres recettes».

La préface du bouquin nous a même été concoctée par le catcheur professionnel CM Punk, preuve s’il en faut qu’on peut allier de détonants combats sur le ring et une alimentation végane.

Natalie Slater, Cuisine et dévore. Bonne bouffe pour véganes irascibles, Éditions l’Âge d’homme, 2015.

En apprendre plus sur le site des Éditions l’Âge d’homme


Bannière Détresses animales

Détresses animales

  • Article du Mercredi 18 mars 2015

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Il est des images qu’on aurait préféré ne jamais voir. Mercredi 4 mars, ce furent celles de ce cochon atrocement coincé au dernière étage d’un semi-remorque, plus de la moitié du corps pendue dans le vide à au moins quatre mètres de hauteur. À ses côtés, également à moitié dans le vide, deux cochons inanimés. On n’ose pas penser à la violence du choc qui a fait se retrouver ainsi ces malheureux animaux.

Sans que l’on en connaisse les raisons, le semi-remorque transportant 200 cochons s’est littéralement couché sur le bas-côté de la D35. Le chauffeur s’en est heureusement sorti indemne (même si en état de choc), mais c’est loin d’être le cas des cochons dont une centaine aurait péri dans l’accident.

Après avoir hésité à faire scier la toiture, les deux vétérinaires dépêchés sur place ont décidé de faire relever par un camion-grue le véhicule encore chargé, ce qui a pris des heures. Les animaux valides, portant des ecchymoses, ont eu droit à deux heures de sursis avant qu’un autre camion ne vienne les emmener à l’abattoir. Comme les humains, les cochons sont en effet très sensibles et peuvent mourir d’un arrêt cardiaque. Puis le véhicule accidenté, toujours chargé de cadavres et d’animaux agonisants, est allé jusque chez un carrossier, où le vétérinaire aurait procédé à l’euthanasie des derniers animaux encore vivants.

Tout ça au milieu des hurlements stridents des cochons blessés et terrifiés.
Tout ça pour une tranche de jambon ou une boîte de pâté.

Un accident qui n’en est pas vraiment un

Bien sûr, le camion s’est renversé. Peut-être le chauffeur allait-il trop vite ou bien la route était-elle glissante. Mais peut-on vraiment encore parler d’accident quand des milliers de camions, littéralement bourrés à craquer d’animaux vivants, sillonnent sans cesse les routes de la France et de l’Europe, et qu’on les remplit autant qu’on peut, rentabilité oblige ? Ces accidents sont tellement récurrents qu’on finit par se poser des questions. Dans la plupart des cas, les semi-remorques se couchent sur le flanc, les cochons s’écrasent alors les uns les autres, s’étouffent ou succombent à la panique. Et il est question d’encore augmenter la capacité des bétaillères, de les charger encore et toujours plus.

Incrédules, on s’interroge déjà sur la façon dont on parvient à faire grimper dans un semi-remorque des cochons élevés en batterie (pour plus de 95% des cochons en France) et qui n’ont vraisemblablement pas aligné plus de vingt pas d’affilée toute leur vie durant, dont nombre de truies qui sont restées immobilisées une partie de leur existence dans des stalles si étroites qu’elles ne peuvent même pas s’y retourner. Si vous imaginez le pire – coups de pieds et de bâton, utilisation de bâton électrique – sachez que vous êtes sur la bonne voie. On peut même lire sur un blog un routier expliquer utiliser le bâton électrique, reconnaissant que sinon le chargement des animaux serait à peu près impossible.

La liste est longue

En septembre 2012, nous avions déjà fait paraître sur ce blog un article sur ces « insignifiants accidents ». Depuis, la liste des camions renversés, des cochons tués sur la route, n’a hélas fait que s’allonger. Une situation qui durera tant que les animaux seront considérés comme des paquets de viande et transportés comme des marchandises. Les animaux sont pourtant des êtres sentients, et les cochons sont particulièrement curieux, affectueux et intelligents. Choisir une alimentation végétale est un moyen sûr de ne pas cautionner de telles souffrances.

Quelques accidents relevés sur Internet :
23 mars 2015 : un camion transportant 500 moutons se renverse vers Angers, le conducteur s'étant assoupi. Une centaine de moutons meurent dans l'accident.

3 février 2015 : un camion transportant une centaine de cochons sort de la route, dans le 43. Un animal meurt dans l’accident.
16 octobre 2014 : un camion transportant 192 cochons se renverse dans le fossé. Seuls 32 cochons survivent à l’accident, certains doivent être euthanasiés par les services vétérinaires.
11 septembre 2014 : un camion transportant 200 cochons se renverse en Picardie. Plus de la moitié des cochons meurent dans l’accident.
19 août 2014 : un camion transportant environ 200 cochons se renverse en Haute-Saône. Plusieurs animaux meurent dans l’accident.
30 mai 2014 : un camion transportant 185 cochons se renverse dans un ravin, dans l’Ouest de la France. Tous les animaux meurent, soit sur le coup, soit euthanasiés.
18 décembre 2013 : un camion transportant 215 cochons se renverse vers Liège, en Belgique. Une cinquantaine d’animaux meurent écrasé par le véhicule.
11 novembre 2013 : un camion transportant 180 cochons se renverse sur une autoroute. 60 animaux meurent dans l’accident et 25 sont euthanasiés.
10 octobre 2013 : un camion transportant environ 180 cochons se renverse dans l’Ain. Une grande partie des animaux est tuée lors de l’accident ou est euthanasiée.

Crédit photographique : Jo-Anne Mac Arthur/We animals


Bannière Désobéir pour les animaux

Désobéir pour les animaux

  • Article du Mardi 17 mars 2015

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Il y a quelques jours, nous avons posté sur Facebook une petite vidéo montrant des personnes en train de sauver un pélican. Des morceaux de fil de pêche entortillés autour de son bec l’empêchaient de se nourrir. Sans cette intervention salvatrice, l’oiseau était évidemment condamné à mourir lentement de faim.

À défaut d’animal à secourir directement, il est toujours possible de « nettoyer les plages, les rochers et les rivières des déchets de pêche traînant (…) car des milliers d’oiseaux, de poissons et de mammifères meurent chaque année, un hameçon coincé dans l’œil ou l’estomac, les pattes prises dans les filets, intoxiqués par les plombs ou autres détritus… Organiser ces actions avec des écoles ou une municipalité peut être une façon de les sensibiliser au sort des animaux. » Et qu’importe qui a laissé ces déchets, puisqu’il s’agit de sauver des vies !

opération de sauvetage d'un pélican avec un hameçon dans le becCe nettoyage, qui peut sauver indirectement des animaux d’une pitoyable agonie, est l’une des très nombreuses actions qui figurent dans le petit livre Désobéir pour les animaux. Sorti fin 2014 chez Le Passager Clandestin, cet ouvrage collectif s’articule en trois parties complémentaires.

