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Enquête à l’abattoir de Mauléon-Licharre : le procès s’ouvre le 17 septembre à Pau

  • Article du Vendredi 14 septembre 2018

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Il y a deux ans, L214 révélait des images insoutenables tournées dans l’abattoir certifié bio de Mauléon-Licharre. Le procès qui en découle, en partie basé sur l’enquête de l’association, va enfin se tenir à Pau les 17 et 18 septembre prochains.

 

En 2016, les images de l’abattoir de Mauléon-Licharre avaient profondément choqué l’opinion publique. Animaux tirés par les oreilles ou par la toison, usage de l’aiguillon électrique, coups de pied, coups de crochet sur la tête pour assommer, agneau lancé, agneau écartelé, étourdissements ratés, saignées tardives, animaux saignés conscients… Au total, la liste des infractions est longue, très longue. Le procureur de la République en a retenu pas moins de 195. Et si ce procès a lieu, c’est grâce à l’enquête de L214. Réalisée au mois de mars 2016, juste avant les fêtes de Pâques, elle révélait les pratiques ignobles d’un abattoir certifié bio et qui met en avant le Label Rouge et l’IGP (indication géographique protégée).

À la suite de son enquête, L214 avait porté plainte contre l’abattoir auprès du procureur de la République de Pau pour maltraitances, sévices graves et actes de cruauté. Après examen de l’ensemble des images et des documents fournis par L214 à la justice, le procureur a engagé des poursuites devant le tribunal correctionnel. C’est ce procès, qui mettra en cause la responsabilité pénale de l’abattoir, de son ancien directeur et de quatre de ses employés, qui s’ouvrira le lundi 17 septembre à 9 heures. L214 y sera partie civile aux côtés d’autres associations.

 

Être tué à l'abattoir de Mauléon

 

Rappel des faits

 

Pour l’association L214, l’audience de Mauléon sera l’occasion de faire reconnaître la responsabilité de l’abattoir et de mettre en lumière l’inaction de l’État et des services vétérinaires. Brigitte Gothière, porte-parole de l'association souligne que « ces images ont été captées et diffusées pour rendre visible un système violent qui met à mort 3 millions d’animaux chaque jour en France. Elles ont aussi montré que la réglementation dans les abattoirs ne sert qu’à rassurer les consommateurs : elle n’y est même pas appliquée, aggravant encore les souffrances endurées par les animaux. Ce procès doit sanctionner les infractions, mais aussi être l’occasion de nous interroger sur notre responsabilité collective, sur la légitimité de continuer à tuer des animaux. »

 

Les abattoirs, une question de société

 

Les seuls procès comme celui là s’appuient sur des vidéos diffusées par L214.

En 2016, suite à nos enquêtes, Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, avait ordonné des contrôles dans l’ensemble des abattoirs « d’animaux de boucherie ». Le rapport de cet audit avait révélé que 80 % des chaînes présentaient des non-conformités : aucun procès n’a eu lieu sur cette base.

Le contrôle vidéo, déjà porté début 2017 à l’Assemblée nationale par le député Olivier Falorni, permettrait pourtant que des abattoirs puissent être mis face à leurs responsabilités. 85 % des Français sont favorables à cette mesure. Emmanuel Macron s’était d’ailleurs engagé à la rendre obligatoire lors de la campagne présidentielle. Pourtant, c’est un amendement « poudre aux yeux » qui a été voté par les parlementaires sous l’impulsion du gouvernement en mai 2018 : le contrôle vidéo pourra être mis en place dans les abattoirs mais seulement à titre expérimental et sur la base du volontariat !

Au delà de l’aspect réglementaire, soulignons qu’on demande l’impossible aux ouvriers d’abattoir : tuer avec douceur et respect des êtres qui ne veulent pas mourir, qui résistent autant qu’ils le peuvent. Si les ouvriers doivent répondre de leurs actes, ils n’ont pas à porter la responsabilité de ce système violent. Les différentes enquêtes menées par ailleurs ont montré que la violence des abattoirs s’exerce aussi sur eux. En marge de ce procès, ce qui doit être interrogé, c’est notre responsabilité collective en tant que société qui fait naître, exploite et tue chaque jour en France sans nécessité 3 millions d’êtres sensibles.