Les œufs dans l'alimentation, bientôt du passé ?

  • Article du Lundi 9 décembre 2013

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Le célèbre magazine économique Forbes lui a consacré un article le mois dernier : la start-up californienne Hampton Creek pourrait révolutionner l'industrie alimentaire. Son secret ? Des substituts aux œufs, moins chers et plus économes en ressources, qui pourraient bien rendre les oeufs obsolètes et épargner des millions d'oiseaux.


Just Mayo, la mayonnaise sans oeufs de Hampton Creek

Pour Josh Tetrick, fondateur et PDG de Hampton Creek, entreprise qu'il a lancée il y a deux ans, le ratio énergétique de la production d'oeufs (39 calories utilisées pour 1 calorie produite) en fait un des secteurs alimentaires les plus inefficaces derrière la production de viande de boeuf et de veau. Ayant vécu 7 ans en Afrique subsaharienne où il a pu observer le manque de disponibilité alimentaire, il évoque un meilleur partage des ressources comme une des raisons qui l'ont poussé à créer des substituts d'oeufs.

Mais des milliers - des millions – d'autres individus sont autant de raisons qui poussent Hampton Creek dans ses recherches : aux États-Unis, 90% des poules pondeuses sont élevées en cages de batterie, comme 80% des poules pondeuses en France. Dans les deux cas, les poules vivent dans des bâtiments sans fenêtres sur un sol grillagé, et n'ont jamais accès à l'extérieur. Elles sont entassées dans des cages trop petites pour pouvoir étendre leurs ailes, et la promiscuité crée des comportements violents; pour cette raison, on coupe le bec des poussins de manière à éviter les blessures.


Un élevage français de poules en batterie

Après un an de ponte, les poules ne sont plus assez productives et sont envoyées à l'abattoir. Les souches de gallinacés utilisées dans les élevages de poules pondeuses sont différentes de celles utilisées pour produire des poulets de chair, les mâles sont donc broyés à la naissance (puisqu'ils ne pondent pas d'oeufs) et les femelles réformées seront abattues pour donner de la viande transformée.


Une poule après un an de ponte en élevage

Josh Tetrik estime que l'on doit changer le système entièrement. "Tout repose sur une idée: retirer l'animal de l'équation. Car quand vous retirez l'animal de l'équation, bien souvent vous en retirez également les gaz à effet de serre, le gâchis énergétique, les conditions d'élevage inhumaines, et vous y remettez vos propres valeurs." Selon lui, le consommateur ne doit plus avoir à faire de compromis quand un choix éthique s'impose. "On ne devrait pas avoir à payer plus cher, ou se contenter d'un produit moins bon. Si les gens qui ne se préoccupent pas des conséquences de leur alimentation trouvent que notre produit est moins cher, meilleur et plus pratique, ça nous convient très bien."

L'entreprise ne produira pas de substitut unique. En effet, le défi n'est pas uniquement gustatif, car il s'agit également de reproduire les propriétés de l'oeuf. Par exemple, le substitut doit maintenir ensemble l'eau et l'huile de la mayonnaise. "L'oeuf a 22 fonctionnalités différentes", ont découvert les chercheurs de l'entreprise. "Heureusement, il existe des millions d'espèces végétales dont 92% n'ont jamais été explorées dans l'alimentation, nous allons donc chercher ces différentes fonctionnalités toujours plus loin dans les plantes."

L'entreprise ne cherche pas à créer de nouvelles recettes sans oeufs, mais bien à trouver la combinaison végétale permettant de remplacer les oeufs à recette identique. Les deux premiers produits de Hampton Creek sont une mayonnaise et une pâte à cookies, et une solution devrait voir le jour pour réaliser des oeufs brouillés 100% végétaux.

Environ 35% de la production française d'oeufs n'est pas vendue sous forme d'«oeufs coquille » mais transformée en ovoproduits, c'est-à-dire en liquides utilisés dans la fabrication d'aliments. Cela représente plus de 4 milliards d'oeufs par an, soit 14 millions de poules qui pourraient être épargnées chaque année par le remplacement de ces ovoproduits par des substituts.