La première pose les bases intellectuelles, éthiques et éthologiques de « Pourquoi désobéir pour les animaux » ? L’argument majeur et désormais scientifiquement établi étant que les animaux sont des êtres sentients, qui « ont un intérêt à vivre et à ne pas souffrir ». Cette partie propose aussi un résumé actuel de l’exploitation des animaux, que ce soit dans les cirques, les laboratoires ou encore les élevages, et fait le point sur leurs droits en France et plusieurs pays d’Europe.

La deuxième partie effectue un retour sur la désobéissance pour les animaux, avec entre autres le mouvement de libération animale des années 70, quelques exemples de campagnes menées contre l’élevage industriel au XXIe siècle, le développement historique du végétarisme et véganisme ou encore le combat mené contre la corrida et l’expérimentation animale.

La troisième partie propose mille et une façons d’agir pour les animaux notamment via la désobéissance civile, que ce soit lors de happenings festifs, de sauvetages, d’actions sur le terrain contre la chasse, des témoignages, l’organisation politique, et bien sûr le choix du véganisme puisque ainsi « une seule personne sauve des centaines d’animaux au cours de sa vie. C’est donc un acte de résistance majeur, à la fois très concret et hautement symbolique. »

Couverture du livre "Désobéir pour les animaux"

Le seul regret qu’on puisse avoir à la lecture de Désobéir pour les animaux est qu’il ne fasse que 62 pages : on aurait bien aimé continuer cette passionnante lecture ! S’il apporte nombre d’arguments et d’idées aux sympathisants de la cause animale, ce livre donne également des clés essentielles à toute personne désireuse de mieux comprendre pourquoi il est si important de modifier notre rapport aux autres animaux, et comment nous y prendre. Bref, un livre à mettre sans restrictions entre toutes les mains.

 

Désobéir pour les animaux, le Passager clandestin, 2014. 


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  • Article du Lundi 16 mars 2015

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Bannière La vérité sort de la bouche des enfants

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Engagé pour les animaux de longue date, Dominic Hofbauer a bien voulu répondre à nos questions et nous permettre ainsi de partager un parcours aussi révélateur qu'inspirant.

Dominic, je crois savoir que tu es végé depuis un bon bout de temps, peux-tu nous dire ce qui t’a motivé à faire ce choix ?

Bonne question ! Alors, j'ai des souvenirs plutôt confus sur "la raison" exacte qui m'a conduit à rejeter la viande en 1986. J'avais 17 ans et je me souviens juste que, parmi les choses qui m'avaient fait réfléchir à la condition des animaux, il y avait les paroles de la chanson "Meat is Murder" (j'étais tout à fait amoureux de Morrissey ^^) + le film "Soleil Vert" et le refus des gens de regarder en face la vérité concernant leur nourriture (dans ce film, la population est nourrie sans le savoir avec les cadavres des gens qui meurent). Mais je crois que le truc le plus déclencheur, c'est le jour où ma sœur de 4 ans récitait à table "Les 3 petits cochons", se réjouissant de la fin heureuse de l'histoire... tout en mangeant du jambon. La schizophrénie dans laquelle nous vivons vis à vis de ces animaux m'a alors sauté aux yeux dans toute sa perversité. Pour moi, la vérité est sortie de la bouche d'une enfant :)

Dominic avec une poule heureuse

"Aucun autre sujet que le rejet de la viande n’ouvre une perspective aussi vertigineuse sur les infinies variations de la mauvaise foi et la pauvreté argumentaire."

Comment tes proches ont-il réagi ?

 Les réactions de l'entourage ? Alors je crois qu'il n'y a aucun autre sujet que le rejet de la viande qui ouvre une perspective aussi vertigineuse sur les infinies variations de la mauvaise foi et la pauvreté argumentaire. D'une certaine manière, je crois que rien n'aurait pu me confirmer davantage dans la justesse de mon choix d'alors, et dans l'adoption d'un régime vegan (trop) longtemps après.

Peux-tu nous en dire plus sur ce qui t’as poussé à t’investir pour les animaux ?

Mon petit parcours de "militant" remonte aux premières Veggie Prides, aux premières Estivales de la question animale où j'ai rencontré beaucoup de ceux qui sont devenus mes amis d'aujourd'hui et ma "famille politique": Brigitte Gothière, David Oliver, Yves Bonnardel, Sébastien Arsac et Antoine Comiti ... et de nombreux autres ! Avec Sébastien et Antoine nous avons fondé Stopgavage en 2004. J'ai rejoint plus tard la rédaction des Cahiers antispécistes, et je travaille actuellement comme pédagogue pour l'association GAIA en Belgique, où j'habite maintenant.

Mon quotidien, c'est donc d'animer chaque jour des séances dans les écoles de Belgique sur les droits des animaux. Il faut être à 8h chaque jour dans une école différente. C'est assez crevant mais ça vaut vraiment le coup ! Je m'occupe aussi d'un site web pour les enfants et les ados qui s'intéressent à cette question : www.gaiakids.be.  En 2014, nous avons animé des centaines de journées de sensibilisation à la défense des animaux auprès de 7300 élèves du primaire et du secondaire. Les animations que nous proposons cherchent à développer l’empathie et la responsabilité, et à encourager les comportements attentifs aux autres formes de vie sensible. Il serait primordial que les assos de protection animale en France développent aussi ce genre de pédagogie dans les écoles, où les industries de la viande et du lait - pour ne citer qu'elles - sont déjà très actives et influentes.

GAIA EDUCATION / Les animations à l'école from GAIA Kids TV on Vimeo.

Comment t’es-tu retrouvé à être proche de L214 ?

En fait, je me souviens d'une discussion avec Sébastien dans un bar de Metz vers 2006. Il avait L214 en tête et ce n'était à ce stade qu'une idée imaginaire. Moins d'une dizaine d'années plus tard, je suis soufflé par la manière dont Brigitte et Sébastien ont réussi à développer une formule d'asso qui manquait cruellement en France, et qui associe intelligemment différentes approches pour donner au public accès à une information juste et représentative des pratiques d'élevage + pour provoquer la médiatisation de la question animale + profiter de chaque passage media pour aborder le problème du spécisme dans un langage accessible à un large public + motiver un réseau incroyable de bénévoles mobilisés autour d'actions intelligentes, qui tendent la main de manière positive et informent sans juger. En moins de 10 ans, L214 est devenue la bête noire du monde de l'élevage. L'année 2015 sera d'ailleurs encore marquée par des procès et des tentatives engagées par l'industrie de la viande pour museler l'association. On est nombreux à savoir que pour chacun dans l'équipe, les mots "soirées" + "week-ends" + "vacances" sont tout à fait vides de sens...

Dominic dans une école, pour les animaux

"Chaque passage media, chaque livre qui sort sur le sujet, chaque tract tendu par un militant dans la rue est une fissure supplémentaire dans le mur d'indifférence qui nous sépare d'un monde où notre considération s'étend au-delà de la frontière d'espèce."

Au long de ton parcours, as-tu vu un changement du regard qu’on porte sur les animaux dans notre société ?

