Par Cheri Ezell-Vandersluis, co-fondatrice du Maple Farm Sanctuary

 

Laissez-moi tout d’abord vous dire que j’ai toujours aimé les animaux, mais que j’ai grandi dans une société qui les traite comme des possessions, des biens – le monde du steak-frites. J’ignorais totalement que la chair que je consommais provenait de vaches aux grands yeux et d’innocents poulets plein de plumes. Et quand je me suis rendu compte que je voulais travailler avec les animaux, cela m’a pris du temps et plusieurs leçons de vie avant de trouver un travail qui leur soit réellement favorable.

 

Ma première prise de conscience arriva alors que j’étais employée par un fabricant pharmaceutique, à la fois comme technicienne en histologie (études des tissus biologiques, ndlr) et comme – tenez-vous bien – technicienne de salle d’autopsie. On m’assura que cette recherche était bénéfique pour l’humanité, et le meurtre des animaux était appelé « sacrifice ». Dans le registre dans lequel nous inscrivions les résultats des autopsies, on ne tuait personne, on « sacrifiait des numéros ».

 

Je me souviens, peu après avoir commencé ce job, aller à l’endroit où on encageait les chiens – de mignons petits beagles –, où on leur administrait systématiquement des composés tels que des accélérateurs de croissance, des antibiotiques, de la dopamine, et une multitude d’autres substances encore. Je leur parlais, les caressais à travers les barreaux des cages, tout en regardant dans leurs yeux pleins de confiance. Je ne le fis que quelques jours avant d’être prise et réprimandée pour ce comportement. On m’expliqua que les animaux de tests ne devaient avoir aucun contact humain autre que ceux destinés à les nourrir, les nettoyer, les examiner et leur administrer divers composés car tout témoignage d’affection provoquerait chez l’animal une volonté de vivre et affecterait négativement leur réaction aux substances testées. J’essayai de vivre avec cette justification pendant à peu près quatre ans avant de démissionner. Ma vie de découverte avait commencé.

 

Mon emploi suivant fut dans un aquarium. Et alors que nous étions beaucoup à adorer les animaux et à prendre soin d’eux, nous travaillions pour des gens qui les exploitaient pour s’en mettre plein les poches. Mon poste consistait à nourrir et à surveiller l’état de santé des milliers de poissons et des quelques mammifères marins, à m’assurer de la qualité de l’eau, à aider le personnel à s’occuper des mammifères et à les assister dans les autopsies.

Quand l’aquarium reçut quatre dauphins, je me sentis privilégiée de pouvoir nager avec eux durant leur ajustement à la captivité. Mais un mauvais jugement de la part du management ruina cette vision. Un bassin annexe, séparé du bassin principal, était divisé en quatre sections. Ces sections étaient utilisées pour maintenir les dauphins séparés, une forme de punition pour ne pas avoir réalisé correctement un numéro devant les clients spectateurs. Tandis que chaque section était entourée d’une tuyauterie en métal, elles étaient séparées l’une de l’autre par du filet en nylon. Les dresseurs essayèrent d’avertir le management qu’un accident finirait par se produire, mais ils ne furent pas écoutés.

 

Un matin très tôt, j’entendis les cris aigus des dauphins. On ne parle peut-être pas le même langage, mais l’angoisse, la tristesse et la frustration sont facilement traduisibles. Un des dauphins mâles s’était pris le nez dans le filet et, en essayant de se libérer, il l’avait emmêlé davantage et était resté coincé sous la surface de l’eau. Dans la nature, si un dauphin est malade ou blessé, les autres lui viennent en aide et le poussent à la surface pour qu’il puisse respirer. Dans cette situation de captivité, les autres dauphins avaient seulement pu regarder leur compagnon se noyer lentement.

Un de mes collègues et moi plongeâmes avec un couteau en espérant couper les mailles du filet, mais elles s’étaient tellement resserrées autour du nez du dauphin que l’on ne put l’en défaire. Nous ne pûmes que découper le filet tout autour et ramener à la surface son corps sans vie. Peu après, le dauphin fut remplacé par un autre capturé en mer, le filet fut remplacé par un grillage métallique, et le spectacle continua.

Je quittai l’aquarium par la suite et passai un peu de temps chez un graphiste avant de décider que j’allais devenir éleveuse de chèvres. Je rencontrai d’ailleurs mon mari, Jim, en récupérant des chèvres pour mon élevage. Il vendait ses vaches laitières et se préparait à élever des génisses de remplacement. Nous devînmes inséparables.

 

Un jour, j’entrai dans la grange pendant qu’il était à la traite et remarquai une génisse manifestement malade. Quand je lui demandai ce qui lui arriverait, il me répondit que malgré la maladie, la génisse serait vendue à un marchand de bétail puis revendue pour sa viande. À l’époque, j’avais un peu d’argent de côté et je le suppliai de me laisser m’occuper de la génisse malade. Il accepta à contrecœur. J’emmenai la génisse à la clinique vétérinaire de Tufts, où le vétérinaire commença à la transfuser et à lui donner des antibiotiques. Il me dit que si je l’avais laissée sans soins un jour de plus, elle serait morte. Quand elle fut remise, je la ramenai à la ferme où elle devint finalement une vache laitière.

 

Avec le temps, nos consciences ne nous permettraient plus de continuer à traire nos vaches dans le but de produire des produits laitiers. À la place, nous augmentâmes le nombre de nos chèvres et commençâmes à vendre leur lait. Cette activité présentait néanmoins un sous-produit gênant, et notre problème était « que faire de tous ces chevreaux ? »

 

Dans certaines communautés ethniques, c’est la tradition de manger de la viande de chevreau pendant les vacances de Pâques. Les personnes d’origines grecque et portugaise, qui avaient entendu parler de nous, nous accablaient pendant cette période. Nous pesions les chevreaux de 11 à 15 kg et les clients payaient. Les animaux étaient alors ligotés, attrapés comme des valises et littéralement jetés à l’arrière d’un camion ou d’un pick-up. Ces bébés me regardaient dans les yeux avec terreur et incompréhension. Jim et moi connaissions leur destin. Ayant été dans l’industrie laitière pendant toute sa vie, Jim avait essayé de m’endurcir. Nous ne pouvions pas garder tous les chevreaux, et peu de gens veulent d’une chèvre comme animal de compagnie.  

Souvent Jim et moi sommes restés à la porte en écoutant nos bébés chevreaux crier pendant qu’on les emmenait. C’est à l’un de ces instants que lui et moi nous sommes regardés avec les larmes aux yeux et avons commencé notre chemin vers une vie sans meurtre. Ce fut une période effrayante pour nous car le lait de chèvre et les chevreaux faisaient partie de nos revenus pour soutenir l’activité de la ferme.  

