Bannière Roumanie et Lettonie disent non aux animaux sauvages dans les cirques

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Cette semaine la Roumanie et la Lettonie ont rejoint la liste, déjà conséquente, des pays ayant interdit l’exploitation des animaux sauvages dans les cirques. Une belle avancée !

Ours haltérophiles, éléphants acrobates et tigres cascadeurs bientôt libérés du joug des chapiteaux ? Saisie de la question ce mardi, la Chambre des députés roumaine s’est exprimée à plus de 75% (1) en faveur d’une loi interdisant l’exploitation des animaux sauvages.

Les animaux « nés en captivité ou capturés dans la nature, […] quel que soit leur degré d'apprivoisement » ne pourront plus légalement être utilisés en Roumanie, qu’il s’agisse de spectacles de cirque ou de troupes d'artistes ambulants.

Une fois promulguée par le Président Klaus Lohannis, les animaux concernés par cette loi devront être transférés dans des réserves ou des zoos dans un délai de 18 mois. Tout contrevenant s’exposera à une peine allant jusqu'à un an de prison.
Numéro d'éléphants dans un cirque
Seulement 48 heures après la Roumanie, le Parlement letton enfonce le clou en votant à son tour une loi interdisant les spectacles d’animaux sauvages sur son territoire. Initié par le dépôt d’une pétition de Dzīvnieku brīvība (Animal Freedom) signée par 26 000 personnes, le projet de loi a été favorablement accueilli par le législateur. Avec 54 votes « pour » et seulement 4 votes « contre » (2), la Lettonie devient le 25e pays européen à bannir les animaux sauvages de ses cirques.

La loi qui doit être promulguée dans les prochains jours par le Président de la République Raimonds Vējonis, entrera en vigueur dès le 1er juillet. Seule exception, le cirque de Riga, considéré comme une institution en Lettonie, aura jusqu’au 1er janvier 2018 pour se mettre en conformité avec la loi.

Manifestant devant le Parlement letton

250 personnes étaient rassemblées devant la Saeima, le Parlement letton, pour protester contre l'utilisation d'animaux sauvages dans les spectacles de cirque. Photo ©Dzīvnieku Brīvība

 

​Alors que la plupart de ses voisins européens ont pris position sur le sujet en interdisant au moins partiellement la présence d’animaux dans leurs cirques, la France en était encore, ces dernières années, à légiférer sur la superficie des cages. Toutefois, si les parlementaires ne se sont toujours pas intéressés à la question, des élus locaux ont su prendre les devants. Ajaccio, Chartres, Montreuil, Tourcoing ou encore La Ciotat… une cinquantaine de communes (3) partout en France ont d’ores et déjà promulgué des arrêtés municipaux interdisant la présence de cirque avec animaux sur leur territoire.

Carte d'Europe des pays ayant interdit l'exploitation d'animaux dans les cirques

Pays européens ayant interdit en totalité ou partie l’exploitation des animaux dans les cirques.
 

Parfois, la décision vient des cirques eux-mêmes. Le mois dernier, André-Joseph Bouglione, propriétaire du cirque Joseph Bouglione a annoncé à 30 millions d’amis l’arrêt des numéros mettant en scène des animaux. (4) « J’ai vu un sondage qui indiquait que 80 % des Français étaient sensibles à la cause animale. Notre métier, c’est de faire un spectacle pour la famille. Si une très large majorité des familles est sensible à la cause animale, on ne peut pas continuer à faire un spectacle qui les dérange. Je ne me voyais pas continuer à présenter des animaux à des gens qui ressentent une gêne morale en venant au cirque. »
 

Numéro de fauve au circle Bouglione
Le cirque Joseph Bouglione, du temps où il utilisait encore des animaux. Photo ©30 millions d’amis
 

Le succès international du Cirque du Soleil, qui depuis 1984 émerveille petits et grands avec des spectacles sans animaux, est la preuve qu’un grand numéro de cirque ne nécessite pas de violenter et de maintenir des animaux captifs toute leur vie. Repenser la piste aux étoiles sans les animaux. Un véritable tremplin vers le cirque du XXIe siècle.

 
 
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(1) 266 votants. Pour : 201 ; Contre : 7 ; Abstention : 58 - Source Romania Insider : bit.ly/VoteRoumanie
(2) 75 votants. Pour : 54 ; Contre : 4 ; Abstention : 17 - Source LSM.lv : bit.ly/VoteLettonie
(3) Source 30 millions d’amis : bit.ly/VillesFR-CirqueSansAnimaux
(4) Source 30 millions d’amis : bit.ly/CirqueJ-Bouglione

Bannière Poules malades, déplumées, infestation de poux : tout va bien selon les vétérinaires de l'État !

