Bannière Une nouvelle enquête montre l’horreur d’un abattoir espagnol

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Dans une vidéo rendue publique le 14 novembre 2018, l’association espagnole Equalia dévoile les souffrances endurées par des agneaux dans un abattoir de la région de Castille-et-León (nord-ouest de l’Espagne).

Sur ces images très difficiles à regarder, on voit des animaux entassés dans des enclos avant d’être emmenés sur la chaîne d’abattage. La densité est telle que certains d’entre eux se retrouvent coincés sous les barres métalliques de l’enclos ou piétinés par les autres. Pour les faire avancer, des ouvriers jettent violemment les animaux et les frappent à coups de pied. Des agneaux agonisants, parfois complètement inertes, sont traînés jusqu’au poste de saignée. Certaines règles d'hygiène élémentaires ne sont pas respectées.

En arrivant dans la salle d’abattage, les animaux voient leurs congénères mourir sous leurs yeux. Aucune installation n’est mise en place pour leur éviter cette vision d’horreur, ni pour bloquer les agneaux, qui sont balancés sans ménagement par les employés lorsqu’ils cherchent à fuir. À leur tour, ils sont attrapés et suspendus par une patte sur la chaîne d’abattage. De nombreux agneaux sont égorgés alors qu’ils montrent des signes de reprise de conscience.

À ces violences insoutenables s’ajoutent des dysfonctionnements techniques : un crochet se coince et l’agneau qui y est suspendu est fortement secoué pendant de longues secondes ; un autre tombe et se vide de son sang à même le sol.

Cela ne fait aucun doute, la mise à mort d’un animal qui voulait vivre est toujours insoutenable. Mais les pratiques extrêmement cruelles observées dans cet abattoir vont plus loin et contreviennent en de nombreux points à la réglementation européenne, entraînant indéniablement des souffrances supplémentaires pour les animaux.

Afin de prévenir ce type d’agissements, l’association Equalia demande l’installation de caméras dans les abattoirs espagnols. Signons leur pétition !

 

 

Le contrôle vidéo : et en France ?

 

De nombreuses associations de défense des animaux demandent la mise en place d’un contrôle vidéo obligatoire dans les abattoirs. Cette mesure, loin d’empêcher les souffrances inhérentes à la mise à mort des animaux, permettrait au moins d’éviter les comportements les plus cruels envers les animaux et de remédier à certaines défaillances structurelles.

Adoptée par l’Assemblée nationale en janvier 2017 puis abandonnée suite au renouvellement du Sénat, la mise en place du contrôle vidéo dans tous les abattoirs a été longuement débattue en 2018, lors des discussions sur le projet de loi sur l’alimentation et a finalement été rejetée par les parlementaires, suite à un avis défavorable du Gouvernement. Il s’agissait pourtant d’un engagement d’Emmanuel Macron pendant sa campagne présidentielle. 

À la place, c’est un amendement « poudre aux yeux » qui a été adopté : une « expérimentation » du contrôle vidéo pourra être mise en place dans les abattoirs « volontaires », alors que 85 % des Français sont favorables à la mise en place du contrôle vidéo obligatoire.

→ Lire notre note de blog « Loi alimentation et « bien-être animal » : décryptage
d'un enfumage
 »

Espérons que l’Espagne et la France, comme la Belgique plus récemment, sauront se saisir de la question et ouvrir la voie à une législation plus ambitieuse.

 


Bannière Le jour où les ogres ont cessé de manger des enfants

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Il y a très longtemps, le monde était peuplé par des ogres, et comme tous les ogres, ils adoraient manger des enfants. Et pas n’importe quels enfants ! Les ogres aimaient surtout manger de bons enfants, bio de préférence, élevés dans de grandes fermes où on les nourrissait de céréales. Cuisinés avec gourmandise, ces enfants étaient servis aussi bien en pâtisseries qu’en soupes, en burgers, ou en rôtis avec des frites ! Mais le jour où une curieuse épidémie frappe les élevages, les enfants ne sont plus comestibles, et les ogres doivent apprendre à manger autrement...
Quelle est la recette de Le jour où les ogres ont cessé de manger des enfants ? Nous avons rencontré Coline Pierré pour lui poser quelques questions.

Coline Pierré et Loïc Froissart

 

Bonjour Coline ! Vous évoquez notre rapport aux animaux dans Le jour où les ogres..., mais aussi dans d’autres livres comme La Révolte des animaux moches. Qu’est-ce qui vous donne envie d’écrire à ce sujet ?

La question de notre rapport aux animaux m’intéressait depuis longtemps, et cela fait d’ailleurs plusieurs années que j’ai eu l’idée des Ogres et de la Révolte. En fait, j’ai même commencé ces textes avant de prendre conscience moi-même qu’il fallait changer notre rapport aux animaux, et de devenir végétarienne. Ces histoires ont alors pris un autre sens pour moi, et désormais, je veux évoquer les animaux dans mes livres pour amener les lecteurs à se questionner.