Sources :


Tous les lapins sont des Panpan

  • Article du Dimanche 8 décembre 2013

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Anne-Lorraine est adhérente L214, elle partage avec nous un texte qu'elle a écrit sur Panpan, un petit lapin qui a eu de la chance d'être accueilli dans un foyer comme celui d'Anne-Lorraine. Fragment de vie raconté en mémoire de Panpan et de tous les lapins de la terre.

65€, 15 jours de garantie...

Au départ je ne savais rien d’eux. Rien de plus qu’un a priori sympathique du souvenir de Panpan dans Bambi. On m’a apporté un jour un petit lapin, vraiment très petit. Avec son ticket de caisse pour le changer s’il y avait un problème. 65 €, 15 jours de garantie...


La chatte Zazi et le lapin Panpan

Comme j’avais une chatte adulte assez territoriale, et que j’avais entendu que les lapins sont des proies, Panpan restait dans sa cage. Ma fille et moi le câlinions en prenant soin de ne pas lui faire peur, en le tenant contre nous le plus délicatement possible. Quand nous le laissions sortir, il se contentait d’un petit tour autour de sa cage. La communication restait limitée. La chatte, Zazi, ne manifestait aucune hostilité. J’ai donc décidé de le laisser libre.

Le salon est devenu « la chambre de Panpan »

J’ai installé son immense cage, porte ouverte. Et la vie de maison a changé.


Zazi et Panpan sur le canapé

Dès qu’il a compris que sa cage ne se fermait plus jamais, il a commencé à explorer son domaine. Exploration qui se fait largement avec les dents ! Il a réaménagé le salon à sa convenance, agrémenté le dessous du canapé de galeries et sculpté les plinthes. Puis il a entreprit de nous apprivoiser ! Il était visiblement ravi et nous le faisait savoir par de longues séances de câlins. Mais c’est avec la chatte Zazi qu’il a développé des manœuvres de séduction surprenantes… Panpan avait beaucoup d’intérêt pour elle et cherchait son contact. Cependant, dès qu’il montait à côté d’elle sur le canapé, elle partait ou le repoussait. Amoureux éconduit, il restait au pied du canapé ou à l’autre bout du canapé. Après quelques déconvenues, il a élaboré une stratégie. Il montait sur le coin opposé du canapé et centimètre par centimètre, se rapprochait d’elle. Les premières fois, arrivé près d’elle, il se collait à elle mais l’orgueilleuse Zazi n’allait tout de même pas se laisser conquérir si facilement et l’envoyait littéralement valser plus loin d’un coup de patte, sans griffe, mais déterminée.

Panpan ne renonçait jamais

Il a peaufiné sa stratégie : parvenu à 2 ou 3 centimètres de la poilue de sa vie, il se penchait très légèrement sur le côté, juste assez pour les poils se frôlent. Zazi détournait la tête comme si elle n’avait rien vu. C’était génial. Ils passaient de longues heures ainsi sur le canapé, à se faire des câlins comme si de rien n’était… Et parfois, comble du bonheur, Zazi daignait lui rendre son amour, se tournait vers lui et lui léchait la tête. On entendait les petits frottements de dents que les lapins émettent dans les grands moments de plaisir du bout du salon !


Tendre câlin

Avec les humains de la maison, Panpan était aussi un grand séducteur. Le matin quand j’entrais dans sa chambre, il accourait vers moi et se dressait pour que je le prenne dans les bras. Suivait une longue séance de bisous, frottements de mentons et grincement de dents pour nous montrer à quel point nous étions heureux de nous retrouver. Panpan gambadait ensuite autour de moi et courait derrière les balles de papier que je lui lançais. Quand des inconnus venaient, il était immédiatement accueillant, grimpait sur les genoux et manifestait son intérêt pour les contacts.