Nous partîmes en quête d’une personne pour nous aider à changer de voie et nous aider avec les animaux. Nous contactâmes PETA et je parlai à une personne merveilleuse qui me rassura, entre mes sanglots, que nous faisions le bon choix. Pour alléger la charge financière, on nous donna une liste de sanctuaires pour animaux de ferme à appeler qui pourraient éventuellement accueillir quelques chèvres. Après plusieurs appels à des refuges sans place disponible, nous trouvâmes OohMahNee. Les fondateurs Cayce Mell et Jason Tracy nous assurèrent que nous faisions effectivement le bon choix. Ca me faisait mal au cœur. J’aimais mes chèvres et devoir les abandonner fut difficile bien que je sache qu’elles seraient en lieu sûr. Après une longue réflexion, nous envoyâmes la moitié de notre troupeau aux sanctuaires OohMahNee et PIGs. Mes sentiments furent partagés ce jour-là, mais Cayce et Jason étaient mes anges gardiens et nous réconfortèrent pendant cette période de détresse.  

Aujourd’hui, Jim et moi avons adopté un mode de vie végane et possédons notre propre petit sanctuaire dans le Massachusetts, Maple Farm Sanctuary. Un endroit sûr et plein d’amour pour les animaux de ferme, où ils vivent le restant de leurs jours en paix, libres de vagabonder dans la prairie.

 

 

crédits photos :
- chien beagle  BUAV
- dauphin  lolilujah/creative commons
- vache : James / creative commons
- chevreau : James Nord / creative commons
- refuge : Maple Farm Sanctuary

L'inconvénient d'être né (pour 180 jours)

  • Article du Mardi 25 février 2014

Magazine Marianne

Où et comment produit-on « la viande » ? Est-ce qu'on veut vraiment le savoir ? Et quand on l'apprend, on fait comment ? On détourne le regard ? On change ? On se laisse porter par cette prise de conscience ?

Peut-on revenir en arrière ?

Pas vraiment ! 180 jours, le roman d'Isabelle Sorente parle, nous dit Victoria Luta, de l'impossibilité de tout retour en arrière. Vous vous reconnaissez dans l'histoire de son protagoniste ?

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« Un porc à ton avis, c'est quelqu'un ou quelque chose ? »

180 jours est la durée de vie d'un être sensible venu au monde par insémination artificielle, sevré, engraissé, sacrifié et découpé pour devenir « de la viande » : du jambon, du lardon, du boudin, des côtes grillées, de la saucisse, du museau au vinaigre, de la gélatine pour les bonbons. Se figurer – en regardant le jambon, le lardon, le boudin, les côtes grillées, la saucisse, le museau au vinaigre, les bonbons – le trajet en sens inverse, prendre conscience que tous ces « produits » ont été, d'abord et avant tout, les morceaux du corps d'un être ayant respiré, vécu et tissé des liens sociaux dont il a été arraché, cela tient, aujourd'hui, d'une difficulté entretenue par tous les moyens dans notre société.

De nos jours, les élevages et les abattoirs sont des lieux industrialisés, normés, hygiénisés, aseptisés. Les derniers sont situés généralement bien loin des yeux et des consciences des consommateurs. Ce sont des entreprises où la mise à mort des bêtes fait oublier, par sa cadence infernale, « la matière » qui s'y trouve, où les maladies professionnelles pullulent, les cauchemars « de la découpe » et les cris entendus sans arrêt hantant les vies des employés en dehors de ces murs ensanglantés. L'opacité sert le commerce : une telle incapacité à voir des évidences, soigneusement cultivée, fait que le consommateur peut continuer à acheter et à manger, sans se poser trop de questions, du jambon, du lardon, des côtes grillées, de la saucisse, du museau au vinaigre, des bonbons gélatineux.

Être et savoir

Martin Enders, le narrateur de 180 jours, à la quarantaine tiède et raisonnable, semble assez confortablement installé dans sa vie partagée entre être et savoir. Mais il a la (mal)chance de se poser des questions. Il le fait par vocation et avec de la méthode, en tant que professeur de philosophie dans une université parisienne. Quand il sera chargé de préparer un séminaire sur un sujet qui lui demeure peu connu – « l'animal » –, il partira donc visiter une porcherie industrielle afin d'y puiser les idées nécessaires. A partir de là, toute sa vie va changer. Profondément.

« Son » roman s’ouvre par un sursaut nocturne et finit dans un spasme cérébral : voici la trajectoire habituelle des « rescapés ». Entre ces deux moments, Martin Enders passe du temps à la Source, « exploitation » abritant 15 000 porcs et six employés, et connaît la métamorphose que toute descente en enfer procure. Son regard s'en saisit dès le premier instant : « Les sept bâtiments parallèles attendaient derrière la colline, de loin, ils rassemblaient aux centres commerciaux en bordure d'autoroute avec leurs magasins de pièces détachées ou de meubles en kit. Sauf que les pièces étaient vivantes » (p. 137). Ces bâtiments délimitent les étapes de l'existence d'un cochon vivant 180 jours, passant de la conception par l'engraissement, pour être enfin prêt pour « l'embarquement » auquel il avait été destiné avant qu'il ne soit né.

Le roman d'Isabelle Sorente, 180 jours (Éditions Jean-Claude Lattès, Paris, 2013), nous livre, à la première personne, le récit d'une plongée dans une révélation des plus déconvenables : Martin Enders comprend comment se produit, de nos jours, ce que l'on appelle « la viande ». (Est-ce un hasard ? En était-il « prédestiné » par les échos fragilisants de son adolescence brimée ? Avait-il connu, de par ses expériences, des mises en situation d'empathie ? La fille de son supérieur universitaire, Tico, qui refuse la viande et se montre douée à irriter les adultes bienséants, lui a-t-elle instillé un doute initial ?) Le choc cognitif et émotionnel de Martin Enders est aussi simple et aussi torturant que cela. Il en sortira laminé.

L'enfer

La découverte dont Martin Enders est sujet brûle l'intellect, perturbe la sensibilité, dérègle le corps et trouble les sens. Sa vie sociale et intime sera, elle aussi, tourmentée jusqu'aux dernières conséquences. Le savoir qu'il acquiert à la Source fissure, brise et finit par dévorer son être, au propre et au figuré.

L'intercesseur de sa descente en enfer est, pour le philosophe de la capitale, un jeune porcher à bout de souffle, aux poumons chargés des toxines et au sobriquet romantique à la Dumas fils : Camélia. Une amitié atypique se lie entre Enders et cet homme qui a l'insomnie tenace et les joues creuses, qui se montre rongé par des questions, tenaillé par des doutes et sait tenir un drôle de discours : « ...ces femelles qu'on insémine à peine elles ont mis bas, si tu voyais comme elles te regardent quand leurs petits partent pour le bâtiment D (Post-Sevrage). Certaines chialent, elles deviennent folles. Et sept jours plus tard, elles sont de nouveau en chaleur. Le stress les inonde d'hormones qui donnent envie de remettre ça. La nature est une salope, ce qui arrange bien la production. Elles accouchent en même temps, elles stressent en même temps, elles sont chaudes en même temps et leurs petits partent par le même camion. Et ça recommence. Toute cette vie qui n'arrête pas, c'est comme une lumière toujours allumée qui supplierait qu'on la laisse s'éteindre. Comme si je forçais quelqu'un à ne jamais dormir » (p. 152).

