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Jonathan répond à Daniel Bernard, auteur d'un dossier sur le végétarisme dans le magazine Marianne (à lire ici.). Cet article à charge en a fait bondir plus d'un depuis le début de l'été&nbsp! La lettre de Jonathan est une véritable réflexion sur les rapports qu'entretient notre société avec les animaux. Il nous parle d'égalité, de justice et démonte les non-arguments d'un journaliste peu scrupuleux.


Remarques préliminaires sur l’article intitulé « les végétariens : une nouvelle famille idéologique »

Magazine Marianne

Fin juin est paru un article présentant le végétarisme comme une nouvelle
idéologie, comme un mouvement tendance, à la mode. Mais pour quiconque souhaitait y trouver un
sujet traité sérieusement, ce fut le choc à cause de l’absence de réflexion de l’article. En quoi est-ce
une idéologie ? Rien n’est dit à ce sujet. Qu’y a-t-il dans cet article ? Qu’apprend-t-on ? Absolument
rien, rien d’autres que des figures de styles ironiques en guise d’argument durant six pages. Ironiser
n’est pas produire un argument, mais juste paraître savant en employant des mots compliqués pour
impressionner le lecteur qui ne connaît pas le sujet ; ce n’est pas parce que l’on emploie des mots
compliqués que ce que l’on dit a du sens. D’où la faute commise par l’auteur de « lancer » des idées
graves sans les justifier, sans les fonder. Ce qui désole, c’est le tort causé à ceux qui luttent pour la
cause des animaux, et donc avant tout aux milliards, oui milliards, d’animaux victimes de nos
pratiques chaque année.
On n’y trouve donc rien que des remarques ironiques dénuées de sens, qui
ne traitent pas, même rapidement, de la question pourtant centrale du végétarisme, à savoir la
question morale concernant le statut éthique des animaux, c’est-à-dire la façon dont nous traitons les
animaux et la façon dont nous devrions les traiter. On y apprend seulement que le végétarien serait
un bobo parisien réfugié dans le Marais, ou un maigrelet obsédé des derniers régimes en vogue qui
mangerait des bols d’épeautres et pratiquerait la privation de nourriture pour être anticonformiste.
Telle serait la finalité du végétarien : être à contre-courant. On y voit également l’auteur marqué par
« la supériorité morale » du végétarien, ce qui peut aisément se comprendre après quelques
réflexions sur la nature de la morale. Ce qui désole par ailleurs, c’est le manque de connaissance du
sujet présenté sous des formes pseudo-savantes au grand public : on peut clairement parler de
mensonge, de malhonnêteté intellectuelle. Une simple consultation de la page internet
« végétarisme » sur Wikipédia aurait pu fournir un peu de matière à l’article. Il ne sera pas utile de
reprendre ligne après ligne car cela n’aurait que peu d’intérêt et nous conduirait à rester dans le
même registre que l’article en question.

1 – Ce qu’est le végétarisme

Le minimum d’honnêteté aurait été de dire ce qu’est le végétarisme et présenter les
différentes motivations des végétariens, en ce que ces motivations sont capitales pour déterminer la
prétention à en faire une obligation morale. Il faut distinguer les végétariens éthiques des végétariens
pour des raisons de santé (pour une question nutritionnelle). Les végétariens éthiques refusent que
l’on tue des animaux pour se nourrir (si des alternatives sont possibles, comme c’est le cas dans la
quasi-totalité des communautés humaines) et ne consomment donc pas de viande (ce qui inclue la
volaille et le poisson). Un végétalien ne consomme pas d’aliments issus des animaux (lait, fromage,
crème, gélatine, œufs, etc.), car en plus du refus de la mise à mort d’animaux pour se nourrir, il refuse
l’exploitation des animaux. On appelle vegan le fait de ne consommer aucun produit d’origine
animale (cuir, laine, etc.). Nous regrouperons toutes ces positions sous le terme de « végétarien »
dans le cadre de l’article qui nous intéresse. Les végétariens éthiques condamnent donc toute
utilisation des animaux comme de simples objets et les considèrent comme des fins en soi ayant une
valeur inhérente comme c’est le cas pour chaque être humain, c’est-à-dire le droit de vivre et le droit
à être traité avec respect. Le végétarisme nutritionnel n’a aucun moyen de blâmer le carnivore car il agit au motif d’un critère égoïste consistant à ne pas manger de viande pour son propre bien-être. La
différence est donc de taille avec le végétarisme éthique puisque le végétarisme nutritionnel se
moque, au même titre que celui qui mange de la viande, du sort des animaux. Un tel végétarisme ne
peut donc être moralement prescriptif. Or, à aucun moment de l’article cette distinction pourtant
basique n’est faite. Lorsque vous dites qu’il s’agit d’une « contre-doxa alimentaire [qui] recommande
privation, abstinence et substitution », vous désignez peut-être, si c’est possible de vous comprendre,
les végétariens santés en sous-alimentation. Mais, d’une part, pourquoi se focaliser sur eux dans le
cadre d’un article traitant d’une soi-disant nouvelle idéologie moraliste ? D’autre part, pourquoi
pensez-vous que les végétariens se sous-alimentent ou se privent de manger ?

