Bannière Les végétariens tuent plus d'animaux ? Pourquoi c'est faux.

partager cet article du blog de L214

par Aurélien Barrau

Professeur à l’université Grenoble-Alpes, membre de l’Institut universitaire de France, astrophysicien au Laboratoire de physique subatomique et de cosmologie du CNRS.

 

Un étrange article circule depuis quelques temps sur la toile. Il serait certainement raisonnable de l’ignorer si ce n’était son succès au sein des réseaux sociaux et sa reprise sur plusieurs sites d’information ou de divertissement.

Cet article énonce – en titre ! – que « Les végétariens tuent 25 fois plus d’animaux doués de sensibilité par kilogramme » dans sa traduction française1 ou que « En choisissant le repas végétarien, vous avez davantage de sang animal sur les mains » dans sa version originale2. L’argument résumé est le suivant : pour se nourrir avec des végétaux, il faut des cultures et les cultures tuent beaucoup d’animaux, en particulier des souris.

Avant d’en venir à la réfutation proprement dite de l’article (ou parfois davantage de sa réception et de son utilisation sur certains sites), il est important de noter qu’il existe deux formes radicalement différentes de violence, théorisées par de nombreux philosophes qu’il n’est pas ici question de discuter : celle qui s’assume et se reconnaît en tant que telle et celle qui n’a pas même ce courage. L’enjeu de l’article de Mike Archer consiste à mon sens à tenter de placer le lecteur dans la seconde catégorie. Celui qui énonce « je sais que l’industrie de la viande cause d’infinies souffrances à des êtres sensibles (parce que c’est incontestable) et je sais que je n’ai pas biologiquement besoin de viande (parce que c’est tout aussi établi), mais il est légal d’en consommer donc je fais ce choix et je l’assume » est cohérent. Enfin, il ne l’est que dans une certaine mesure car généralement il ne peut pas soutenir les images des abattoirs – conséquence immédiate et irréfutable de son choix prétendument assumé – ce qui pose quand-même un problème évident. Mais celui qui non seulement poursuit l’activité et veut de plus se convaincre qu’il est bienfaisant envers ses victimes, adopte un positionnement particulièrement lâche et intenable au niveau éthique.

Venons-en au fond. La réfutation est immédiate, confondante d’évidence : oui, les cultures sont bien-sûr nuisibles à l’environnement mais il faut typiquement dix fois plus de cultures pour nourrir les animaux d’élevage que pour nourrir directement les hommes avec des végétaux ! L’argument de l’auteur joue donc précisément contre son propos. L’affaire est entendue.

Plus précisément, l’article est totalement incohérent parce qu’il compare essentiellement de la viande qui serait obtenue par prélèvement (gardons à dessein des termes froids et neutres) dans la nature à une alimentation végétarienne provenant de cultures de céréales ! S’il était logiquement conséquent il considérerait alors des végétariens qui se nourrissent en cueillant les fruits sur les arbres de forêts. Mais soyons sérieux. Une chose est vraie dans cet article : les cultures intensives sont néfastes pour la nature et les animaux. C’est tout à fait exact. Et c’est précisément une des excellentes raisons pour laquelle il faut combattre l’alimentation carnée qui, outre sa violence propre, est une source majeure de pollution à l’échelle globale. L’essentiel des cultures aujourd’hui déployées sur Terre sont faites pour nourrir des vaches, des cochons et des moutons. C’est un fait que personne ne peut contester. C’est très facile à vérifier (et cultiver pour les hommes et non les animaux d’élevage permettrait de nourrir environ 4 milliards d’humain en plus3). Donc tous les arguments – très pertinents – suivant lesquels ces cultures sont nuisibles sont précisément ceux pour lesquels il faut en effet diminuer l’alimentation carnée.

Il faut environ 10 calories végétales pour produire 1 calorie de bœuf. La conclusion est donc immédiate : pour nourrir une population avec du bœuf, il faut donc 10 fois plus de cultures que pour la nourrir directement avec les cultures. C’est élémentaire. De plus, une immense quantité d’eau (environ 10 000 litres par kg de viande), ce que personne ne conteste, est également nécessaire pour la production de viande bovine. L’impact écologique est considérable.

Effet de serre selon l'alimentation

Une grande partie de la déforestation aujourd’hui en cours est précisément mise en œuvre pour faire paître des troupeaux ou mettre en place des cultures afin de nourrir le bétail.

Donc, oui, évidemment, l’industrie de la viande est une catastrophe pour les animaux qui endurent le martyre, pour l’environnement qui est beaucoup plus saccagé qu’avec des cultures directement utilisées pour nourrir les humains, et pour les hommes qui sont nettement moins nourris à surface cultivée comparable. Voilà pour les faits.

Il est maintenant intéressant d’en venir à la forme et de noter quelques points signifiants.

  • L’article réfère immédiatement à Peter Singer, grand théoricien de la cause animale, en laissant entendre que c’est en suivant sa logique que les conclusions vont s’imposer. Il insinue qu’il va proposer un cheminement sous couvert de l’autorité de Singer afin de mettre le lecteur réticent en confiance. En réalité, naturellement, pratiquement rien de la pensée de Singer – lui-même végétarien revendiqué – n’est utilisé.

 

  • L’article, pour montrer que, finalement, manger de la viande n’engendre pas de grandes souffrances, mentionne que les animaux de boucherie sont tués « sur le coup ». C’est une double contre-vérité. Les rares journalistes à avoir pu pénétrer dans les abattoirs – qui semblent être parmi les lieux les mieux gardés et cachés au monde : on voit de multiples reportages sur les pires prisons de la planète mais jamais aucun sur les abattoirs – attestent tout à l’inverse de scènes insoutenables. Sans mentionner la vie de pure souffrance qui généralement précède cette fin atroce. C’est aussi une des stratégies rhétoriques de l’article : considérer un cas très particulier – qui peut naturellement échapper à cette description générale avérée – dans l’espoir de susciter chez le lecteur, sans l’appeler explicitement, une confusion par généralisation. L’ensemble de l’article mentionne quelques spécificités australiennes qui, si elles sont vraies, demeurent en opposition totale avec la situation globale.

