Le jour où les ogres ont cessé de manger des enfants
- Article du Jeudi 8 novembre 2018
Il y a très longtemps, le monde était peuplé par des ogres, et comme tous les ogres, ils adoraient manger des enfants. Et pas n’importe quels enfants ! Les ogres aimaient surtout manger de bons enfants, bio de préférence, élevés dans de grandes fermes où on les nourrissait de céréales. Cuisinés avec gourmandise, ces enfants étaient servis aussi bien en pâtisseries qu’en soupes, en burgers, ou en rôtis avec des frites ! Mais le jour où une curieuse épidémie frappe les élevages, les enfants ne sont plus comestibles, et les ogres doivent apprendre à manger autrement...
Quelle est la recette de Le jour où les ogres ont cessé de manger des enfants ? Nous avons rencontré Coline Pierré pour lui poser quelques questions.
Coline Pierré et Loïc Froissart
Bonjour Coline ! Vous évoquez notre rapport aux animaux dans Le jour où les ogres..., mais aussi dans d’autres livres comme La Révolte des animaux moches. Qu’est-ce qui vous donne envie d’écrire à ce sujet ?
La question de notre rapport aux animaux m’intéressait depuis longtemps, et cela fait d’ailleurs plusieurs années que j’ai eu l’idée des Ogres et de la Révolte. En fait, j’ai même commencé ces textes avant de prendre conscience moi-même qu’il fallait changer notre rapport aux animaux, et de devenir végétarienne. Ces histoires ont alors pris un autre sens pour moi, et désormais, je veux évoquer les animaux dans mes livres pour amener les lecteurs à se questionner.
Il y a de nombreuses manières de sensibiliser les plus jeunes à notre rapport aux animaux, pourquoi avoir choisi la fiction ?
Il est difficile pour les enfants de s’intéresser à une argumentation ; la fiction, en revanche, permet de toucher tout le monde ! Les livres ayant un parti pris trop fort ne sont choisis que par les parents ou les professeurs qui sont déjà sensibilisés à la cause animale, et les enfants n’y ont alors pas accès… Alors que les livres de fiction abordant le sujet de manière indirecte peuvent être choisis par tous ! La fiction et le documentaire sont tous deux importants et complémentaires, mais la fiction permet de transformer la réalité, d’amener un regard différent sur la vie.
Entre les lignes, Le jour où les ogres… évoque pourtant l’élevage des animaux pour la consommation. Ce thème n’est-il pas trop difficile pour les plus jeunes ?
Pas du tout ! En fait, l’humour du texte, qui est souligné par les illustrations de Loïc Froissart, permet de penser la réalité sans pour autant la dramatiser. Dans le livre, la correspondance avec la viande est évidente pour les petits comme pour les plus grands, mais le ton décalé permet d’en rire… tout en amorçant une réflexion à ce sujet ! Je ne voulais pas être dans le jugement, ni même dans l’émotion simple : c’est pourquoi Le jour où les ogres… est une histoire pleine d’humour qui aborde une réalité difficile, mais sans choquer les enfants. Et pour cela, l’image de l’ogre est parfaite : c’est une figure traditionnelle des contes pour enfants, mais c’est aussi une belle métaphore du carnisme !
Pensez-vous que la littérature jeunesse a un rôle à jouer dans l’éducation au respect envers les animaux ?
Bien sûr, la littérature nous permet toujours d’interroger le monde qui nous entoure, et les livres évoquant notre rapport aux animaux permettent de sensibiliser les lecteurs à cette question. Les livres ont le pouvoir d’amener les lecteurs à se questionner, même les plus jeunes ! Mais je ne veux pas écrire des livres qui soient uniquement pédagogiques : je préfère que mes textes soient drôles, qu’ils soient pleins de fantaisie. Je préfère aborder les sujets qui me touchent par ce biais. Je suis autrice avant d’être militante !
Un album tendre et burlesque, à dévorer dès l’âge de 5 ans !
Coline Pierré et Loïc Froissart, Le jour où les ogres ont cessé de manger des enfants, Éditions du Rouergue, 2018.