GroinGroin, refuge pour groins, museaux, becs, truffes et nez
- Article du Mardi 11 février 2014
Récit d'Anne-Lorraine, adhérente L214 et bénévole au refuge GroinGroin
Grâce à un appel relayé par L214, j’ai pu faire connaissance avec l’association GroinGroin, un superbe refuge essentiellement voué au sauvetage de cochons nains/vietnamiens/miniatures mais pas que…
L'association
GroinGroin est une association créée pour aider des cochons abandonnés à trouver un foyer sûr et aimant chez des adoptants sélectionnés. C’est aussi un réseau de ressources, de conseils et d’entraide. Avoir un petit cochon à la maison demande des connaissances particulières pour que le compagnonnage soit idyllique.
Le refuge
En 2006, l’association crée le refuge pour faire face aux difficultés de placements des cas les plus complexes. Qu’il soit malade ou qu’il ait un caractère de cochon, chaque groin a droit à un toit. L’une des fondatrices de l’association fait le grand saut, abandonne son métier pour se consacrer totalement aux cochons. Elle achète près du Mans, dans la Sarthe, une petite ferme avec quelques hectares parfaits pour recevoir les groins abandonnés. Chaleureuse et pleine d’humour, Caroline a un caractère bien trempé et un amour sans limite pour ses groins.
La ferme est charmante, de taille humaine, familiale. Autour de la cour, d’un côté la petite maison de Caroline et une chambre pour les bénévoles. Une grange qui sert au stockage de nourriture et d’outils d’un côté, chalets à cochons de l’autre. Et des parcs où quasiment tout le monde possède son petit studio individuel. Face à la maison, le parc des deux filles de la maison, Marge et Rosalie. La nuit, elles rentrent dans la maison, au chaud dans un amas de couvertures qu’elles arrangent à grand bruit pour y faire leur nid.
GroinGroin héberge une soixantaine d’animaux. Tout est pensé pour que, quoi qu’il arrive, même les journées sans aide de bénévoles, Caroline puisse assurer à chacun sa ration de nourriture, eau propre et soins affectueux. Des journées très pleines où rien n’est laissé au hasard. Même seule, Caroline peut y faire face, elle est attachée à cette indépendance qui est aussi la garantie que les animaux ne manqueront jamais de rien.
Les subsides de l’association sont constitués des dons qu’elle reçoit, de la vente de nourriture spécialement élaborée pour les groins. GroinGroin fait aussi pension pour cochons et chevaux quand leurs humains ne peuvent les emmener dans leurs déplacements. Sécurité, confort et qualité de vie assurée…
Les cochons
Il y a sur place une quarantaine de cochons, presque tous nains à l’exception de Carla, Giula et Dynamite. Ils sont répartis suivant leurs besoins, leurs caractères, dans des enclos différents. Les groins très âgés qui commencent à avoir des difficultés pour se déplacer d’un côté, les plus jeunes en face. Raymond et Huguette, un couple charmant, ont leurs appartements privés, les plus fragiles ont des niches chauffées… Dans chaque enclos, il y a assez de niches, généreusement paillées, pour que chacun dispose de son petit coin privé. Généralement, ils se mettent plutôt à deux par chambre mais GroinGroin ne lésine pas sur le confort.
Les chiens surveillent...
Candy la dinde et sa copine Cocotte, une poulette, se baladent librement et vont visiter les uns et les autres, Cocotte n’hésitant pas à monter sur le tracteur ou sur le dos d’un cochon pour faciliter ses déplacements ou avoir un meilleur point de vue. Colette la chèvre dispose de son studio perso et se balade tranquillement entre les parcs. Les moments fort de sa journée consistent notamment à essayer de piquer les grains des groins lors du passage des repas – et Colette a une force impressionnante, pas facile de lutter avec elle – et à distraire les visiteurs qui seraient mieux inspirés de jouer avec elle plutôt qu’aller ramasser des cacas à longueur de journée. Décidément, les chèvres me font particulièrement craquer ! Edgar et Philomène deux bassets hound récupérés veillent sur la cour. La très peureuse Philomène aime qu’on s’occupe d’elle, mais elle est bien trop timide pour en demander. Il faut ruser un peu pour l’attirer, se faire tout petit, tout doux pour qu’elle ose enfin s’approcher et recevoir un peu de tendresse. Il y a aussi deux chats, Clochette qui préfère rester dehors vu qu’elle y a des cachettes que Caroline repère pour veiller à ce que ce soit confortable et Chamalo qui trouve ça plus marrant de monter sur la table de la cuisine pendant les repas, même si ça ne plaît pas à Caroline (il faut bien qu’elle ait quelques défauts !). Et Caliméro l’âne câlin inséparable d’Arthur le poney et de Belle la jument.