Le désordre commence, comme dans toute histoire initiatique, par un interdit transgressé : Camélia donne un nom à un animal assigné à la « production » chiffrée. Il appelle Marina une femelle mettant bas sans cesse, « la truie numéro 1000788 » (p. 246). Or, reconnaître une identité à un être vivant dans cet univers concentrationnaire représente un scandale, la faille qui ouvre les consciences et permet à la tragédie des humains et des bêtes de s'y propager comme un vent de folie.


En proie à une consternation fascinée, Enders retourne plusieurs fois à la porcherie de la Source. Immergé dans le milieu « des paquets de chair rose qui gigotent » (p. 67), confronté aux limites de son être et de son savoir, guetté par l'angoisse et des épisodes d'hypervigilance, pour Enders, le porc devient son « autre » viscéralement proche, son double inavouable, son reflet meurtri, voire meurtrier (un épisode d'une grande force épique raconte l'infanticide de Marina, la truie « clairvoyante » à l’œil bordé de noir, qui a l'air de supprimer consciemment ses porcelets destinés à l'abattoir). Enders se découvre un ressenti solidaire avec le porc, et le porc, à son tour, semble le regarder d'un œil philosophe et médusant. On assiste à l'animalisation de l'humain et à l'humanisation de l'animal, à une fonte d'identités magistralement et minutieusement décrite.

Parmi tous les « symptômes » étranges de la porcherie, le plus intéressant – en ordre humain et romanesque – est sans doute le jet-lag, contretemps provoquant l’hypertrophie d'une sensibilité générique, tant humaine qu'animale :

« Le décalage entre la porcherie et le monde extérieur ne se manifestait pas seulement par de la nervosité ou des troubles de sommeil, il modifiait le rapport entre les individus, décalait les uns par rapport aux autres. Ce qui m'avait réveillé était la sensation qu'à cet instant même, Camélia se réveillait. Soudain quelqu'un se retrouve à la place de quelqu'un d'autre, une truie apparaît dans le champ de vision, là où ne devrait apparaître personne. Comme si ceux qui souffraient de jet-lag gagnaient un degré de liberté supplémentaire, une mobilité qui leur permettait de s’échanger les uns contre les autres. Il semble que le centre de gravité soit décalé, le cœur bat plus fort, mais pas dans la poitrine : tout l'espace palpite. Sensation angoissante de frôler la trame de la réalité, comme un poisson qui glisse entre les mailles du filet, un fugitif qui échappe au réseau de caméras, un porc qui passe un pied dans le caillebotis. Des milliers d'yeux semblaient braqués sur moi, comme si les animaux pris dans le filet espéraient tous ensemble que l'un d'entre eux s'en sortirait.

J'étais nu et j'étais seul.

D'abord le sentiment d'être relié à des vies inconnues me réchauffa le cœur. Et aussitôt vint la certitude que j'allais faire du mal à quelqu'un que je ne connaissais pas encore. Que ce mal, à défaut d'être fait, était déjà tissé, comme mon corps à la vie entière » (pp. 175-176).

Son regard impitoyable sur la condition humaine reflétée dans la condition animale fait que tout retour en arrière, pour regagner l'ignorance et revenir à la vie ordinaire, s'avère impossible pour Martin Enders. Il finira par porter le fardeau de la lucidité et, dans sa chair, les stigmates de cette expérience : pour son gain d'humanité, il subit une perte corporelle (un sacrifice de plus), devenant boiteux suite à un accident dans l'élevage. (« Le boiteux » était aussi le nom du seul porcelet survivant de la portée que Marina avait tuée. Le jeu des miroirs et d'identifications multiples ne cesse de nous surprendre.) Il écrit son récit, on l'apprend à la fin, en attendant un enfant.

L'indicible vérité

Les nuances de la stupeur et du malaise, le décalage infiltré entre des consciences jadis apparentées, l'effondrement des certitudes et l'air invraisemblable dont le monde, vu d'une porcherie, s’imprègne sont brillamment restitués par Isabelle Sorente. Mais le plus remarquable, dans son roman, c'est qu'il advient également un hymne étrange et douloureux à la vie pas encore conçue, pas encore née, mais déjà morte : un paradoxe et une performance d'ordre non pas philosophique, mais littéraire – l'un des bénéfices secondaires d'un sujet fort traité par un écrivain plein de finesse.

Puisque la brutale prise de conscience de Martin Enders détermine une remise en cause intégrale, happant – comme dans tout roman qui porte bien son nom – la raison, le langage même et ses fonctions : ce qu'il vit et ce qu'il éprouve, le philosophe atterri dans la porcherie, tient par excellence de l'indicible lourd, de l'incommunicable, des vérités faites pour être vécues en solitaire. Ainsi, tout son récit se nourrit de la décomposition : processus propre à la viande au premier abord, dirait-on, mais que l'on découvre contaminant aussi le verbe et l'affect. Parler, c'est trahir. Le contenu des mots simples change jusqu'à l’incompréhension parmi les siens. Comment survivre, quand on devient le vecteur d'une vérité indicible ? Comment garder la raison au milieu d'une poussière rappelant les particules de vie amenées au monde pour se faire tuer à la chaîne ? Comment se résigner à enfanter, quand procréer signifie perpétuer la souffrance du monde souffrant ? A l'aide de quelles ruses revenir dans la société des humains quand on s'y sent irrévocablement étranger ?

Dans une chronique automnale, le roman d'Isabelle Sorente a été vu comme « la claque de la rentrée ». Je confirme : j'ai lu ce livre époustouflant avec un vif intérêt, en me réjouissant que le sujet de la condition animale soit traité sous l'angle de la fiction avec une telle maîtrise, et l'expérience de son protagoniste a résonné, pour moi aussi, comme une bonne gifle. Mais je savais que c'est incontournable : ouvrir les yeux sur les élevages et les abattoirs ne peut être qu'une plongée dans une lucidité inévitablement inconfortable. Et ce n'est peut-être pas par hasard : « s'il entre dans la lucidité tant d'ambiguïté et de trouble, c'est qu'elle est le résultat du mauvais usage que nous avons fait de nos veilles » (Emil M. Cioran).

Victoria Luta


Récit d'Anne-Lorraine, adhérente L214 et bénévole au refuge GroinGroin

Grâce à un appel relayé par L214, j’ai pu faire connaissance avec l’association GroinGroin, un superbe refuge essentiellement voué au sauvetage de cochons nains/vietnamiens/miniatures mais pas que…

L'association

GroinGroin est une association créée pour aider des cochons abandonnés à trouver un foyer sûr et aimant chez des adoptants sélectionnés. C’est aussi un réseau de ressources, de conseils et d’entraide. Avoir un petit cochon à la maison demande des connaissances particulières pour que le compagnonnage soit idyllique.

Le refuge

En 2006, l’association crée le refuge pour faire face aux difficultés de placements des cas les plus complexes. Qu’il soit malade ou qu’il ait un caractère de cochon, chaque groin a droit à un toit. L’une des fondatrices de l’association fait le grand saut, abandonne son métier pour se consacrer totalement aux cochons. Elle achète près du Mans, dans la Sarthe, une petite ferme avec quelques hectares parfaits pour recevoir les groins abandonnés. Chaleureuse et pleine d’humour, Caroline a un caractère bien trempé et un amour sans limite pour ses groins.