2 – La question morale centrale et les autres points de vue

A aucun moment cet article contre le végétarisme ne prend le soin d’exposer la question
centrale, à savoir celle du droit des animaux à être traités avec respect, témoignant de l’ignorance
totale de l’enjeu de la question du végétarisme, tant de la part de l’auteur que de toute la rédaction
qui valide et approuve l’article. En effet, si le végétarisme se présente en lutte, c’est parce qu’il s’agit
d’une question morale, et non pas une question de nutrition, d’esthétique (de goût), d’économie,
d’écologie ou de tradition. La première chose à faire est de distinguer les différentes motivations des
végétariens. Certes, la question nutritionnelle est intéressante comme souci de sa propre santé ; c’est
un point de vue prudentiel. Or, s’il y a une lutte pour faire reconnaître des droits aux animaux, c’est
parce qu’il y a des victimes distinctes de ceux qui consomment (ce en quoi consiste la morale, dans le
rapport aux autres) ; la question est celle de nos devoirs envers les animaux. Le problème (formulé de
façon vulgaire) en question est celui-ci : qu’est-ce qui peut justifier que se servir des animaux et les
tuer ne pose pas de problème moral, mais que faire de même avec les hommes est mal ? Sur quelle
base attribuer un droit inaliénable aux hommes mais non aux animaux ? Autrement dit, qu’est-ce qui
peut justifier moralement les souffrances que nous infligeons aux animaux ? Comment devons-nous
nous conduire à l’égard des animaux ? Or, le point de vue moral est déterminé par une justification de
ce qui est moralement juste ou non de faire, valable pour tous, à la différence de la sphère des
motivations qui relève du domaine psychologique et personnel. En tant qu’il s’agit d’une question
morale, les points de vue économiques, esthétiques, écologiques, nutritionnels, biologiques,
historiques et culturels ne peuvent servir d’arguments car le problème est d’ordre éthique, et
l’éthique est ce qui doit être tenu comme la considération première pour déterminer ce que l’on peut
faire ou non.

Nous pouvons établir une hiérarchie des valeurs, c’est-à-dire classer les valeurs qui ont
le plus d’importance, qui viennent en premier pour déterminer si on doit ou si on peut faire telle ou
telle chose. Ainsi, par exemple, les défenseurs de la corrida avancent souvent comme « raison » (car
ce n’est pas à proprement parler une raison) que la corrida est quelque chose de beau. Si tel est le
principe de raisonnement, que ce que nous trouvons beau ala priorité sur ce qui est bien et juste,
alors ce principe doit être valable dans d’autres contextes, ou alors le choix du contexte devient
arbitraire et par conséquent injustifiable. Si le critère esthétique occupait la plus haute place d’une
hiérarchie des valeurs, alors on ne pourrait plus rien condamner sous prétexte que certains trouvent
cela beau ou agréable ou plaisant ; on peut aisément imaginer les actes les plus graves et odieux
échapper à toute condamnation morale car le principe serait que ce que quelqu’un trouve beau,
plaisant ou agréable devient acceptable. Si quelqu’un trouve agréable de violer, alors on ne peut le
condamner, car pourquoi le beau primerait dans un cas mais non dans l’autre ? Or, c’est exactement
ce que nous faisons lorsque l’on dit : « mais un bon steak, c’est trop bon ». C’est pourquoi la valeur
morale est celle qui vient en premier pour déterminer si une pratique est acceptable ou inacceptable.Or toutes les conclusions s’accordent pour dire que consommer des animaux est inacceptable. D’où la
culpabilité de celui qui est conscient de ce fait mais s’en moque, culpabilité que Daniel Bernard
ressent comme « une supériorité morale » insupportable du végétarien.

3 – La nature de la moralité

Cette position se fonde sur des théories morales complexes. Nous préciserons simplement ici
que la moralité concerne le rapport entre les individus. On peut se demander ; qu’est-ce qui fait que
l’on doive respecter autrui et ne pas lui faire de mal ? Le fait qu’il puisse ressentir de la douleur. Le fait
qu’il vive et qu’il ait le droit de vivre car il a des états mentaux complexes (croyances, désirs,
émotions, etc.). Le fait qu’il ait des désirs et des émotions comme la joie et la peur. Autrement dit le
fait qu’il soit « sujet » d’une vie (selon l’expression de Tom Regan). Sinon, quoi d’autre pourrait
compter dans le fait que nous ne devrions pas faire de mal à autrui ? Le droit à être traité avec
respect est le droit de ne pas voir ses intérêts fondamentaux lésés. Mais qui est autrui ? Les blancs ?
Les hommes ? Les êtres humains ? Les êtres sensibles ? Si telles sont les raisons des considérations
des intérêts d’autrui, pourquoi les animaux se trouvent-ils exclus des relations morales ? Si nous nous
accordons pour reconnaître à chacun d’entre nous le droit de vivre, de penser, de croire, de ne pas
être torturé, pourquoi n’accorde-t-on pas ce droit aux animaux dont nous savons qu’ils sont capable
de souffrir, de désirer, de communiquer, d’être terrorisé ou content. Après avoir recherché un critère
permettant de justifier cette différence de traitement, il se trouve que rien n’autorise l’actuel
traitement des animaux. Ce n’est que l’habitude héritée des conceptions philosophiques anciennes et
modernes qui voient en l’homme un être différent par des aspects fondamentaux des animaux, alors
relégués au rang de biens dont nous pouvons disposer. L’absence de critère légitime relève donc de la
discrimination, or toute discrimination se fonde sur un critère arbitraire, c’est-à-dire injustifiable car il
pourrait être autre sans aucune raison.

