[Vidéo] Patrick Llored - Esclavage humain, esclavage animal
- Article du Dimanche 1 mars 2015
Extrait de la conférence Pourquoi faudrait-il donner des droits aux animaux ? organisée le 4 février 2015 à l’Université Jean Moulin Lyon 3 par l'association étudiante Sentience et l'association Les médiations philosophiques.
Pour Patrick Llored, professeur de philosophie, « les animaux sont les premières victimes d’une société esclavagiste ». Presque 170 ans après l’abolition de l’esclavage en France, les animaux font toujours l’objet du joug de l’insatiabilité persécutrice des hommes. Ils sont les victimes de l’oppression immémoriale de la violence physique illégitime de la part de ceux qui se considèrent comme le groupe de référence. On a fait de cette violence une institution. L’asservissement de certains groupes humains pendant la longue histoire de l’esclavage reflète la manière dont nous traitons sans relâche les animaux.
Cet esclavage animal, loin de sauter aux yeux, « se confond avec le fonctionnement normal » des institutions absolutistes. L’identité même de l’homme-oppresseur se mêle à ce rapport de violence, décrivant la structure propre de notre société.
Le droit est l’instrument de l’oppresseur. L’appareil juridique fait de l’animal un bien à la disposition de l’homme. Et ce privilège que l’homme, à travers le droit, s’est octroyé, sert de fondement à la croyance selon laquelle les animaux seraient là pour notre utilité. L’animal métamorphosé en marchandise fait l’objet d’une « idéologie discriminante » matérialisée en un système de pensée passif qualifié de « spécisme », ou discrimination basée sur l’espèce.
Seule l’abolition de cette institution de la violence envers les animaux permettra une cohabitation pacifiée. Accorder des droits aux animaux dans une société esclavagiste est peine perdue. C’est donc seulement à travers une abolition politique que l’instauration de droits pour les animaux prendra son sens.
Kévin Barralon