Il y a de nombreuses manières de sensibiliser les plus jeunes à notre rapport aux animaux, pourquoi avoir choisi la fiction ?

Il est difficile pour les enfants de s’intéresser à une argumentation ; la fiction, en revanche, permet de toucher tout le monde ! Les livres ayant un parti pris trop fort ne sont choisis que par les parents ou les professeurs qui sont déjà sensibilisés à la cause animale, et les enfants n’y ont alors pas accès… Alors que les livres de fiction abordant le sujet de manière indirecte peuvent être choisis par tous ! La fiction et le documentaire sont tous deux importants et complémentaires, mais la fiction permet de transformer la réalité, d’amener un regard différent sur la vie.

Entre les lignes, Le jour où les ogres… évoque pourtant l’élevage des animaux pour la consommation. Ce thème n’est-il pas trop difficile pour les plus jeunes ?

Pas du tout ! En fait, l’humour du texte, qui est souligné par les illustrations de Loïc Froissart, permet de penser la réalité sans pour autant la dramatiser. Dans le livre, la correspondance avec la viande est évidente pour les petits comme pour les plus grands, mais le ton décalé permet d’en rire… tout en amorçant une réflexion à ce sujet ! Je ne voulais pas être dans le jugement, ni même dans l’émotion simple : c’est pourquoi Le jour où les ogres… est une histoire pleine d’humour qui aborde une réalité difficile, mais sans choquer les enfants. Et pour cela, l’image de l’ogre est parfaite : c’est une figure traditionnelle des contes pour enfants, mais c’est aussi une belle métaphore du carnisme !

Pensez-vous que la littérature jeunesse a un rôle à jouer dans l’éducation au respect envers les animaux ?

Bien sûr, la littérature nous permet toujours d’interroger le monde qui nous entoure, et les livres évoquant notre rapport aux animaux permettent de sensibiliser les lecteurs à cette question. Les livres ont le pouvoir d’amener les lecteurs à se questionner, même les plus jeunes ! Mais je ne veux pas écrire des livres qui soient uniquement pédagogiques : je préfère que mes textes soient drôles, qu’ils soient pleins de fantaisie. Je préfère aborder les sujets qui me touchent par ce biais. Je suis autrice avant d’être militante !

 

Un album tendre et burlesque, à dévorer dès l’âge de 5 ans !

Coline Pierré et Loïc Froissart, Le jour où les ogres ont cessé de manger des enfants, Éditions du Rouergue, 2018.

 

 

 


Bannière À quoi pensent les poissons ?

À quoi pensent les poissons ?


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S’il devait y avoir un livre à retenir pour une première plongée dans l’univers des poissons, c’est bien celui de l’éthologue Jonathan Balcombe. Paru en 2016 et tout juste traduit en français, À quoi pensent les poissons ? s’est rapidement imposé comme l’un de nos coups de cœur de l’année. Au fil des pages, l’auteur nous fait découvrir avec passion, aisance et rigueur scientifique ces êtres injustement méconnus, cachés dans les profondeurs des océans ou murés dans le silence de l’eau sale et surpeuplée des bassins d’aquaculture.

 

Un poisson, des poissons

« Poisson » : dès les premières pages, Jonathan Balcombe s’attache à déconstruire ce terme, qui regroupe sous une appellation unique 60 % des vertébrés de la planète, soit des milliards d’individus... À ce compte-là, on imagine bien que les différences entre espèces et, a fortiori, entre individus sont très importantes. L’auteur nous indique, par exemple, qu’il existe plus d’écart sur le plan de l’évolution entre un requin et un thon qu’entre un thon et un humain !

L’éthologue prolonge son propos en nous familiarisant avec les différents groupes et sous-groupes de poissons. Il souligne les similitudes, il pointe les divergences. Il nous montre aussi et surtout que chaque poisson est un individu singulier appartenant à une espèce aux caractéristiques particulières. Dès lors, comment comparer des espèces aussi différentes que le poisson-lune (qui produit 300 millions d’ovocytes par an), le requin-renard (dont le temps de gestation est de 3 ans) et le chien de mer (un petit requin dont la maturité sexuelle n’intervient qu’à l’âge de 35 ans) ?

 

Des êtres étonnants

Jonathan Balcombe ne se contente pas d’individualiser ces êtres sensibles : il nous fait aussi découvrir tout un univers inconnu et s’attaque, par là même, aux idées reçues les plus tenaces. Saviez-vous par exemple que la carpe koï, bien que muette, reconnaît les différents genres de musique ?  Que le poisson rouge a une mémoire à long terme ? Que les poissons jouent, y compris avec d’autres espèces non aquatiques ? Qu’un saumon qui a senti dans les déjections d’une loutre des résidus d’autres saumons en a peur toute sa vie ? Que le thon rouge prend des bains de soleil ?