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Mardi 30 mai, L214 a révélé en vidéo la situation calamiteuse d’un élevage de poules en batterie appartenant à la société Les Œufs Geslin, une entreprise spécialisée dans l'approvisionnement de l'industrie agroalimentaire. Les images parlant d'elles-mêmes, les journaux n'ont pas hésité à parler de scandale sanitaire, de maltraitance animale ou de vidéo accablante. En 10 heures, elles ont été partagées plus de 20 000 fois et vues par un demi-million de personnes sur Facebook. Elles ont convaincu le Groupe Panzani de ne plus s'approvisionner en œufs de poules élevées en cage.

 

Les images montrent des animaux dans un état déplorable et des conditions sanitaires exécrables :

- des poules extrêmement déplumées (certaines n'ont quasiment plus aucune plume),

- des parasites grouillant sur les oeufs,

- des poules blessées dans un état dramatique (cloaque purulent),

- des cadavres dans les cages, bloquant la circulation des oeufs.

L’élevage se trouve de plus en non-conformité avec la réglementation imposant certains aménagements dans les cages, comme la présence de litière.

Pourtant dans l'après-midi du scandale public, les vétérinaires de l'État rendus sur place n'ont détecté "aucune non-conformité", selon la presse. Une situation rocambolesque qui devrait, plutôt que de rassurer, nous alarmer sur l'expertise et la volonté des autorités à reconnaître les sérieux problèmes de protection animale en élevage et faire respecter la réglementation.

Selon la préfecture, rapporte Ouest-France, "il n'a pas été constaté la présence de cadavre ni d'animaux blessés ou en souffrance". Si votre élevage se trouvait pris dans la tourmente d'un scandale médiatique depuis la veille (certains journaux ayant prévenu l'élevage le jour précédent), auriez-vous laissé des animaux mourants ou des cadavres dans les cages en attendant une inspection ?

poules mortes cages oeufs Geslin Vendée

 

La préfecture reconnaît bien que les poules sont atteintes d'une "pathologie, la colibacillose, maladie qui a pour conséquence un affaiblissement des volailles et une mortalité plus importante que la normale". Mais tient à rassurer immédiatement les consommateurs : cette maladie est "sans danger pour la santé humaine". Les animaux, qui s'en soucie ?

Pas de crainte selon les autorités, les poules elles-mêmes seraient dans un "bon état pour des animaux âgés de 68 semaines, en tenant compte du contexte pathologique". Ces poules malades vont donc plutôt bien ! D'autant qu'elles ont 68 semaines.... soit seulement un an et quatre mois, ce qui semble représenter un âge canonique pour les autorités. Dans les élevages, c'est en effet l'âge où les poules, usées par une vie de misère seront bientôt envoyées à l'abattoir. Savent-il qu'une poule peut vivre 10 ans lorsqu'elle n'est pas exploitée en élevage ? L’imminence de l’abattoir fait-elle de ces animaux des déchets dont il n’y a plus lieu de se préoccuper ?

poules agonisante

 

Concernant l'épidémie de poux rouges grouillant sur les œufs et dans les cages, la préfecture minimise de nouveau, argumentant qu'ils sont sans conséquence pour la santé humaine. Les parasites pullulant sur les œufs dans l'élevage ne vous donneront donc pas d'indigestion. En revanche, la presse ne relève aucun mot de la préfecture sur les conséquences pour les poules, qui peuvent aller du stress jusqu'à la mort de l'animal, en passant par l'anémie et le cannibalisme, comme le reconnaissent l'industrie et l'école vétérinaire de Toulouse.

poux rouges élevage poules cages

 

Concernant l’absence de litière dans les cages, pourtant obligatoire : aucune mention à cette non-conformité rapportée dans les médias.

Ainsi, affirme le Président du département de Vendée, "l’entreprise respecte la réglementation européenne en vigueur sur le bien-être animal". Suffit-il de le dire pour que cela soit vrai ?

Et si pour les services vétérinaires, tout va bien dans l'élevage des Œufs Geslin, doit-on alors considérer cette situation courante pour les élevages en batterie ? Nos enquêtes, les rapports scientifiques et ce qu’on peut lire dans la presse professionnelle semblent aller dans ce sens. Rappelons que dans les élevages en cage, chaque poule ne dispose que de l'équivalent d'une feuille A4 pour surface disponible, et que leur vie s'achève après un an de ponte, sur les crochets d'une chaîne d'abattoir.

poule déplumée

 

Les termes du rapport des services vétérinaires tels que relayés dans la presse ne sont malheureusement que l'illustration de la carence généralisée et maintes fois pointée de ces services. Lorsque les autorités de contrôle sont défaillantes, les associations sont les derniers garants du respect des règles de protection animale pourtant très minimales.

L214 maintient sa plainte contre l'établissement d'élevage pour mauvais traitements envers les animaux et non-conformité à la réglementation.

L’heure est venue d’ouvrir les yeux sur les conditions d’élevage des animaux et la souffrance qu’elles génèrent. Lorsqu’un fossé aussi important se creuse entre les connaissances scientifiques, les attentes citoyennes, et les standards d’une industrie, il est temps de remettre à plat la loi pour mettre un terme à la cruauté institutionnalisée.