 

  • De façon volontaire ou non, l’article a conduit nombre de lecteurs – la consultation des réseaux sociaux l’atteste – à croire à l’existence d’un vaste débat sur le sujet alors que ce n’est évidemment pas le cas : personne ne doute sérieusement que l’industrie de la viande soit hautement néfaste à l’environnement et hautement cruelle pour les animaux qui en sont victimes. C’est une technique usuelle qui mérite qu’on s’y attarde. Naturellement, des débats existent partout, sur tous les sujets ! Mais il faut faire attention aux lobbies qui tentent de faire croire à l’existence de débats clivés qui n’existent pas. Par exemple, ceux qui nient le réchauffement climatique d’origine humaine (c’est en train de devenir à peu près aussi cocasse que ceux qui nient la rotondité de la Terre) aiment à faire croire à un débat « chez les scientifiques ». Il est évident que ce débat n’existe pas. Les climatologues ont tranché la question depuis longtemps. Il y a évidemment quelques personnalités isolées qui expriment des doutes. C’est tout à fait normal, c’est ainsi que fonctionne la science, et il ne faut pas les museler. Quoique dise une communauté de chercheurs, quelqu’un doit s’opposer, c’est la dynamique de la pensée. (Même l’existence du monde peut être remise en cause : un physicien théoricien a proposé que nous pourrions vivre dans une simulation informatique.) Mais laisser entendre que la communauté scientifique est divisée est simplement une contre-vérité totale. Prenons un autre exemple, proche de mon champ de recherche : l’expansion de l’Univers. Sur des milliers de cosmologistes, à ma connaissance un seul soutient l’inexistence de ce phénomène. Et il n’est pas rare que, dans les journaux, la situation soit présentée avec une interview de cette personne face à une interview d’un autre cosmologiste, donnant l’illusion d’une communauté de spécialistes divisée ! C’est insensé. Un Univers statique est aujourd’hui intenable et je suis convaincu que même celui qui le soutient le sait… L’univers en expansion, comme l’évolution des espèces, la rotondité de la Terre et l’extinction massive d’origine anthropique sont des acquis. Toute question peut être posée et tout point de vue peut être débattu. C’est essentiel pour la démocratie et pour la science. Mais laisser croire à une situation incertaine quand il n’y a pas de débat authentique est une supercherie intellectuelle. Quand, de plus, il s’agit non pas d’un simple positionnement théorique mais de la légitimation de la mise à mort de 2 000 êtres vivants par seconde4, la technique devient nauséabonde.

 

  • L’article exprime une empathie attendrissante pour les souris tuées lors des labours ou dans les silos à grain. Il cherche à rallier la sympathie de ceux qui savent qu’en effet ces petits mammifères sont capables de ressentis très subtils et, en particulier, de stress voire de panique. Hélas, il tire la conclusion opposée à celle qui s’imposerait pour en effet amoindrir les souffrances infligées à ces animaux et diminuer leurs pertes. Le processus est assez grossier car il est difficile de croire que l’auteur puisse réellement se soucier du sort des souris compte-tenu de l’immense cynisme de son entreprise.

 

  • L’article use de l’argument suivant lequel nos dents et notre système digestif seraient adaptés à la consommation de viande. Il est fort regrettable qu’il utilise ici le mode assertorique – qui l’assène comme une évidence – alors que, justement, et à la différence de ce qui est insinué par ailleurs pour jeter le trouble, il y a là un véritable débat chez les spécialistes! Loin d’être évidente cette proposition est controversée (la longueur de notre intestin n’est pas celle d’un carnivore, la présence de canines se trouve aussi chez les gorilles, etc.) et tout indique aujourd’hui que nombre de maladies – en particulier des cancers – proviennent d’une suralimentation carnée.

 

  • Plus généralement, l’article semble user d’un stratagème assez banal et étonnamment efficace : plus la supercherie est « grosse », plus le mensonge est « évident », mieux il fonctionne. L’abatage des animaux pour fournir de la viande tue environ 65 milliards d’animaux terrestres par an (et sans doute environ mille milliards de poissons, crevettes, poulpes, etc.). La mise à mort se passe souvent dans des conditions indescriptibles, après les avoir condamnés à une vie de pure souffrance. Présenter cela comme un bienfait pour les animaux est aussi logiquement stupéfiant qu’éthiquement innommable. Il fallait oser l’inventer ! Et pourtant, force est de constater que l’article a eu un évident succès : ça marche. On observe parfois ce genre de phénomènes lors les campagnes électorales très dures ou avant une intervention armée d’un État, quand l’opinion publique est sous tension : plus le mensonge est énorme, plus il a de chances de fonctionner. No limit. De même, on voit depuis quelque temps sur les réseaux sociaux un article très partagé stipulant que le déplacement à vélo pollue plus qu’en voiture. No limit.

  • L’article met néanmoins le doigt sur un point important et intéressant. L’agriculture, même biologique, entraine en effet la mort de nombreux petits animaux (rongeurs, reptiles, batraciens, insectes, etc.). Même s’il ne fait aucun doute qu’une alimentation végétarienne diminuerait drastiquement le nombre d’animaux morts (à la fois via l’abattage direct qui est évité et via la moindre surface totale cultivée), cette question demeure pertinente. Il y a ici un travail à mener pour, en effet, mieux tenir compte des morts indirects de l’alimentation végétarienne.

 

Notre société a inventé une industrie de la mort animale d’une efficacité et d’une ampleur sans précédent. Alors même que le statut « d’être sensibles » ne peut plus être dénié aux animaux, devrait s’ouvrir un débat éthique d’une importance essentielle. Se joue dans ce rapport à l’autre – à l’autre en situation de faiblesse, à l’autre sans possibilité de riposte, à l’autre dont les cris d’agonie ont été déportés bien loin de nos oreilles – une question d’une importance abyssale. Il est plus qu’urgent d’y faire face sérieusement. Et cette question n’est jamais antagoniste ou orthogonale à celle du mieux vivre des hommes (qui, stricto sensu, sont évidemment aussi des animaux) : tout au contraire, une évolution des habitudes alimentaires se justifie tout autant par la nécessité d’endiguer les famines et malnutritions humaines que par celle d’épargner, autant que faire se peut, les souffrances animales.

L’article de Mike Archer tente de nous offrir une bonne conscience facile. Préférons-lui la vérité.

La question soulevée est plus globale encore. Récemment, le lion Cecil a été tué, pour le plaisir, par un riche américain. S’en est suivi une indignation générale. Mais, peu après, de nombreux billets sont apparus pour fustiger cette indignation : comment peut-on se soucier du sort d’un animal alors que des hommes souffrent ? Cette vieille et insupportable rengaine est systématique : personne ne s’indigne de la météo quotidienne ou de l’omniprésence des résultats sportifs mais quelques instants d’empathie avec une souffrance animale, non, ça c’est vraiment insupportable, obscène, indécent, scandaleux. Très étonnante réaction qui refuse cette évidence : loin d’être antagonistes, les combats contre les exactions à l’encontre des humains et ceux contre les violence envers les animaux sont frères. C’est une même démarche de soutien aux « opprimés » et de respect des vivants. Ils se soutiennent quand il ne se confondent pas.

 

Sources :

1. « Les végétariens tuent 25 fois plus d'animaux doués de sensibilité par kilogramme », WikiStrike.
2. Archer, M. « Ordering the vegetarian meal? There’s more animal blood on your hands », The Conversation.
3. Cassidy, Emily S. et al., 2013. « Redefining agricultural yields: from tonnes to people nourished per hectare », Environmental Research Letters.
4. Estimation approximative du nombre d’animaux tués à l’échelle planétaire pour fournir la viande utilisée dans l’alimentation humaine.

Bannière Manger (vegan) pour gagner

Manger (vegan) pour gagner

  • Article du Mardi 25 août 2015

partager cet article du blog de L214

Scott Jurek est une légende vivante de l’ultra-running. Son secret pour gagner ces courses à pied dont la longueur est toujours supérieure aux marathons et qui peuvent se dérouler sur plusieurs jours, voire des semaines entières ? Un entraînement acharné, un esprit de compétition sans faille, un mental d’acier et une alimentation végane. À travers son livre Eat & run, enfin disponible en français, Scott se raconte. Retour sur le parcours incroyable d’un homme que rien ne destinait à devenir une icône de l’ultra-running, et encore moins un végétalien convaincu.