Paisibles vaches
Dans deux champs éloignés de quelques centaines de mètres, Lili et Eole, une vache et son veau adolescent aux splendides yeux amandes. Encore timides parce qu’ils ne sont pas là depuis très longtemps et qu’on les laisse vivre leur vie sans leur demander de venir manifester quoi que ce soit de particulier. Ils sont là, en sécurité, rouges comme des soleils et tout est parfait ainsi.
Oudini et ses amis
Et plus loin, les chevaux. Eclair, Drioso, Babouche et Gaylord sont en pension « retraite », ce qui fournit un petit appoint à GroinGroin, et d’autres, comme le célèbre Oudini, sont résidents permanents.
Oudini, en hommage au fameux magicien qui disparaissait… en fait il s’est réincarné en Percheron pour qui les clôtures n’existent pas. Ni les gros rondins de bois, ni les fils électriques ne parviennent à le contenir. Du coup, personne ne veut de lui, il défonce tout. Mais sans le vouloir, il ne fait vraiment pas ça exprès. C’est juste qu’il y a des trucs supers chouettes à voir là, un peu plus loin… Nous arrivons avec Caroline pour nettoyer les abris et, mauvaise surprise, encore une clôture de brisée. Oudini est là, l’air de rien, super content de voir du monde parce qu’il aime faire des câlins. Plus c’est gros, plus ça a le cœur tendre ! Caroline fonce à la ferme chercher de quoi réparer. Nous commençons le nettoyage avec une autre bénévole en gardant un œil sur le passe-muraille. Je le vois qui flâne de l’autre côté du champs, l’appelle. Oudini tourne la tête, fait demi-tour et revient aussitôt au trot. Il est vraiment mignon. Ça me fait drôle parce qu’il est immense et que les chevaux m’impressionnent et me font un peu peur mais, je ne sais pas pourquoi, je trouve celui-là super mimi et je lui fais un câlin pour le remercier d’être revenu sans faire d’histoires.
Il faudra plus d’une heure pour réparer les dégâts. Clôture électrique rebranchée à fond, Oudini s’en fiche, il ne sent rien et tend sa grosse bouille pour avoir des caresses. Cela bouleverse le plan de la journée, on finira les soins à la lampe frontale…
Les journées ne sont jamais monotones
On peut compter sur les animaux pour rendre la vie plus jolie même quand il s’agit de passer des heures à nettoyer les enclos. Parce qu’on est dehors et que le refuge est très bien pensé et tenu, il n’y a ni dégoût ni lassitude. Et puis, pour leur bien-être et une harmonieuse cohabitation humains-non-humains, la propreté de cet espace communautaire est indispensable. Il y a la fête de l’heure des repas où chacun vous raconte bruyamment qu’il a vraiment super super trop faim, et on en apprend long sur la psychologie cochonne parce qu’il faut ruser pour que chacun reçoive ce dont il a besoin. Et une trentaine de cochons, ça en fait des repas spéciaux ! Et surtout, il y a constamment ces petits instants magiques d’échanges, d’observation mutuelle, le petit coup de tête amical d’un être dont on aura vaincu calmement la timidité, un gratouillis sur le front, un bisou sur le museau.
GroinGroin est un refuge exemplaire, familial, charmant. Il a toujours besoin de bénévoles et de soutiens financiers. Et les dons sont déductibles des impôts à 66%... En ce moment, l’association propose un contrat de 6 mois en service civique. C’est un travail prenant mais passionnant, qui demande un engagement sérieux.