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Solidarité animale. Défaire la société spéciste

  • Article du Lundi 31 août 2020

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Antispécisme, spécisme, sentience… Que peuvent bien signifier ces mots ? S’ils sont peu connus ou incompris du grand public, et parfois même des militants animalistes, ils méritent pourtant de l’être puisqu’ils sont la base théorique du mouvement antispéciste, mouvement dont on entend de plus en plus parler.

Axelle Playoust-Braure, corédactrice en chef de L'Amorce, revue en ligne contre le spécisme, et Yves Bonnardel, militant animaliste et auteur de nombreux textes sur la question animale, réalisent avec Solidarité animale ce travail nécessaire de clarification et de synthèse des idées de l’antispécisme. Présentation d’un livre à lire de toute urgence !

L’antispécisme : une lutte contre la souffrance animale

Solidarité animale commence par rappeler, de manière très compréhensible, qu’abolir toutes les formes d’exploitation animale, loin d’être une sensiblerie ridicule, est bel et bien un objectif éthique visant à mettre fin aux souffrances inutiles endurées par plus de 1 000 milliards d’animaux chaque année.

En effet, l'antispécisme affirme que d’un point de vue moral, nous devons considérer de manière égale les intérêts de tous les animaux, humains et non-humains. 

La raison en est simple : les animaux non humains sont, comme nous, capables de ressentir des émotions et des sensations, agréables et désagréables. Cette faculté, appelée la « sentience », fait que les animaux accordent de l’importance à ce qui leur arrive et ont donc des intérêts à défendre. Eh oui, les poules aussi veulent avoir une belle vie !

Les obstacles au progrès : l’humain comme mesure de toute chose

Mais quelles sont les résistances qui empêchent la société d’évoluer vers une réelle prise en considération des intérêts des autres animaux ? Voilà une question essentielle à laquelle répondent de manière très détaillée les auteurs de cet ouvrage.

L’obstacle fondamental est le spécisme, idéologie qui postule une hiérarchie entre les espèces, et spécifiquement une supériorité de l’espèce humaine sur les autres animaux. A. Playoust-Braure et Y. Bonnardel expliquent que cet anthropocentrisme, autrement appelé humanisme, imprègne toute notre société et a des effets très concrets sur l’organisation de nos rapports avec les animaux.

Les auteurs le montrent d’ailleurs très bien dans un chapitre intitulé « Le spécisme en acte : l’exploitation animale » : sélection génétique, mutilations, conditions de vie atroces, abattage de masse… Voilà la réalité de milliards d’animaux, réalité que tout un chacun estimerait, heureusement, intolérable pour un humain. 

Un mouvement collectif et politique

Mais alors, comment dépasser cette idéologie qu’est le spécisme ? La solution, pour les auteurs, est de donner un caractère politique à l’antispécisme, c’est-à-dire faire de la question animale une véritable question sociale, à même de provoquer des débats dans l’espace public et de donner lieu à des mouvements collectifs. 

En effet, si encourager les personnes à cesser de consommer des produits d’origine animale est important, cela doit être, selon eux, accompagné de revendications visant à modifier les lois et les institutions, comme celle de fermer les abattoirs1 par exemple, afin d’avoir le plus d’impact possible pour les animaux. 

Solidarité animale est ainsi un livre qui permet de bien avoir à l’esprit les raisons d’être et les buts d’un mouvement qui cherche, au fond, à « nous remettre les pieds sur terre, réestimer ce que nous sommes, ce que nous vivons, et considérer enfin comme valeurs fondamentales le plaisir, le bonheur et la satisfaction des intérêts des individus. »

 

Solidarité animale, Axelle Playoust-Braure & Yves Bonnardel, La Découverte, 2020.

 

 

 1. Sur ce sujet, vous pouvez consulter notre brochure Fermer les abattoirs disponible ici.