Toute position morale n’est pas valide et par conséquent il faut pouvoir la justifier (à moins de
défendre une position relativiste, ce que je doute que vous fassiez). La morale se fonde sur les
principes de bienfaisance et de justice. Le premier requiert comme condition nécessaire de moralité
d’éviter le mal et de faire le bien autant que possible (bien qu’ici cette formulation reste vague). Le
second requiert l’égale considération des intérêts de chacun ; il se fonde donc sur le principe d’égalité
qui consiste à traiter semblablement les cas semblables sauf s’il y a une « bonne raison » de ne pas le
faire, une raison non arbitraire et naturelle. Il ne s’agit pas de traiter tout le monde identiquement
mais semblablement, ce que Tom Regan et Peter Singer rappellent dans leurs textes. Or, du fait que
nous partageons de nombreuses choses en commun avec les animaux, et notamment les choses qui
comptent dans les considérations morales (sensibilité, conscience, désirs), quelles bonnes raisons y a-
t-il pour se permettre de tester sur eux nos produits toxiques, de les détenir dans un univers
concentrationnaire misérable et terrifiant afin de se faire un barbecue, de les élever également pour
leur prendre leur peau afin de border des capuches ? Comme la couleur de la peau ne permet pas de
justifier un traitement différent, le « nombre de poils », nous dit Peter Singer, ne permet pas de les
exploiter. Bien sûr, il n’est pas question de donner les mêmes droits aux animaux mais de reconnaître
le droit à ne pas être maltraités, exploités ; des droits spécifiques pour les animaux. Au fondement de
la moralité se trouve donc la justice et la reconnaissance de la valeur de chaque être sujet d’une vie.
Si le cercle de la communauté morale est restreint à l’homme, il convient dès lors de l’étendre au
moins de façon à y inclure les animaux.

Dès lors, bien sûr qu’il y a un mode culpabilisateur car la morale est prescriptive. Ceux qui
condamnent l’exploitation des animaux comme un crime ne peuvent qu’attribuer à ceux qui profitent
du crime le statut de coupables. Il n’y a pas une morale par personne (relativisme individuel) et le
juste n’est pas la loi ou la coutume (relativisme culturel), ce qui reviendrez à nier toute normativité
morale, ce qui j’en suis sûr, ne serait accepté que par très peu de personnes. Comme pour tout crime,
on détermine le degré de culpabilité par le degré d’ignorance de la personne. Beaucoup de
personnes ne se sont jamais posées la question de la condition animale et sont dans une position
d’ignorance à ce sujet, mais pour reprendre l’expression de Bertolt Brecht dans La vie de Galilée, qui
ne sait pas est un ignorant, mais qui sait et ne fait rien est un criminel.

4 – Le spécisme, le racisme et la fondation métaphysique de la distinction homme animal

Vous dites dans votre article que « quelques radicaux assimilent la hiérarchisation des
espèces à la discrimination des races » et « placent l’antispécisme au même niveau de nécessité que
l’antiracisme ». Vous dites donc que la lutte contre le racisme doit avoir la priorité sur la lutte contre
le spécisme, ce en quoi consiste justement le spécisme. L’erreur qui sous-tend ce propos est
l’opposition de deux causes qui ne s’opposent pas. Elle consiste à dire qu’avant de s’occuper du sort
des animaux, il faut s’occuper de celui des hommes. Mais les défenseurs cohérents de la cause
animale font les deux et dénoncent toute forme de discrimination. Ce ne sont pas deux causes
exclusives qui seraient tels des vases communiquants. Cependant, il faut remarquer que tout le
monde s’accorde plus ou moins pour condamner la torture, le meurtre, le viol et toute forme de
crimes perpétrés contre les hommes. En revanche, peu de monde reconnaît aux animaux un droit
propre à chacun, d’où la nécessité de s’attaquer au spécisme, aucune injustice ne doit être remise à
plus tard. L’indignation courante et rhétorique de l’assimilation du spécisme, du racisme, et du
sexisme se traduit souvent par le refus de comparer les esclaves, les juifs des camps de concentration
avec les animaux détenus et exploités dans l’industrie. Ce qui est comparable, ce ne sont pas les
individus mais l’injustice de la condition qui leur est faite à tous. Il ne s’agit pas de dire que les Noirs
et les Juifs sont des animaux, cela est une incompréhension de l’analogie. L’analogie ne compare pas
les termes mais les rapports : il s’agit de la même logique de faire une discrimination, en l’occurrence
ici selon l’espèce, d’où le nom de spécisme. L’antispécisme dit qu’en effet, le traitement réservé aux
animaux est du même genre de gravité que les camps de concentration ou l’esclavage, sauf qu’il est
perpétuel. L’antispécisme dénonce toute forme de discrimination.

