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Poussins étouffés et broyés dans une vis sans fin: 30000 euros d’amende et 6 mois avec sursis requis


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Le jugement ne sera rendu que le 8 mars, mais à l’issue de l’audience qui s’est déroulée hier au Tribunal correctionnel de Brest, le substitut du procureur a requis une peine de 30 000 euros (dont 15 000 avec sursis) et 5000 euros d’amende pour le couvoir, ainsi que 6 mois avec sursis pour le président de l’établissement. Une audience à laquelle Tribunal aura consacré cinq heures, accordant une grande place aux débats. L214 était partie civile.

Les charges retenues contre le couvoir et son dirigeant concernent les mauvais traitements envers un animal placé sous sa garde (mais également d’autres infractions comme certains défauts d’agrément ou d’autorisation, ainsi qu'une gestion irrégulière de cadavres et déchets).

Ce procès fait suite à une vidéo et un témoignage, révélés par L214 en novembre 2014, montrant la tuerie routinière dans ce couvoir de milliers de poussins, jetés vivants dans une vis sans fin ou étouffés dans des sacs poubelle. Une mort cruelle réservée à tous les poussins non vendus (incubés en trop grand nombre), faibles, ou bien à tous les poussins mâles (dans le cas des poussins de races exploitées pour la ponte).

 

L’enquête judiciaire déclenchée par la vidéo et la plainte de L214 avait conduit la brigade nationale d’enquête vétérinaire et phytosanitaire à se pencher sur les pratiques de ce couvoir. Il en ressort qu’en plus d’étouffer une partie des poussins dans des sacs poubelle, le couvoir ne respectait pas non plus les obligations légales pour les autres poussins sacrifiés selon la méthode du broyage, entraînant selon la brigade “une souffrance animale certaine”.

Précisons que le broyage des poussins constitue une méthode autorisée par la réglementation - de fait, elle n’a pas fait l’objet de charges envers le couvoir dans ce procès. En général, il s’agit de deux rouleaux tournant côte à côte à grande vitesse, sur lesquels les poussins vivants sont déversés. Ils en ressortent compressés, et théoriquement, morts (une enquête de L214 sur un autre couvoir montre pourtant que des poussins écrasés remuent encore à la sortie de la machine). Cette pratique est commune à la plupart des couvoirs en France (le gazage au CO2 est aussi possible), quelle que soit la filière qu'ils approvisionnent : standard, label ou bio. Dans le couvoir breton incriminé, cette machine était souvent rangée et inutilisée. Les poussins vivants passaient donc directement à l’étape suivante : jetés dans un tuyau où tourne une vis sans fin, dans laquelle ils agonisaient longuement.

Les réquisitions du ministère public se montrent conformes aux exigences minimales de la réglementation - une réglementation bien loin de proscrire toutes les pratiques cruelles, mais qui pose tout de même quelques limites à ce qu’il est permis d’infliger aux animaux.

Depuis la révélationde ces images, l’entreprise a cessé son activité de couvoir, mais poursuit l’exploitation de plusieurs élevages enfermant plusieurs milliers des poules et coqs utilisés pour la reproduction.

Au delà d’une condamnation de l’établissement, L214 souhaite, par ce procès, faire la lumière sur la réalité de l’élevage en France. Quelles que soient les paroles rassurantes des filières, les labels en tout genre, les grandes marques ou les petits producteurs, il y a, derrière tout oeuf de consommation, derrière toute viande de poulet, un animal dont la vie a démarré dans l’horreur. Un animal qui a survécu là où tant d’autres ont perdu la vie. Un être sensible, doué d’émotions, destiné à finir prématurément sa vie à l’abattoir dans la même détresse qu’il l’a commencée.

Sommes-nous prêts à accorder une autre vie à tous les êtres sensibles ? Il est temps de changer.