À quoi pensent les poissons ? est une mine d’informations pour qui s’intéresse aux animaux. Dans une langue accessible, l’éthologue balaye aussi bien les capacités cognitives de ces animaux que leurs morphologies ou leurs comportements. Au détour d’une page, on apprend ainsi que certains poissons utilisent d’autres espèces pour chasser, que certains individus communiquent en grinçant des dents ou en expulsant des bulles par l’anus ou que l’odorat de certains requins est 10 000 fois plus développé que le nôtre. L’éthologue accorde une grande importance à la connaissance de ces animaux aquatiques car, d’après lui, « l’empathie, qui est la capacité à se mettre à la place d’un autre, naît de la compréhension de son vécu. » L’enjeu est donc de taille.

 

Les poissons, premières victimes de notre indifférence

« Mais à vanter les qualités mentales d’une espèce, on gonfle l’importance de l'intelligence qui n’a pas grand rapport avec la valeur morale », souligne Jonathan Balcombe. Car, quelles que soient ses capacités, chaque poisson est un individu sensible capable d’éprouver des émotions comme la joie, le stress et la souffrance. Bien que résolument positif, À quoi pensent les poissons ? ne nous épargne donc pas la triste réalité de la production de poissons pour la consommation humaine.

En effet, d’après la préface rédigée par Lamya Essemlali, présidente de l'association Sea Shepherd France, 97 % des animaux tués pour leur chair sont des poissons. Qu’ils soient pêchés par des chalutiers ou élevés dans des fermes aquacoles, ces milliards d’êtres sensibles souffrent des transports, des manipulations hors de l’eau et de méthodes d’abattage souvent violentes. À ces tristes pratiques s’ajoutent les nombreux poissons victimes de la pêche fantôme, qui meurent piégés par l’un des innombrables filets abandonnés en mer. S’ajoutent aussi les millions d’animaux marins pris dans les mailles des filets de chalutiers qui visaient d’autres espèces, et qui sont rejetés à la mer blessés ou mourants. « Les animaux victimes de notre pillage des océans sont en nombre si astronomique qu’il nous est difficile d’établir avec eux un rapport émotionnel », déplore l’auteur.

Ce livre est donc d’autant plus précieux qu’il nous confronte à nos propres agissements. Des agissements qui ne cessent de s’aggraver puisque, d’après la FAO, un humain consomme aujourd’hui 18,44 kilos de poissons par an, soit deux fois plus qu’en 1960. Or, en tant que consommateurs, nous pouvons tous décider de faire autrement et refuser de les manger.

 

Apprendre à remplacer les poissons en cuisine

Jonathan Balcombe, À quoi pensent les poissons ?, La Plage, 2018.

 

 


Bannière Chicky Boom : la tournée

Chicky Boom : la tournée


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Du 2 au 12 octobre 2018, l’association L214 a sillonné les routes de France avec un bien étrange dispositif. Par le biais de Chicky Boom, une start-up fictive, L214 a fait tester dans la rue un nouveau produit : « le poulet du futur ». En réalité, nuggets et émincés proposés à la dégustation ne contenaient pas un gramme de viande ! De quoi bluffer plus d’un passant sur les alternatives végétales et permettre d’engager une discussion sur les conditions d’élevage et d’abattage des poulets en France. Chargée de campagne à L214, Isabelle revient en détail sur cette tournée.

Bonjour Isabelle, dix jours à parcourir la France ça ne doit pas être de tout repos...

Effectivement ! Couvrir 9 villes sur un laps de temps aussi court est un vrai challenge. Heureusement, nous pouvions compter sur le soutien et la présence des groupes locaux de l’association qui se sont fortement mobilisés ! Nous n'aurions pas pu réaliser cette tournée sans eux. En ce qui concerne la fatigue, on l’oublie bien vite quand on sait pourquoi, et surtout pour qui on agit !

 

 

Allons droit au but : est-ce que tu peux nous expliquer en quoi consistait cette opération ?

Bien sûr ! L’idée était d’aller de ville en ville à la rencontre des consommateurs. Certaines personnes venaient d’elles-mêmes à nous, il faut dire que nous étions bien visibles avec une belle tonnelle customisée Chicky Boom !

Notre phrase d’accroche ? « Venez découvrir l’ingrédient secret de notre poulet du futur ! » Nous ne disions pas tout de suite que la recette des nuggets et des émincés* était 100 % végétale. Ce n’est qu’après la dégustation que nous le dévoilions : l’ingrédient secret de ces produits était l’absence de souffrance !