Rejeter l’antispécisme, c’est
finalement accepter la logique de la discrimination arbitraire qui vous apparaît comme une évidence.
Mais pour l’homme du 18ème siècle, l’esclavage et l’animalité des Noirs était une évidence. En ne
condamnant pas le spécisme comme le racisme, vous vous ôtez le moyen de condamner et de
critiquer le racisme et l’esclavage, entre autre ; cela précisément parce que vous dites que l’origine de
la différence de traitement est due aux faits que les animaux ne sont pas humains (définition
circulaire), de même l’esclavagiste dit que la raison qui légitime l’esclavage est que les Noirs ne sont
pas des Blancs. Son critère est arrêté arbitrairement, exactement comme celui du spéciste. Qui donc
n’est pas antispéciste ne peut être fondé à condamner le racisme ou toute autre discrimination de
façon raisonnable et cohérente. Il est incohérent de condamner le racisme comme discrimination
selon la couleur de la peau et non le spécisme comme discrimination selon l’espèce.

Précisions. L’absence de critère pour dire pourquoi nous traitons les animaux ainsi et non les
hommes relève donc de la discrimination, or toute discrimination se fonde sur un critère arbitraire,
c’est-à-dire injustifiable car il pourrait être autre ; c’est le paradigme de l’injustice. Si on dit que c’estl’espèce qui compte juste parce qu’on le dit, que dire à celui qui dit que c’est la couleur de peau qui
compte, ou alors le groupe sanguin ou la taille. On pourrait très bien traiter les hommes de moins
d’un mètre soixante comme nous traitons les animaux parce qu’ils ont le malheur d’être sous le
critère décidé. Mais lorsque l’on demanderait le pourquoi de ce critère, on nous répondrait quelque
chose comme : « parce que c’est ce critère qui compte ». Cet exemple vise à montrer que l’arbitraire
est injustifiable. Nous affirmons que la discrimination selon l’espèce est arbitraire comme l’est la
discrimination selon la couleur de peau, car relativement aux critères qui importent pour être un
patient moral, on ne trouve aucune différence entre les hommes blancs ou noirs, ni entre les
hommes et les animaux. La tradition philosophique a toujours recherché des propres de l’homme
susceptibles de jouer le rôle de critère discriminant, mais aucun n’est acceptable. D’ailleurs, l’idée de
propre de l’homme se fonde sur l’ignorance de qui sont les animaux. La raison ne peut jouer ce rôle
discriminant car en quoi la raison fonctionnerait-elle comme critère d’intégration à la communauté
morale ? Puis que faire dans ce cas des handicapés mentaux lourds, des vieillards séniles, et des
autres hommes qui disposent de moins de capacités mentales que la plupart des animaux ? Nous
sommes d’accord pour dire que ces personnes ont droit à autant de respect que les autres, par là
même est détruit l’idée que le critère est la raison. Le critère déterminant serait plutôt celui de la
sensibilité, de la conscience et du désir (ce qui constitue dans les termes de Regan un sujet d’une vie).
Ainsi les végétaux ne sont pas pris en compte comme ayant un statut moral. Pour avoir un statut
moral, il faut soit être un patient moral ou un agent moral. Un agent moral est un être capable
d’actions susceptibles d’être jugées comme louables ou condamnables. Un patient moral est un être
envers qui nos actions sont susceptibles d’être jugées comme louables ou condamnables. Si les
hommes adultes sont des agents moraux, il y a aucune raison d’exclure les animaux de la catégorie
des patients moraux, à laquelle les enfants, les handicapés mentaux irresponsables appartiennent.
Sur quel critère peut-on décider de ne pas considérer les animaux comme des patients moraux, des
êtres dignes de considération et de respect. Le préjugé et l’habitude.

