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Les Animaux en Islam


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Écrit par l’universitaire et imam Al-Hafiz Basheer Ahmad Masri en 1989, Les Animaux en Islam est rapidement devenu un ouvrage incontournable pour qui s’intéresse aux liens entre la religion musulmane et les animaux. Quelle nourriture peut être considérée comme halal ? L’étourdissement des animaux avant la saignée est-il autorisé par le Coran ? Est-il possible d’être musulman et de ne pas manger de produits carnés ? Richement documenté, Les Animaux en Islam s’attache à répondre minutieusement aux principales questions relatives aux rapports entre la religion musulmane et les animaux.

 

Halte aux idées reçues !

Les Animaux en Islam s’appuie sur des sourates du Coran ainsi que sur des paroles rapportées de figures historiques et contemporaines de l’Islam pour démonter bon nombre d’idées reçues sur le rapport entre la religion musulmane et les animaux. Masri indique, par exemple, que les textes religieux ne mentionnent aucunement les moutons ou les agneaux dans le cadre du sacrifice, ou que l’un des principaux enseignements du Coran consiste en la préservation de la biodiversité.

Car, dès le début de l’ouvrage, le constat est sans appel : pour l’auteur, le Coran donne une importance majeure au respect des animaux et à la lutte contre « toutes sortes de cruautés malignes » qui pourraient leur être infligées. « Les émotions des animaux et des êtres humains sont, sans aucun doute, les mêmes, même si nous pouvons avoir des besoins respectifs différents et s’il peut y avoir entre nous une différence de degré. Ils ressentent la douleur et la joie, ils ont peur et ressentent le soulagement, ils éprouvent un sentiment de plaisir élaboré – tout comme nous », déclare l’auteur.

 

De la difficulté d'interprétation des textes

Masri le reconnaît, la seule lecture du Coran s’avère parfois insuffisante pour analyser certaines pratiques contemporaines – telles que l’élevage intensif – ne serait-ce que parce qu’elles n’existaient pas encore au temps de l’écriture du Livre. Dès lors, d’après l’auteur, les principes fondamentaux de respect et de compassion envers les animaux présents dans l’Islam doivent s’appliquer de manière prioritaire et doivent régir toute action que l’humain entreprend envers eux.

Ainsi, l’élevage intensif, de par toutes les souffrances qu’il engendre pour les animaux, est en totale contradiction avec l’esprit du Coran. « Si seulement les Musulmans [...] qui consomment de tels animaux d’élevage connaissaient les détails horribles sur l’industrie de la viande occidentalisée dans leur propre pays islamique, ils deviendraient végétariens plutôt que de manger ces viandes sacrilèges », affirme l’auteur. Il en conclut alors logiquement que la viande issue d’élevages intensifs ne peut pas être considérée comme halal, car elle est contraire aux principes de bienveillance et de respect envers les animaux prônés par le Coran.

Au-delà de la question de l’élevage, le Livre n’élude pas non plus l’épineuse question de la mise à mort des animaux : une thématique bien difficile à traiter, les différentes techniques d’étourdissement étant toutes postérieures à l’écriture du Livre et donc laissées à la libre interprétation des fidèles. Pour sa part, l’auteur fait le choix d’opérer une classification des différentes méthodes d’abattage contemporaines à l’aune du principe coranique de minimisation de la souffrance des êtres vivants. C’est d’ailleurs d’après cette règle morale que l’auteur justifie le recours à certaines pratiques d’étourdissement des animaux avant la saignée.

 

Végétarisme contre viandisme

Tel est le titre d’un des six chapitres du livre, chapitre entièrement consacré à l’alimentation carnée. Cette question, souvent oubliée, est pourtant abordée par la religion musulmane. Il s’avère en effet que l’Islam laisse le choix aux fidèles de consommer, ou non, des produits animaux. Malek Chebel, anthropologue des religions, l’affirme dès la préface de l’ouvrage : « L’Islam et l’abstinence en viande ne sont pas incompatibles. » Et l’auteur de renchérir par la suite : « L’approche de l’Islam en la matière est neutre ; il a laissé le choix à l’individu d’être végétarien ou viandarien ».

Dès lors, affirme-t-il « la question fondamentale est : dans quelle mesure est-il bien de priver ces créatures de Dieu de leurs instincts naturels afin que nous puissions manger le produit final ? ». Une question d’autant plus légitime qu’à l’instar des autres types de cuisine, la cuisine orientale est entièrement végétalisable.

 

En savoir plus sur l'alimentation végétale et la cuisine orientale

 

Al-Hafiz Basheer Ahmad Masri, Les Animaux en Islam, traduction de Sébastien Sarméjeanne, Droits des animaux, 2015.