Plus de 162 000 animaux brûlés vifs ou asphyxiés en 2018 dans des incendies d’élevage en France
- Article du Mercredi 30 janvier 2019
L’année 2018 a de nouveau été marquée par la quantité d’incendies en élevage, qui ont tué des dizaines de milliers d’animaux : nous avons recensé 55 incendies, mais ce nombre est très vraisemblablement en deçà de la réalité, car il ne tient compte que des cas relayés par la presse. Article après article, nous sommes témoins de l’indifférence de la société face à ces drames. Le ton choisi, invariablement laconique, dépourvu de toute émotion, reflète bien la façon dont on considère la mort de ces animaux : comme de simples pertes matérielles.
En 2018, 55 élevages ont brûlé, soit un incendie tous les 7 jours. Cela représente au moins 162 302 animaux qui sont morts brûlés vifs, ou asphyxiés1. Un élevage en flammes a vite fait de piéger un grand nombre d’animaux à la fois, étant donné qu’ils peuvent être entassés dans les bâtiments par milliers, voire centaines de milliers pour les oiseaux.
Tous ces animaux ont ressenti la terreur d’être piégés dans les flammes, et la souffrance d’être asphyxiés ou brûlés vifs. « Brûlés vifs », un terme rarement employé par la presse, qui ne s'attarde pas sur la détresse et la mort de ces animaux. Il n’est pourtant pas difficile d’imaginer que chacun de ces animaux a lutté de toutes ses forces pour échapper à une fin malheureusement écrite d’avance.
1 76 050 poules, coqs, poulets et poussins, 40 900 canetons, 20 000 cailles, 14 000 dindes, 6 010 lapins, 3 543 truies et porcelets, 209 vaches, taureaux et veaux, 669 chèvres, 919 brebis, béliers, et agneaux et 2 chevaux.
Quand les articles de presse confondent les animaux avec des objets
8 500 canetons brûlés dans l'incendie d'une stabulation la nuit du 10 au 11 janvier 2018
En janvier 2018, un incendie brûle vifs plusieurs milliers de canetons vraisemblablement âgés de quelques jours à peine. Pour décrire ce drame, on peut lire dans cet article du Journal de Saône-et-Loire : « À l'intérieur se trouvaient 8 500 canetons qui venaient d'être livrés ». Les animaux sont ainsi réduits à des produits « livrés » et perdus. Trois mois plus tard, on peut lire au détour d’un autre article : « ce site de 900 m², destiné au stockage de matériel, de fourrage et d’animaux ». Même principe dans un article paru en août, alors que deux cochons sont brûlés vifs : « environ 200 m² de dépendance agricole et 400 m² de hangar, où étaient entreposés du matériel agricole, du foin et deux porcs, étaient totalement détruits ». Les animaux sont à nouveau objectifiés. La mort des deux cochons ne sera d’ailleurs pas évoquée dans l’article et le mot « mort » jamais employé.
En Juin 2018, un article va encore plus loin en relatant un incendie qui a coûté la vie à 150 truies et 600 porcelets. On y lit que « le déblayage des animaux va prendre du temps car ils sont coincés sous les décombres ». Dans la langue française, le « déblayage » consiste à déplacer des éléments (souvent des gros objets) encombrants. À nouveau, les animaux ne sont vus que comme des choses, qui plus est encombrantes.
La perte de la valeur marchande
En mars 2018, on découvre dans un article de l’Est républicain : « Le premier bilan de l’incendie [...] est terrible. D’après les premiers éléments, et alors que la situation restait confuse, [l’exploitant] aurait perdu 25 vaches et/ou veaux sur un total de 120 ». Ici les vies animales ne sont pas estimées en tant que telles, mais uniquement comme une perte pour l’éleveur. C’est lui qui a « perdu » des animaux, et non les animaux qui ont perdu la vie.
Article après article, on constate que la mort de ces animaux n’est jamais considérée comme un drame en tant que tel, mais plus comme une perte financière ou matérielle pour les éleveurs. On ne considère pas ces animaux comme des individus à part entière, on ne s’attarde pas sur leur souffrance ou la peur qu’ils ont ressenti. Bien sûr, en tenant compte du fait que l’on tue chaque année plus d’un milliard d’animaux dans les abattoirs français, ces 162 000 animaux ne sont qu’une goutte d’eau. Pourtant ce sont 162 000 vies qui se sont tragiquement interrompues dans les flammes ou la fumée. Mais ne nous voilons pas la face : sans ces accidents dramatiques, ces animaux seraient quand même morts quelques jours ou semaines plus tard dans un abattoir.
En finir avec l’élevage
Il ne tient qu’à nous de changer cela : adopter une alimentation végétale est simple, accessible et permet d’éviter la souffrance et la mort de millions d’animaux. Tentez le coup, inscrivez-vous au Veggie Challenge ;)