A l'échelle mondiale, l’idée que rien n'a jamais été pire qu'aujourd'hui se défend, mais je trouve aussi que les temps n'ont jamais été aussi encourageants : la cause des animaux devient un vrai sujet dans nos sociétés, les alternatives végétales explosent et s'installent avec succès dans les supermarchés, la part des produits animaux dans l'alimentation baisse d'année en année, ainsi que les initiatives pour reconnaître aux animaux leur sensibilité ou leur statut de personne. Chaque passage media, chaque livre qui sort sur le sujet, chaque tract tendu par un militant dans la rue est une fissure supplémentaire dans le mur d'indifférence qui nous sépare d'un monde où notre considération s'étend au-delà de la frontière d'espèce, pour embrasser tous les êtres doués de sensations. D'une certaine manière, ce monde a déjà commencé, car on voit bien dans la faiblesse et la pauvreté des arguments qu'on nous oppose encore que la bataille des idées est, en fait, déjà gagnée. Ce n'est vraiment pas le moment de relâcher la pression !


Bannière Le Salon de l'hypocrisie

Le Salon de l'hypocrisie

  • Article du Jeudi 5 mars 2015

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L214 était présente la semaine dernière avec le collectif 269Life devant le Salon International de l’Agriculture, porte de Versailles à Paris, pour dénoncer l’hypocrisie et le mensonge qu’il représente.

Depuis maintenant plus de 50 ans, le Salon de l’Agriculture sert de vitrine à l’élevage français. Animaux sélectionnés, préparés, soignés, tous doivent porter fièrement les couleurs d’une filière en crise. Il s’agit de rassurer le consommateur sur la provenance et la qualité des produits qu’il achète. Cette tâche est facilitée par le fait que la plupart des gens ne voient jamais les animaux qu’ils mangent, le visiteur est donc prêt à croire qu’ils sont semblables à ceux qu’il côtoiera sur le Salon.

Cela est démenti par chaque enquête menée par L214 : la vérité de l’élevage français, ce sont selon les filières jusqu’à 99% des animaux élevés en cages et ne voyant jamais la lumière du jour. Ce sont des pratiques de mutilation légales et généralisées pour adapter les animaux au stress engendré par leurs déplorables conditions de vie et d’abattage.

Bien sûr, tout est fait pour que le lien entre l’animal et le contenu de l’assiette ne soit jamais trop clairement établi. On emmène ses enfants caresser les animaux qu’ils retrouveront dans leur assiette le soir-même ; parlez d’abattage, et cela leur couperait l’appétit.

Parler d’abattage, c’est justement ce que nous avons fait la semaine dernière en organisant avec 269Life France une mise en scène sanglante aux abords du Salon. Nous avons montré aux visiteurs ce qu’engendre la consommation de viande et de produits animaux en plaçant au centre d’assiettes géantes des têtes d’animaux récupérées dans un abattoir. En montrant les restes de ces animaux que le visiteur s’apprête à voir sur le Salon, le lien était clairement établi.

Alors que les animaux viennent enfin d’être désignés comme “êtres vivants doués de sensibilité” dans le code civil, l’hypocrisie du Salon apparaît encore plus flagrante. Quels animaux caresser, lesquels manger ? Répondre à ces questions n’a jamais été aussi délicat.

Le parti-pris des organisateurs est le même depuis de nombreuses années : leur mise à mort n’étant jamais évoquée, tous les animaux peuvent être caressés. Un parcours de visite “J’aime les animaux” a même été prévu pour ne louper les “représentants” d’aucune espèce. Le visiteur peut ainsi admirer les vaches, chèvres, moutons et volailles qui servent à produire de la viande, du lait et des oeufs ; il se rapproche ensuite des chats et chiens, qui sont clairement identifiés comme animaux de compagnie ; enfin, il pourra s’attendrir devant les chevaux et les lapins, dont le programme n’explique pas clairement toutes les façons dont ils sont utilisés. Car ici, chaque animal n’est vu qu’au travers de son utilité pour les humains. Il ne sera jamais considéré comme un être qui a le droit de vivre pour lui-même, à moins que nous poursuivions nos actions pour changer les choses.

Voir la galerie photos (par Erasmiotaton)

Lire le tract qui a été distribué tous les jours devant le Salon de l'Agriculture

Thibaut pour L214


Bannière [Vidéo] Patrick Llored - Esclavage humain, esclavage animal

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Extrait de la conférence Pourquoi faudrait-il donner des droits aux animaux ? organisée le 4 février 2015 à l’Université Jean Moulin Lyon 3 par l'association étudiante Sentience et l'association Les médiations philosophiques.

Pour Patrick Llored, professeur de philosophie, « les animaux sont les premières victimes d’une société esclavagiste ». Presque 170 ans après l’abolition de l’esclavage en France, les animaux font toujours l’objet du joug de l’insatiabilité persécutrice des hommes. Ils sont les victimes de l’oppression immémoriale de la violence physique illégitime de la part de ceux qui se considèrent comme le groupe de référence. On a fait de cette violence une institution. L’asservissement de certains groupes humains pendant la longue histoire de l’esclavage reflète la manière dont nous traitons sans relâche les animaux.

Cet esclavage animal, loin de sauter aux yeux, « se confond avec le fonctionnement normal » des institutions absolutistes. L’identité même de l’homme-oppresseur se mêle à ce rapport de violence, décrivant la structure propre de notre société.

Le droit est l’instrument de l’oppresseur. L’appareil juridique fait de l’animal un bien à la disposition de l’homme. Et ce privilège que l’homme, à travers le droit, s’est octroyé, sert de fondement à la croyance selon laquelle les animaux seraient là pour notre utilité. L’animal métamorphosé en marchandise fait l’objet d’une « idéologie discriminante » matérialisée en un système de pensée passif qualifié de « spécisme », ou discrimination basée sur l’espèce.

Seule l’abolition de cette institution de la violence envers les animaux permettra une cohabitation pacifiée. Accorder des droits aux animaux dans une société esclavagiste est peine perdue. C’est donc seulement à travers une abolition politique que l’instauration de droits pour les animaux prendra son sens.

Kévin Barralon

 


Bannière « Ouvrir les yeux, ouvrir son cœur »

« Ouvrir les yeux, ouvrir son cœur »

  • Article du Mercredi 25 février 2015

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Ouvrir les yeux, ouvrir son cœur. C’est le titre de l’ouvrage. Il suggère que les deux actes sont liés, que la connaissance mène à la compassion.

Lau R utilise la forme d’un journal de bord pour évoquer sa vie de nouvelle « veggie », comme elle se baptise elle-même. Elle nous livre ses réflexions, l’évolution de sa prise de conscience, la découverte de  ses limites.  Elle tente  de  se  souvenir :  comment  considérait-elle les  végétariens  avant  d’en  faire partie ? Elle remonte plus loin, dans son enfance, et s’étonne de se remémorer qu’elle manifestait déjà un dégoût pour la viande, pour le poisson, pour le lait, produits qu’elle avait finalement appris à aimer au  fil  des  années. Elle  revient  sur  son  déclic, le témoignage  poignant  d’une  étudiante  vétérinaire en abattoir  (qu’on  peut  lire  en  annexe),  découvert  par  hasard  sur  Internet,  sur  le  bouleversement  qu’il suscite en elle, les tremblements, le choc, les pleurs. On est loin des publicités mettant en scène des végétariens heureux et épanouis. Et pour cause, ce livre n’est pas une publicité pour le végétarisme, c’est un livre dont le substrat est l’authenticité.

