Le ministre de l’Agriculture invite L214 dans les abattoirs
- Article du Samedi 1 avril 2017
Satisfait de son bilan à la tête du ministère de l’Agriculture, Stéphane Le Foll s’est prononcé ce matin lors d’une conférence de presse en faveur d’une transparence totale dans les abattoirs et annonce toute une série de mesures. Preuve de sa volonté, il convie L214 à mener librement l’enquête.
À moins d’un mois de la fin du quinquennat, le recordman de longévité au poste de ministre de l'Agriculture surprend par son audace. Confiant dans la politique menée ces derniers mois en matière de mieux-être animal, il invite L214, « l’association qui lui donne tant de fil à retordre », à filmer librement dans les abattoirs de son choix.
Une décision très controversée par les représentants de la filière viande inquiets du scandale que pourraient susciter de nouvelles images. Invité lundi dernier au traditionnel barbecue de Printemps d’Interbev, Stéphane le Foll a tenté de les rassurer en affirmant avoir pris « toutes les dispositions pour résoudre les légers dysfonctionnements constatés. » Et le ministre d’ajouter que « si tous les abattoirs disposent d'un agrément, c'est bien qu'ils sont parfaitement en règle et garantissent aux animaux un niveau idéal de confort et de bien-être. L214 ne pourra que documenter des pratiques qui restaureront la confiance du consommateur. »
Interrogé sur la pénibilité du travail, le ministre répond : « les employés d'abattoir qui le souhaitent pourront suivre des stages de reconversion dans des domaines garantis sans exploitation animale : cuisine vegan, refuges pour animaux, éthologie… Quant à ceux qui expriment le souhait de rester à l'abattoir, le ministère dispensera des stages de lanceurs d'alerte, qui seront donnés gratuitement à l'abattoir de Limoges. »
Parmi les autres mesures phares figure notamment l’utilisation de couteaux à bout rond, une idée que le ministre se targue d’avoir eue lui-même après s’être blessé en coupant du saucisson. « On ne peut pas sciemment se permettre d'employer des couteaux pointus dans un abattoir. C'est un risque inconsidéré totalement incompatible avec la notion de bien-être animal. »
Mais pour le premier agriculteur de France, pas question de faire preuve d’un optimisme effréné : « J’ai conscience que ces mesures ne sont pas le remède à tous les maux. La principale source de souffrance reste intimement liée aux cadences infernales. » Droit dans ses bottes, il s’insurge : « C’est aux consommateurs de nous soutenir en arrêtant de manger de la viande parce que seuls, on ne pourra jamais y arriver ! »
Le ministère exige toutefois que les images tournées à l’intérieur des locaux soient entièrement floutées et précise que toute visite devra faire l’objet d’une demande préalable auprès du cabinet ministériel. Enfin, pour des questions évidentes de sécurité, aucun reportage ne pourra être réalisé pendant les heures d’abattage. Pas Foll la guêpe !