Bannière Témoignage • Cécile : épargner les agneaux de Pâques

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Après avoir visité un abattoir en avril 2012 lors de ses études d’agronomie, Cécile a arrêté de manger les animaux. Aujourd’hui végane et militante pour la cause animale, elle nous livre le témoignage poignant qu’elle a écrit un an après sa visite. Les agneaux la remercient !

Nous étions en Haute-Loire, la semaine juste avant Pâques. C’était une semaine d’“enquête départementale”, comme cela s'appelait, une semaine où nous étions amenés à rencontrer différents acteurs du secteur agricole d’un département, pour en comprendre les enjeux.

Quand l’occasion s’est présentée de visiter un abattoir, je me suis tout de suite portée volontaire. Je voulais savoir ce qu’il s’y passe, et comment cela se passe. En fait, j’étais tout simplement intriguée par cette étape de “fabrication” dont on ignore tout ou presque, même en école d’agronomie.

Je dois avouer que je n'appréhendais pas particulièrement cette visite. Pour vous dire, je crois que j’étais à peu près dans le même état d’esprit que le jour où j’ai visité une usine de production de yaourts !

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Avril 2012, la semaine précédant Pâques

"Nous sommes 7 dans la voiture de location.

Au fur et à mesure que nous approchons de l’abattoir, l’ambiance plutôt joyeuse au départ s’alourdit peu à peu. Je ne comprends d’abord pas bien pourquoi les autres se taisent. Puis l’odeur commence à apparaître. Une odeur âpre, celle de la mort et du sang. Je prends conscience, tardivement, que je vais assister à une tuerie. Lorsque nous descendons de voiture, personne ne dit un mot. Je me demande soudain pourquoi je suis venue. Je suis le groupe à reculons. Au-dehors, l’odeur se fait plus prégnante, la peur et le sang se mêlent étrangement.

Nous entrons.

Une secrétaire nous accueille. Des gens circulent. Nous sommes dans la partie administrative de l’abattoir, mais ça sent déjà la mort à plein nez. Je repère quelques gouttes de sang sur les murs. Des ouvriers massifs déambulent avec de grandes bottes blanches tachées de sang.

J’ai maintenant clairement peur.

Nous enfilons nos tenues : charlotte, combinaison, protèges-chaussures. Je tremble.

Je me sens devenir pâle. Instinctivement, j’ai envie de fuir.

Je continue de suivre le groupe à reculons. Je suis la dernière de la file. La grande porte métallique s’ouvre. L’odeur de mort devient suffocante. Le premier entre, puis le deuxième... le troisième... le quatrième… Je les regarde, pétrifiée. Ça va être mon tour.

Je m’approche le coeur battant. Je passe la tête dans l’embrasure de la porte, juste assez pour voir ce qu’il se passe.

Ce sont les hurlements des agneaux qui m’horrifient d’abord.

On nous explique que ce sont des agneaux de Pâques, je n’écoute même pas.

Les jeunes agneaux, parqués entre des barrières métalliques, sont pris de panique. Ils s’épuisent à hurler toujours plus fort en essayant de s’échapper coûte que coûte. Ils se grimpent dessus les uns les autres pour tenter de franchir les barrières, se blessent, hurlent encore plus fort. L’odeur de mort insoutenable, c’est celle de leurs semblables.

Moi, je n’ai toujours pas fait un pas. À l’abri, sidérée.

Avec une dernière lueur d’espoir dans les yeux, un agneau m’implore du regard.

C’en est trop, je prends la fuite. Je referme la porte et rebrousse chemin à toute vitesse. Je rends ma tenue. Je lance un regard noir à la secrétaire qui marmonne à mon passage, froide, impassible, sans doute usée par ce métier sordide : “ah oui, y en a qui craignent hein...”, avant de laisser échapper un soupir réprobateur.

Sur le moment, trop occupée à fuir le plus rapidement possible, je ne relève pas. Mais ses paroles, cet abominable euphémisme “craindre” (mais craindre quoi au juste ? craindre la peur et la mort ? craindre la souffrance d’autrui ?) résonnent ensuite dans ma tête pendant de longues minutes, qui deviendront ensuite des jours et des mois…

Je sors. Je suis en état de choc, incapable de prononcer le moindre mot.