5 – La méconnaissance de l’animal

Regard d'une vache

La façon dont nous traitons les animaux se fonde sur une méconnaissance, souvent
volontaire de l’animal. La recherche éternelle d’un propre de l’homme a toujours était le motif pour
se permettre d’utiliser les animaux à notre guise. La distinction entre l’âme et le corps que l’on
retrouve chez Descartes réduit les animaux à des corps sans âmes ni conscience. Si les animaux ne
sont que des corps mécaniques, tout est permis, ils deviennent des biens utilisables exclus du champ
de toute considération morale. On a longtemps cherché un propre de l’homme, de façon acharnée,
en se disant « voilà enfin le critère qui nous permettra de traiter les animaux comme nous le
faisons », que ce critère ait été le langage, la raison, la conscience, le rire, la parole, l’abstraction, la
mort, la sociabilité, la technique, l’histoire, etc. Mais ces constructions abstraites visant à tracer une
différence de nature entre l’homme et l’animal fut ruinée par la biologie évolutionniste, l’éthologie,
les neurosciences, mais surtout, par l’évidence de l’expérience de la vie mentale des animaux. Plus
personne ne soutient sérieusement de nos jours que les animaux ne souffrent pas, n’ont pas de
désirs, etc. La méconnaissance de l’animal fonctionne comme une protection d’ordre psychologique.
Se dire que l’animal n’est qu’un corps laisse la conscience intacte. Sinon comment vivre avec sa
conscience si on considère l’animal comme une personne dotée d’une valeur inhérente ayant droit au
respect et à la vie. Une telle perspective est refoulée par les dénégations grossières qui visent
toujours à ignorer qui sont les animaux ; en effet, cela constituerait un véritable crime digne des plus
grands crimes jamais commis, ce qui, insupportable à l’égo et à l’orgueil de chacun, est rejeté par des arguments fallacieux, irréfléchis, dogmatiques. Qui, en effet, s’intéresse aux animaux, saura que les
chats peuvent être dépressifs, que les vaches pleurent et crient leurs petits lorsqu’on les leurs enlève
dès leur naissance, que les singes, chats et souris de laboratoire souffrent de traumatismes
psychologiques comme les humains maltraités.

6 – Les pseudos-argument ou arguments alibis

Tout végétarien aura été mille fois confronté aux mêmes pseudos arguments que les
mangeurs de viandes affirment dogmatiquement pour une bonne partie, sans laisser aucune place
au doute, à croire que tous ont déjà très longuement étudié la question de l’éthique animale.
L’absence de doute dans ces réactions témoigne de la violence de la perspective d’une pratique
coupable, immonde, inqualifiable. Ces arguments sans cesse invoqués fonctionnent comme moyen
de protection psychologique. Il y en a environ 5 ou 6 arguments-alibis souvent brandis que J-B
Jeangène-Vilmer expose clairement dans son introduction à l’éthique animale. (1) L’argument
nutritionnel, souvent avancé par les sportifs et les personnes en contact avec le monde médical : « il
faut bien des protéines ». Sans répondre à ces arguments qui d’une part sont faux, mais surtout ne
changent rien à l’analyse morale, il faut comprendre que quand bien même la viande serait bonne
pour la santé, cela ne changerait rien à la question morale. Là n’est donc pas la question, peu importe
de savoir si la viande est source de fer et de protéine. (2) L’argument esthétique, consistant à dire
« c’est bon ». Le fait que ce soit bon ne fournit pas un critère d’évaluation morale et ne change donc
rien au fait que cela demeure immoral de consommer de la viande. (3) L’argument de la tradition,
disant que les hommes ont toujours mangé de la viande. Mais une chose est-elle bonne parce qu’elle
a toujours été pratiquée ? Le mythe de la tradition qui fait croire à une antique sagesse du genre
humain ne détermine pas si une action est moralement bonne ou mauvaise. Cela va contre toute
idée de progrès moral, il y a toujours eu des meurtres, de l’esclavage, des viols, de même l’excision
est une tradition. (4) L’argument naturaliste, disant que les animaux se mangent entre eux, alors
pourquoi ne pourrions-nous pas en faire autant ? D’une part, nous sommes des agents moraux tandis
que les animaux sont des patients moraux, ce qui signifie que nous n’attendons pas d’un chat qu’il
rende compte de ses actes comme un adulte responsable. En appeler à la loi de la jungle n’est pas
un modèle de moralité. D’autre part, nous avons le choix d’une autre alimentation tandis que le lion
ne peut cultiver des salades et des tomates. (5) L’argument économique affirme qu’abolir la viande
affecterait l’économie et supprimerait beaucoup de postes. Outre la vérité ou fausseté de cette
position, l’intérêt économique ne détermine pas ce qui est juste ; l’esclavage est très rentable puisque
l’on fait travailler des hommes sans les payer. (6) L’argument écologique. Même si les études
montrent que l’abandon d’une alimentation carnée suffirait amplement pour nourrir toute la planète
et serait bénéfique à la lutte contre le réchauffement climatique, dans la mesure où l’industrie de la
viande est la première cause d’émission de gaz à effet de serre, cela ne change rien au rapport de
justice lié à chaque animal dans son individualité comme être sujet d’une vie ayant droit au respect.
Finalement, aucun de ces arguments ne répond à la question morale initiale. Ils sont comme on dit,
hors-sujet.

