"Je n’ai qu’un regret : celui de ne pas être devenu végétarien plus tôt"


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J’étais sensible à la cause animale depuis très longtemps, mais tout a changé lorsque j’ai rencontré Matthieu Ricard. En 1987, je l’ai croisé par hasard dans une salle d’attente et, interpellé de voir cet Européen habillé en moine bouddhiste, j’ai échangé quelques mots avec lui. Rien de particulier, mais à partir de cette rencontre je me suis intéressé au bouddhisme et, de là, j’ai compris l’importance de respecter toute vie animale. Je n’aurais plus tué une mouche, sauf que… je n’étais pas végétarien. Je pensais que je n’y arriverais jamais car j’aimais la viande et la charcuterie, et en plus j’en mangeais depuis très longtemps. Mais sur les réseaux sociaux, je voyais tellement de gens arriver à se passer de viande que je me suis dit : « Si tous ces gens y arrivent… Ils ne sont pas nés avec le dégoût de la viande, ils sont devenus végétariens, alors je peux y arriver aussi, il n’y a pas de raison ! » Et, il y a deux ans, j’ai commencé à me préparer à devenir végétarien.

Le végétarisme, « si les autres y arrivent, pourquoi pas moi ? »

Rétrospectivement, je me rends compte que ça n’a pas du tout été un passage difficile, qu’en quelques jours c’était fait, mais sur le moment ça ne me semblait pas si simple. Je vivais alors seul, et ce qui m’inquiétait le plus était que je ne cuisinais pas, autant par manque d’intérêt que de savoir-faire. Je mangeais beaucoup de plats préparés et je me suis vraiment demandé ce que j’allais manger en devenant végétarien. Puis, j’ai rapidement compris qu’il y avait plein de choses très simples à faire, et la classique mais néanmoins très bonne tarte moutarde-tomate a été ma première réalisation.

Pour ne pas risquer d’échouer, je m’étais aussi donné une sorte de soupape de sécurité : à l’inverse de Jeudi Veggie, j’avais décidé de m’autoriser à manger de la viande un jour par semaine – le jeudi ! Le premier jeudi, j’ai mangé un steak haché. Le second jeudi, j’avais déjà perdu l’envie de manger de la viande, alors j’ai bien sûr laissé tomber cette « sécurité ». Quand on devient végétarien, on n’ose souvent pas trop le dire au début, mais après on prend de l’assurance et ça peut devenir un atout, une fierté. C’est dans ma famille que, comme pour beaucoup de gens, ça n’a pas été le plus simple, mais aujourd’hui mon végétalisme y est bien accepté. En disant qu’on est végétarien, on sous-entend que notre conduite est juste, ce qui induit que celle des autres ne l’est pas. J’ai donc le sentiment qu’on les met en porte-à-faux alors qu’ils ont toujours fait comme ça, et la remise en question n’est pas évidente.

Pour les animaux et le végétalisme,

« j’ai vite eu envie d’en faire plus »

Dès que je suis devenu végétarien (puis rapidement végétalien), je me suis impliqué via Facebook pour les animaux, mais j’ai vite eu envie d’en faire plus. Comme j’ai la chance d’avoir du temps libre en tant que jeune retraité, je me suis dit que c’était dommage de ne pas l’utiliser pour une cause qui me tient à cœur. L214 correspond à mes valeurs, notamment parce qu’elle défend les animaux d’élevage, dont on entend très peu parler. Lors des actions de L214, on ne juge pas les gens, on les informe sur la réalité des faits, et c’est une approche que j’aime beaucoup. J’ai adhéré puis je suis passé à l’action avec L214. Je participe aussi à des actions d’autres associations en soutien aux animaux, mais pour moi, la défense animale et le végétalisme sont tellement liés qu’on ne peut parler de l’un sans parler de l’autre. J’aime surtout aller au-devant des gens, par exemple avec des tracts, et engager la conversation avec ceux qui en ont envie. Je suis intervenu deux fois dans un magasin bio, la première fois pour une présentation de L214 et du végétalisme, et la seconde fois pour une dégustation de Faux Gras, et ça s’est vraiment bien passé.

« Tout le monde peut agir autour de lui »

J’ai ce besoin d’informer parce que je n’ai qu’un regret, et je pense que tous les végétariens ont le même : celui de ne pas être devenu végétarien plus tôt. C’est encore pire pour moi car ça m’est venu assez tard. Je regrette surtout qu’il n’y ait pas eu quelqu’un qui soit venu me dire plus tôt ce que je dis aux gens maintenant. J’ai envie d’ouvrir les yeux aux gens, de leur dire : « Informez-vous, creusez le sujet, allez voir ! » Bien sûr, quand on tombe sur des gens qui ne sont pas du tout réceptifs ça peut être frustrant, mais je me focalise surtout sur le positif, et la plus belle des récompenses est d’arriver à rendre une personne végétarienne, parce que cette personne-là va aussi transmettre de l’info et que ça va se démultiplier. Tout le monde peut agir autour de lui, que ce soit sur le terrain, en discutant, en soutenant une asso, le port d’un T-shirt ou d’un badge peut aussi permettre d’engager une discussion, et bien sûr il y a les réseaux sociaux. Ce n’est pas avec une seule conversation que les gens vont changer d’habitude alimentaire, mais arriver à donner envie aux gens d’aller plus loin dans leur réflexion sur les animaux est toujours positif.

photo : Merry Photography