Né dans une famille pauvre du Minnesota, Scott a passé son enfance sous la coupe d’un père très autoritaire. Son quotidien familial consistait à entretenir le potager familial, couper du bois, s’occuper de son frère et de sa sœur et aider aux travaux ménagers. De constitution fluette et timide, il subit les railleries des autres élèves. À dix ans, il parcourt la forêt en solitaire, à pêcher et à chasser avec la carabine que son père lui a offerte.
Impuissant, il assiste à la paralysie progressive de sa mère atteinte de sclérose en plaque. À douze ans, il fait de l’hypertension, mais il parvient à faire baisser sa tension par sa seule concentration, échappant ainsi à un traitement médical.
Adolescent, Il assiste le kiné de sa mère, et finira d’ailleurs par devenir lui-même kinésithérapeute. Il adore les hamburgers et se consacre au ski de fond, ne courant que pour entretenir sa forme hors de la saison de ski. C’est dans son équipe de ski qu’il rencontre Dusty Olson. Ce provocateur à la coupe punk, qui est aussi le meilleur athlète de l’État et un véritable bad boy, va devenir son meilleur ami et changer sa vie.

« Si tu veux gagner, va t’entraîner et,
quand t’en peux plus,
rajoutes-en une louche ! »

Dusty

Scott Jurek pendant la course BadwaterScott comprend que, même en s’entraînant dur, il n’excellera jamais en ski (Dusty, par exemple, est nettement meilleur que lui). Il court de plus en plus, notamment pour être avec Dusty dont l’anticonformisme provocateur le fascine, lui si sage, et ensemble ils effectuent des sorties de plus en plus longues. C’est Dusty qui le pousse à effectuer son premier ultra, une course de 80 km en 1994, où Scott se classe 2e et Dusty 3e.
Scott s’entraîne sans relâche, s’acharne sous la pluie, la neige, la canicule, gravit des montagnes, rien ne l’arrête. Mais il termine son second ultra de 80 km de nouveau 2e et s’interroge : comment gagner ? Des rencontres – dont celle de sa première femme Leah, qui est végétarienne - et des lectures le persuadent que le secret réside dans l’alimentation. Il diminue alors sa consommation de viande, augmente celle de légumes, et gagne enfin cette fichue course.

« Je ne pouvais pas donner plus
mais j’avais appris quelque chose de très important :

je pouvais manger plus intelligemment »

Scott en train de cuisiner.C’est ainsi qu’il devient végétarien, puis végétalien en 1999.
Scott apprend aussi à courir plus intelligemment et à améliorer sa technique au lieu d’allonger indéfiniment les séances. Il se lance à l’assaut des dénivelés et s’inspire du bushido, le code moral des samouraïs, et des moines bouddhistes japonais Tendaï, dont le courage et la ténacité l’inspirent.

Et il se met à gagner. Il remporte ainsi – entre autres courses – sept fois consécutivement la Western States Endurance Run (161 km à travers la Sierra Nevada de Californie), deux fois le Badwater Ultramarathon (217 km et 4000 m de dénivelé positif cumulé, le tout dans la vallée de la mort en Californie où les températures dépassent les 50°C à l'ombre et les 70°c au soleil, et pendant lequel il se plonge dans un bac rempli d’eau glacée), trois fois la Miwok 100K (un trail de 100 km en Californie), trois fois de suite le Spartathlon (245 km reliant Athènes à Sparte), et la Hardrock 100 (161 km dans le Colorado). Il gagne aussi contre les Tarahumaras, ces Amérindiens qui sont de véritables coureurs-nés.

 

« Grâce à mon régime végétalien,
je suis en meilleure forme,
je cours plus vite et plus longtemps »

Portrait de Scott JurekIl gagne une fois avec un orteil cassé, et deux autres fois avec une entorse à la cheville qui, théoriquement, aurait dû l’empêcher ne fut-ce que de marcher. Bouquet final : le 12 juillet 2015, à 41 ans, le voilà devenu l’homme le plus rapide à parcourir, de bout en bout, le Sentier des Appalaches avec 3 522 kilomètres de montagne et 157 km de dénivelé.

D’une certaine façon, Scott reste discret sur son alimentation, par exemple il en parle peu autour de lui. Mais il est l’exemple vivant qu’une alimentation végétalienne bien menée convient même aux athlètes de haut niveau, et il a aussi rédigé un livre consacré au sujet. Dans Eat & run, il fait ainsi constamment le lien entre ses performances et son alimentation végétalienne, sur laquelle il ne tarit pas d’éloges, que ce soit au niveau de l’apport nutritionnel, mais aussi du plaisir gustatif et de la variété. D’ailleurs, il partage une dizaine de ses recettes cultes dans son livre, comme « quino-woaw ! » un délicieux porridge à base de quinoa, « quacamole Holy Moly », « barres chocolatées aux haricots azukis » ou encore ses légendaires « pancakes huit céréales aux fraises ».

 Scott Jurek s'entraîne avec son chien TontoScott Jurek dans son coffre d'eau glacé, pendant la BadwaterScott Jurek à l'entraînement dans le Colorado.
Scott Jurek à l'entraînement avec son chien Tonto, dans l'eau glacée pendant la Badwater,
en plein effort au Colorado.

 

Scott Jurek, Eat & run (Manger pour gagner), Chamonix, Éditions Paulsen.

En apprendre plus sur le site des Éditions Paulsen


Bannière 25 glaces vegan

25 glaces vegan

  • Article du Jeudi 20 août 2015

partager cet article du blog de L214

Décidément, Marie Laforêt nous gâte : après (entre autres) 25 assiettes vegan, Fromages vegan et 25 desserts vegan, voici 25 glaces vegan pour finir en beauté le repas (ou pour des goûters fondants).
Ces glaces vegan sont moins grasses et moins sucrées, et surtout sans souffrance, alors pourquoi s’en priver – surtout qu’elles sont toutes plus alléchantes les unes que les autres !
Marie Laforêt nous propose des sorbets, mais  pas n’importe quels sorbets ! Le très estival sorbet mangue-melon ouvre le bal, suivi de près par l’original mais néanmoins savoureux sorbet tomate-fraise-basilic, lui-même peut-être surpassé par le tropical sorbet ananas-citron vert.