Loin de revendiquer une quelconque perfection ou simplement une prétention de cohérence, l’auteure nous  engage  à  faire  de  notre mieux,  à  écouter  notre  conscience.  Elle  ne  se  présente  pas  comme  un modèle à suivre. Si son récit a une valeur d’exemplarité, c’est parce qu’il est empreint de tolérance, de sincérité et d’humilité.

L’auteure  avoue  sa  mélancolie,  admet  que  quand  elle  a  pris  conscience  de  ce  qu’elle  ignorait jusqu’ici  «  [s]a  croyance  en  l’humanité  s’est  effondrée  »,  parle  de  sa  culpabilité  d’avoir  été  si longtemps  aveugle.  En  ce  qui  concerne  le  changement  de  son  régime  alimentaire,  elle  évoque franchement avoir connu le triptyque : frustration, tentation, transgression.

Renoncer  à  participer  à  l’exploitation  animale  entraîne  nécessairement  des  choix  pratiques  ;  cela implique également de nouveaux positionnements éthiques : elle changera de regard sur l’agriculture biologique, sur la publicité, sur la pollution.

On suit sa vie de veggie , son « coming-out », sa participation aux premières actions militantes, ses premiers débats, émaillés de la mauvaise foi qui résonne en nous tant elle est proche de celle que nous rencontrons quand nous essayons de faire entendre la voix des animaux.

Outre le fait que ce livre nous touche par sa sensibilité, il présente tout un pan didactique. L’auteure fait  l’état  des  lieux  des  conséquences  morales  et  sanitaires  de  la  consommation  de  viande,  décrit les  conditions  de  vie  des  vaches  et  des  poissons,  des  animaux  de  compagnie,  des  animaux  de  parcs aquatiques.

Le titre Ouvrir les yeux, ouvrir son cœur est un juste reflet du livre, qui aide effectivement à ouvrir les yeux du lecteur sur une réalité qui n’est pas réjouissante. Avec douceur et empathie, il nous aide également  à  ouvrir  notre  cœur,  à  valoriser la  compassion,  à  chercher  à  devenir meilleur, mais  aussi bienveillant avec nous-mêmes et avec les autres, à reconnaître et à prendre en compte nos limites.

Le  dernier  chapitre,  sur  le  revenu  de  base,  semble  difficilement  se  raccrocher  au  reste  de  l’œuvre, le lien entre la  revendication d’un  revenu de base inconditionnel et la place des animaux dans notre société  aurait  gagné  à  être  explicité.  Cependant,  il  permet  de  refermer  l’ouvrage  avec  une  vision optimiste de l’humanité : l’être humain est capable de changer, de s’améliorer, de se montrer solidaire. C’est  grâce  à  cette  possibilité  d’évolution  que  la  prise  en  compte  de  la  considération des animaux n’est pas qu’une utopie mais qu’elle peut être envisagée comme un avenir à construire. Ensemble.

Sara pour L214


Bannière Salon de l'agriculture : ouvrons les yeux !

Salon de l'agriculture : ouvrons les yeux !

  • Article du Mardi 24 février 2015

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Chaque année, le Salon de l’Agriculture fait la promotion de l’élevage français et fait croire que les animaux sont « respectés » et « bien traités ». C'est faux.
Depuis les années 60 et la généralisation de l’élevage industriel en France, l’élevage est une industrie où les animaux sont traités comme des machines dont on cherche continuellement à accroître le rendement, sans se soucier de leur bien-être. On ne tient compte ni de leur sensibilité, ni de leur désir de vivre.
Cette réalité est masquée par la mise en avant, au Salon de l’Agriculture, des petits éleveurs qui servent de vitrine « éthique » à l’élevage industriel.
Ne fermons pas les yeux.
 
 

L214, éthique et animaux

 

L214, éthique et animaux

 

L214, éthique et animaux

Dessins de Bramley



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En passant par Paris avec mes sabots (clin d’œil à la chanson En passant pas la Lorraine)... je suis devenue végétarienne et je milite pour L214 en participant à des courses à pieds.

Bonjour à toutes et à tous,

Je suis très heureuse de pouvoir partager avec vous une partie de mon histoire, et par ailleurs aussi mes premiers pas sur le chemin de la défense du droit des animaux. Je tiens de tout cœur à vous remercier de l’intérêt que vous portez à mon témoignage, en me faisant l’honneur de lire mon article.

Je m’appelle Angélique, je suis d’origine lorraine et je vis à Paris depuis 1 an. Après des études de commerce international et une première expérience professionnelle en alternance dans le domaine de l’agroalimentaire, j’ai pris la décision de quitter l’Est de la France pour commencer ma vie dans la capitale. C’est sans aucun doute une des meilleures décisions que j’ai prise.

Je ne dois pas oublier de vous préciser que je suis passionnée de nature et particulièrement par les animaux. Petite, je voulais devenir vétérinaire et je passais énormément de temps dans le jardin de mes grands-parents à observer toute sorte d’oiseaux, d’insectes ou plus rarement de mammifères, toujours en compagnie de mon chat. Je dirais que j’ai eu la chance d’être élevée de manière à développer un profond respect et une admiration pour la nature. Adolescente, j’ai même été bénévole à la SPA.

Aujourd’hui, je travaille dans le service commercial d’une entreprise qui vend de l’acier à outil pour le marché français. Je devine vos réactions : « Mais que fait-elle pour les animaux ? »

Ma rencontre avec les membres de L214 & mon changement d’alimentation

Au courant du mois d’octobre, je suis rentrée en contact avec l’association L214, dont j’admire les actions. C’est également à ce moment-là que j’ai commencé à réfléchir à mon propre rapport aux animaux. Je les adore et pourtant… je les mangeais. Plus haut, en parlant de mon alternance, je n’avais pas mentionné que je travaillais pour le marché de la viande. Déjà à l’époque, j’avais commencé à me demander si nous avions vraiment besoin d’en consommer, et si nous étions obligés de les faire tant souffrir pour notre plaisir gustatif.

En conséquence, j’avais commencé par manger moins de viande ; mon copain avait pris en premier cette initiative. J’avoue que c’est même moi qui ai eu le plus de mal à m’adapter à mon nouveau régime, malgré mon bon raisonnement.

Changer mon mode de vie n’était pas simple, du moins pas au début, d’autant plus qu’en Lorraine la viande faisait partie de mon alimentation quotidienne : la charcuterie en Lorraine, c’est culturel ! Cette expression me gêne, car au nom de la culture nous ne devrions pas nous permettre d’infliger des souffrances aux bêtes.

Après quelques échecs, j’ai enfin réussi à totalement retirer la viande de mon alimentation !

Depuis septembre 2014, je suis végétarienne. À présent, je me sens beaucoup mieux avec mes propres principes, et je trouve que ce régime est également bénéfique pour ma santé. Effectivement, durant mes études j’avais pris beaucoup de poids. Avec un peu de sport et un régime végétarien adapté j’ai réussi à retrouver un poids convenable et je compte bien continuer comme ça.

