La pisciculture, un autre visage de l’élevage intensif
- Article du Vendredi 11 octobre 2019
L’organisation de défense des animaux Compassion Over Killing a récemment publié une enquête sur les conditions d’élevage des saumons aux États-Unis. Les images ont été tournées dans une écloserie de saumons dans le Maine, une exploitation qui produit à elle seule des millions de poissons chaque année.
Rongés par des champignons ou des parasites, les saumons vivent dans des conditions tellement insalubres qu’ils doivent être vaccinés afin d’éviter la propagation de maladies. Mal anesthésiés, ils se débattent violemment tandis qu’on leur enfonce une aiguille dans le corps ou qu’on leur entaille les nageoires pour les identifier. Les animaux qui ne sont pas jugés « rentables » sont simplement jetés comme des ordures dans des bidons où ils suffoquent lentement ou meurent écrasés sous le poids de leurs congénères.
Comme dans toutes les formes d’élevage intensif (chez les poules ou les cochons notamment), l’extrême promiscuité donne lieu à des troubles du comportement, tel que le cannibalisme : « Si les poissons ne sont pas assez nourris, ils vont prendre la pupille des autres poissons pour de la nourriture. Ils vont alors s’y attaquer et la picorer. On voit parfois des yeux manquants » raconte un employé.
Les images montrent également le personnel de l’écloserie jeter des poissons dans un bassin situé à plusieurs mètres, les frapper contre une paroi, sur le sol ou à coups de pied.
Bassins surpeuplés, eaux sales, manque d’oxygène, parasitisme, abattage sans étourdissement… : la situation des poissons d’élevage n’est pas meilleure en France. En 2018, notre enquête dans des piscicultures et un abattoir du groupe Aqualande, leader français de la production de truites, levait le voile sur ce pan méconnu de l’élevage intensif. En France, ce sont 500 000 poissons qui sont tués chaque jour dans les abattoirs.
→ Voir l’enquête de L214 chez Aqualande
Les poissons sont des êtres sensibles
Les études scientifiques sont aujourd’hui claires : les poissons sont des êtres sensibles, au même titre que les animaux terrestres. Lena Lindström, éthologue, le confirme : « La majorité des biologistes, philosophes et neuroscientifiques s’accordent aujourd’hui pour dire que les poissons ressentent la douleur. [...] Toutes les raisons qui justifient que l’on s’abstienne de tuer et de consommer des vertébrés terrestres s’appliquent également aux poissons. »
De récentes études ont d’ailleurs révélé des aspects étonnants de la vie mentale et émotionnelle de ces créatures marines, ainsi que des comportements surprenants ! Saviez-vous par exemple que certains poissons monogames peuvent avoir des chagrins d'amours ? Qu’ils forment des chœurs et chantent comme le font les oiseaux ? Ou que le poisson-zèbre, comme les êtres humains, a un sommeil polyphasique ? Celui-ci passe ainsi par des phases de sommeil paradoxal, la période pendant laquelle les rêves surviennent chez l’homme. Quant au labre nettoyeur, un petit poisson tropical, il serait capable de se reconnaître dans un miroir !
Si nos cousins aquatiques vous intriguent, plongez-vous dans Les Paupières des poissons, de Sébastien Moro et Fanny Vaucher, une BD éthologique pleine d’humour, ou dans le fascinant ouvrage du biologiste Jonathan Balcombe, À quoi pensent les poissons ?
→ Lire notre entretien avec Lena Lindström, éthologue
→ En apprendre plus sur l’intelligence et la vie sociale des poissons
Bien se nourrir sans faire souffrir
La pisciculture est une forme d’élevage tout aussi cruelle que l’exploitation que l’on impose aux animaux terrestres. Pour ne pas nuire à ces êtres sensibles que sont les poissons, gardons-les hors de nos assiettes !
Il existe en effet des alternatives pour retrouver les saveurs marines, sans pour autant se priver des précieux oméga-3 et autres nutriments essentiels à notre santé. Pour bien se nourrir sans faire souffrir, rendez-vous sur le site Vegan Pratique.
→ Découvrir des recettes pour remplacer le poisson
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