Les passants pouvaient ensuite découvrir la réalité de la production de viande de poulet grâce à un casque de réalité virtuelle, puis en en discutant avec les bénévoles présents. Ce dispositif a très bien fonctionné : il y avait souvent une longue file d’attente pour accéder aux casques, et nous étions parfois obligé.e.s de montrer la vidéo sur une tablette aux personnes qui ne pouvaient pas patienter !

Et puis, les passants ne repartaient pas les mains vides. Nous leur proposions un petit sac plein de surprises : des tracts d’information sur les poulets, un livret de cuisine pour végétaliser leur alimentation, des badges… Transmettre l’information et la pérenniser est primordial.

*Certains simili-carnés ont été offerts gracieusement par nos partenaires Soy et Un Monde Vegan.

 

Découvrir le concept Chicky Boom en vidéo

 

Comment ont réagi les passants lors de la dégustation ?

L’écrasante majorité des gens ont cru manger du poulet, et cherchaient quel ingrédient y avait été ajouté. Certains ont même fait preuve d’une imagination débordante ! Nous avons eu toutes sortes de réponses : des oignons, des épices, du topinambour… ou même des insectes !  

Le bilan a été très positif car finalement, qu’elles aient découvert la réelle composition des similis ou non, toutes les personnes les ont appréciés. Alors, à partir du moment où les alternatives sont bonnes et accessibles, pourquoi continuer à faire souffrir et à tuer 3 millions d’animaux chaque jour, et ce rien qu’en France ?

 

Pourquoi avoir choisi de parler des poulets en priorité ?

Parce qu’eux aussi sont des êtres sensibles ! Et parce qu’en nombre, ils sont les premières victimes de l’alimentation humaine : on ne s’en rend même pas compte, mais aujourd’hui 7 animaux terrestres sur 10 tués dans les abattoirs sont des poulets. Quand on parle de viande, les gens pensent souvent à la viande rouge : c’est bien vite oublier que près de 800 millions de poulets sont tués chaque année en France, et que la consommation ne diminue pas… C’est pour cette raison que nous proposions aux passants d’essayer le casque de réalité virtuelle et de constater par eux-mêmes les conditions d’élevage désastreuses endurées par 83 % des poulets détenus en élevage intensif.

Voir nos vidéos d'éthologie sur les poulets

 

Quel est le souvenir le plus fort que tu gardes de cette tournée ?

Nous avons eu énormément de retours positifs durant cette tournée, les gens nous remerciaient de leur avoir ouvert les yeux. Certains nous ont même serrés dans leurs bras ! Toutes ces personnes qui ont pu goûter les alternatives végétales, qui les ont trouvées bonnes, puis qui ont constaté les conditions d’élevage des poulets grâce aux images 3D, ne sont pas sorties indifférentes de cette expérience. Peut-être cela changera-t-il leur consommation de viande à l’avenir ?

 

 

Cette tournée est restée secrète un long moment : pourquoi avoir choisi de communiquer une fois la tournée terminée ?

L’objectif était d’arriver incognito pour toucher directement les personnes qui mangent de la viande. On avait peur qu’en communiquant trop largement auprès de nos sympathisants, ils ne se déplacent en masse et que notre identité ne soit révélée. Nous avons tout de même eu un fort écho dans la presse car nous avions, au préalable, prévenu les médias de notre venue et de l’objectif de notre action. Ce fut l’occasion de communiquer aux journalistes un rapport complet sur l’élevage de masse des poulets. Et les nombreux articles parus sur la tournée ont permis à des milliers de personnes d’être informées sur la question de la souffrance de ces animaux. En clair, nous ne sommes pas passé.e.s inaperçu.e.s !

Découvrir le rapport sur les poulets

 

Que souhaites-tu dire aux personnes qui veulent agir pour les poulets mais qui n’ont pas pu participer à la tournée Chicky Boom ?

Il y a de nombreuses manières d’agir pour les poulets ! Notre tournée s’inscrivait dans le cadre de la campagne « 800 millions – Poulets d’origine exploitée ». Nous avons révélé deux enquêtes en élevages intensifs et mis en place plusieurs actions, comme celle de juin dernier. Toutes les personnes soucieuses du sort des poulets peuvent se rendre sur le site de notre campagne, 800millions.fr, et signer le Manifeste contre l’élevage intensif. Et si elles souhaitent se tourner vers une alimentation végétale, le site Vegan Pratique pourra les accompagner.

Il faut garder à l’esprit que 66 % des Français se déclarent prêts à remplacer une partie de leur consommation de viande de poulet par des alternatives végétales. Lorsqu’on connaît ce chiffre, on réalise à quel point il est primordial de sensibiliser le plus grand nombre à la disponibilité de ces produits !

Agir sur le site 800millions.fr

Remplacer la viande de poulet en cuisine