Courir pour une cause : courir pour ceux qui ne le peuvent pas

C’est grâce à mon amie Carole que j’ai eu le courage de commencer le running. Pendant nos séances d’entraînement, elle me parlait des courses auxquelles elle participait. Motivée et encouragée, j’ai franchi le pas en m’inscrivant à ma première course à pieds : la Corrida de Noël (6 km). Elle a eu lieu le 14 décembre 2014 à Issy-les-Moulineaux.

Peu de temps avant, l’équipe L214 m’avait contactée afin de traduire un tract contre le foie gras en allemand. Un rêve se réalisait : je pouvais mettre mes compétences aux services des animaux. C’est précisément à ce moment qu’a germé dans mon esprit l’idée de courir pour L214.

Symboliquement, la course à pieds représente à mes yeux la liberté, le dépassement de soi et la ténacité. Des qualités similaires à celles que partagent les membres de L214. Courir pour les animaux dans leurs cages qui, eux, ne peuvent pas bouger, courir en pensant à eux, en souhaitant un profond changement de leurs conditions de vie.

Je cours pour ceux qui ne le peuvent pas, pour ceux qui ne sont pas libre de courir !

Mais allais-je réussir à au moins finir cette course ? Allais-je abandonner alors que beaucoup de personnes me soutenaient ce jour-là ? Est-ce que ma vieille blessure à la cheville allait se montrer clémente ce jour-là ? Malgré une bonne préparation, un régime adapté et une progression dans mes courses en séance d’entraînement, j’étais très stressée. J’étais arrivée très tôt, je m’étais équipée de mon dossard, de mon T-shirt à l’effigie de L214 et de mes cornes de rennes ; peu à peu, j’ai pu prendre mes marques.

À 9h45, l’échauffement de ma course débuta. À 10h précise, le départ de la course fut donné ! J’étais partie avec ma joyeuse bande avec comme objectif la ligne d’arrivée. Les premières minutes sont les plus difficiles. Il faut se calmer, trouver son rythme, ne surtout pas partir trop vite. Je veillais principalement à ne pas avoir de points de côté, car je sais que c’est une de mes faiblesses. Les deux premiers kilomètres ont été rapidement atteints, car je ne faisais pas trop attention à la distance parcourue.

L’ambiance d’une course nous amène à nous dépasser : certains spectateurs nous encourageaient, d’autres nous tendaient la main. La musique des orchestres me donnait de l’énergie. J’avais entendu de la musique folklorique française, des rythmes espagnols sans doute pour faire un clin d’œil au nom de la course. Le dernier orchestre annonçait la couleur : il fallait fournir un dernier effort. Les musiciens tenaient d’énormes tambours laissant retentir des rythmes africains. Je trouve que cet instrument a eu un effet très dynamisant et a permis d’éveiller la « guerrière en moi ». Tout au long de la course, je pensais à L214 et aux animaux, particulièrement sur la fin de la course quand je commençais à fatiguer.

Mes cornes de rennes et les couleurs orange et noir se distinguaient bien de la foule des Pères Noël et de leurs manteaux rouges. Mon passage de fatigue ne dura qu’un moment, au bout d’une rue j’ai entendu des personnes crier : « Allez, c’est la dernière, courage ! » Contente, je gardais la tête haute, j’avais compris que c’étaient mes dernières foulées et que j’allais réussir le challenge que je m’étais fixée. La ligne d’arrivée se fit apercevoir. Des photographes mitraillaient les coureurs dans leur dernier effort. Arrivée à leur niveau, j’ai eu un élan d’énergie inexplicable et j’ai terminé ma course en sprintant.

Passée la ligne d’arrivée, j’ai éprouvé un mélange de joie et de fierté.

Le parcours était terminé, j’ai continué mon chemin jusqu’à une personne qui me tendait joyeusement la médaille de finisher de cette course. J’ai vraiment eu de superbes sensations, ce fut une agréable première expérience. Je pense aussi qu’il est important de courir avec un état d’esprit, de courir pour une cause qui vous motive. Ma cause, je l’ai trouvée, c’est la défense du droit des animaux.

Mon prochain objectif est de parcourir les 10km de la Course des Héros sous les couleurs de L214, en juin prochain à Paris !

Pour cette course des héros (10km) : je dois récolter un minimum de 250 euros de dons qui seront entièrement versés à L214. Je vous invite à visiter ma page si vous avez envie de m’aider à concrétiser mon projet.

Je participerai aussi aux courses suivantes :

Foulées du Tertre 2015 (10km), le 21 Mars 2015
La Cosacienne (10km), le 12 Avril 2015
Nike Women's Paris, le 7 Juin 2015

Clèm pour L214


Bannière Métro de Paris: nos affiches refusées!

Métro de Paris: nos affiches refusées!

  • Article du Dimanche 22 février 2015

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En décembre dernier, nous avons voulu encourager les voyageurs de la RATP à réfléchir à la réalité du foie gras, par une campagne d'affichage dans le métro. L'une après l'autre, nos 3 propositions ont été repoussées par la société Media Transports.

# Première proposition

Parce que seuls les mâles sont utilisés dans la production de foie gras, une grande partie des canetons femelles sont tués à la naissance, dans les couvoirs. Le broyage des animaux vivants est l'une des méthodes les plus courantes pour sacrifier les poussins sortis de l'oeuf. Peu de consommateurs de foie gras connaissent cette réalité glauque, et même les personnes se montrant peu sensibles au problème du gavage trouvent en général cet acte inacceptable. 

 
En réponse à notre demande, Media Transports nous transfère l'avis de l'ARPP (Autorité de régulation professionnelle de la publicité). La société d'affichage se base sur cette position pour ne pas "donner une suite favorable au projet de communication", et nous demander de "renvoyer un visuel plus conforme".
 
Sur son site internet, l'ARPP précise qu'elle poursuit  la mission "de mener une action en faveur d’une publicité loyale, véridique et saine dans l’intérêt des consommateurs, du public et des professionnels de la publicité." 

 

Nous copions un extrait de l'avis de l'ARPP sur notre affiche :

« Nous avons bien noté que cette publicité émanait d’une organisation de défense des animaux utilisés dans la consommation alimentaire, objet sur lequel il ne nous appartient pas de nous prononcer. Sur le contenu proprement dit de la publicité transmise, en l’absence d’informations concernant les éléments justificatifs dont disposerait l’annonceur lui permettant d’affirmer que « Dans la production de foie gras, les canetons femelles sont broyés vivants » une telle allégation peut être perçue comme excessive. [...] Par ailleurs, l’emploi des termes « broyés vivants » nous paraît, dans ce contexte, de nature à choquer la sensibilité d’une partie du public. »
 
L'envoi de notre part d'un courrier argumenté à Media Transports ne changera rien à sa décision initiale.
 