Un jour, une chatonne est venue agrandir notre tribu

Panpan a pris très au sérieux sont rôle d’éducateur et fait respecter sa place dans la hiérarchie familiale. Galaxy, la chatonne, était la bienvenue mais qu’elle était la dernière arrivée, donc dernière servie. Il avait un petit coussin près du radiateur. Zazi s’y couchait fréquemment. Panpan se mettait alors près d’elle et, comble du bonheur, Zazi posait sa tête sur lui pour dormir ! En revanche, lorsque Galaxie voulait le coussin, il l’a faisait déguerpir sans délai ! Galaxie a beaucoup appris de lui. Petite, elle se laissait tomber sur le côté, comme le font les lapins, pour se coucher ! Elle mangeait des graines et du foin et jouait avec Panpan comme elle l’aurait fait avec un autre chaton. Panpan était assez costaud pour se défendre mais par sécurité, les jeux se faisaient toujours en notre présence. Des heures de rires. Ils se coursaient dans l’appartement et c’était toujours magique de voir Panpan poursuivre les chattes et l’inverse quelques secondes plus tard.
J’ai dû quitter la France pour le Canada. Zazi et Galaxy sont restées en France avec leur « maman » humaine et Panpan est venu avec moi. Après notre arrivée, j’ai adopté une chatte de son âge. Panpan avait toujours vécu avec des chats et je ne voulais pas qu’il se sente seul. Ils sont devenus très copains. J’ai eu aussi beaucoup de chats en famille d’accueil. Je présentais Panpan aux chatons et il était toujours très accueillant et savait se faire respecter. Une chatonne a même essayé de le téter une fois !


Une copine chatte de Panpan : Martha

Il laisse un grand vide

Panpan est mort à dix ans, pendant une période de canicule trop longue pour son petit corps et son âge.

Son comportement et ses capacités, intelligentes et sensibles, nous ont étonnés quotidiennement. Les souffrances imposées aux lapins exploités sont intolérables. Ce sont des êtres à l’intelligence très fine, à la sensibilité très développée. Leurs capacités sont immenses. Il est tout aussi insupportable de les voir confinés, trop souvent encore, dans les petites cages d’une salle de classe ou d’une chambre d’enfants où les enfants n’apprendront certainement pas à respecter les animaux mais à les dominer. On entend souvent parler de lapins mordeurs. Panpan ne mordait pas. Ce tout petit lapin a illuminé la vie de la maison pendant 10 ans. Sa présence joyeuse a fait notre bonheur chaque jour...


Un lapin mort entre mes mains - texte de Nina

  • Article du Lundi 2 décembre 2013

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L214 a réalisé une tournée d'actions en France en octobre 2013 pour dénoncer les conditions abominables d'élevage des lapins Made In France. Ces actions ont eu lieu dans 7 villes, nous vous proposons un arrêt à Strasbourg où Nina, participante, pose des mots sur son ressenti. Merci à elle.

Happening de l’association L214 Tous sensibles à Strasbourg le mardi 22 octobre 14h place Kléber

Après avoir hésité à me lancer dans cette action, je réalisai qu’il m’était plus difficile encore de ne rien faire, de ne pas m’engager. Parce qu’il s’agit bien ici d’engagement.

Participer à cette action a scellé mes positions, je sais pourquoi je l’ai fait, je sais ce que signifie pour moi que de s’aventurer sur la voie du végétarisme.

Debout, droite, une combinaison, un T-shirt rappelant la raison de notre présence, des gants, je regarde loin devant moi. J’attends, comme toutes les autres personnes qui sont venues pour montrer leur indignation face aux traitements infligés aux lapins élevés pour être abattus, élevés comme marchandises.

Ce que l’on nous avait annoncé arrive : chacun de nous porte maintenant un lapin sacrifié au nom d’une société de rendement, un lapin dans nos bras, mort, dur comme de la pierre.

Je te tiens dans mes bras. Même si tu ne ressens plus la chaleur que je peux t’offrir, je suis là pour toi, nous sommes là pour vous, êtres sacrifiés pour une société qui n’est pas la vôtre, qui vous méprise, qui est la nôtre mais dont nous ne voulons plus. Pardon. Pardon d’avoir laissé faire ça. Nous n’acceptons pas que vous soyez morts sans raison ; aujourd’hui nous vous rendons hommage, nous accrochant à l’espoir d’éveiller les consciences qui nous observent, portant contre nous ces lapins qui ne sont plus que des corps.

L’action touche à sa fin. On me retire le lapin des bras, ceux-ci retombent le long de mon corps, qui me semble incroyablement vide. Je suis vide de ne pouvoir être proche de chacun d’entre-eux. Remplie d’une nouvelle volonté, celle de ne pas lâcher.