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Sara : agir pour les animaux


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Impliquée depuis des années pour les animaux, Sara a accepté de se confier sur son parcours. Ayant vécu et travaillé en France, au Maroc, aux États-Unis, cette jeune maman qui travaille aujourd’hui aux îles Canaries compare les différentes approches du véganisme qu’elle a connues. Sara, les animaux te disent merci pour ton engagement !

J’ai eu le déclic en 2004, en allant sur des forums d’actualité générale. Parmi les différents sujets abordés, certains portaient sur le végétarisme. J’avoue qu’au début je trouvais les végés plutôt lourds (et c’est sans doute parce qu’ils remettaient en question ma façon de vivre), mais petit à petit ça m’a travaillé et la rigueur de leur argumentation a fini par m’impressionner ! En fait, c’était très logique et cohérent : les animaux veulent vivre ; or, manger de la viande n'est pas nécessaire, donc il est injuste de les tuer pour les manger. J’ai fini par me dire : « S’ils ont raison, il faut que je me remette en question et que j’arrête de manger de la viande et du poisson ». Au bout d’un moment, je me suis simplement lancée en me disant que j’allais essayer, et qu’un jour je remangerai probablement de la viande. Or, non seulement je n’en ai jamais remangé, mais je suis devenue vegan un an après !

J’ai fini par me dire : "S’ils ont raison, il faut que je me remette en question et que j’arrête de manger de la viande et du poisson.’" Et puis, je me suis lancée !

Je passais alors mon CAPES et j’habitais chez ma mère. Même s’il y a eu des taquineries et des agacements, dans l’ensemble ça s’est vraiment bien passé avec mon entourage et je n’ai pas rencontré de difficultés.

Sara dans le cortège de la Veggie Pride

Par contre, ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est qu’avant je percevais le monde comme étant quelque chose de bien pensé, même si évidemment je voyais bien que certaines choses n’étaient pas top. Une fois végétarienne, je me suis rendue compte du sort réservé aux animaux, et ça a été un choc : d’un coup je me suis rendue compte qu’il y avait une injustice terrible. Je pense qu’avant, j’étais aveuglée par le fait que je les mangeais. J’ai aussi réalisé qu’il pouvait y avoir d’autres choses injustes dont je ne me rendais pas compte, et ça a été vraiment un gros bouleversement dans ma façon d’appréhender le monde.

Me rendre compte du sort réservé aux animaux a été un choc qui a ébranlé la façon dont je voyais le monde.

Aujourd’hui, il y a bien sûr énormément de choses que je trouve injustes, mais aucune ne l’est autant que le sort qu’on réserve aux animaux, tant par leur nombre que par la cruauté qu'on leur fait endurer.

Puis, assez rapidement, j’ai rencontré d’autres femmes qui étaient devenues végétariennes en même temps que moi et on a créé une petite association à Lyon, Avely (qui n’existe plus). Il n’était évidemment plus question de remanger de la viande ! Surtout que j’estimais et admirais les personnes végés que je rencontrais, ce qui ne faisait que me convaincre toujours plus du bien-fondé de mon choix. Je trouvais ça normal de passer au végétalisme, mais ça semblait vraiment difficile, surtout que j’adore le fromage. Comme je voyais que les gens y arrivaient, je me suis dit qu’il n’y avait pas de raison que je n’y arrive pas, et je suis devenue végétalienne un an après, en 2005 – c’était après une action Sang des bêtes.

Si elle arrivait à être vegan, il n’y avait pas de raison que je ne réussisse pas à l’être.

Au début de mon végétalisme, je faisais de petites exceptions. Puis j’ai vu qu’une amie, Amélie, y arrivait alors que comme moi, elle allait à la fac, mangeait souvent sur le pouce, vivait à l’époque avec une personne non végétarienne ; je me suis donc dit que si elle y arrivait, je pouvais y arriver aussi. Maintenant, on trouve du fromage végétal et certains sont vraiment bons (et d’autres beaucoup moins réussi !) et j’en mange avec plaisir de temps en temps mais, bizarrement, le fromage ne m’a pas manqué - la viande non plus d’ailleurs, il a juste suffit que je fasse le premier pas !

Avec Avely, on faisait des stands d’information, on a aussi organisé quelques repas et fait des actions avec l’antenne lyonnaise de l’Association Végétarienne de France (AVF), puis j’ai été mutée en Lorraine. Côté militantisme, j’ai aussi pas mal participé à l’organisation de la Veggie Pride et un peu à celle des Estivales de la question animale, et j’ai été quelques temps correspondante AVF quand j’étais à Saint-Étienne. J’ai aussi tenu des stands pour Stop Gavage, l’association qui a précédé L214 puis, avec L214 j’ai participé à des actions compteur, des actions Monoprix, etc. Quand je repasse sur Lyon, si je peux, j’en profite pour participer à une action si quelque chose est organisé.