Dynamite et la grande Carla

La ferme est charmante, de taille humaine, familiale. Autour de la cour, d’un côté la petite maison de Caroline et une chambre pour les bénévoles. Une grange qui sert au stockage de nourriture et d’outils d’un côté, chalets à cochons de l’autre. Et des parcs où quasiment tout le monde possède son petit studio individuel. Face à la maison, le parc des deux filles de la maison, Marge et Rosalie. La nuit, elles rentrent dans la maison, au chaud dans un amas de couvertures qu’elles arrangent à grand bruit pour y faire leur nid.

GroinGroin héberge une soixantaine d’animaux. Tout est pensé pour que, quoi qu’il arrive, même les journées sans aide de bénévoles, Caroline puisse assurer à chacun sa ration de nourriture, eau propre et soins affectueux. Des journées très pleines où rien n’est laissé au hasard. Même seule, Caroline peut y faire face, elle est attachée à cette indépendance qui est aussi la garantie que les animaux ne manqueront jamais de rien.

Les subsides de l’association sont constitués des dons qu’elle reçoit, de la vente de nourriture spécialement élaborée pour les groins. GroinGroin fait aussi pension pour cochons et chevaux quand leurs humains ne peuvent les emmener dans leurs déplacements. Sécurité, confort et qualité de vie assurée…

Les cochons

Il y a sur place une quarantaine de cochons, presque tous nains à l’exception de Carla, Giula et Dynamite. Ils sont répartis suivant leurs besoins, leurs caractères, dans des enclos différents. Les groins très âgés qui commencent à avoir des difficultés pour se déplacer d’un côté, les plus jeunes en face. Raymond et Huguette, un couple charmant, ont leurs appartements privés, les plus fragiles ont des niches chauffées… Dans chaque enclos, il y a assez de niches, généreusement paillées, pour que chacun dispose de son petit coin privé. Généralement, ils se mettent plutôt à deux par chambre mais GroinGroin ne lésine pas sur le confort.


Huguette et Raymond

Les chiens surveillent...

Candy la dinde et sa copine Cocotte, une poulette, se baladent librement et vont visiter les uns et les autres, Cocotte n’hésitant pas à monter sur le tracteur ou sur le dos d’un cochon pour faciliter ses déplacements ou avoir un meilleur point de vue. Colette la chèvre dispose de son studio perso et se balade tranquillement entre les parcs. Les moments fort de sa journée consistent notamment à essayer de piquer les grains des groins lors du passage des repas – et Colette a une force impressionnante, pas facile de lutter avec elle – et à distraire les visiteurs qui seraient mieux inspirés de jouer avec elle plutôt qu’aller ramasser des cacas à longueur de journée. Décidément, les chèvres me font particulièrement craquer ! Edgar et Philomène deux bassets hound récupérés veillent sur la cour. La très peureuse Philomène aime qu’on s’occupe d’elle, mais elle est bien trop timide pour en demander. Il faut ruser un peu pour l’attirer, se faire tout petit, tout doux pour qu’elle ose enfin s’approcher et recevoir un peu de tendresse. Il y a aussi deux chats, Clochette qui préfère rester dehors vu qu’elle y a des cachettes que Caroline repère pour veiller à ce que ce soit confortable et Chamalo qui trouve ça plus marrant de monter sur la table de la cuisine pendant les repas, même si ça ne plaît pas à Caroline (il faut bien qu’elle ait quelques défauts !). Et Caliméro l’âne câlin inséparable d’Arthur le poney et de Belle la jument.


Edgar et Philomène

Paisibles vaches

Dans deux champs éloignés de quelques centaines de mètres, Lili et Eole, une vache et son veau adolescent aux splendides yeux amandes. Encore timides parce qu’ils ne sont pas là depuis très longtemps et qu’on les laisse vivre leur vie sans leur demander de venir manifester quoi que ce soit de particulier. Ils sont là, en sécurité, rouges comme des soleils et tout est parfait ainsi.


Lili et Eole

Oudini et ses amis

Et plus loin, les chevaux. Eclair, Drioso, Babouche et Gaylord sont en pension « retraite », ce qui fournit un petit appoint à GroinGroin, et d’autres, comme le célèbre Oudini, sont résidents permanents.

Oudini, en hommage au fameux magicien qui disparaissait… en fait il s’est réincarné en Percheron pour qui les clôtures n’existent pas. Ni les gros rondins de bois, ni les fils électriques ne parviennent à le contenir. Du coup, personne ne veut de lui, il défonce tout. Mais sans le vouloir, il ne fait vraiment pas ça exprès. C’est juste qu’il y a des trucs supers chouettes à voir là, un peu plus loin… Nous arrivons avec Caroline pour nettoyer les abris et, mauvaise surprise, encore une clôture de brisée. Oudini est là, l’air de rien, super content de voir du monde parce qu’il aime faire des câlins. Plus c’est gros, plus ça a le cœur tendre ! Caroline fonce à la ferme chercher de quoi réparer. Nous commençons le nettoyage avec une autre bénévole en gardant un œil sur le passe-muraille. Je le vois qui flâne de l’autre côté du champs, l’appelle. Oudini tourne la tête, fait demi-tour et revient aussitôt au trot. Il est vraiment mignon. Ça me fait drôle parce qu’il est immense et que les chevaux m’impressionnent et me font un peu peur mais, je ne sais pas pourquoi, je trouve celui-là super mimi et je lui fais un câlin pour le remercier d’être revenu sans faire d’histoires.


Oudini

Il faudra plus d’une heure pour réparer les dégâts. Clôture électrique rebranchée à fond, Oudini s’en fiche, il ne sent rien et tend sa grosse bouille pour avoir des caresses. Cela bouleverse le plan de la journée, on finira les soins à la lampe frontale…

Les journées ne sont jamais monotones

On peut compter sur les animaux pour rendre la vie plus jolie même quand il s’agit de passer des heures à nettoyer les enclos. Parce qu’on est dehors et que le refuge est très bien pensé et tenu, il n’y a ni dégoût ni lassitude. Et puis, pour leur bien-être et une harmonieuse cohabitation humains-non-humains, la propreté de cet espace communautaire est indispensable. Il y a la fête de l’heure des repas où chacun vous raconte bruyamment qu’il a vraiment super super trop faim, et on en apprend long sur la psychologie cochonne parce qu’il faut ruser pour que chacun reçoive ce dont il a besoin. Et une trentaine de cochons, ça en fait des repas spéciaux ! Et surtout, il y a constamment ces petits instants magiques d’échanges, d’observation mutuelle, le petit coup de tête amical d’un être dont on aura vaincu calmement la timidité, un gratouillis sur le front, un bisou sur le museau.

GroinGroin est un refuge exemplaire, familial, charmant. Il a toujours besoin de bénévoles et de soutiens financiers. Et les dons sont déductibles des impôts à 66%... En ce moment, l’association propose un contrat de 6 mois en service civique. C’est un travail prenant mais passionnant, qui demande un engagement sérieux.

