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Antibiorésistance: 25 000 décès/an en Europe, la viande mise en cause par les autorités sanitaires

  • Article du Mercredi 17 février 2016

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Les 10 et 11 février 2016, deux autorités internationales ont jeté un nouveau pavé dans la mare des productions animales, révélant “une menace émergente pour la santé publique”.

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Agence européenne de sécurité sanitaire des aliments (EFSA) ont tous deux réaffirmé le danger du développement de la résistance des bactéries aux antibiotiques, et la part de responsabilité considérable de l’élevage d’animaux pour la consommation alimentaire.

 

 

Face aux ministres européens de la santé et de l’agriculture, la Directrice générale adjointe de la FAO a rappelé que 7 maladies humaines sur dix nouvellement découvertes sont d’origine animale. En 2015, la FAO avait appelé à une action urgente pour répondre à la menace croissante des pathogènes qui résistent aux médicaments dans les filières de production alimentaire terrestres et aquatiques.

De son côté, l’EFSA a publié le 11 février un rapport sur la résistance bactérienne en Europe chez les humains, les animaux et dans les aliments. L’Agence alerte entre autres sur les risques liés à la bactérie Campylobacter, la maladie bactérienne alimentaire touchant le plus fréquemment les Européens. Cette bactérie est très présente chez les poulets : 76% des carcasses de poulets en sont contaminés, selon l’EFSA. Chez 69,8% des poulets, cette bactérie est désormais résistante à un antibiotique extrêmement important en médecine humaine, la ciprofloxacine. Par ailleurs, l'EFSA avait déjà averti en 2010 que la viande de volaille s’avère être une source majeure, si ce n’est la plus importante, d’infection par Campylobacter chez l’homme.

De même, une part importante des bactéries salmonelles (provoquant la 2nde maladie alimentaire la plus fréquente chez les Européens) est devenue résistante à plusieurs médicaments. Cette résistance s’est retrouvée chez les humains (26% des bactéries) mais aussi dans la viande de poulet (24,8%) et de dinde (30,5%).

Les conséquences de cette antibiorésistance sont, sans aucun doute, une océan inquantifiable de souffrance pour les millions d’animaux touchés, que les médicaments ne soignent plus. Il est utile de rappeler que la production toujours plus intensive, dans des conditions de promiscuité toujours plus propices à la prolifération bactérienne, a largement contribué à cette spirale infernale (plus d’antibio, plus de résistance, plus de victimes) qui aujourd’hui s’abat sur les humains comme sur les animaux non-humains.

Concernant les humains, les ravages de l’antibiorésistance sont connus : le commissaire européen à la santé, Vytenis Andriukaitis, a déclaré : « Chaque année, dans l'UE, les infections causées par des bactéries résistantes aux antimicrobiens provoquent environ 25.000 décès. »

La résolution de ce problème majeur ne se fera pas sans un changement en profondeur des pratiques agricoles et des habitudes alimentaires. Les productions animales ont prouvé qu’elles ne rendent service ni à la santé humaine, ni aux animaux, ni à l’environnement. Si elles profitent à une minorité, elles ont un coût majeur pour la société dans sa globalité.

Nous avons tous une responsabilité et la possibilité de choisir. Tournons-nous vers une autre agriculture, consommons de façon éthique et consciente : www.vegan-pratique.fr

 

Qu'est-ce que l’antibiorésistance ?

L’antibiorésistance apparait lorsque des bactéries ne sont plus tuées par les antibiotiques qui sont censés les combattre : elles deviennent résistantes, et il devient difficile de soigner les affections qu’elles provoquent.

Les bactéries qui affectent les animaux en élevage peuvent être les mêmes que celles qui affectent les humains. Des bactéries issues des élevages peuvent se transmettre aux humains, via le contact direct des animaux, mais aussi via la viande contaminée.

L’utilisation massive d’antibiotiques en élevage contribue à l’apparition des résistances bactériennes. Les mêmes antibiotiques sont utilisés en médecine humaine et dans les élevages ; la menace concerne donc autant la santé des humains que des non-humains.

 

sources :

FAO, La FAO appelle à une action internationale face à la résistance aux antimicrobiens, 10 février 2016

EFSA, La résistance aux antimicrobiens augmente dans l'Union européenne, avertissent l'EFSA et l'ECDC, 11 février 2016

EFSA, L’EFSA publie une étude sur la présence de Campylobacter et de Salmonella dans les poulets au sein de l’UE, 17 mars 2010