7 – Remarques sur l’idéologie régnante

Vache

En quoi la défense des droits des animaux forme-t-elle une idéologie, outre du fait de se
situer dans l’ordre des idées ? Il n’y a rien d’idéologique au sens négatif où vous l’employez. Au
contraire, s’il y a idéologie, c’est plutôt la perpétuation du système d’imposition de la représentation de l’animal comme différant en nature de l’homme qui relève de l’idéologie. Ce fait se voit dès les
premières années d’éducation où on impose à l’enfant l’habitude de manger du poisson parce que
c’est bon pour la santé, ou pour toute autre raison, c’est-à-dire lui incorporer une représentation
comme étant naturelle et nécessaire. Dire que les végétariens forment un lobby puissant, c’est
purement inverser la réalité, en ce que tout l’intérêt et la force économique est du côté des
industries. Les publicités nous présentant de fictives vaches dans un champ, des poules dans de la
paille élevées avec amour, tranchent avec la réalité du terrain. Qui a déjà vu (de ses propres yeux) ces
véritables usines de torture ? Personne, car elles demeurent cachées. Cette forme structurale
témoigne d’une organisation sociétale visant à maintenir caché, physiquement et mentalement, ce
qu’impliquent nos pratiques. A ne pas voir ces boucheries, nous évitions d’y penser. Mais les images
existent. La loi nous dit que les animaux ne sont que des biens meubles et que lorsque vous battez un
chien, c’est à son propriétaire que vous causez du tort. La législation même imprime dans les
catégories mentales ces conceptions métaphysiques de l’animal. L’idéologie se trouve bien plutôt
dans la construction ontologique cartésienne que veille à reproduire les structures étatiques et
sociétales, soit de façon consciente et criminelle, soit par ignorance et défaillance intellectuelle. Les
défenseurs des droits des animaux se battent pour la justice, de sorte que si être écœuré par ces
injustices et ces horreurs, c’est être dans l’idéologie, alors d’accord nous sommes idéologues et c’est
un crime que de ne pas y participer.

8 – Sur quelques préjugés qui composent l’article

Finalement, il n’a pas vraiment été question de votre article car il ne disait rien, sauf quelques
préjugés (et non des caricatures, car les caricatures œuvrent à partir du réel).

Sur qui sont les végétariens. Vous identifiez le végétarien à un bobo parisien du Marais, « à un
moine bouddhiste aux yeux creusés », à une « fashionista filiforme à l’affût du dernier régime New
Age ». En ce qui concerne les végétariens éthiques, cela est faux. Si vous visez des personnes à l’affut
des régimes végétariens, alors il s’agit de végétariens santé. Si vous visez les communautés qui ne
consomment pas de viande pour des raisons religieuses, nous ne sommes plus sur le terrain éthique.
Or, lorsque vous parlez d’idéologie, « d’étincelle de supériorité morale dans le regard », il ne peut
s’agir que de végétariens éthiques. Article confus qui, pour ces raisons, est stupéfiant. Une analyse
sociologique et scientifique du végétarisme aurait pu être intéressante mais vous vous contentez de
remarques que l’on a coutume d’entendre autour d’une bière au cours d’une soirée entre amis,
correspondant à ce que vous en avez vu ou cru entendre. Or, vous ne faites pas une telle analyse.

Sur Aymeric Caron. Pourquoi consacrez-vous tant de place à Aymeric Caron ? Si vous croyez
que les défenseurs de la cause animale ont attendu le livre d’A.Caron en 2013 pour devenir
végétariens et penser la condition animale, c’est que l’enquête journalistique même vous dépasse.
Vous avez pris le livre qui circule en ce moment comme œuvre fondamentale des végétariens.
A.Caron est juste une personnalité célèbre qui a publié un livre, ce qui est une bonne chose mais il
n’est absolument pas la référence ultime des végétariens, mais la seule que vous connaissiez
apparemment, ce qui atteste plus de votre ignorance de la cause animale dont les fondement se
trouvent bien plutôt dans les œuvres de P.Singer, T.Regan, G.Francione, F.Burgat et autres penseurs
de l’éthique animale.

Sur ce que mangent les végétariens. Vous dites que les végétariens mangent du « tofu soyeux,
du tofu fumé, tofu poilu ou tofu ferme ». Telle est la façon de dire au lecteur, si vous ne mangez pas de viande, vous n’aurez rien d’autres que du tofu à manger. Au contraire, il y a une infinité de choses
à manger, sauf que la société française en particulier est centrée sur la viande, le steak, le sang
encore et toujours. Vous ignorez alors ce qu’il est possible de manger sans la viande ; des burgers, des
pizzas, des Mc Donalds sans viande, des sandwichs de chez Subway, des tacos et des « kebabs »
végétariens, mais aussi des salades en tout genre, des grillades, des plat indiens, mexicains, thaïs,
français, et ainsi de suite.

Vous dites que les non sectaires « préfèrent réduire qu’interdire ». En tant qu’il s’agit d’un
crime, il n’y a pas de réduction possible et acceptable, mais une abolition stricte.