Plus d'informations

Le bon et le beau : tout un plat !

  • Article du Lundi 27 janvier 2014

Elles sont pétillantes, surprenantes, évocatrices de couleurs et d’arômes, de beauté et de saveurs. Elles sont pourtant simples, d'une simplicité déconcertante. Souvent, en les découvrant, tu as envie de dire : "ah oui, j'aurais pu y penser, moi aussi..." Mais elles sont là pour te livrer - justement ! - l'idée qui te manque, la petite touche d'odeur, le minuscule détail charmant qui rend le bon pas seulement bon, mais aussi... beau ! Elles tirent leur charme l'une grâce à l'autre. 


Ce sont Melle Pigut et sa cuisine bio et végétale. Végétarienne dès l'âge de 13 ans, actuellement vegan, Melle Pigut est une extraordinaire ambassadrice du goût contemporain (perçu parfois comme révolutionnaire), dit "alternatif" : les exploits culinaires et esthétiques de cette Cheffe se dispensent de tout produit d'origine animale et relèvent la noblesse de la nourriture saine et éthique de par son engagement pour un monde sans violence.

Proche de l'Association Végétarienne de France, de l'Association Manger Santé Bio du Québec et de L214 Ethique et Animaux, qu'elle soutient activement, Melle Pigut est devenue rapidement une référence incontournable dans le domaine de la cuisine végétalienne. On peut la rencontrer lors des ateliers de cuisine qu'elle anime à Paris ou à Rennes et sur ses deux blogs infatigablement alimentés. Le premier, pigut.com  - petites idées pour grandes utopies - se veut "une source de propagande pour le bonheur et l’épanouissement personnel à travers la compréhension et le respect de soi et du monde qui nous entoure". Le deuxième, cuisine.pigut.com, propose des cours de cuisine bio & végétale, divers services culinaires à domicile et du coaching alimentaire en ligne.


Le 27 janvier, son ebook "Mes Bons Petits Plats d'Hiver - 18 recettes vegan", le premier ouvrage de la collection "La Cuisine Bio Végétale de Melle Pigut", est disponible gratuitement sur Amazon. Il comporte des recettes végétaliennes dont deux tiers sans gluten. Toutes les propositions qu'on y trouve misent sur l'alliance ingénieuse d'ingrédients, sur la simplicité et l'accessibilité raffinées. Rien de mieux pour contrer le reproche sur le soi-disant caractère fade du véganisme !  


Besoin d'un coup de fouet dans la grisaille d'hiver ? Pensez à un smoothie de kiwi, poire et mâche ! Envie d'une boisson chaude ? Voici la pomme caressée par la cannelle et piquée par la muscade et la girofle ! Grande faim ? Osez le rôti de seitan marié au chou de Bruxelles en sauce, ou bien les lasagnes aux lentilles et en sauce aux champignons ! Que vous soyez salé ou sucré, vous trouverez de quoi vous régaler. Parce qu'une fois plongé dans son petit livre de cuisine, Melle Pigut saura vous entraîner généreusement dans l'univers de son esprit curieux, enthousiaste et joyeux, qui ouvre l'appétit et force l'admiration.

Laissez-vous séduire par ses petites idées qui, cuillère par cuillère, goutte par goutte, feront avancer les grandes utopies !


Victoria Luta

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Les œufs dans l'alimentation, bientôt du passé ?

  • Article du Lundi 9 décembre 2013

Le célèbre magazine économique Forbes lui a consacré un article le mois dernier : la start-up californienne Hampton Creek pourrait révolutionner l'industrie alimentaire. Son secret ? Des substituts aux œufs, moins chers et plus économes en ressources, qui pourraient bien rendre les oeufs obsolètes et épargner des millions d'oiseaux.


Just Mayo, la mayonnaise sans oeufs de Hampton Creek

Pour Josh Tetrick, fondateur et PDG de Hampton Creek, entreprise qu'il a lancée il y a deux ans, le ratio énergétique de la production d'oeufs (39 calories utilisées pour 1 calorie produite) en fait un des secteurs alimentaires les plus inefficaces derrière la production de viande de boeuf et de veau. Ayant vécu 7 ans en Afrique subsaharienne où il a pu observer le manque de disponibilité alimentaire, il évoque un meilleur partage des ressources comme une des raisons qui l'ont poussé à créer des substituts d'oeufs.

Mais des milliers - des millions – d'autres individus sont autant de raisons qui poussent Hampton Creek dans ses recherches : aux États-Unis, 90% des poules pondeuses sont élevées en cages de batterie, comme 80% des poules pondeuses en France. Dans les deux cas, les poules vivent dans des bâtiments sans fenêtres sur un sol grillagé, et n'ont jamais accès à l'extérieur. Elles sont entassées dans des cages trop petites pour pouvoir étendre leurs ailes, et la promiscuité crée des comportements violents; pour cette raison, on coupe le bec des poussins de manière à éviter les blessures.


Un élevage français de poules en batterie

Après un an de ponte, les poules ne sont plus assez productives et sont envoyées à l'abattoir. Les souches de gallinacés utilisées dans les élevages de poules pondeuses sont différentes de celles utilisées pour produire des poulets de chair, les mâles sont donc broyés à la naissance (puisqu'ils ne pondent pas d'oeufs) et les femelles réformées seront abattues pour donner de la viande transformée.


Une poule après un an de ponte en élevage

Josh Tetrik estime que l'on doit changer le système entièrement. "Tout repose sur une idée: retirer l'animal de l'équation. Car quand vous retirez l'animal de l'équation, bien souvent vous en retirez également les gaz à effet de serre, le gâchis énergétique, les conditions d'élevage inhumaines, et vous y remettez vos propres valeurs." Selon lui, le consommateur ne doit plus avoir à faire de compromis quand un choix éthique s'impose. "On ne devrait pas avoir à payer plus cher, ou se contenter d'un produit moins bon. Si les gens qui ne se préoccupent pas des conséquences de leur alimentation trouvent que notre produit est moins cher, meilleur et plus pratique, ça nous convient très bien."

L'entreprise ne produira pas de substitut unique. En effet, le défi n'est pas uniquement gustatif, car il s'agit également de reproduire les propriétés de l'oeuf. Par exemple, le substitut doit maintenir ensemble l'eau et l'huile de la mayonnaise. "L'oeuf a 22 fonctionnalités différentes", ont découvert les chercheurs de l'entreprise. "Heureusement, il existe des millions d'espèces végétales dont 92% n'ont jamais été explorées dans l'alimentation, nous allons donc chercher ces différentes fonctionnalités toujours plus loin dans les plantes."

L'entreprise ne cherche pas à créer de nouvelles recettes sans oeufs, mais bien à trouver la combinaison végétale permettant de remplacer les oeufs à recette identique. Les deux premiers produits de Hampton Creek sont une mayonnaise et une pâte à cookies, et une solution devrait voir le jour pour réaliser des oeufs brouillés 100% végétaux.

