« Miam – Scènes d’horreur dans un abattoir fournissant McDonald’s »

  • Article du Samedi 25 août 2012

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Avec un tel titre, cet article du Monde ne passe pas inaperçu. Des mots rarement vus ensemble y sont accolés : miam et McDonald’s est habituel, mais plus rare avec scènes d’horreur et abattoir !

Abattoir et McDonald’s sont rarement ensemble. Pourtant, la présence de viande, chez MacDo ou ailleurs, implique nécessairement celle de l’abattoir. La viande ne pousse ni sur les arbres ni sous la terre ; la viande est la chair d’animaux qui étaient vivants et qui ont été tués. Entre les deux états (vivants vs morts), une étape (l’abattage), occultée parce qu’indésirable : des couteaux, des pistolets, des bâtons, des électrochocs, des chairs coupées à vif, des boyaux qui pendent, des seaux et des bennes remplis d’yeux et de pattes et de têtes, des lambeaux de chair, du sang qui gicle et qui coule à profusion ; ce Sang des bêtes qui avait tant traumatisé Franju(1) et lui avait fait dire : « Quand je suis allé la première fois là-dedans, je suis rentré chez moi, j’ai pleuré pendant deux jours, j’ai caché tous les couteaux, j’avais envie de mourir ».

Indissociables de l’industrie de la viande, les abattoirs font décidemment tache et ces gigantesques machines à tuer cherchent à rester discrètes. Cette année, la sortie de classe des enfants sera la visite de l’abattoir local. Grand jeu concours : gagnez la visite de l’abattoir de votre choix. Visitez notre ville : son château, ses musées, ses abattoirs. On se persuade tant bien que mal que les animaux y sont tués « proprement », voire « humainement », et surtout tout est fait pour conforter ce présupposé - quand même, nous sommes au 21e siècle ! Et « ça se saurait » !

Eh bien, ça commence à se savoir : les abattoirs, c’est la boucherie. « Scènes d’horreur », nous explique le journal d’aujourd’hui : « Un homme botté de caoutchouc se tient debout sur le museau d'une vache noire étendue au sol jusqu'à suffocation. Une vache tachetée sur un tapis roulant vomit un liquide jaune en balançant frénétiquement sa tête de droite à gauche. Des dizaines de bovins [vaches laitières] qui tiennent à peine sur leurs pattes, s'effondrant sous leur propre poids, se voient administrer des décharges électriques à répétition. D'autres, suspendus par une patte au-dessus du sol, se débattent vigoureusement, en attendant d'être égorgés... » Joignant le visuel à l’écrit, une vidéo est ajoutée sur la version en ligne de l’article. Avec un avertissement : « cette vidéo contient des images qui peuvent choquer. » Et en effet, comment rester de marbre devant l’interminable agonie, la terreur, l’horreur ? Le cœur soulevé, l’estomac révulsé, il faut s’accrocher regarder ces quatre petites minutes d’ultra violences : coups, électrochocs… un acharnement invraisemblable sur des animaux dont le seul crime est de n’avancer ni assez vite ni assez complaisamment vers la mort.

Comme ce carnage se passe dans un des établissements de Central Valley Meat Company, une chaîne d'abattoirs californienne, il est tentant de pousser un soupir de soulagement : c’est loin, et chez nous c’est sûrement différent. Mais des reportages, des enquêtes ont montré ce qu’enduraient les animaux en France ; L214 a révélé que des abattoirs de bovins ou de poulets ne respectent pas la règlementation en vigueur, d’où des souffrances et des agonies à n’en plus finir… (2)

Comme c’est McDonald’s(3) qui est cité dans l’article du Monde, on pourrait penser que McDonald’s possède tous les vices ; mais n’oublions pas que chaque morceau de viande passe par la case « abattoir » et que chaque animal a été terrorisé, battu, abattu, dans des conditions plus ou moins épouvantables, justement pour fournir cette viande, qui sera indifféremment consommée dans un très chic restaurant quatre étoiles, sur un barbecue, en sandwich dans un train ou chez McDonald’s.

L’USDA (ministère américain de l’Agriculture) a reconnu que ces images constituaient des preuves de « traitements inhumains du bétail » et a temporairement fermé l’abattoir, accordant une belle « victoire » à Compassion Over Killing, dont un enquêteur avait infiltré en juin et en juillet 2012 l’établissement.

L’USDA, McDonald’s et une autre chaîne de fast-foods, In-N-Out Burgers, ont donc suspendu leurs achats de viande auprès de cet abattoir, mais ils ont garanti que les images « ne dévoilent rien qui pourrait remettre en question la sécurité alimentaire » - les hématomes et la détresse n’altèrent pas la viande.

Si vous n’avez pas le courage de regarder les quatre éprouvantes minutes de l’enquête de Compassion Over Killing – éprouvantes pour nous, mais ô combien plus pour les animaux – nous vous dévoilons le mot de la fin : « Try Veg, compassion over killing ». Et en effet, choisir une alimentation végétale est la seule réponse réellement adaptée à ces horreurs. Essayez, vous n’avez rien à perdre ; les animaux ont tout à y gagner !

Clem pour L214


(1) Le Sang des bêtes est un remarquable documentaire de 20 mn réalisé par Georges Franju, en 1949, dans les abattoirs parisiens de la Villette et de Vaugirard.
(2) Cet article est consacré aux abattoirs, mais les souffrances endurées par les animaux commencent généralement dès leur naissance, l’abattoir constituant le summum de l’horreur et de la terreur.
(3) L’abattoir fournissait entre autres McDonald’s (à hauteur de 15,7% en viande bovine) et l’USDA, qui fournissait à son tour les cantines scolaires du pays.