Bannière [Vidéo] Éric Baratay - Souffrance des bêtes et droits des animaux

[Vidéo] Éric Baratay - Souffrance des bêtes et droits des animaux

  • Article du Dimanche 10 mai 2015

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Extrait de la conférence Pourquoi faudrait-il donner des droits aux animaux ? organisée le 4 février 2015 à l’Université Jean Moulin Lyon 3 par l'association étudiante Sentience et l'association Les médiations philosophiques.

L’historien Éric Baratay souligne que la question des droits des animaux est ancienne. Elle prend particulièrement son essor avec Jeremy Bentham au XVIIIème siècle qui faisait de la sensibilité, notamment de la capacité un souffrir, un critère déterminant pour l’élaboration de droits.

La question de la souffrance animale est devenue aujourd’hui « primordiale ». Mais elle n’a pas toujours été appréhendée de la même manière. La souffrance des animaux s’analyse, à l’époque des débats concernant l’une des premières lois de protection animale en 1850 dite « loi Grammont », au travers d’anecdotes. Mais cette souffrance n’émeut pas.

C’est à travers un discours orienté sur les implications d’une telle loi sur le comportement des hommes que la loi Grammont suscite l’enthousiasme. La violence envers les animaux inspirerait la violence entre les hommes. Interdire les sévices faits publiquement envers les animaux satisfait opportunément à la nécessité de maintenir l’ordre public.

La prise en compte de la souffrance animale intervient plutôt de manière diligente depuis les années 1990, avec notamment l’avènement des neurosciences. Désormais, « on sait parler de la souffrance en termes scientifiques ». Le discours devient crédible, et donc recevable.

Mais, alors que la souffrance animale est aujourd’hui avérée, ceux qui bénéficient directement de l’utilisation faite des animaux se trouvent contraints d’adapter leurs arguments pour justifier leurs pratiques. Ainsi, les aficionados, par exemple, ne parlent plus en termes de souffrance chez les taureaux qu’ils ont pendant longtemps niée, mais en termes de tradition. On justifie une pratique, dont nous connaissons désormais le degré de souffrance qu’elle occasionne, par un argument nouveau. Mais, d’après Éric Baratay, l’excuse de la tradition ne tiendra pas longtemps face à l’évidence de la souffrance animale.

Kévin Barralon