Je rejoins mon amie Gwénaëlle dans la voiture. Accablée par l’odeur et les cris dès le parking, elle n’avait pas réussi à entrer dans le bâtiment. On pleure, sans un mot, pendant une bonne demi-heure, dans les bras l’une de l’autre. On réussit enfin à sortir de voiture. On marche loin, le plus loin possible, pour ne plus sentir la mort.

Je commence, sans le savoir, la première phase d’un deuil qui sera long. Le deuil de tous les individus à qui j’ai ôté la vie en 20 ans d’existence. Tous ces êtres, sensibles, intelligents, qui n’avaient pas envie de mourir. Je n’ose même pas imaginer combien ils sont.

Mes larmes sont intarissables. Au bout d’une heure, peut-être deux, nous revenons vers l’abattoir. Les autres ont fini la visite.

Nous avons rendez-vous avec le directeur. On me dit de venir, que ça peut être intéressant. Je suis le groupe, toujours sans un mot. Je ne réussis pas à les regarder en face, les autres. Ceux qui y sont allés, qui ont vu, et que ça n’ébranle pas le moins du monde. Dans le bureau du directeur, mes jambes fléchissent de nouveau. Je ne capte que quelques bribes de conversation.

J’entends un de mes collègues s’étonner d’avoir vu le directeur travailler sur la chaîne avec les ouvriers pendant la visite. Et celui-ci de répondre avec humour : “Vous avez déjà entendu parler de sadisme animal ? Quand il manque un employé, je vais me faire plaisir sur la chaîne ! (rire)”

Mais comment peut-on rire de ça ?

Là encore, c’en est trop pour moi. Je quitte le bureau brusquement pour m’effondrer à l’extérieur. Je ne rentrerai pas de nouveau. Je ne participerai plus à ce massacre. Voilà ce que je me suis promis ce jour-là. ”

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Sur les six étudiants présents ce jour-là, nous sommes deux à ne plus manger les animaux. Et vous, ouvrirez-vous les yeux ?

 

Aller plus loin :

L’abattage des agneaux à Mauléon-Licharre (2016)

L'alimentation végétale en pratique


Bannière 10 bonnes raisons d’arrêter de manger de la viande dès aujourd’hui ! On y va ?

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Chaque année, le 20 mars, la Journée internationale sans viande est l’occasion de rappeler que nous sommes de plus en plus nombreux à choisir de ne pas en consommer. Et toi, t’en es où ? Découvre 10 raisons d’arrêter la viande dès aujourd’hui !

 

1. Parce que les animaux nous ressemblent
 

Tu le sais : les animaux sont des êtres sensibles. Comme nous, ils éprouvent des émotions telles que la joie ou la tristesse, et ressentent la douleur, le plaisir, et une multitude de sensations. Prenons le temps de les connaître : ils sont la raison number one pour laquelle on devrait manger autrement ! Il suffit de voir cette vidéo dans laquelle un chevreau imite une petite fille pour voir à quel point les ressemblances sont frappantes !
 

 

2. Parce que les animaux ne devraient pas être maltraités
 

En France, 80 % des animaux grandissent en élevage intensif. Poulets entassés dans des hangars, cochons élevés sur du béton, poules pondeuses enfermées dans des cages… une majorité d’animaux vivent une vie de misère, où souffrance et ennui sont les maîtres-mots.

Le petit éleveur bio du coin ? Le broyage des poussins, la castration à vif des porcelets, l’écornage des veaux, la coupe des becs des poules sont des pratiques routinières aussi bien en élevage conventionnel qu’en bio ou en local.
Et en plus, les animaux sont tous tués dans les mêmes conditions.

Voir nos enquêtes en abattoirs

 

3. Parce que les animaux tiennent à la vie
 

Avec ou sans étourdissement, l’abattage des animaux est toujours source de grandes souffrances : crâne perforé avec un pistolet à tige perforante, électrocution, gazage au CO2, égorgement à vif… l’être humain ne manque jamais de créativité quand il s’agit d’exploiter les plus faibles ! Qu’importe la méthode, l’issue reste la même : c’est la mort, la terreur et la souffrance qui attendent les animaux derrière les murs des abattoirs.
On t’a déjà dit : « Ils sont nés pour ça » ? Ça leur fait une belle jambe ! Les animaux sont vivants et tiennent à le rester. Sur les images de nos enquêtes, nous voyons des animaux qui résistent, qui cherchent à s’échapper, qui refusent de mourir. Agissons pour eux en refusant de les manger !

