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Les poissons et moi...

  • Article du Vendredi 3 avril 2015

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Merci Sophie Prundup de nous permettre de reproduire son témoignage.

J'ai tardé 3 ans à larguer le poisson... J'ai même travaillé dans un élevage de bars en Bretagne. Ainsi pendant plusieurs étés, j'ai alimenté, sorti les morts, trié, manipulé les poissons avec des épuisettes (havenaux). Au cours de ces manipulations, il arrive que des poissons tombent sur le sol des pontons, on les ramasse comme on peut, ils se blessent, parfois crèvent de stress. Parfois il y en avait qui étaient sur le point de mourir, un peu faiblards, alors je les sortais de l'eau, et je les assommais aussi fort que je pouvais avec un bâton et je les ramenais à la maison ou je les vidais et les donnais à ma mère pour les préparer.

 

aquaculture, France

 

Avant de les pêcher, on les gardait plusieurs jours dans des enclos où on ne leur donnait rien à manger, pour que leurs intestins soient vides pour les consommateurs. Mais en cachette je leur envoyais quelques grains d'aliments et ils se jetaient dessus en se battant tellement ils avaient faim.

 

des bars

 

J'en ai pêché à l'épuisette et mis dans des bacs d'eau glacée pour les endormir le temps qu'on rentre à la berge de la rivière, qu'on les pèse et qu'on les mette dans des caisses en polystyrène contenant de la glace pillée, tous rangés bien serrés. Ces messieurs dames étaient bien sûr toujours vivants (gage de fraicheur !), et certains conscients nous regardaient avec leurs gros yeux, tout en montrant des signes d'asphyxie alors qu'ils luttaient à grands coups de queue.  Ça me faisait un drôle d'effet, mais je ne connectais pas encore. Et je tenais fort le couvercle en leur disant de se tenir tranquilles le temps que je scotche le couvercle. Et puis je les emmenais à Lorient pour les livrer aux transporteurs pour Rungis. Et ça me plaisait !

 

 

Je ne mangeais plus de viande d'animaux non marins, car j'avais déjà fait la connexion avec eux, mais je continuais à manger les animaux marins. Et puis, petit à petit, j'ai appris que dans le poisson il y a un concentré de produits toxiques, métaux lourds, hydrocarbures, même des pesticides aujourd'hui interdits mais qui sont encore présents dans la nature. Alors fin 2006 déjà je me suis dit qu'il faudrait que j'arrête, car c'était comme si je faisais de mon corps une décharge toxique. J'ai appris aussi que pour les alimenter on prend des tonnes de poisson de mer (il en faut 3 à 5 kg pour produire 1 kg de poisson d'élevage), ainsi que du soja qui détruit l'Amazonie.

 

un bar (poisson)

 

Et puis début 2007 j'ai assisté à une conférence sur la sensibilité des poissons, qui a eu un effet choc : j'ai appris que quand je touchais les poissons de l'élevage, ça leur faisait aussi mal que lorsque je me mets un doigt dans l'oeil ! Et là, c'était clair, je devenais végétarienne, et très rapidement ensuite végétalienne (chose qui me paraissait impossible et hors de question à peine 6 mois avant.)

...Maintenant je me régale avec les alternatives végétales. Et pour retrouver le gout de la mer, il suffit de rajouter des algues !

 

crédits photo (dans l'ordre)

creative commons - Olga Diez / Jeanne Menj / Victor Morell Perez / AJHosgood / Citron