Environ 35% de la production française d'oeufs n'est pas vendue sous forme d'«oeufs coquille » mais transformée en ovoproduits, c'est-à-dire en liquides utilisés dans la fabrication d'aliments. Cela représente plus de 4 milliards d'oeufs par an, soit 14 millions de poules qui pourraient être épargnées chaque année par le remplacement de ces ovoproduits par des substituts.

Sources :

Tous les lapins sont des Panpan

  • Article du Dimanche 8 décembre 2013

Anne-Lorraine est adhérente L214, elle partage avec nous un texte qu'elle a écrit sur Panpan, un petit lapin qui a eu de la chance d'être accueilli dans un foyer comme celui d'Anne-Lorraine. Fragment de vie raconté en mémoire de Panpan et de tous les lapins de la terre.

65€, 15 jours de garantie...

Au départ je ne savais rien d’eux. Rien de plus qu’un a priori sympathique du souvenir de Panpan dans Bambi. On m’a apporté un jour un petit lapin, vraiment très petit. Avec son ticket de caisse pour le changer s’il y avait un problème. 65 €, 15 jours de garantie...


La chatte Zazi et le lapin Panpan

Comme j’avais une chatte adulte assez territoriale, et que j’avais entendu que les lapins sont des proies, Panpan restait dans sa cage. Ma fille et moi le câlinions en prenant soin de ne pas lui faire peur, en le tenant contre nous le plus délicatement possible. Quand nous le laissions sortir, il se contentait d’un petit tour autour de sa cage. La communication restait limitée. La chatte, Zazi, ne manifestait aucune hostilité. J’ai donc décidé de le laisser libre.

Le salon est devenu « la chambre de Panpan »

J’ai installé son immense cage, porte ouverte. Et la vie de maison a changé.


Zazi et Panpan sur le canapé

Dès qu’il a compris que sa cage ne se fermait plus jamais, il a commencé à explorer son domaine. Exploration qui se fait largement avec les dents ! Il a réaménagé le salon à sa convenance, agrémenté le dessous du canapé de galeries et sculpté les plinthes. Puis il a entreprit de nous apprivoiser ! Il était visiblement ravi et nous le faisait savoir par de longues séances de câlins. Mais c’est avec la chatte Zazi qu’il a développé des manœuvres de séduction surprenantes… Panpan avait beaucoup d’intérêt pour elle et cherchait son contact. Cependant, dès qu’il montait à côté d’elle sur le canapé, elle partait ou le repoussait. Amoureux éconduit, il restait au pied du canapé ou à l’autre bout du canapé. Après quelques déconvenues, il a élaboré une stratégie. Il montait sur le coin opposé du canapé et centimètre par centimètre, se rapprochait d’elle. Les premières fois, arrivé près d’elle, il se collait à elle mais l’orgueilleuse Zazi n’allait tout de même pas se laisser conquérir si facilement et l’envoyait littéralement valser plus loin d’un coup de patte, sans griffe, mais déterminée.

Panpan ne renonçait jamais

Il a peaufiné sa stratégie : parvenu à 2 ou 3 centimètres de la poilue de sa vie, il se penchait très légèrement sur le côté, juste assez pour les poils se frôlent. Zazi détournait la tête comme si elle n’avait rien vu. C’était génial. Ils passaient de longues heures ainsi sur le canapé, à se faire des câlins comme si de rien n’était… Et parfois, comble du bonheur, Zazi daignait lui rendre son amour, se tournait vers lui et lui léchait la tête. On entendait les petits frottements de dents que les lapins émettent dans les grands moments de plaisir du bout du salon !


Tendre câlin

Avec les humains de la maison, Panpan était aussi un grand séducteur. Le matin quand j’entrais dans sa chambre, il accourait vers moi et se dressait pour que je le prenne dans les bras. Suivait une longue séance de bisous, frottements de mentons et grincement de dents pour nous montrer à quel point nous étions heureux de nous retrouver. Panpan gambadait ensuite autour de moi et courait derrière les balles de papier que je lui lançais. Quand des inconnus venaient, il était immédiatement accueillant, grimpait sur les genoux et manifestait son intérêt pour les contacts.

Un jour, une chatonne est venue agrandir notre tribu

Panpan a pris très au sérieux sont rôle d’éducateur et fait respecter sa place dans la hiérarchie familiale. Galaxy, la chatonne, était la bienvenue mais qu’elle était la dernière arrivée, donc dernière servie. Il avait un petit coussin près du radiateur. Zazi s’y couchait fréquemment. Panpan se mettait alors près d’elle et, comble du bonheur, Zazi posait sa tête sur lui pour dormir ! En revanche, lorsque Galaxie voulait le coussin, il l’a faisait déguerpir sans délai ! Galaxie a beaucoup appris de lui. Petite, elle se laissait tomber sur le côté, comme le font les lapins, pour se coucher ! Elle mangeait des graines et du foin et jouait avec Panpan comme elle l’aurait fait avec un autre chaton. Panpan était assez costaud pour se défendre mais par sécurité, les jeux se faisaient toujours en notre présence. Des heures de rires. Ils se coursaient dans l’appartement et c’était toujours magique de voir Panpan poursuivre les chattes et l’inverse quelques secondes plus tard.
J’ai dû quitter la France pour le Canada. Zazi et Galaxy sont restées en France avec leur « maman » humaine et Panpan est venu avec moi. Après notre arrivée, j’ai adopté une chatte de son âge. Panpan avait toujours vécu avec des chats et je ne voulais pas qu’il se sente seul. Ils sont devenus très copains. J’ai eu aussi beaucoup de chats en famille d’accueil. Je présentais Panpan aux chatons et il était toujours très accueillant et savait se faire respecter. Une chatonne a même essayé de le téter une fois !


Une copine chatte de Panpan : Martha

Il laisse un grand vide

Panpan est mort à dix ans, pendant une période de canicule trop longue pour son petit corps et son âge.

Son comportement et ses capacités, intelligentes et sensibles, nous ont étonnés quotidiennement. Les souffrances imposées aux lapins exploités sont intolérables. Ce sont des êtres à l’intelligence très fine, à la sensibilité très développée. Leurs capacités sont immenses. Il est tout aussi insupportable de les voir confinés, trop souvent encore, dans les petites cages d’une salle de classe ou d’une chambre d’enfants où les enfants n’apprendront certainement pas à respecter les animaux mais à les dominer. On entend souvent parler de lapins mordeurs. Panpan ne mordait pas. Ce tout petit lapin a illuminé la vie de la maison pendant 10 ans. Sa présence joyeuse a fait notre bonheur chaque jour...

Un lapin mort entre mes mains - texte de Nina

  • Article du Lundi 2 décembre 2013

L214 a réalisé une tournée d'actions en France en octobre 2013 pour dénoncer les conditions abominables d'élevage des lapins Made In France. Ces actions ont eu lieu dans 7 villes, nous vous proposons un arrêt à Strasbourg où Nina, participante, pose des mots sur son ressenti. Merci à elle.