Voir notre enquête à Mauléon-Licharre

 

4. Parce qu’on peut vivre en bonne santé sans viande
 

« Et les protéines alors ? » C’est la question classique qui revient lorsqu’on aborde le sujet du véganisme. Curieux, non, quand on sait que les ​sources  ​de​ ​protéines​ ​dans​ ​l’alimentation ​végétale​ ​sont​ ​nombreuses et fiables ? Les céréales, les légumineuses, les oléagineux, le tofu, le seitan et les similicarnés sont de bonnes sources de protéines : aucun risque d’en manquer !
Désormais, toutes les preuves sont là pour affirmer qu’on peut vivre en parfaite santé sans manger de viande, ni aucun produit d’origine animale. À côté de cela, on nous apprend depuis l’enfance qu’il ne faut ni maltraiter ni tuer sans nécessité. Tu fais le lien ?

Impressionne ton médecin en devenant vegan !

 

5. Parce que la cuisine vegan, c’est la vie
 

On peut tout cuisiner vegan. Tout. Ton hamburger te manquerait ? Heureusement, on y a pensé : il est tout à fait possible de faire un burger à base de lentilles, de haricots, de pois chiche – de ce que tu veux, en fait ! Tes pâtes carbo te manqueraient ? Ça tombe bien, on peut aussi les faire vegan ! Tous tes plats préférés peuvent se cuisiner sans viande, tous : un peu d’inventivité et de curiosité, et le tour est joué !
Mousse au chocolat, crêpes, tartes et gâteaux : et si c’était même meilleur vegan ? On parie ?

Tiens, des recettes végétaliennes et savoureuses !

 

6. Parce que manger sans viande fait du bien au portefeuille – et au moral !
 

Manger vegan, c’est cher ? Manger vegan, c’est compliqué ? Eh bien non ! Les pois chiches coûtent bien moins cher qu’une escalope ou un steak. Au contraire, même, la viande est l’aliment le plus onéreux du panier moyen, et elle représente jusqu’à 20 % du budget des courses, alors que les légumes et légumineuses sont aujourd’hui des aliments très abordables.
Compliqué ? Pas plus qu’un menu omni ! C’est comme tout, il suffit d’apprendre. On s’y met ?

Vegan à petit prix
Livres de cuisine vegan
Découvrir une recette de patates ultraviolente (et pas chère)

 

7. Parce que l’élevage abîme la planète
 

Chaque jour, on fait de petits efforts pour diminuer notre impact sur l’environnement : on éteint les lumières, on trie nos déchets, on veille à notre consommation d’eau... et on en oublierait presque que manger de la viande ça compte aussi, et pas qu’un peu !
On le sait aujourd’hui, l’élevage est la cause de 14,5 % des gaz à effet de serre (soit plus que la totalité des émissions directes du secteur des transports), de 80 % de la déforestation en Amazonie, mais aussi de pollution et de gaspillage de l’eau…
Prendre soin de la planète, c’est changer le contenu de son assiette, et c’est super efficace !

Être écolo, c’est aussi manger vegan

 

8. Parce que la viande nous coûte (trop) cher !
 

Et l’argent, on en parle ? L’élevage est loin d’être un secteur rentable : il est maintenu à flot par de nombreuses subventions, provenant de l’Union européenne comme du gouvernement français. Mais pourquoi l’argent du contribuable subventionnerait-il une industrie néfaste pour les animaux, pour l’environnement et pour les êtres humains... alors que nous pouvons très bien nous passer de viande ? Ne pourrait-on pas utiliser l’argent public autrement ? En subventionnant une transition vers un modèle agricole plus éthique, par exemple ?

Le coût de la viande

 

9. Parce que les humains aussi souffrent des conséquences de l’élevage
 

On n’y pense pas assez, mais l’élevage et l’abattage des animaux ont un impact sur les humains aussi ! Est-ce que tu savais que les deux tiers des terres cultivables sont utilisés pour nourrir les animaux d’élevage, alors que 800 millions de personnes souffrent de malnutrition dans le monde ? L’élevage gaspille des ressources qui pourraient contribuer au bien-être de la population mondiale.
Quant aux professions liées à l’élevage, elles sont extrêmement difficiles et précaires. Les ouvriers d’abattoirs, par exemple, subissent des cadences infernales et des conditions de travail dangereuses et éprouvantes.
Refuser de manger de la viande, c’est aussi agir pour les humains !