Et qui a dit que les crèmes glacées devaient contenir des produits laitiers ? Si vous en êtes encore persuadé, c’est que vous n’avez pas testé l’onctueuse et rafraîchissante glace au yaourt et à la framboise, l’irrésistible crème glacée à la pistache, l’ultra crémeuse stracciatella coco-menthe, et bien sûr l’incontournable glace à la vanille. Le secret de leur fabrication ? Du lait, des yaourts et de la crème de soja ou de riz, et de vraies framboises, pistaches et menthe fraîche.

  sorbet ananas citron vertglace vegan stracciatella coco menthesandwich glacé

 

 

 

 

 

 

 

 

 

        sorbet ananas citron vert, glace stracciatella coco menthe, sandwiches glacés

 

buche glacee veganeMais ne nous arrêtons pas en si bon chemin. Pour les grandes occasions et pour épater la galerie, Marie Laforêt nous invite à nous lancer dans la confection de véritables merveilles : barres glacées coco & chocolat noir, sandwichs glacés et (approcherait-on déjà de Noël ?) une incroyable bûche glacée biscuitée vanille-poire-noisette.                                                                    

Bien d’autres recettes (dont celle des cornets maison) sont proposées dans ce livre et, s’il faut un peu de matériel (sorbetière, moules… ) pour se lancer, le résultat en vaut vraiment la peine, car comment rester de marbre et ne pas fondre devant tant de douceurs givrées ?

Marie Laforêt, 25 glaces vegan, La Plage, 2015.
En apprendre plus sur le site des Éditions La Plage


Bannière Une vache peinte en vert pour un ‘greenwashing’ au sens propre

partager cet article du blog de L214

En juillet 2015, au plus fort de la canicule, une vache peinte en vert a dû marcher 200 km pour promouvoir l’idée que « l’équilibre est dans le pré », équilibre pourtant on ne peut plus douteux...

Plus connue sous le sobriquet de « la vache verte », la vache Normandie a effectué, bien malgré elle, un véritable parcours du combattant. Séparée de son troupeau - les vaches sont des animaux grégaires très attachés à leur groupe – et recouverte de peinture verte, cette vache a dû marcher quelque 200 km et été a exhibée dans des villes et villages entre Paris et Alençon. La Confédération nationale de l’élevage (CNE) s’est ainsi livrée à ses dépends à une opération de  greenwashing au sens propre du terme, via la campagne “L’équilibre est dans le pré”.

                             photo de la vache peint en vert

Élevage et environnement font-il vraiment bon ménage ?

Avec cette campagne « La vache Verte, l’équilibre est dans le pré », la CNE cherche à se placer favorablement dans la lutte contre le changement climatique qui battra son plein à la fin de l’année via la COP 21 (conférence internationale sur le climat). Vu les émissions en gaz à effet de serre (GES), la consommation d’eau et autres dégâts causés par l’élevage, dont l’élevage bovin, ça relève d’une mission impossible. La Confédération s’y est pourtant particulièrement appliquée dans cette opération de communication qui se veut bon enfant, bourrée de chiffres rassurants et de belles images d’animaux vivant paisiblement dans de bucoliques paysages, sans une seule stabulation en vue, alors qu'une grande partie des vaches, veaux et chèvres ne sortent jamais à l’extérieur.

Parmi les principaux arguments avancés par la CNE, on lit que « 90% de l’alimentation de nos troupeaux [de ruminants] en moyenne est produite sur nos fermes ». Mais la CNE ne nous dit pas que, quel que soit son lieu de production, la culture standard de céréales et d’oléagineuses, dont les bovins sont de grands consommateurs, accapare terrain, engrais et pesticides. La seule différence entre produit « à la ferme » ou à l’autre bout de la terre se trouve dans l’économie du transport. La CNE passe aussi sous silence le fait qu’il faut de 8 à 10kg de matière sèche végétale pour produire 1kg de viande bovine : un terrible gâchis quand 800 millions d’humains souffrent encore de malnutrition. Et les prairies sont potentiellement autant d’espaces perdus pour des cultures qui pourraient servir, selon leur configuration, à la production d’aliments végétaux pour les humains ou de stockage du carbone, via des forêts.

« Depuis 10 ans, les éleveurs ont engagé avec les instituts techniques des études pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Ces dernières ont d’ailleurs diminué en élevage de 14% depuis 1990 ». Rappelons que d’après les derniers chiffres de la FAO, l’élevage reste quand même responsable au niveau mondial de davantage de GES que l’ensemble des transports !

D’ailleurs, cette baisse est essentiellement due à la diminution de 12% du nombre de ruminants en France depuis 1990 parce que les Français, dans le même temps, ont baissé leur consommation de viande bovine de 15% ! La filière viande ne manque pas de culot de s’attribuer les effets de la baisse de la consommation de ses propres produits...

La consommation de laitages, en revanche, n’a pas décliné, mais on a rendu les vaches laitières plus productives (autant de lait est produit avec moins d’animaux). Il a fallu pour cela intensifier la sélection génétique ou encore étudier en profondeur leur système digestif, au sens littéral du terme puisque les zootechniciens greffent sur le flanc des vaches des hublots afin de accéder directement au contenu de leur panse. Aujourd’hui, ces hublots servent aussi à étudier leurs émissions de GES.

                         photo de "vache hublot"

Une solution plus simple et nettement plus efficace que ces “efforts” techniques dont les premières victimes sont les animaux est de poursuivre et d’encourager la baisse de la consommation de produits d’origine animale. Le dernier rapport du GIEC estime que si on limitait la consommation mondiale de viande de ruminant à 10g par jour et par habitant et celle des autres viandes à 80g par jour (ce qui correspond aux recommandations de l’école de santé publique de Harvard) on aurait déjà fait la moitié du chemin pour limiter le taux de CO2 atmosphérique à 450 ppm en 2050. Ce serait aussi efficace que réduire de moitié l’utilisation des automobiles. En France, cela permettrait de réduire de 80% les émissions des élevages bovins et ovins et de moitié les émissions des autres élevages. Autrement mieux que 14% en 25 ans !

Dans le même registre, la filière rabâche depuis des années que : « Prairies et haies compensent 30% des émissions de l’élevage ». Or ces 30% correspondent au carbone stocké par les prairies et non au carbone absorbé par les prairies. L’absorption nette des prairies est globalement neutre : en effet, on ne compte dans les bilans carbone ni la respiration des animaux, ni la photosynthèse des plantes qu’ils mangent, car ces deux processus s’équilibrent. Il n’y a aucune raison de soustraire aux émissions des vaches (un flux) le carbone contenu dans les prairies (un stock).

La filière vante la capacité des prairies à stocker le carbone. Mais ce sont de piètres réservoirs de carbone : les forêts contiennent beaucoup plus de matière organique donc beaucoup plus de carbone. Si on plantait des forêts à la place des prairies, elles absorberaient durant leur croissance une quantité énorme de CO2 et stockeraient ainsi une quantité bien plus considérable de carbone que des terrains herbeux !

Un autre argument, « L’utilisation des déjections de troupeaux comme engrais permet d’éviter l’utilisation des engrais chimiques, soit 4,5 millions tonnes équivalent CO2 », ne tient pas mieux car il ne faut pas oublier que ces déjections servent en grande partie à faire pousser les aliments consommés par les vaches et autres animaux d’élevage : sans élevage, on ne serait pas obligé de consommer davantage d’engrais chimiques puisque ces cultures n’auraient plus lieu d’être. Précisons d’ailleurs qu’une agriculture végane, sans intrants d’origine animale, est possible.

Côté eau, l’astuce de la CNE pour dégonfler les chiffres de sa consommation par l’élevage consiste à soustraire du bilan l’eau urinée par les vaches. Selon la CNE, si je bois 1,5 L d’eau par jour et que j’en urine à peu près autant, je n’ai pas consommé d’eau ! Là encore, les données de la CNE sont de la poudre aux yeux.