Sur le désir d’anticonformisme des végétariens. Vous dites que « tournées vers leurs tubes
digestifs, ils n’ont pas l’âme révolutionnaire. Au contraire, pointe encore souvent dans leur propos
une fierté de nager à contre-courant qui disparaîtrait si [...] leur pratique faisait école ». Quel peut
bien être le sens de dire que les végétariens font cela pour être à contre-courant, anticonformiste, ne
voulant pas réellement que les mœurs changent ? Que tous ceux qui se battent de tout leur cœur
pour la cause animale ne veulent pas réellement le succès de leur lutte. Ils se battent donc contre
leur cause ? Cela n’a aucun sens. Une citation de Dalibor Frioux ne fait pas office d’argument. Votre
propos est que les végétariens font semblant, ce qui, en plus d’être absurde, ne présente aucun
intérêt. Cela signifierait que personne ne veut réellement que la situation des animaux ne change
puisque ceux qui luttent pour cela ne le font que pour être à contre-courant. Par ailleurs, ceux qui
semblent davantage tournées vers leur tube digestif sont les mangeurs de viande qui en dépit de
toute considérations morales, mettent le bon goût du steak sanglant au-delà de tout. Le propre du
végétarien est au contraire d’être en mesure de changer ses habitudes s’il le faut. Ça donne le cafard
de pouvoir lire ce genre de propos dans un journal. Vous considérez le végétarisme comme une
tendance actuelle, mais le végétarisme existait déjà dans l’antiquité grecque, romaine, indienne,
chinoise.

Le végétarien n’est pas né végétarien et a appris à remettre en cause les habitudes
inculquées. En revanche, les personnes dogmatiques qui prétendent tout savoir sans avoir réfléchi à
un sujet sont sans doute des personnes, non seulement moins intelligentes, mais de moindre valeur
que les autres et cela tout simplement parce qu’elles ne prennent pas en considération le tort que
leur pratique peut éventuellement causer à d’autres êtres ayant droit au respect. Ce que révèle
l’article, c’est surtout le complexe de son auteur vis-à-vis du discours végétarien, touché par
« l’étincelle de supériorité dans le regard », incapable de produire un argument contre les
végétariens, mais plein de ressentiment à l’égard de ceux-ci. Pour se permettre d’être ironique, il
aurait peut-être fallu « challenger » les arguments des théoriciens du droits des animaux au sens
large et non passer sous silence le point central du problème, car oui, il y a un grave problème moral
dans la consommation de produits d’origine animale, de même nature que ceux qu’impliquent
l’esclavage, les génocides ou les camps de concentration. Et ce n’est pas rabaisser l’homme que de
dénoncer toutes les horreurs dont les hommes sont coupables et dont vous, qui en avez conscience,
participez activement. Le journalisme tel que vous le pratiquez n’est ni plus ni moins qu’une insulte à
la vérité et à l’intelligence critique. Outre le déficit de raisonnement dont votre article fait preuve, il
soulève également un terrifiant manque d’empathie que Rousseau concevait pourtant comme l’un
des deux principes de la nature humaine, et dont on ne peut que constater l’absence chez vous.

Liens internet

www.wikipédia.org, « végétarisme »

http://bibliodroitsaniamux.voila.net. Ce site regroupe gratuitement des extraits de textes clés de
l’éthique animale, voir notamment Regan, Singer, Francione, Burgat

www.cahiers-antispecistes.org

Bibliographie

- Tom Regan, Les Droits des animaux, trad. Enrique Utria, Hermann, 2013 (traduction de The Case for
Animal Rights, Berkeley, University of California Press, 2004)

- Peter Singer, La libération animale, Payot, 2012

- Philosophie animale, différence, responsabilité et communauté, H-S.Afeissa et J-B.Jeangène-Vilmer,
Vrin, 2010

- J-B. Jeangène Vilmer, Ethique animale, Puf, 2008

- Florence Burgat, Animal, mon prochain, Odile Jacob, 1997



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Le 29 juillet dernier, l'Université de Vienne a publié un communiqué de presse, que nous traduisons en Français.
Les animaux ont longtemps été considérés comme dépourvus de facultés mentales élaborées, et leur monde intérieur jugé pauvre et limité.
C'est cette conception qui continue de faire des milliards de victimes animales, depuis les élevages jusqu'aux labos d'expérimentation.
Prenant exemple sur les cacatoès, l'Université de Vienne révèle les aptitudes considérables de certains animaux pour mémoriser, comprendre, élaborer des vues de l'esprit...

Nous publions ces découvertes en précisant que L214 ne cautionne pas l'expérimentation sur les animaux. Nous nous distançons également de la comparaison à tout prix avec les facultés humaines. Si ces études permettent de rompre avec la croyance en un "propre de l'homme", elles donnent aussi le sentiment que les aptitudes des animaux ne dépassent pas celles d'un enfant de 3 ou 4 ans, et continuent de caler les animaux en bas de l'échelle. Les cacatoès et les autres animaux se comportent d'une façon dont aucun enfant de 4 ans n'est capable, trouvant la nourriture, élevant leurs petits et leur transmettant leur savoir, s'orientant dans l'espace comme aucun humain... A cet égard et à bien d'autres, les animaux ne ressemblent pas à des enfants ; et leur intelligence nous échappe.