Sara à un stand d'info à Marseille

En 2013, avec mon compagnon, nous sommes partis travailler et vivre à Casablanca au Maroc pour un an, et depuis j’aide L214 à distance en faisant des relectures de divers documents, peut-être aussi que je vais essayer de m’investir par l’écriture.

Au Maroc, nous avons rencontré quelques végétariens, qui étaient aussi investis pour la liberté religieuse, le féminisme... Rissrine, un restaurant vegan, qui vient d’ouvrir à Casablanca, a bien conscience que, pour l’instant « Etre végétarien ou végétalien au Maroc, c’est souvent choisir entre son estomac et sa vie sociale » et ils sont déterminés à faire bouger les choses ! Mais la route sera longue : les gens achètent beaucoup de viande, et le discours végétarien rencontre souvent beaucoup d’incompréhension. J’ai l’impression qu’il y a une sorte de conformisme culturel.

À Los Angeles, c’est tellement plus facile d’être vegan !

En 2015, nous sommes partis travailler un an à Los Angeles (États-Unis) et c’était vraiment le paradis des vegans ! J’ai rencontré des enfants vegan de naissance, c’est un mode de vie très développé, mais en même temps très peu militant. Un salon vegan commercial peut attirer plus de 10 000 personnes, alors que nous n’étions qu’une petite centaine à la Marche pour la fermeture des abattoirs… En tous cas, les gens sont beaucoup plus ouverts qu’en France : les restaurants végé sont remplis de personnes non végé et c’est très facile de manger vegan partout. Pendant mon année à Los Angeles, je suis tombée enceinte et ça s’est vraiment très bien passé. Le corps médical (échographistes, médecins) me donnait spontanément des conseils nutritionnels, c’était super ! À l’hôpital où j’ai accouché, j’avais chaque jour le choix entre une douzaine de délicieux plats vegan ! Aux États-Unis, où beaucoup plus d’aliments courant sont supplémentés, l’ensemble de la population, vegan ou non, est vraiment poussée à se supplémenter, et on ne passe pas pour des extraterrestres quand on dit qu’on doit se prendre de la vitamine B12 !

En France, quand on est vegan, on n’ose souvent pas en parler au corps médical de peur d’être stigmatisé. Ça marginalise encore plus les vegan.

Mais en France, c’est une tout autre histoire. Cet été, le pédiatre de notre fils nous a juste dit : « Faites attention aux carences », sans nous proposer aucune aide concrète ni information, ce qui est vite culpabilisant et inquiétant. Un autre pédiatre nous a carrément dit : « Ce n’est pas bien ce que vous faites », ce qui est un jugement moral et non une information médicale. Et quand nous avons demandé des précisions nutritionnelles, nous nous sommes vus opposer une fin de non-recevoir et il nous a carrément dit : « Vous vous y connaissez mieux que moi ».

On sent un climat de suspicion très fort, qui peut vraiment pousser les parents à avoir peur de dire qu’ils sont vegan, ce qui les isole et les empêche d’accéder à l’information. Ici, on entend seulement parler des enfants vegan quand il y a eu un drame !

Depuis la rentrée 2016, nous vivons et travaillons aux îles Canaries (Espagne). Même si j’ai peu de recul, car cela ne fait que quelques mois que nous y vivons, le véganisme y semble mieux accepté qu’en France. Par exemple, à la crèche, en parallèle du menu traditionnel, il y a un menu végétarien sans produits laitiers, dont bénéficie notre fils ainsi que trois ou quatre autres enfants. D’ailleurs, vu que c’est une grosse entreprise qui prépare les repas, ça veut dire qu’il y a de la demande. Aux Canaries, Igualdad Animal fait un travail remarquable pour que les choses bougent.

Pour moi, en France, L214 fait énormément avancer la cause des animaux, du végétarisme et du véganisme

Sara en actionEn tous cas, en France, pour moi, L214 fait énormément avancer la cause des animaux, du végétarisme et du véganisme. Je ne reviendrai jamais en arrière, mais je ne nie pas qu’être vegan ça reste encore un effort de tous les jours, même si ce n’est évidemment pas dur au point de renoncer. Dans chaque nouvelle relation il faut annoncer la couleur, expliquer, et ce n’est pas toujours très fluide même si c’est de mieux en mieux accepté. Quand quelqu’un m’invite, je lui dis tout de suite et je propose d’apporter un plat. Ce qui est sûr, c’est que plus il y aura de personnes vegan, plus ce sera facile de l’être, et moins d’animaux seront tués !

Aller plus loin :

→  Le PNNS et l'alimentation végétalienne
→ Positions médicales et scientifiques
→ Vegan à tous les âges de la vie !