La solution est ailleurs

De nombreuses études scientifiques l’ont démontré : nous aurions tout à gagner à remplacer les productions animales par des productions végétales.

Ces dernières permettraient de recréer de vastes espaces forestiers, véritables puits de carbone et réserves de biodiversité, et ralentiraient énormément la déforestation amazonienne puisque l’élevage en est de très loin la première cause, notamment en raison des importations de soja pour l’alimentation animale. Elle économiserait l’eau, étant donné qu’il suffit d’1m3 d’eau pour produire 1000 calories d’origine végétale contre 5m3 pour des calories d’origine animale – et qu’une vache en lactation boit jusqu’à 130 litres d’eau par jour, soit autant qu’un éléphant ! Et les subventions actuellement attribuées à l’élevage pourraient être investies dans la reconversion professionnelle.

Que l’utilisation de Normandie en support de communication ait recueilli de la sympathie, dont celle des médias, est révélateur de la réification que subissent les animaux destinés à être mangés - comme Normandie, qui a rejoint son troupeau en attendant de finir à l’abattoir. On imagine le tollé qu’aurait  provoqué, à raison, une campagne utilisant un chat ou un chien recouvert de peinture.

Au lieu de soutenir l’élevage et ses incontournables gaspillages, et même un modèle d’élevage de plus en plus intensif (ferme des 1000 vaches, des 1000 veaux, de 250 000 poules pondeuses, de 5000 cochons… ), il est urgent de mettre en place un modèle agricole qui soit réellement favorable à l’environnement, aux humains et aux animaux. Les productions végétales permettent de répondre à ce défi, adoptons-les dès maintenant.


Bannière Michèle Scharapan soutient L214

Michèle Scharapan soutient L214

  • Article du Mardi 18 août 2015

partager cet article du blog de L214

Michèle ScharapanLe 30 juin dernier, la pianiste Michèle Scharapan a donné un concert au profit de L214.
C’est une récidiviste ! Michèle avait déjà sévi en 2010. Elle est non seulement une pianiste de talent mais également une militante profondément engagée pour les animaux.

Michèle n’a pas agi seule ; une véritable association de malfaiteurs parfaitement entraînés : Thomas Gautier au violon, Seokwoo Yoon au Violoncelle et Grégory Ballesteros au Piano (pour les quatre mains de Schubert).
Au programme, Mendelssohn (trio en ut mineur opus 66), Schubert (divertimento à la hongroise pour piano à quatre mains D 818) et Brahms (trio en Si majeur opus 8). Leurs méfaits se sont produits dans l’écrin du théâtre du Conservatoire national d'art dramatique. Nous avons adoré !

Si vous y étiez, cette vidéo (merci à Reine Gabriel) vous rappellera sûrement de bons souvenirs.
Si vous n’y étiez pas, elle vous donnera un petit aperçu de cette belle soirée. 

Les entrées ont été reversées à L214 pour la poursuite de son travail auprès des animaux exploités pour l’alimentation.

Un grand merci à Michèle et ses acolytes qui ont fourni un travail colossal pour la réussite de ce concert.
Merci également à la Fondation pour une Terre Humaine sans qui le concert n’aurait pas pu voir le jour.


Bannière Deux bétaillères se retournent : chronique d’une mort planifiée

partager cet article du blog de L214

Mercredi 12 août 2015. Vers 3 heures du matin sur l’A39 vers Bourg-en-Bresse, une bétaillère transportant 39 bovins et composée d’un camion et d’une remorque se couche sur le bas côté. Le chauffeur se serait endormi alors qu’il emmenait les animaux à l’abattoir. Plusieurs animaux meurent dans cet accident, dix taurillons parviennent à sortir de la bétaillère, terrifiés ils s’enfuient sur l’autoroute. Ils seront traqués par hélicoptère puis tués à bout portant par arme à feu. Les 19 animaux survivants sont à nouveau embarqués dans une autre bétaillère. Légèrement blessé, le chauffeur est transféré à l’hôpital.

Jeudi 6 août 2015, 6 h 30 du matin.
Un poids lourd transportant 63 génisses et taurillons se renverse sur  l’autoroute, après une crevaison. Si le chauffeur est (heureusement) indemne, des animaux meurent sur le coup, d’autres sont grièvement ou légèrement blessés, certains parviennent à sortir du camion et s’enfuient.
L’autoroute A40 où a lieu le drame est rapidement fermée dans les deux sens et les pompiers, dépêchés sur place, s’affairent à rassembler les animaux valides. Une nouvelle bétaillère arrive pour charger les survivants. Des hommes munis de cannes ou de manches à balai poussent des vaches, qui sont forcées d'embarquer. Certaines ont le crâne ensanglanté : leurs cornes ont été arrachées.
On ouvre les portes du camion couché, on découpe son toit à la cisaille électrique. Quelques animaux valides parviennent à s’en extraire, des cadavres sont tirés à l’extérieur. Cinq animaux valides “en divagation” et qui refusent de monter dans la nouvelle bétaillère sont tués par arme à feu. A 9 h 15, la dernière vache est ainsi tuée par un lieutenant de louveterie. Sur les 63 animaux transportés, cinq ont été tués sur place, 34 sont morts dans l’accident ou, blessés, ont été euthanasiés, et 24 ont été “sauvés”, comme l’indique l’article de presse du Dauphiné : “ Accident de bétaillère : les pompiers ont tout tenté pour sauver les taurillons ”.

Mais les sauver de quoi ?
De l’abattoir qui les attend ?
Ici ou ailleurs, sous les balles ou le couteau, leur sang coulera.

Ces accidents de bétaillères sont loin d’être exceptionnels, tant de convois lourdement chargés de cochons, de poules, de moutons ou de bovins, sillonnent sans relâche la France et le monde, sur des dizaines ou des milliers de kilomètres, transportant les animaux condamnés vers des parcs d’engraissements, des foires à bestiaux ou, le plus souvent, des abattoirs.
S’il faut bien sûr venir en aide autant que possible à ces animaux et à ceux en souffrance, s’il faut les "sauver" quand on peut, il ne faut pas non plus oublier qu’on les massacre à la chaîne dans les abattoirs – terrible paradoxe !

Autres notes du blog sur le même sujet :
Détresses animales
D'insignifiants accidents


Bannière Histoire d'un sauvetage

Histoire d'un sauvetage

  • Article du Vendredi 7 août 2015

partager cet article du blog de L214

Le refuge pour cochons GroinGroin et L214 ont mené une opération de sauvetage dans un élevage porcin le mardi 4 août 2015. La truie à sauver avait une patte cassée. Dans les élevages porcins, un accident de ce type est synonyme de “réforme”, un euphémisme pour parler d’abattage ou de mise à mort. Pourtant, la porchère refusait l’idée de la charger dans cet état dans un camion pour l’abattoir. En effet, les truies sont généralement transportées sans ménagement et sont bien souvent incapables de sortir par elles mêmes du camion : conduites sous les coups ou à l'aiguillon, voire soulevées au chariot élévateur, leur fin de vie est d’une violence sans nom.