Happening de l’association L214 Tous sensibles à Strasbourg le mardi 22 octobre 14h place Kléber

Après avoir hésité à me lancer dans cette action, je réalisai qu’il m’était plus difficile encore de ne rien faire, de ne pas m’engager. Parce qu’il s’agit bien ici d’engagement.

Participer à cette action a scellé mes positions, je sais pourquoi je l’ai fait, je sais ce que signifie pour moi que de s’aventurer sur la voie du végétarisme.

Debout, droite, une combinaison, un T-shirt rappelant la raison de notre présence, des gants, je regarde loin devant moi. J’attends, comme toutes les autres personnes qui sont venues pour montrer leur indignation face aux traitements infligés aux lapins élevés pour être abattus, élevés comme marchandises.

Ce que l’on nous avait annoncé arrive : chacun de nous porte maintenant un lapin sacrifié au nom d’une société de rendement, un lapin dans nos bras, mort, dur comme de la pierre.

Je te tiens dans mes bras. Même si tu ne ressens plus la chaleur que je peux t’offrir, je suis là pour toi, nous sommes là pour vous, êtres sacrifiés pour une société qui n’est pas la vôtre, qui vous méprise, qui est la nôtre mais dont nous ne voulons plus. Pardon. Pardon d’avoir laissé faire ça. Nous n’acceptons pas que vous soyez morts sans raison ; aujourd’hui nous vous rendons hommage, nous accrochant à l’espoir d’éveiller les consciences qui nous observent, portant contre nous ces lapins qui ne sont plus que des corps.

L’action touche à sa fin. On me retire le lapin des bras, ceux-ci retombent le long de mon corps, qui me semble incroyablement vide. Je suis vide de ne pouvoir être proche de chacun d’entre-eux. Remplie d’une nouvelle volonté, celle de ne pas lâcher.

À la campagne, la souffrance animale s'entend aussi

  • Article du Samedi 23 novembre 2013

Des cris dans la nuit ont réveillé et inquiété les habitants d'un petit village situé dans l'État du Massachusetts. La police rassure : « cela se produit chaque année et c'est normal ».
Coupure de presse parue dans un journal local traduit de l'américain par Marie Ramblier pour L214.

Ces sons étranges s’avèrent être des gémissements de vaches séparées de leurs veaux

NEWBURY — 23/10/2013 — La police a rassuré les résidents qui ont entendu des bruits étranges venant de la ferme Sunshine Dairy dans la nuit de lundi et ce jusqu’à hier matin.

Selon le sergent Patty Fisher, ces meuglements sont émis par les vaches qui manifestent leur douleur au moment où on leur enlève leurs veaux. Il explique que les vaches sont séparées de leurs veaux tous les ans et qu’il s’agit d’une pratique normale pour le bon fonctionnement d’une ferme laitière.

Elle ajoute que « cela se produit tous les ans à la même période ».

Après avoir reçu au moins quatre appels entre minuit et 7 heures hier matin suite à ces bruits, Fisher a immédiatement publié un message sur sa page Facebook :

« Les personnes qui habitent près de la ferme Sunshine Dairy et qui entendent de très forts gémissements à toute heure du jour et de la nuit ne doivent pas s’inquiéter. Les vaches ne sont pas stressées et les bruits qu’elles manifestent sont tout à fait normaux. »

Le fait de séparer les vaches de leurs veaux ne manque pas de soulever une controverse de la part de nombreux bloggeurs et défenseurs des droits des animaux qui qualifient cette pratique inhumaine et cruelle. Les vaches sont séparées de leurs veaux peu de temps après leur naissance pour qu’ils ne boivent pas le lait de leur mère. Ils sont ensuite isolés dans de petits boxes en attendant qu’ils grandissent pour être placés avec d’autres veaux, selon plusieurs sites web de fermes laitières.

Une semaine à Woodstock

  • Article du Lundi 11 novembre 2013

J’ai entendu parler la première fois du Woodstock Farm Animal Sanctuary à Chicago, dans un petit restaurant végétarien, le Chicago Diner. Une affiche dans le restaurant mentionnait « We proudly support Woodstock Farm Animal Sanctuary » avec la photo des deux canards qu’ils parrainaient, Mickey et Jo.

Trois ans plus tard, je revois encore cette affichette. Ce qu’elle provoque en moi. À ce moment là, je suis végétarienne depuis plus de 20 ans. J’aspire au végétalisme sans y parvenir. Droguée au fromage, aux œufs. Je fais des tentatives, j’échoue, je recommence. C’est comme avec la cigarette, mais il n’y a pas de patchs de Saint-Nectaire fermier. Je suis végétarienne parce que j’aime les animaux, je ne me sens aucun droit sur eux. Je sais qu’ils sont comme nos frères, nos sœurs, nos parents. Comme nous, des êtres doués d’intelligence, de compassion, de tendresse. Des êtres sociaux qui ont des liens de famille et d’amitiés. Ils sont avec nous. Pas pour nous.

Je suis allée passer quelques jours à Woodstock l’été dernier. Citadine survoltée et à bout de souffle, j’ai besoin de la présence des animaux, je veux apprendre ce qu’est une ferme sanctuaire. Je me propose comme bénévole pour une petite semaine. J’ai été accueillie avec chaleur par les gens et les animaux. J’ai beaucoup reçu. Immensément.

Le sanctuaire est à quelques minutes de Woodstock, à deux heures au nord de New York, dans les montagnes Catskill. La route est belle, la végétation exubérante, trouée de jolies maisons en bois.
Le sanctuaire a été créé par Jenny Brown et son mari, Doug Abel. Jenny travaillait dans le cinéma. Végane depuis longtemps, impliquée dans quelques associations pour lesquelles elle avait réalisé des reportages en caméra cachée, elle abandonne sa carrière pour se consacrer aux animaux et militer pour leur défense. Elle passe une année dans une ferme sanctuaire pour se former aux soins et se préparer à créer son propre sanctuaire.
En 2004, son mari et elle achètent la ferme de Woodstock. Ils s’y marient, les amis leur offrent les premières clôtures et poulaillers ! La ferme s’est agrandie d’une maison d’hôte. Elle est ouverte à tous, il faut juste y respecter la politique vegan. Le petit déjeuner suffit à convaincre les plus septiques.

Environ quatre cents animaux vivent ici. Des chèvres, des moutons, des cochons, des poules et des coqs, des canards, des dindons, des lapins, des vaches, une mule. Il y a aussi des chiens et des chats. Tous sont amicaux et curieux.

La ferme est organisée en différents espaces pour répondre aux besoins et au confort de ses habitants. La première impression qui me saisie est la sérénité qui émane de toute chose. C’est un havre de paix. Jamais cette image n’a été plus juste dans mon esprit. Chacun ici est en sécurité. Je me sens sereine comme jamais je ne l’ai été. Confortablement installée dans une chaise à bascule, je regarde la nuit tomber sur la ferme tandis qu’autour de moi s’illuminent des lucioles.

Le lendemain matin, après un petit déjeuner vegan et gastronomique, je me présente à la ferme. Je ne sais rien faire de particulier, je suis juste forte de ma bonne volonté et je n’ai pas peur de me salir.