# Seconde proposition

 
Nous décidons de recentrer notre message sur la pratique du gavage : au moins, il est impossible de contester que cela existe. Puisque le gavage est un procédé protégé au titre du patrimoine gastronomique et culturel de la France, on doit bien pouvoir librement le représenter ? Afin de mettre toutes les chances de notre côté, nous choisissons de montrer ce qui se fait de plus traditionnel et artisanal : le gavage d'une oie en parc - plutôt que ce qui se fait de plus courant (le gavage à la pompe d'oiseaux en batterie).
 
 
Treize jours s'écoulent. Nos relances téléphoniques restent sans réponse.
 

# Troisième proposition

16 décembre. Puisque les jours filent et que la simple vérité se révèle immontrable, nous décidons de proposer une nouvelle affiche qui serait un simple appel à l'empathie, sentiment toujours encouragé pendant les fêtes : sur les murs du métro parisien, de nombreuses ONG affichent en effet des campagnes d'appel à la générosité à cette période de l'année.
 
 
S'en suit... un nouveau silence radio de la part de Media Transports. Deux semaines s'écoulent sans réponse à notre association.
 
Ce n'est que la saison des fêtes terminée, le 31 décembre, que Media Transports daignera nous transférer un message qui en dit long :
 
"Je vous confirme que l’affichage de ce visuel dans le métro n’est pas souhaité en cette période de fêtes."
 
"En cette période de fêtes", les publicités pour le foie gras ont pourtant largement occupé les murs du métro de Paris.
 
Donner une information "loyale" et "véridique" est évidemment un objectif bien louable mais il semblerait que l'affichage sur les murs du métro parisien réponde à d'autres critères moins glorieux.
 
Vous pouvez signer jusqu'au 28 février notre pétition demandant à la Commission européenne d'intervenir contre les infractions commises dans la production de foie gras :
 
 
 
Johanne pour L214

Bannière Les animaux ne sont plus des biens meubles

Les animaux ne sont plus des biens meubles

  • Article du Mercredi 18 février 2015

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Article paru le 10 février 2015 sur Feminin Bio.

Mercredi 28 janvier 2015, l’Assemblée nationale a voté en lecture définitive la disposition de loi reconnaissant l’animal comme étant un « être vivant doué de sensibilité ». Quelles sont les conséquences de ce changement ?

Grâce à l'amendement déposé par Jean Glavany, l’animal est désormais reconnu comme un « être vivant doué de sensibilité » dans le Code civil. Mais ce changement a surtout une portée symbolique. En effet, aucun statut de l’animal n’a été créé. 

Une portée symbolique qui cristallise les résistances
Les échanges qui ont eu lieu à l’Assemblée nationale en disent long sur les résistances exercées face à tout ce qui pourrait menacer l’exploitation des animaux.
Le député Marc Le Fur a estimé ainsi que cette validation intervient « au moment même où des efforts considérables ont été réalisés en faveur du bien-être animal. J’en veux pour preuve ce qui s’est passé avec les porcs et les truies, qui sont désormais libres de leurs mouvements dans leurs stalles, ou encore avec les poules pondeuses, dont l’espace s’est sensiblement élargi, passant à 700 centimètres carrés alors qu’elles étaient auparavant très confinées ». Une déclaration qui laisse perplexe lorsqu’on sait que les éleveurs peuvent encore maintenir les truies en stalle individuelle jusqu’à 4 semaines après l’insémination, ce qui finit par représenter la moitié de leur vie. Quant aux millions de poules pondeuses en batterie, leur espace de vie, auparavant équivalent à la surface d’une feuille A4, s’est « sensiblement élargi » depuis la réforme de 2012 de la superficie de… deux tickets de métro.
De son côté, tout en admettant que « nul ne conteste la nécessité de lutter contre la cruauté et la maltraitance à l’égard des animaux », le député Philippe Gosselin s’est inquiété des conséquences de cet amendement sur l’élevage, l’industrie, la chasse à courre et l’expérimentation animale. Un fantastique grand écart révélateur d’une société qui accorde à la fois aux animaux le statut d’« êtres vivants doués de sensibilité » mais qui s’avère, pour l’heure, incapable ne fut-ce que d’envisager d’abolir des pratiques cruelles envers ces mêmes êtres.
Accusé de n’avoir pas consulté les professionnels des filières agricoles et industrielles, les chasseurs et les laboratoires, Jean Glavany a rappelé que le règlement de l’Assemblée nationale a été respecté à toutes les étapes de la procédure, et que des mois de débats ont précédé la validation de son amendement. Il souligne même avoir « eu une conversation avec le président de la FNSEA, parce qu’il est vrai qu’il existait une inquiétude, et celle-ci a été ainsi balayée ».
Des textes à faire respecter
Et il serait effectivement illusoire d’attendre de cette reconnaissance juridique des conséquences pratiques sur le traitement des animaux. L’article L214-1 du Code rural a beau stipuler depuis 1976 que « Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce », il est évident qu’il n’a jamais été sérieusement pris en compte ni dans les pratiques ni dans le droit. 
Cet article exprimait pourtant un souci de protection, le début d’une prise de conscience que les conditions de vie des animaux domestiques doivent répondre à certains impératifs, que l’humain se doit de respecter. Mais l’élevage, régit par ce Code, autorise des pratiques comme le gavage, la castration et l’écornage à vif, la séparation des mères et de leurs petits, le broyage des poussins vivants, l’entassement des animaux par milliers dans des hangars fermés et le fait d’être tué à la chaîne. L’association L214 a même choisi son nom pour mieux souligner l’existence de cet article essentiel et jamais appliqué.
Quant aux animaux sauvages, leur caractère d’êtres sensibles n'est pas reconnu dans le Code de l'environnement (qui régit notamment la chasse) et, surtout, ces derniers ne sont pas protégés des mauvais traitements.
Une avancée vers un monde meilleur
Il reste cependant l’espoir que cette avancée juridique, même symbolique, relance le débat public sur la place accordée aux animaux dans notre société. Pour la Fondation 30 millions d’Amis, « la réforme va permettre de créer un gisement de synergies entre le droit civil et le droit pénal, ou le droit rural, qui au cas par cas et petit à petit, bouleversera l’ensemble du droit animalier ».
Cet amendement s’inscrit en tous cas dans un lent mais perceptible changement de notre façon de voir les animaux ; d’ailleurs, il fait suite à une pétition lancée par la Fondation 30 millions d’amis et qui a récolté en deux ans plus de 800 000 signatures. Et pour une fois, les lobbies de la chasse et de l'élevage n’ont pas réussi à torpiller une décision favorable aux animaux, ne fut-ce que symboliquement. Pour Jean Glavany, l’amendement 59 « est une avancée modeste en termes de droit, mais de grande portée symbolique. Et le droit peut aussi, de temps en temps, relever du symbolique pour faire avancer les idées ».
Cet amendement constitue de fait un nouveau jalon sur la longue route qui mène à une réelle prise en compte des intérêts des animaux, qui ne devraient pas être exploités comme des machines mais respectés comme les êtres sensibles qu’ils sont.