8h30. Nous voilà aux portes de l’élevage : deux bâtiments préfabriqués installés en pleine campagne. Émilie, une jeune femme, porchère depuis 2 ans, nous accueille. Nous nous enfonçons dans le premier bâtiment qui ressemble à un immense bungalow délabré. 1513, 1514, 1515, des dizaines de truies sont alignées les unes à côté des autres, sans pouvoir bouger, se retourner, ne pouvant rien faire, juste sentir le poids de leur corps sur le sol bétonné.

Malgré la misère animale qui règne dans ce hangar, Émilie caresse l'une de de ses truies : « Je fais ce métier car au moins avec moi elles seront bien traitées, mon prédécesseur les frappait, ça m’était insupportable. »
Elle s’arrête devant une autre truie : « La voilà ». Devant nous, un corps allongé, coincé entre des barreaux.

 

On s’avance, on croise un regard doux et inquiet, c’est elle. C’est toi, ma belle qui ne finira pas dans un sandwich.
« Est-ce possible de sauver aussi un de ses porcelets ? » lance l’un d’entre nous, « Oui, même deux » répond Émilie. Nos cinq regards se croisent, la décision est prise. Une montagne de paille les attend dans le van, ils sont sauvés.
Harnais, sangles, couverture, la truie est debout sur trois de ses pattes malgré ses 160 kg, guidée par l’équipe pour atteindre l’extérieur. À la sortie de l’élevage, elle s’arrête net. Ses yeux s’ouvrent en grand, son groin sent la paille, elle repart de plus belle. Elle grimpe dans le camion sur son matelas de paille, son regard apaisé inspire la paix.
Mais l’état de sa patte rappelle la violence de sa vie, son jarret est énorme, l’abcès est monstrueux.
bérénice riauxÉmilie nous propose d’emmener deux autres porcelets chétifs, elle refuse de les tuer en les "claquant" contre un mur, pratique très courante dans ce type d’élevage, où les faibles n’ont pas leur place. Elle avait prévu de les nourrir individuellement et de les remettre dans le circuit : engraissement, transport, saignée, assiette. À présent un autre avenir les attend : ils rejoignent leur famille dans le camion, deux autres porcelets sont sauvés !

10h30 - En route pour quelques heures avant d’arriver à la clinique vétérinaire afin d'examiner la truie. On en profite pour leur trouver des noms : les quatre petits cochons s'appelleront Coquelicot, Violette, Lavande et Capucine et leur maman, Fleur.

Trois vétérinaires habitués du refuge auscultent Fleur. Après avoir pris des radios, ils nous expliquent : « Toute l'articulation du jarret est en train de se faire digérer par les bactéries, il y a un germe qui est entré et qui a attaqué les os, toute la capsule articulaire est atteinte, il n'y a rien à faire, il est impossible d'appareiller une truie qui pèsera 300 kg à l'âge adulte. Si ça avait été un pied, il y aurait peut-être eu un petit espoir, là il n'y en a pas ».

Les radios sont envoyées à Servane, vétérinaire et cofondatrice du refuge GroinGroin : même verdict.

Un coup de masse nous tombe dessus, nos estomacs se serrent, les larmes montent. Son dernier souffle sera auprès de ses petits, dans la paille, un rayon de soleil sur son corps si grand et si fort. Fleur, on ne peut pas te soigner, te voir t’éteindre aux portes de ta nouvelle vie nous accable. Être impuissant est le pire des sentiments.

Fleur a été enfermée toute sa vie. Elle est morte en découvrant qu’un autre monde existe, et ses petits pourront en profiter.

16h - Coquelicot, Violette, Lavande, Capucine ont été accueillis avec beaucoup d'émotion et de joie au paradis sur terre pour cochons : le refuge GroinGroin.
Grosse pensée pour toi, Fleur, et longue vie à tes quatre petits cochons.

 



Bannière Le combat d’Amélie pour les animaux

Le combat d’Amélie pour les animaux

  • Article du Vendredi 7 août 2015

partager cet article du blog de L214

Engagée depuis des années pour les animaux au sein de L214, Amélie a accepté de partager son parcours militant. Je vous propose d’aller à la rencontre de cette bénévole d’une gentillesse et d’une énergie à toute épreuve.

Je suis née et j’ai grandi au Canada, j’ai aussi grandi avec le Guide alimentaire canadien qui est l’équivalent du PNNS en France. Ce Guide est partout, on nous l’apprend à l’école, c’est affiché et distribué dans les écoles, on le colle sur son frigo.

Quand j’ai été étudiante à la fac avec, depuis peu de temps, un logement à moi, une des première choses que je me suis demandée a été : « Est-ce que je mange correctement, est-ce que je mange assez de viande ? Si je mange un sandwich au fromage, est-ce que ça remplace la viande ? Est-ce que mon sandwich au beurre de cacahuètes (que j’aime) peut remplacer la viande ? » Je voyais que le Guide suggérait quelques aliments alternatifs (beurre de cacahuète notamment) aux produits animaux, et comme j’étais en train de devenir autonome, je ne voulais pas me tromper sur mon équilibre alimentaire. Ces questions n’avaient rien à voir avec les animaux ni le végétarisme, mais elles m’ont amenée à chercher sur Internet.

Sur Internet, de fil en aiguille et assez vite, je me suis demandée pourquoi des gens étaient végétariens et comment ils faisaient pour manger équilibré. J’ai rapidement trouvé des arguments en faveur du végétarisme, et ça a fait un petit déclic, c’était quelque chose comme : « Ce n’est pas bête ce qu’ils disent, je vais y réfléchir ! ». Les réflexions sur la souffrance animale me semblait de bonnes réflexions, même si c’était assez diffus.

En une année, je suis passée de carniste à végane.

Couverture du livre "végétariens mais pas légumes!"Puis, je me suis fait offrir pour Noël 2002 un livre de cuisine végétarienne, et j’ai appris à cuisiner en devenant végétarienne et adulte. Vers février, quand j’ai senti que j’avais suffisamment de recettes qui me plaisaient, j’ai déclaré que j’étais végétarienne, même si je mangeais alors encore du poisson. Mes parents habitaient une région côtière où on vivait de la pêche, c’est peut-être à cause de ça. À la fin de l’été, j’avais lu le livre Végétarien... mais pas légume ! (« être légume » signifie « être idiot » en québécois), c’était très axé sur la santé, la planète, le Tiers-monde, les animaux, et comme j’avais déjà avancé dans ma réflexion j’étais plus en capacité de réfléchir à la question des animaux. Cette fois, ma remise en question incluait aussi les poissons. J’ai donc arrêté de manger les poissons et j’ai commencé à tester des recettes sans produits animaux, et quelques mois plus tard j’ai déclaré que j’étais végétalienne. Internet a joué un rôle vraiment décisif dans mes choix, j’y trouvais des réponses à toutes les questions farfelues qui pouvaient me traverser l’esprit, surtout que je ne connaissais pas vraiment d’autres végétariens, j’étais assez isolée.