Communiqué de presse du 29 juillet 2013 de l'Université de Vienne sur les performances cognitives des cacatoès.
Traduit de l'anglais par Marie Melet pour L214.

Comment peut-on savoir que les friandises sont toujours dans le tiroir alors qu'on ne peut pas les voir ? Comment peut-on savoir le moment et l'endroit où une voiture va ressortir de l’autre côté du tunnel ? L'habilité à concevoir des objets et suivre leur trajectoire même si on ne peut plus les voir pendant un moment, est fondamentale sous bien des aspects, et stimule des facultés cognitives. Alice Auersperg et son équipe de l'Université de Viennes et d'Oxford démontrent que les capacités liées à « la permanence de l'objet » chez un cacatoès sont comparables à celles des grands singes et des enfants de quatre ans. Les chercheurs ont publié leurs études dans le « Journal de la Psychologie Comparative ».

Pour tester la mémoire spatiale chez les animaux et les enfants, on utilise généralement plusieurs tests au cours desquels on déplace soit un objet (une récompense sous forme de nourriture), soit l’endroit où est caché cet objet, soit l'animal avec lequel on mène l'expérience.

Dans les premiers tests de déplacement invisible qui ont été conçus par le psychologue français Jean Piaget dans les années 50, on déplace la récompense sous une tasse derrière un ou plusieurs écrans et on montre où elle se trouve à chaque pause : si la récompense n’est pas sous la tasse, on sait qu’elle se trouve derrière l’écran précédent. Les humains réussissent ce test dès l'âge de 2 ans alors que chez les primates, seuls les grands singes montrent des résultats convaincants.

Les tests de « transposition » sont encore plus impressionnants en termes d'attention : on place la récompense sous une tasse parmi plusieurs tasses identiques que l'on mélange à une ou plusieurs reprises. Ce n’est qu’à l’âge de 3 ou 4 ans que les enfants réussissent systématiquement ce test, alors que les grands singes adultes le réussissent même s’ils ont plus de difficulté si on mélange les tasses plus d'une fois.

Dans les tests de « Rotation », on dispose plusieurs tasses identiques sur un support tournant et l’on dépose une récompense sous l’une d’entre elles.
Les tests de « translocation » se déroulent de la même façon sauf qu’au lieu de déplacer les tasses, c’est l’animal qui se déplace et s’arrête à divers endroits devant l’alignement des tasses. Les enfants ont plus de facilité à réussir les tests de translocation que les tests de rotation et ils les réussissent à l'âge de deux ou trois ans.

Une équipe formée de scientifiques de diverses nationalités, a travaillé avec 8 cacatoès de Goffin (Cacatua goffini), une espèce de nature curieuse et joueuse, sur les déplacements piagétiens visibles et invisibles d'un objet, et les dérivations de tests de transposition, rotation ou translocation spatiales.
Selon Birgit Szabo, un des biologistes de l'Université de Vienne : « Les 8 oiseaux ont presque tous réussi spontanément les tests de transposition, de rotation et de translocation, alors que seulement 2 d’entre eux ont immédiatement choisi l'emplacement exact lors du premier test Piagétien sur le déplacement invisible, au cours duquel une tasse plus petite apparaît sur 2 des 3 écrans plus grands. »

Alice Auersperg, directrice du laboratoire Goffin explique, après avoir participé à ce test : «  Curieusement, et contrairement aux enfants humains, nos cacatoès ont rencontré plus de difficultés à réussir le test Piagétien sur le déplacement invisible que celui sur la transposition que les enfants ne réussissent pas avant l'âge de quatre ans. Les transpositions demandent beaucoup d'attention dans la mesure où deux objets occultés sont déplacés simultanément. Néanmoins, contrairement aux grands singes qui ont plus de facilité à réussir les tests où l’on déplace les tasses une seule fois, les cacatoès donnent des résultats satisfaisants pour les deux tests, qu’on les déplace une ou deux fois »

De même, les Goffins ont eu quelques difficultés à faire les tests de Rotation et de translocation et certains d'entre eux ont réussi ces tests en se plaçant sous 4 angles différents. Encore une fois, contrairement aux enfants qui réussissent mieux les tests de translocation que les tests de rotation, les cacatoès n'ont montré aucune différence significative lors de ces deux tests. Auguste Von Bayern de l'Université d'Oxford, ajoute : « Nous reconnaissons que l'habilité de voler ou d'être la proie d'un prédateur volatile, permet de développer des capacités de rotation spatiale plus prononcées et peut influencer leur performances au cours des tests de rotation et de translocation. »


Thomas Bugnayer de l'Université de Vienne conclut : « Que les Goffins puissent résoudre les test de transposition, rotation et translocation représente un résultat étonnant. Ces tests nécessitent une grande capacité cognitive et mémorielle, et cela va nous inciter à effectuer des tests comparatifs afin de mieux comprendre leur aptitudes en termes d'écologie et de sociabilité ».

Source : Portail de l'université de Vienne : Cockatoos know what is going on behind barriers