Bannière La cruauté envers les animaux ne s’arrêtera pas tant que nous continuerons de manger de la viande

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Dans un article publié le 3 février 2015 dans The Guardian, Peter Singer, auteur de La libération animale, fait le point 40 ans après la publication de son ouvrage majeur. Il réagit notamment à la diffusion d'une vidéo faite par Animal Aid, une association militante, filmée en Angleterre dans un abattoir où il a été constaté des actes de cruauté sur des animaux. Pour Peter Singer, tant que nous continuerons à consommer de la viande, ces actes de maltraitance demeureront inévitables. Voici la traduction de cet article par Kévin Barralon. Merci à lui.


Lorsque j’ai publié La Libération animale, j’espérais que 40 ans plus tard, il n’y aurait plus d’abattoirs — et qu’il n’y aurait plus, également, d’histoires dans les journaux au sujet d’atrocités comme celle d’un abattoir dans le nord de l’Angleterre. Les arguments contre l’oppression que nous exerçons sur les animaux me semblaient si évidents et irréfutables qu’il était certain qu’un puissant mouvement allait émerger, reléguant ces abus dans l’histoire, à l'instar du mouvement anti-esclavagiste qui a mis fin à la traite des noirs.

Du moins, c’est ce que j’imaginais dans mes moments les plus optimistes (ou naïfs). Dans mes moments les plus pessimistes (ou réalistes), j’ai compris l’immensité de la tâche qui consiste à changer des habitudes aussi profondément enracinées que manger de la viande et transformer des points de vue aussi prépondérants que le spécisme. Plus de 200 ans après l’abolition de l’esclavage, le racisme est toujours là. Et même l’esclavage, alors qu’il est partout illégal, existe toujours. Comment ai-je pu m’imaginer que mettre fin au spécisme et à l’esclavage des animaux serait plus facile que mettre fin au racisme et à l’esclavage d'êtres humains ?

Dans le contexte de ces hypothèses les plus réalistes, nous pouvons déplorer le fait que les animaux soient toujours maltraités à grande échelle. Mais il ne faut pas désespérer. Dans de nombreuses régions du monde, y compris en Europe et aux Etats-Unis, il y a eu d’énormes progrès vers un changement d’attitude envers les animaux. Un mouvement puissant pour la défense des animaux a vu le jour, et ça a fait une différence pour des milliards d’animaux.

En 1971, lorsque quelques étudiants et moi avions mis en place un écran à Oxford pour montrer aux passants comment leurs œufs et leur veau sont produits, les gens nous demandaient si nous imaginions réellement que nous pourrions gagner face à la puissance politique et financière de l’industrie agroalimentaire. Mais le mouvement pour les animaux a remis en cause cette industrie avec succès, cette dernière ayant dû réaliser des réformes dans toute l’Union européenne qui exige désormais que les animaux d’élevage aient plus d’espace et de meilleures conditions de vie. Et des changements similaires sont intervenus de la même manière en Californie. Certes, ces changements sont encore loin de rendre la vie des animaux d’élevage décente, mais ils constituent une amélioration significative par rapport aux pratiques courantes avant les réformes.

Le nombre de personnes qui ont complètement arrêté de manger des animaux ou ont réduit leur consommation de viande pour des raisons éthiques est peut-être encore plus satisfaisant. Dans les années 1970, pour être végétarien il fallait être excentrique — pensée reflétée dans le nom de ce qui était alors le meilleur restaurant végétarien, Cranks ( = personnes excentriques). Si vous utilisiez le terme « vegan », vous obteniez invariablement un regard vide et vous deviez expliquer ce que cela signifiait.

Malgré tout cela, il est probablement vrai qu’il y ait plus d’animaux encore qui souffrent de la main des hommes qu’auparavant. C’est parce qu’il y a plus de gens riches dans le monde qu’auparavant, et le fait de satisfaire leur demande en viande signifie un vaste développement d’élevages industriels, plus particulièrement en Chine. Mais, le fait de voir dans cela une preuve que les défenseurs des animaux n’ont pas fait de progrès reviendrait à dire que, parce qu’il y a plus d’esclaves dans le monde aujourd’hui qu’en 1800, le mouvement anti-esclavagiste n’a pas fait de progrès. Avec une population mondiale qui a été multipliée par sept depuis 1800, les nombres ne nous expliquent pas l’histoire intégralement.

Les progrès ne sont jamais définitifs. Il y a toujours des périodes où nous avons l’impression que les choses stagnent, ou même que nous régressons. Périodiquement, des articles nous parlent, par exemple, du retour de la fourrure. Mais je doute que la fourrure ait jamais été aussi indiscutablement acceptée qu’il y a 40 ans en arrière. Le fait que les journaux nous exposent largement des faits au sujet de maltraitance d’animaux destinés à l’alimentation dans certains abattoirs est lui-même un progrès.

Dans le même temps, il y a une leçon simple à tirer des vidéos réalisées par les enquêteurs d’Animal Aid (une association qui milite pour les droits des animaux et qui a filmé les actes de maltraitance précités dans un abattoir en Angleterre) : si vous transformez les animaux en choses à utiliser et que vous donnez aux travailleurs le contrôle total sur ces derniers, il ne sera jamais possible de stopper l'existence de ce genre d’abus montrés dans les vidéos. Licencier un ou deux travailleurs fera d’eux des boucs-émissaires. Le problème n’est pas un ou deux salariés, ni la pratique de l’abattage halal, mais le système, et le système ne changera pas jusqu’à ce que les gens arrêtent d’acheter de la viande.


La vidéo d'enquête d'Animal Aid :


Bannière Romain : boulanger, sportif, vegan et militant pour les animaux

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Très engagé aux côtés de L214 pour défendre les animaux, Romain a accepté de répondre à nos questions. Nous allons enfin percer son secret : comment parvient-il à concilier sport intensif, travail, vie de famille et militantisme tout en étant vegan.

En juin 2014, tu as participé au Grand Raid du Golfe, tu peux nous en dire plus ?

C’est une grande boucle de 177 km avec un dénivelé de 1500 mètres, à parcourir en allure libre, incluant une traversée en bateau semi-rigide de 10 minutes. On court de jour et de nuit autour du Golfe du Morbihan (Bretagne), et le temps maximum est de 42 h.
J’ai testé l’alimentation végétarienne pendant l’entraînement du Grand Raid du Golf : eh bien, je me suis senti vraiment bien et je récupérais beaucoup plus vite. Or, si tu récupères plus vite, tu peux t’entraîner d’avantage et mieux, donc être plus performant.
J’ai toujours été très sportif et je mangeais pas mal de viande, beaucoup de poissons, des produits laitiers, des œufs… J’aimais ça et j’étais vraiment accroc ! J’ai même testé à une époque les poudres protéinées animales : ce sont de vraies saloperies pour le corps. Je mange toujours beaucoup de protéines, mais maintenant je les trouve en abondance dans les légumineuses. Je fais pas mal de musculation, de la course à pied, de la boxe, j’essaie d’être bon dans plusieurs domaines et avec l’alimentation que j’ai aujourd’hui, c’est vraiment super ! Je mange bien et mieux, beaucoup plus de légumes, des graines germées, des céréales complètes…

"Dans ma tête, je me sens bien aussi et c’est important :
je suis content de ne plus manger de produits laitiers ni d’œufs,
je me dis que j’épargne pas mal de vies."