Quand je suis revenue passer l’été chez mes parents, j’ai senti ma mère un peu sur la défensive. Je l’ai rassurée en lui disant que j’allais me faire à manger. Comme ma famille appréciait ce que je préparais, ça s’est bien passé. Maintenant, ma mère a appris à cuisiner certaines recettes qui me conviennent.

Par contre, ça a été bien plus compliqué avec ma belle-famille française, où j’ai bien senti que refuser de la viande était un enjeu, surtout aux repas familiaux. À Noël par exemple, il y avait plusieurs plats de viande, et même si j’apportais mes plats, toute cette viande me pesait. Je me souviens d’une fois où une pièce de viande était posée sur un plat, mais du sang coulait sur la nappe blanche. Pour moi, ce n’était pas une ambiance de fête. Quand j’ai parlé de ça à ma mère, elle m’avait suggéré de faire des pizzas végétaliennes pour Noël. C’est là qu’on voit bien l’écart culturel : au Canada, Noël ne tourne pas autour de la nourriture. Même s’il y a des plats traditionnels, le repas de Noël dure une petite heure et puis on passe à autre chose, aux cadeaux, etc.

En France, on a souvent l’impression qu’ailleurs ça avance mieux et plus vite pour les animaux mais, au moins par rapport au Canada, je suis pourtant loin d’en être sure. Il n’y a pas là-bas de mouvement comparable à ce qui se passe en France. En 2013, j’ai participé à la Marche pour la Fermeture des Abattoirs à Toronto, j’étais contente car l’esprit de la marche avait bien été repris, mais on était entre 200 et 300 contre presque 1000 personnes à Paris la même année.

Au début, j'avais envie de débattre avec tout le monde.
Puis, j'ai compris que c'était épuisant, peu efficace,
et que les enjeux étaient ailleurs.

Au début de mon végétalisme, j’avais envie de débattre avec tout le monde et de convaincre mon beau-père, mais on tournait en rond et, au final, je ne profitais pas de la présence des autres. Depuis, j’ai dépassé la phase de vouloir militer dans mon entourage, j’ai compris que ce n’était pas là l’enjeu. À la Veggie Pride de Genève en 2013, j’ai vu une conférence d'Anoushavan Sarukhanyan qui m’a pas mal confortée à ce sujet : c’était pour sortir de la stratégie de la conversion qui postule que si on veut changer la société, on doit commencer par changer autour de soi et que ça fera boule de neige. C’est une idée quand même très répandue, mais cette conférence démontrait bien que ça ne peut pas marcher comme ça. L’article dans Les Cahiers antispécistes « Démanteler l’industrie de la viande » d’Erik Marcus m’a aussi confortée dans ce que je pensais déjà sur ce qu’il est important de faire.

C’est la même chose aujourd’hui à mon travail : mes collègues me posent parfois des questions sur mon végétalisme mais ça ne va pas bien loin, c’est notre travail qui passe en priorité et je mets mon énergie ailleurs.

Mes débuts dans le militantisme ont été un peu compliqués, je ne savais pas vraiment à quoi me rattacher. Mon engagement pour les animaux a, là encore, commencé par Internet. J’étais sur un groupe de discussion féminin lyonnais sur la cuisine végétarienne en 2004. On s’est rencontrées, c’était sympa, on faisait un repas par mois, l’occasion rêvée de se dépasser en cuisine ! Puis les filles ont créé l’association Avely (qui n’existe plus) avec laquelle j’ai fait mes premiers stands, par exemple pour des journées contre le spécisme.

J’ai bien aimé aussi la première Veggie Pride où je suis allée, à Paris en 2004. J’ai fait partie de l’organisation pour les cinq années suivantes, mais je n’étais pas très à l’aise parce que je n’ai pas l’âme d’une organisatrice (mais ça, je l’ai découvert après).                                           

En même temps, j’étais alors étudiante pour être infirmière et je n’avais vraiment pas beaucoup de temps à consacrer au militantisme.

J’ai aussi été aux Estivales de la question animale, où j’ai découvert Stop Gavage, qui allait devenir peu de temps après L214.

Puis à partir de 2012, avec mon copain de l’époque, j’ai participé aux campagnes Monoprix de L214 et à des actions de l’AVF, on a tenu des stands et participé à des salons.

Amélie participe à une action contre le foie grasCes dernières années, je me suis beaucoup impliquée à L214, avec qui j’ai participé à nombre d’actions. J’aime bien l’action barquette même si ça me stresse parce que ça peut être perçu de façon assez violente par les passants, mais c’est une violence qui est bien utilisée, parce qu’on est là avec un discours adapté, non agressif, qui pose les mots sur ce qui peut choquer. C’est une action très visuelle qui interpelle vraiment les gens, c’est facile de leur parler des animaux. Quand les gens disent : « C’est choquant ce que vous faites », il suffit de leur expliquer : « La personne qui est dans la barquette est vivante et volontaire, et on ne va pas la manger ! Alors que dans les supermarchés, il y a des barquettes semblables avec des morceaux d’animaux qui voulaient vivre, et c’est infiniment plus choquant que ce que vous voyez ».

L’action compteur a un côté tragique et émouvant, c’est une concrétisation du nombre d’animaux tués en temps réel dans les abattoirs, ça donne la mesure de l’ampleur du massacre. Ça me touche beaucoup et me donne de l’énergie militante.

La Vegan Place est vraiment une action complète où beaucoup de militants interviennent de façon différente, on peut être au cœur du sujet en accompagnant les gens dans leur prise de conscience, dans leur confrontation avec la réalité. Les gens voient à la fois la réalité et l’alternative.

Outre mon implication à L214 sur le terrain, je prends aussi en charge des tâches de logistique, comme des travaux de couture pour réaliser des costumes, des nappes, etc. J’ai créé huit costumes de « poules amochées », et ça a été une tâche très satisfaisante pour moi, je me suis sentie utile. Je cuisine aussi 400 cookies pour chaque Vegan Place à Lyon, je fais souvent des photocopies, des étiquettes, des mises sous pli, etc. Prendre en charge ces choses est ma façon d’aider. J’ai désormais identifié ce qui me plaisait et était utile et ce qui me pesait, et je n’hésite plus à dire « non » si ça ne me convient pas.

Je me retrouve totalement dans la démarche de L214, dans cette façon d’être à la fois audacieux en osant demander des choses aux gens, mais de le faire de manière posée. Pour moi c’est important de défendre vraiment les animaux avec la dimension de l’abolition, tout en tenant compte de la réalité de la société telle qu’elle est maintenant mais sans que cette réalité ne fasse perdre espoir, et de respecter ses interlocuteurs.

Pour moi, L214 arrive à concilier un projet ambitieux
et la réalité, en cherchant sur quoi on peut agir.
Je crois vraiment que c’est comme ça que ça va marcher.

J’ai d’ailleurs l’impression que le mouvement grossit, et de plus en plus les gens que je croise ont déjà rencontré un végé ou ont vu un reportage à la télé, ils voient mieux de quoi il s’agit qu’il y a dix ans. C’est quelque chose que je constate au quotidien, et c’est vraiment motivant pour continuer à avancer !


