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Doux dans la tourmente


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Au lieu de lancer une véritable politique de transition agricole, le gouvernement s’acharne à tenter de maintenir hors de l’eau un système d’élevage intensif déliquescent et profondément nuisible aux animaux.

Mercredi 14 mars, le Premier ministre Édouard Philippe a indiqué que l'État soutiendra le groupe Doux si « un projet de reprise est crédible commercialement ». Le groupe est en effet en pleine tempête économique et cherche actuellement des repreneurs. Plusieurs plans ont été évoqués, dont les conséquences sur les humains et sur les animaux sont toutes plus catastrophiques les unes que les autres.
Bâtiment d'élevage intensif de poulets

 

Derrière les murs d’un élevage Doux

Cette entreprise ne nous est pas inconnue : en septembre 2017, L214 avait diffusé des images tournées dans l’un des élevages fournissant le groupe Doux. On y voyait des poulets enfermés, entassés et rendus malades par ces conditions d'élevage. Certains poulets, trop affaiblis, parvenaient à peine à se déplacer jusqu’aux points d’eau ou de nourriture. Tous vivaient sur une litière fortement dégradée, le contact prolongé avec ce substrat sale et humide provoquant d’importantes brûlures et lésions de la peau chez les animaux.

Cet élevage n’est malheureusement pas un cas isolé. En France, 83 % des poulets sont détenus en élevage intensif et la stratégie du groupe Doux s’inscrit totalement dans ce modèle.

 

L’élevage intensif de poulets : une vie de souffrance

Les conditions de vie des poulets en élevage intensif sont terribles : claustration à vie, lumière artificielle, animaux entassés… Les poulets sont issus de souches à croissance rapide : ils grossissent tellement vite qu’ils sont abattus au bout de 35 jours seulement ! Leur corps, énorme, a du mal à être supporté par leurs pattes : les poulets peinent à se déplacer et peuvent souffrir de fractures, blessures ou malformations. Le taux de mortalité en élevage est estimé à plus de 4 %, ce qui est énorme pour un cycle de vie aussi court.
Jeune poulet dans un élevage intensif

 

Vers un changement de modèle ?

Les salariés et sous-traitants sont directement impactés dans leur quotidien par ce modèle économique. Le groupe Doux fonctionnant par contrat d'intégration, les 300 « éleveurs partenaires » sont ici dans une situation de dépendance extrêmement forte vis-à-vis de l’entreprise.

La politique court-termiste du gouvernement qui consiste à maintenir hors de l’eau ce système est irresponsable et injuste, aussi bien pour les employés que pour les animaux. L’État a la capacité et le devoir d’aider à la reconversion des salariés des groupes en difficultés.

Entasser les animaux, exiger des éleveurs un rythme de production soutenu, soumettre les salariés d’abattoirs à des cadences toujours plus élevées… cette politique des prix bas a un coût éthique inacceptable. Coût que les Français refusent de plus en plus de cautionner puisque 90 % se déclarent aujourd'hui défavorables à l'élevage intensif.

Le modèle agricole français est en crise et il devient urgent de tirer les leçons de ces dernières années en accélérant la transition agricole au lieu de soutenir un système intensif injuste et à bout de souffle.