Les cacatoès excellent au jeu des friandises cachées

  • Article du Jeudi 8 août 2013

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Le 29 juillet dernier, l'Université de Vienne a publié un communiqué de presse, que nous traduisons en Français.
Les animaux ont longtemps été considérés comme dépourvus de facultés mentales élaborées, et leur monde intérieur jugé pauvre et limité.
C'est cette conception qui continue de faire des milliards de victimes animales, depuis les élevages jusqu'aux labos d'expérimentation.
Prenant exemple sur les cacatoès, l'Université de Vienne révèle les aptitudes considérables de certains animaux pour mémoriser, comprendre, élaborer des vues de l'esprit...

Nous publions ces découvertes en précisant que L214 ne cautionne pas l'expérimentation sur les animaux. Nous nous distançons également de la comparaison à tout prix avec les facultés humaines. Si ces études permettent de rompre avec la croyance en un "propre de l'homme", elles donnent aussi le sentiment que les aptitudes des animaux ne dépassent pas celles d'un enfant de 3 ou 4 ans, et continuent de caler les animaux en bas de l'échelle. Les cacatoès et les autres animaux se comportent d'une façon dont aucun enfant de 4 ans n'est capable, trouvant la nourriture, élevant leurs petits et leur transmettant leur savoir, s'orientant dans l'espace comme aucun humain... A cet égard et à bien d'autres, les animaux ne ressemblent pas à des enfants ; et leur intelligence nous échappe.


Communiqué de presse du 29 juillet 2013 de l'Université de Vienne sur les performances cognitives des cacatoès.
Traduit de l'anglais par Marie Melet pour L214.

Comment peut-on savoir que les friandises sont toujours dans le tiroir alors qu'on ne peut pas les voir ? Comment peut-on savoir le moment et l'endroit où une voiture va ressortir de l’autre côté du tunnel ? L'habilité à concevoir des objets et suivre leur trajectoire même si on ne peut plus les voir pendant un moment, est fondamentale sous bien des aspects, et stimule des facultés cognitives. Alice Auersperg et son équipe de l'Université de Viennes et d'Oxford démontrent que les capacités liées à « la permanence de l'objet » chez un cacatoès sont comparables à celles des grands singes et des enfants de quatre ans. Les chercheurs ont publié leurs études dans le « Journal de la Psychologie Comparative ».

Pour tester la mémoire spatiale chez les animaux et les enfants, on utilise généralement plusieurs tests au cours desquels on déplace soit un objet (une récompense sous forme de nourriture), soit l’endroit où est caché cet objet, soit l'animal avec lequel on mène l'expérience.

Dans les premiers tests de déplacement invisible qui ont été conçus par le psychologue français Jean Piaget dans les années 50, on déplace la récompense sous une tasse derrière un ou plusieurs écrans et on montre où elle se trouve à chaque pause : si la récompense n’est pas sous la tasse, on sait qu’elle se trouve derrière l’écran précédent. Les humains réussissent ce test dès l'âge de 2 ans alors que chez les primates, seuls les grands singes montrent des résultats convaincants.

Les tests de « transposition » sont encore plus impressionnants en termes d'attention : on place la récompense sous une tasse parmi plusieurs tasses identiques que l'on mélange à une ou plusieurs reprises. Ce n’est qu’à l’âge de 3 ou 4 ans que les enfants réussissent systématiquement ce test, alors que les grands singes adultes le réussissent même s’ils ont plus de difficulté si on mélange les tasses plus d'une fois.

Dans les tests de « Rotation », on dispose plusieurs tasses identiques sur un support tournant et l’on dépose une récompense sous l’une d’entre elles.
Les tests de « translocation » se déroulent de la même façon sauf qu’au lieu de déplacer les tasses, c’est l’animal qui se déplace et s’arrête à divers endroits devant l’alignement des tasses. Les enfants ont plus de facilité à réussir les tests de translocation que les tests de rotation et ils les réussissent à l'âge de deux ou trois ans.

Une équipe formée de scientifiques de diverses nationalités, a travaillé avec 8 cacatoès de Goffin (Cacatua goffini), une espèce de nature curieuse et joueuse, sur les déplacements piagétiens visibles et invisibles d'un objet, et les dérivations de tests de transposition, rotation ou translocation spatiales.
Selon Birgit Szabo, un des biologistes de l'Université de Vienne : « Les 8 oiseaux ont presque tous réussi spontanément les tests de transposition, de rotation et de translocation, alors que seulement 2 d’entre eux ont immédiatement choisi l'emplacement exact lors du premier test Piagétien sur le déplacement invisible, au cours duquel une tasse plus petite apparaît sur 2 des 3 écrans plus grands. »

Alice Auersperg, directrice du laboratoire Goffin explique, après avoir participé à ce test : «  Curieusement, et contrairement aux enfants humains, nos cacatoès ont rencontré plus de difficultés à réussir le test Piagétien sur le déplacement invisible que celui sur la transposition que les enfants ne réussissent pas avant l'âge de quatre ans. Les transpositions demandent beaucoup d'attention dans la mesure où deux objets occultés sont déplacés simultanément. Néanmoins, contrairement aux grands singes qui ont plus de facilité à réussir les tests où l’on déplace les tasses une seule fois, les cacatoès donnent des résultats satisfaisants pour les deux tests, qu’on les déplace une ou deux fois »

De même, les Goffins ont eu quelques difficultés à faire les tests de Rotation et de translocation et certains d'entre eux ont réussi ces tests en se plaçant sous 4 angles différents. Encore une fois, contrairement aux enfants qui réussissent mieux les tests de translocation que les tests de rotation, les cacatoès n'ont montré aucune différence significative lors de ces deux tests. Auguste Von Bayern de l'Université d'Oxford, ajoute : « Nous reconnaissons que l'habilité de voler ou d'être la proie d'un prédateur volatile, permet de développer des capacités de rotation spatiale plus prononcées et peut influencer leur performances au cours des tests de rotation et de translocation. »


Thomas Bugnayer de l'Université de Vienne conclut : « Que les Goffins puissent résoudre les test de transposition, rotation et translocation représente un résultat étonnant. Ces tests nécessitent une grande capacité cognitive et mémorielle, et cela va nous inciter à effectuer des tests comparatifs afin de mieux comprendre leur aptitudes en termes d'écologie et de sociabilité ».

Source : Portail de l'université de Vienne : Cockatoos know what is going on behind barriers