Arrêter de manger de la viande pour les humains
Voir le témoignage de Mauricio, ancien ouvrier d’abattoir

 

10. Parce qu’aujourd’hui est une bonne journée pour arrêter !
 

Oui oui, on a bien dit aujourd’hui ! Parce que ça urge : chaque jour, 3 millions d’animaux terrestres et plusieurs dizaines de millions d’animaux marins trouvent la mort dans les abattoirs et les filets de pêche, rien qu’en France. Mais les temps changent : rejoignez les rangs de ceux qui se battent pour la paix !
Aujourd’hui, 20 mars, nous célébrons la Journée internationale sans viande : la date parfaite pour commencer à manger autrement. Prenons notre courage à deux mains et abandonnons la viande, pour un monde meilleur pour tous !

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Rentre dans le game avec le Veggie Challenge


Bannière Doux dans la tourmente

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Au lieu de lancer une véritable politique de transition agricole, le gouvernement s’acharne à tenter de maintenir hors de l’eau un système d’élevage intensif déliquescent et profondément nuisible aux animaux.

Mercredi 14 mars, le Premier ministre Édouard Philippe a indiqué que l'État soutiendra le groupe Doux si « un projet de reprise est crédible commercialement ». Le groupe est en effet en pleine tempête économique et cherche actuellement des repreneurs. Plusieurs plans ont été évoqués, dont les conséquences sur les humains et sur les animaux sont toutes plus catastrophiques les unes que les autres.
Bâtiment d'élevage intensif de poulets

 

Derrière les murs d’un élevage Doux

Cette entreprise ne nous est pas inconnue : en septembre 2017, L214 avait diffusé des images tournées dans l’un des élevages fournissant le groupe Doux. On y voyait des poulets enfermés, entassés et rendus malades par ces conditions d'élevage. Certains poulets, trop affaiblis, parvenaient à peine à se déplacer jusqu’aux points d’eau ou de nourriture. Tous vivaient sur une litière fortement dégradée, le contact prolongé avec ce substrat sale et humide provoquant d’importantes brûlures et lésions de la peau chez les animaux.

Cet élevage n’est malheureusement pas un cas isolé. En France, 83 % des poulets sont détenus en élevage intensif et la stratégie du groupe Doux s’inscrit totalement dans ce modèle.

 

L’élevage intensif de poulets : une vie de souffrance

Les conditions de vie des poulets en élevage intensif sont terribles : claustration à vie, lumière artificielle, animaux entassés… Les poulets sont issus de souches à croissance rapide : ils grossissent tellement vite qu’ils sont abattus au bout de 35 jours seulement ! Leur corps, énorme, a du mal à être supporté par leurs pattes : les poulets peinent à se déplacer et peuvent souffrir de fractures, blessures ou malformations. Le taux de mortalité en élevage est estimé à plus de 4 %, ce qui est énorme pour un cycle de vie aussi court.
Jeune poulet dans un élevage intensif

 

Vers un changement de modèle ?

Les salariés et sous-traitants sont directement impactés dans leur quotidien par ce modèle économique. Le groupe Doux fonctionnant par contrat d'intégration, les 300 « éleveurs partenaires » sont ici dans une situation de dépendance extrêmement forte vis-à-vis de l’entreprise.

La politique court-termiste du gouvernement qui consiste à maintenir hors de l’eau ce système est irresponsable et injuste, aussi bien pour les employés que pour les animaux. L’État a la capacité et le devoir d’aider à la reconversion des salariés des groupes en difficultés.

Entasser les animaux, exiger des éleveurs un rythme de production soutenu, soumettre les salariés d’abattoirs à des cadences toujours plus élevées… cette politique des prix bas a un coût éthique inacceptable. Coût que les Français refusent de plus en plus de cautionner puisque 90 % se déclarent aujourd'hui défavorables à l'élevage intensif.

Le modèle agricole français est en crise et il devient urgent de tirer les leçons de ces dernières années en accélérant la transition agricole au lieu de soutenir un système intensif injuste et à bout de souffle.