Un lapin mort entre mes mains - texte de Nina
- Article du Lundi 2 décembre 2013
L214 a réalisé une tournée d'actions en France en octobre 2013 pour dénoncer les conditions abominables d'élevage des lapins Made In France. Ces actions ont eu lieu dans 7 villes, nous vous proposons un arrêt à Strasbourg où Nina, participante, pose des mots sur son ressenti. Merci à elle.
Happening de l’association L214 Tous sensibles à Strasbourg le mardi 22 octobre 14h place Kléber
Après avoir hésité à me lancer dans cette action, je réalisai qu’il m’était plus difficile encore de ne rien faire, de ne pas m’engager. Parce qu’il s’agit bien ici d’engagement.
Participer à cette action a scellé mes positions, je sais pourquoi je l’ai fait, je sais ce que signifie pour moi que de s’aventurer sur la voie du végétarisme.
Debout, droite, une combinaison, un T-shirt rappelant la raison de notre présence, des gants, je regarde loin devant moi. J’attends, comme toutes les autres personnes qui sont venues pour montrer leur indignation face aux traitements infligés aux lapins élevés pour être abattus, élevés comme marchandises.
Ce que l’on nous avait annoncé arrive : chacun de nous porte maintenant un lapin sacrifié au nom d’une société de rendement, un lapin dans nos bras, mort, dur comme de la pierre.
Je te tiens dans mes bras. Même si tu ne ressens plus la chaleur que je peux t’offrir, je suis là pour toi, nous sommes là pour vous, êtres sacrifiés pour une société qui n’est pas la vôtre, qui vous méprise, qui est la nôtre mais dont nous ne voulons plus. Pardon. Pardon d’avoir laissé faire ça. Nous n’acceptons pas que vous soyez morts sans raison ; aujourd’hui nous vous rendons hommage, nous accrochant à l’espoir d’éveiller les consciences qui nous observent, portant contre nous ces lapins qui ne sont plus que des corps.
L’action touche à sa fin. On me retire le lapin des bras, ceux-ci retombent le long de mon corps, qui me semble incroyablement vide. Je suis vide de ne pouvoir être proche de chacun d’entre-eux. Remplie d’une nouvelle volonté, celle de ne pas lâcher.