Bannière Une proposition de loi qui manque d'ambition

Une proposition de loi qui manque d'ambition


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La proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale a été examinée aujourd’hui en commission des affaires économiques. Sans grande surprise, les députés de la majorité ne se sont pas risqués à être ambitieux : en limitant essentiellement le texte aux annonces formulées en septembre par la ministre Barbara Pompili, ils avaient écarté la chasse et l’élevage du débat.

Si les mesures du texte vont – lentement – dans le bon sens, elles occultent néanmoins les conditions d'élevage des animaux : la loi protégera davantage les animaux de compagnie et les animaux sauvages captifs mais continuera de faire peu de cas des souffrances de centaines de millions d’animaux dans les élevages intensifs. Épiler vivant un lapin angora chez soi est passible de sanctions mais des entreprises peuvent le faire de façon routinière… Les lois contre la maltraitance des animaux sont à géométrie variable et la majorité parlementaire ne semble pas vouloir y remédier.

Image du tweet "Aucune avancée sur la chasse à courre"

Sur la chasse, même refrain : tous les amendements ont été écartés au motif d’irrecevabilité avant même d’avoir pu être discutés. Rien sur la chasse à courre, rien sur la chasse des oiseaux à la glu, encore moins sur le déterrage des blaireaux ou des renards dans leurs terriers. Tristement décevant pour un texte dont le titre est « la lutte contre la maltraitance animale ».

Une interdiction des élevages de visons encore trop lointaine

Alors que l’accumulation d’indices sur les liens entre élevages de visons et pandémie exige des actes forts, les députés ont aussi manqué de courage sur ce sujet pourtant consensuel : pendant que nos voisins européens interdisent les uns après les autres les élevages de visons en raison des risques sanitaires, la proposition de loi ne prévoit leur interdiction que dans 2 ans.

Même si l’on peut souligner un progrès, ce délai demeure une aberration éthique, sanitaire et écologique. Alors que 91 % des Français s’opposent au commerce de la fourrure (sondage IFOP 2020) et qu’il ne reste plus que trois élevages de visons sur notre territoire, leur interdiction doit être effective le plus rapidement possible : nous pourrons ainsi éviter de nous retrouver dans la même situation d’urgence que nos voisins, avec pour conséquence une crise sanitaire aggravée. La proposition d’une interdiction immédiate de ces élevages, formulée par le rapporteur Loïc Dombreval et soutenue par David Corceiro, Cédric Villani, Bastien Lachaud et nombre de leurs collègues, aurait dû être adoptée.

Tout aussi aberrant, ce texte n’interdit pas les nouvelles créations d’élevages, pour leur fourrure, d’animaux non domestiques. Afin d'éviter que les visons ne soient « remplacés » dans les cages par des chiens viverrins ou des renards, les députés doivent prendre leurs responsabilités et empêcher la création de nouvelles bombes sanitaires.

Agissons sur les causes, pas seulement sur les conséquences

La communauté scientifique est unanime sur la question : 75 % des maladies humaines émergentes sont d’origine animale. Les conditions intensives d’élevage des animaux ainsi que la déforestation, elles-mêmes fortement liées à une importante production et consommation de viande, sont aujourd’hui deux causes parfaitement identifiées de l’émergence de potentielles nouvelles pandémies.

La crise sanitaire nous oblige à agir sur l'élevage intensif. Malgré les efforts de communication de la majorité parlementaire, cette loi est, pour l'instant, une nouvelle occasion manquée pour entrer dans le monde d’après.

L214 demande aux députés de se montrer plus ambitieux pour les animaux en séance plénière, en votant notamment l’interdiction immédiate des élevages de visons. Au-delà de l’examen de cette loi, L214 demande à la représentation nationale de répondre à l’urgence éthique, sanitaire et écologique en engageant la sortie de l’élevage intensif.