Il y a pourtant des gens qui ne me croient pas, surtout quand ils voient tout le sport que je fais. Pour eux, ce n’est pas possible, ou bien ils pensent qu’à défaut de steak je consomme des protéines animales en poudre, ce genre de choses.
Après, je reste quand même dans la catégorie amateur : ok, j’ai fait un trail de 177 km, mais je ne suis pas un professionnel*. J’ai aussi un travail et une vie de famille – nous avons un enfant de deux ans – auxquels je consacre beaucoup de temps.

Parle-nous de ton travail

J’ai une boulangerie-pâtisserie Aux délices de Billy, ouverte six jours sur sept. Je me lève à 2h30 du matin, et s’il n’y a pas trop de travail je termine vers midi. Quand il y a beaucoup de travail, par exemple le samedi, je me lève à 2h ou même avant, à 1h30, et je termine à 16h ou 17h.
Quand je m’entraînais pour le Raid, je commençais à bosser vers minuit ou une heure, comme ça je finissais vers 10h et je pouvais aller courir trois ou quatre heures sur des distances allant jusqu’à 50 km. Je dors en moyenne quatre heures et demie par nuit plus une petite sieste l’après-midi, quand j’ai le temp.
Nous sommes installés dans cette boulangerie depuis quatre ans et demi, et au début on n’était pas du tout sensibilisé aux conditions de vie des animaux. Depuis l’année dernière, je remets en question tout ce que je fabrique, et progressivement, je diminue ou remplace par des produits végétaux ce qui provient des animaux : crème fraîche, beurre, lait… Dans ma boulangerie, j’ai aussi mis des tracts et des autocollants de L214 concernant les œufs, le foie gras, des dépliants de l’association… Mais je passe encore entre 300 et 400 œufs par semaine. Avant, je prenais des œufs de poules en cage, maintenant je prends du code 2 (poules au sol), mais malgré toutes mes recherches je ne trouve pas d’éleveur bio ou plein air qui puisse me livrer. On aimerait transformer la boulangerie en un lieu végane, mais c’est un projet qui demande du temps.
Cette année, pour Noël, je propose une bûche végane : « la L214 » (mousse fruits rouges, crème légère vanille, moelleux coco et génoise amande). J’ai aussi, à l’année, un gâteau sport végétalien et des truffes 100% végétales.

En janvier, ce sera au tour de toutes mes galettes des rois d’être végétaliennes, et je reverserai à L214 5 % de la recette totale de mes ventes de galettes.

Tu dis que tu as envie de revendiquer le fait de ne plus manger d’animaux, c’est-à-dire ?

Quand ma compagne et moi avons adhéré à L214, en octobre 2013, on ne connaissait personne de végétarien et on s’est sentis vraiment seuls. Puis on a rencontré Bérénice de L214, on a fait quelques actions, puis j’ai fait des galettes végétaliennes et on s’est retrouvés à cent trente personnes à la boulangerie ! Suite à ça, j’ai organisé un repas végétalien à Vannes, chez un restaurateur, et de là est parti tout le reste. On organise notamment des VegOresto à Vannes, et ça marche bien, il y a des gens qui viennent aux repas pour découvrir le végétalisme, on discute bien ! Je participe aussi à des tractages, des actions de rues : si j’avais le temps, j’aimerais faire beaucoup plus, aider les animaux et ne plus du tout utiliser de produits animaux dans ma boulangerie.
En janvier ou février prochain, je devrais passer à Thalassa, dans une émission sur le Golfe du Morbihan. L’émission s’appuie sur trois coureurs pour faire découvrir le lieu, dont moi ! J’ai été filmé à la boulangerie et pendant que je courais avec les couleurs de L214. J’avais d’ailleurs fait faire un T-shirt de sport orange avec le logo de l’association, et j’ai fait tout le raid comme ça. Sur les premiers kilomètres, j’avais aussi un grand drapeau L214. Avec un peu de chance, cette séquence passera aussi à Thalassa !

 

"On peut tous avoir un impact à notre niveau,
et tant pis si on dérange : il faut ouvrir le débat !"

Au boulot, j’écoute Europe 1, et il y a environ deux mois la question d’une émission était « doit-on devenir végétarien ? ». J’ai sauté sur le téléphone et gros coup de bol, je suis passé à l’antenne en direct. Je me suis présenté et j’ai parlé de L214 : toutes les occasions sont bonnes pour parler de l’association.
Ce qui me manquait c’était l’information, et cette info, elle ne vient pas toute seule. C’est pour ça aussi que L214 est très important, parce qu’elle va vers les gens. Au fond de nous, on sait que les animaux sont tués dans les abattoirs, on sait qu’ils souffrent, mais on ne réagit pas. Avant, manger de la viande, c’était le bonheur pour moi, mais maintenant je regrette vraiment de ne pas avoir ouvert les yeux plus tôt.

Comment as-tu décidé d’arrêter de manger les animaux ?

C’est grâce à ma femme. Elle a lu No Steak d’Aymeric Caron, elle m’en parlait mais je m’en fichais à l’époque. Et puis un jour, j’ai eu envie de le lire, je l’ai commencé et dès le lendemain, la viande c’était fini. J’avais ouvert les yeux ! On a alors décidé d’arrêter de manger des animaux tous les deux pour que ce soit plus facile. J’ai pris le temps de faire mûrir les choses, de me renseigner. Et quitte à faire les choses, autant ne pas les faire à moitié. J’ai compris que les produits laitiers c’est aussi de l’exploitation animale – mais le fromage, qui n’aime pas ça ? J’ai toujours des envies de fromages, mais je pense tout simplement aux animaux et je passe au-dessus. Je pourrais éventuellement encore manger des œufs puisque mes parents ont quelques poules, mais pour moi la page est tournée : je ne mange plus les animaux ni ce qui vient d’eux, c’est comme ça, c’est normal maintenant.

"Je ne mange plus les animaux ni ce qui vient d’eux,
c’est comme ça,
c’est normal maintenant."

En l’espace d’une année, ma femme et moi avons ouvert les yeux et c’est aussi un gros chamboulement dans notre vie, parce qu’on a remis en question toute notre alimentation et ça a aussi un impact sur notre travail. Comme on a eu envie de revendiquer le fait de plus manger d’animaux, on s’est rendu compte que c’est souvent un sujet tabou, avec la famille surtout ce n’est pas toujours évident… Avec les copains, on discute beaucoup mais ça créé aussi des polémiques. On ne s’attendait pas à ça, d’ailleurs, il y a seulement deux ans, je ne me serais pas vu ne plus manger de viande !
Et puis, je m’étais promis que dès que je franchirais la ligne d’arrivée du Raid du Golfe du Morbihan, je deviendrais végétalien, et j’ai bien sûr tenu parole. Je fais attention à tout ce que j’achète : les vêtements, les produits ménagers, les cosmétiques (même si je n’en utilise pas beaucoup) et l’alimentation bien sûr. C’est simple : je ne me sers plus des animaux !

* Romain a terminé 115 sur 591 participants, avec un temps de 24:50:07.

Propos recueillis par Clèm pour L214