Bannière Juliana et Eric, mariage vegan pour les animaux

Juliana et Eric, mariage vegan pour les animaux

  • Article du Vendredi 7 août 2015

partager cet article du blog de L214

« Juliana et moi, nous nous  sommes connus grâce à L214 l’été dernier. Début avril, nous avons décidé de nous marier.  Nous avons souhaité que le mariage se déroule à une Vegan place, parce que c’est sur une Vegan Place que nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Mais ce qui nous tenait encore plus à cœur, c’était de faire en sorte que notre cadeau de mariage serve la cause animale.

Nous avons des valeurs communes que nous partageons au quotidien, et ce projet était parfait pour sceller notre union.

Pour cela, nous avons créé un pot commun encore ouvert aux dons jusqu’au 31 aout 2015 et un évènement Facebook.

Robe (Merci Lolita Lempicka du prêt de la belle robe), alliances (faites en or éthique par APRIL PARIS), super DJs bénévoles, discours magnifiques de dirigeants des associations, tout a été fait pour offrir aux organisateurs et aux donateurs une belle cérémonie qui a éveillé beaucoup de solidarité et de générosité, d’après les retours des différents amis et personnes présentes le jour J du 25 juillet 2015.

La cérémonie de mariage nous a beaucoup touchés. L’émotion était au rendez-vous pour nous soutenir dans notre volonté commune d’aider les animaux. 

Actuellement, les dons collectés atteignent 3700 €. Nous continuons notre campagne pour atteindre un chiffre plus important afin d’aider des associations qui en ont tant besoin.

Nous remercions les généreux donateurs pour nous avoir suivis depuis fin mai dans cette aventure.

Voici les 4 associations qui bénéficieront de 100% de ce projet :

 

La fin de collecte de dons est prévue le 31 aout 2015. Quoi de plus beau pour fêter notre 1er anniversaire de notre rencontre ?

Si vous souhaitez participer à l'appel aux dons, et donc aider les associations de protection animale dont L214 Ethique et Animaux,

► la cagnotte est ICI ◄  jusqu’au 31 aout 2015

Photos de la cérémonie  (Crédit photos Planète animaux)

L’évènement Facebook pour suivre notre projet est ici.

À nos associations dévouées pour les animaux.

Pour eux. »

Juliana et Eric.

 

Crédits photo : Joséphine Jeanneau (bannière) / Jéremy Leguillon (Just Married)

 


Bannière Broyage des poussins : 36 parlementaires interpellent le ministre Le Foll

partager cet article du blog de L214

Le 18 août 2015, la liste mise à jour des députés et sénateurs ayant déposé une question écrite sur le broyage des poussins s'élève à 41 parlementaires.


Trente-six députés et sénateurs de tous bords* demandent au ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll de mettre fin à la pratique du broyage et du gazage des poussins dans les couvoirs.

Par question écrite, les élus s'inquiètent de cette pratique liée à la production d’oeufs de consommation :

“seuls les nouveau-nés femelles sont conservés (...) et les poussins mâles sont détruits : en effet, n'ayant pas les mêmes caractéristiques que les poulets élevés pour leur chair, ils sont considérés comme inutiles par la filière avicole. En France, ce sont environ 50 millions de poussins mâles qui sont ainsi éliminés de façon particulièrement cruelle au premier jour de leur vie : déchiquetés vivants à l'aide de broyeuses, gazés ou étouffés.”

Prenant exemple sur l’engagement de l’Allemagne à instaurer une détermination précoce du sexe dans l’oeuf pour éviter l’éclosion de poussins non désirés, les élus ont demandé au ministre “s'il envisage d'instaurer de façon obligatoire en France” cette méthode qui épargnerait une mort violente à des millions de poussins.

La mobilisation des députés et sénateurs fait suite à une vidéo, tournée par un employé dans un couvoir breton, de poussins jetés de façon routinière dans une broyeuse ou étouffés par centaines dans des sacs poubelle. Cette vidéo avait été révélée par L214 en novembre dernier.

 

 

En avril, L214 a sollicité un entretien au ministre Stéphane Le Foll pour lui exposer ses recherches et presser la mise en oeuvre d’alternatives dans tous les couvoirs français. Ce courrier est resté sans réponse du ministère, en dépit de l’annonce – faite au lendemain de la publication de la vidéo –- d’une “nouvelle stratégie en matière de bien-être animal” comportant une remise à plat des normes de mise à mort.

Forts de l’appui des parlementaires et du soutien de 85 000 signataires de sa pétition “Stop au Broyage des poussins”, L214 a une nouvelle fois sollicité une rencontre avec le ministre afin de faire avancer le dossier.

Chaque jour, des milliers de poussins nouveau-nés sont déchiquetés vivants parce qu’ils sont considérés comme de simples déchets. Cette cruauté a trop duré. Le code civil reconnaît désormais les animaux en tant qu’êtres sensibles : il est temps d’agir en conséquence.

Ajoutez votre voix à la pétition contre le broyage des poussins : signez ici.


* Ces questions écrites ont été posées entre le 16 juin et le 4 août 2015, par les députés :

Laurence Abeille (EELV, Val de Marne)

Brigitte Allain (EELV, Dordogne)

Laurence Arribagé (LR, Haute Garonne)

Isabelle Attard (ND, Calvados)

Danielle Auroi (EELV, Puy-de-Dôme)

Patrick Balkany (LR, Hauts-de-Seine)

Jean-Jacques Candelier (FG, Nord)

Dominique Chauvel (PS, Seine Maritime)

Olivier Dassault (LR, Oise)

Jean-Pierre Decool (app. LR, Nord)

Dominique Dord (LR, Savoie)

Nicolas Dupont-Aignan (DLF, Essonne)

Jean-Paul Dupré (PS, Aude)

Joël Giraud (PRG, Hautes-Alpes)

Jean-Jacques Guillet (LR, Hauts-de-Seine)

Guénahël Huet (LR, Manche)

Jean Lassalle (Modem, Pyrénées-Atlantiques)

Thierry Lazaro (LR, Nord)

Frédéric Lefebvre (LR, Français établis hors de France)

François Loncle (PS, Eure)

Lionnel Luca (LR, Alpes-Maritimes)

Alain Marleix (LR, Cantal)

Philippe Noguès (PS, Morbihan)

Philippe Plisson (PS, Gironde)

Bérengère Poletti (LR, Ardennes)

Christophe Premat (PS, Français établis hors de France)

Gabriel Serville (D&R, Guyane)

Christophe Sirugue (PS, Saône-et-Loire)

Michel Sordi (LR, Haut-Rhin)

Michel Vergnier (PS, Creuse)

et les sénateurs :

Jean-Marie Bockel (UDI, Haut-Rhin)

Roland Courteau (PS, Aude)

Hubert Falco (LR, Var)

Jean-Noël Guérini (LF13, Bouches-du-Rhône)

Chantal Jouanno (UDI, Paris)

Jean-Pierre Masseret (PS, Moselle)

Cyril Pellevat (LR, Haute-savoie)

Marie-Françoise Perol-Dumont (PS, Haute-Vienne)

Jean-Vincent Placé (EELV, Essonne)

Nelly Tocqueville (PS, Seine-Maritime)

Alain Vasselle (LR, Oise)