Bannière Deux bétaillères se retournent : chronique d’une mort planifiée

Deux bétaillères se retournent : chronique d’une mort planifiée


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Mercredi 12 août 2015. Vers 3 heures du matin sur l’A39 vers Bourg-en-Bresse, une bétaillère transportant 39 bovins et composée d’un camion et d’une remorque se couche sur le bas côté. Le chauffeur se serait endormi alors qu’il emmenait les animaux à l’abattoir. Plusieurs animaux meurent dans cet accident, dix taurillons parviennent à sortir de la bétaillère, terrifiés ils s’enfuient sur l’autoroute. Ils seront traqués par hélicoptère puis tués à bout portant par arme à feu. Les 19 animaux survivants sont à nouveau embarqués dans une autre bétaillère. Légèrement blessé, le chauffeur est transféré à l’hôpital.

Jeudi 6 août 2015, 6 h 30 du matin.
Un poids lourd transportant 63 génisses et taurillons se renverse sur  l’autoroute, après une crevaison. Si le chauffeur est (heureusement) indemne, des animaux meurent sur le coup, d’autres sont grièvement ou légèrement blessés, certains parviennent à sortir du camion et s’enfuient.
L’autoroute A40 où a lieu le drame est rapidement fermée dans les deux sens et les pompiers, dépêchés sur place, s’affairent à rassembler les animaux valides. Une nouvelle bétaillère arrive pour charger les survivants. Des hommes munis de cannes ou de manches à balai poussent des vaches, qui sont forcées d'embarquer. Certaines ont le crâne ensanglanté : leurs cornes ont été arrachées.
On ouvre les portes du camion couché, on découpe son toit à la cisaille électrique. Quelques animaux valides parviennent à s’en extraire, des cadavres sont tirés à l’extérieur. Cinq animaux valides “en divagation” et qui refusent de monter dans la nouvelle bétaillère sont tués par arme à feu. A 9 h 15, la dernière vache est ainsi tuée par un lieutenant de louveterie. Sur les 63 animaux transportés, cinq ont été tués sur place, 34 sont morts dans l’accident ou, blessés, ont été euthanasiés, et 24 ont été “sauvés”, comme l’indique l’article de presse du Dauphiné : “ Accident de bétaillère : les pompiers ont tout tenté pour sauver les taurillons ”.

Mais les sauver de quoi ?
De l’abattoir qui les attend ?
Ici ou ailleurs, sous les balles ou le couteau, leur sang coulera.

Ces accidents de bétaillères sont loin d’être exceptionnels, tant de convois lourdement chargés de cochons, de poules, de moutons ou de bovins, sillonnent sans relâche la France et le monde, sur des dizaines ou des milliers de kilomètres, transportant les animaux condamnés vers des parcs d’engraissements, des foires à bestiaux ou, le plus souvent, des abattoirs.
S’il faut bien sûr venir en aide autant que possible à ces animaux et à ceux en souffrance, s’il faut les "sauver" quand on peut, il ne faut pas non plus oublier qu’on les massacre à la chaîne dans les abattoirs – terrible paradoxe !

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