Bannière « Cerise n’ira pas à l’abattoir. » Mais ses veaux, oui !

« Cerise n’ira pas à l’abattoir. » Mais ses veaux, oui !


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Cerise, la vache « mascotte » du Salon de l’agriculture, ne devrait pas être envoyée à l’abattoir. Mais ses veaux n’y échapperont pas.

Bonne pâte, Cerise s’est laissée approcher et caresser par des milliers de mains inconnues. Ses grands yeux doux ont croisé le regard de centaines d’enfants émerveillés d’approcher une vache si belle. Quantité de photos et de selfies ont à jamais marqué cette rencontre amicale avec cette gentille vache, qui a patiemment enduré tout cela pendant des jours entiers. Cerise a été tellement appréciée que son éleveur, Joël Sillac, affirme aux journalistes : « Elle a été tellement caressée et photographiée, devenue une icône du Salon, que je ne peux pas la laisser finir à l'abattoir ». Cerise serait sauvée, rendant ainsi apparemment caduque la pétition destinée à la sauver de l’abattoir.

Pourtant, la pétition précise que : « Si Cerise ne sera pas envoyée à l'abattoir immédiatement, c'est parce qu'elle est "reproductrice". Cerise est donc utilisée pour être une machine à faire des veaux. Ses petits seront envoyés à l'abattoir ou deviendront des reproducteurs également. » Pour que Cerise échappe à cette exploitation, il est demandé qu’elle soit confiée à un refuge végane.

Affiche du salon de l'agriculture avec une photo de Cerise

Cerise est une vache de race bazadaise, une race rustique, dont les animaux « valorisent très bien les fourrages grossiers », ont de « faibles besoins d’entretien » et s’adaptent facilement à tous types de sol et aux alpages estivaux. En plus, les vaches vêlent facilement et sont fertiles. Bref, les Bazadaises ne coûtent pas bien cher à l’entretien et elles rapportent. Car l’éleveur de Cerise a beau s’en défendre en déclarant : « Je ne peux pas faire de l’argent avec une bête qui m’a tant donné », mais donné quoi ? De l’argent justement, grâce aux six veaux que Cerise a déjà mis au monde, six veaux en huit ans, pourquoi envoyer à l’abattoir une vache si productive, susceptible de produire encore de nombreux petits steaks ? En plus, Cerise a, bien malgré elle, contribué à la promotion de cette viande recherchée.

Ne nous leurrons pas, les Bazadaises ne sont pas élevées pour leur gentillesse ou leurs beaux yeux, mais bien pour leur chair, « persillée si parfumée et qui commence à être recherchée par les consommateurs avertis ». Les vaches Bazadaises sont élevées par « amour » des veaux de boucherie (tués vers 4 mois), des broutards (tués entre 5 et 7 mois), des bœufs (castrés et tués à partir de 36 mois), des taurillons (tués après 7 mois) et des vaches de boucheries (tuées parce que stériles, indésirées ou épuisées après de nombreux vêlages). La viande des veaux de boucherie est d’ailleurs particulièrement recherchée.

Car si vaches, cochons, poules, lapins, moutons viennent au monde par millions, c’est uniquement pour être tués, très jeunes dans l’immense majorité des cas, à quelques semaines ou à quelques mois.

Graphiques représentant l'âge auquel les animaux sont tués pour être mangés

Cerise échappera peut-être à l’abattoir, mais pas ses veaux, et elle continuera à être exploitée, à moins de rejoindre un refuge végane. C’est bien rare qu’une vache soit épargnée ; Joël Sillac se souvient avoir gardé en 1993 – il y a donc 23 ans – une autre vache, Dany, elle aussi rescapée du Salon de l’agriculture. Mais combien de centaines de veaux et de vaches a-t-il, en 23 ans, envoyés à l’abattoir ?

Faire naître uniquement pour tuer a quelque chose de terriblement obscène, et il est plus que temps de repenser notre rapport aux animaux. De les laisser vivre pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’ils « donnent », c’est-à-dire ce qu’on leur vole – veaux, lait, œufs, viande.

Les refuges nous prouvent qu’une cohabitation pacifique avec les animaux d’élevage est possible, et choisir de ne pas les manger est une façon très efficace de les épargner. Pour Cerise, pour ses petits, n’attendons pas et végétalisons notre alimentation, dès le prochain repas !