En compagnie de deux autres bénévoles, le premier travail de la journée consiste à nettoyer la litière des moutons. Sheila, la soigneuse qui nous supervise, nous les présente. Chacun a son nom et Sheila, comme toutes les autres personnes de la ferme, connaît l’histoire de chacun. Elle insiste sur les plus fragiles en nous recommandant de leur porter attention. Il fait une chaleur accablante. Les animaux très âgés ou de santé faible sont particulièrement surveillés. Les moutons ne nous connaissent pas, nos gestes sont maladroits, et pourtant la plupart viennent nous saluer et nous rendent nos caresses par de petits coups de tête. Je remarquerai vite que c’est le cas de tous les autres résidents de la ferme. Et il n’y a pas de crainte en eux. Moi qui croyais que tous les moutons étaient super peureux…

Alors que nous finissons, un nouveau mouton arrive. Dès son arrivée, Jenny s’installe dans la paille avec lui, dans un petit box collé contre celui des autres moutons. Il est apeuré, tremblant. Elle lui enlève l’étiquette qu’il a dans l’oreille et ramasse une crotte pour la faire examiner, vérifier son état de santé. Les gestes sont précis, rapides, professionnels et toujours très doux. Il ne sera plus jamais un numéro. C’en est terminé de l’esclavage mais il ne le sait pas encore. Son inquiétude fait mal au cœur mais il va vite comprendre. Les autres moutons se pressent de l’autre côté du box pour venir voir le nouveau. Sans doute joignent-ils leurs efforts à ceux de Jenny pour lui dire que maintenant, tout va bien. Il est sauvé. Il est rejoint quelques heures plus tard par un autre mouton et dès le feu vert du vétérinaire, Abbe et Izze rejoignent leur nouvelle famille.

La prochaine tâche est le nettoyage de la maison des poules. L’enclos, comme tous les autres, est vaste, séparé en deux par la maisonnette. D’un côté de grosses poules blanches, de l’autre des petites poules rousses. Je fais le nettoyage avec ces dames dans les jambes. Elles ne sont absolument pas craintives et tournicotent autour de moi. Ce n’est pas pratique mais très ludique ! En récurant la maison, j’ouvre une porte intérieure, les blanches dodues vont rendre visite aux voisines rousses. Tout paraît normal, simple visite de bon voisinage. Je vais chercher Sheila pour vérifier le travail. Il faut remettre vite fait les poules blanches chez elles ! En fait, même si elles sont bonnes voisines, les blanches n’ont pas le droit d’aller chez les rousses. Elles étaient destinées à être mangées. Elles sont donc génétiquement programmées, modifiées, pour être énormes. Elles peuvent manger tout ce qu’elles trouvent dans la terre mais les graines sont contrôlées. Les voisines rousses étaient destinées à pondre. Elles n’ont pas ce problème de poids. Donc, bonnes voisines, certes, mais très intéressées aussi les poulettes blanches… Je ruse assez facilement pour remettre de l’ordre. En fin de journée, j’ai une des plus réjouissantes vision de mon séjour : dans l’infirmerie, deux soigneurs sont devant la table d’examen, chacun tient une poule blanche dans les bras pour un bain de pattes… C’est assez drôle à voir mais la raison est que ces pauvres petites ont de graves problèmes de pattes à cause de leur poids. Il faut les surveiller et les soulager. Surtout avec la canicule qui sévit. Le lendemain après-midi, elles sont toutes rapatriées dans la maison d’accueil des visiteurs où elles pourront profiter de la climatisation… Les visiteurs se tasseront un peu.

Dans l’infirmerie, outre les poules qui prennent leur bain de pattes, je fais la connaissance d’une beauté rousse, Marybeth. Séparée de sa mère à la naissance pour devenir à son tour une vache laitière. Marybeth a 6 semaines.

Elle a été sortie de l’usine de lait parce qu’elle a une infection sanguine. Elle n’est donc pas « bonne pour le service ». Une dame a réussi à la récupérer avant qu’elle ne parte pour l’abattoir et elle est transportée à Woodstock. Sa patte arrière est fragile à cause de son infection, elle doit voir le vétérinaire dans quelques jours. Aucune prothèse n’est possible pour une vache et elle ne peut vivre sur trois pattes, son corps adulte serait trop lourd. Si sa patte ne peut être sauvée, c’est Marybeth qui est condamnée.
Marybeth adore les câlins. Elle veut téter aussi. On me donne la permission de rentrer dans son box pour la câliner. Comme tous les bébés, elle a besoin de compagnie et de tendresse. Elle me lèche inlassablement les bras avec concentration. Sa langue est rugueuse, plus efficace qu’un gommage ! Je lui donne un seau de lait dans lequel elle donne de grands coups de tête, comme elle le ferait si elle pouvait téter sa mère… C’est bouleversant et sportif de lui tenir le seau de lait. Je me sens très privilégiée.
Chaque jour, elle a droit à quelques minutes de liberté. C’est une explosion de joie. Marybeth libérée de son box file directement vers les autres animaux, sautillant en gestes désordonnées de ses membres gourds, elle lance des éclats de bonheur autour d’elle, provoque l’hilarité et nous brise le cœur. Tant de joie, tant d’envie de vivre. Pourra-t-on seulement la sauver ? Dans un sanctuaire qui accueille 400 résidents, souvent dans un mauvais état de santé, les décès sont fréquents. Les soigneurs me disent qu’ils ne s’y habituent jamais. A chaque fois, leur cœur se fracasse.

À ce jour, Marybeth tient bien le coup, l’infection est stoppée et il semble que ses os se reconstituent. Tous les espoirs sont permis et elle est très forte !

Comme je semble dans mon élément dans la paille, on me confie des poches froides à appliquer sur les rhumatismes d’une chèvre. Elle bouge et ne me rend pas les choses faciles. Je me contorsionne en me gelant les doigts pour que la poche reste en place. Au bout d’un petit moment, elle se retourne vers moi et frotte sa tête contre la mienne. C’est intense, fraternel. Quitter ce paradis sera difficile.

Durant le week-end, la ferme est ouverte au public. Suffisamment proche de New York pour qu’on fasse l’aller retour dans la journée, elle profite aussi du passage important qu’attire la mystique ville de Woodstock. Tout le monde s’active pour bien accueillir les visiteurs. C’est une mission primordiale de l’activité du sanctuaire. Il s’agit de montrer à tous les animaux que nous exploitons par milliards dans une ignorance bien pratique de qui ils sont et de ce qu’ils subissent. Toute l’équipe se relaie pour faire visiter et expliquer, informer, sensibiliser. Devant la maison d’accueil, on peut voir un documentaire qui passe en boucle, tout en grattant la tête d’Emmet le bouc, goûter du fromage vegan, prendre des tracts pour approfondir ses connaissances. C’est Jenny qui ouvre le bal. A chaque étape, elle raconte d’où viennent les animaux. Ce que signifie concrètement leur vie en exploitation. Elle n’en rajoute pas. La description de la réalité suffit largement. Devant chaque enclos, des photos ou des modules industriels illustrent son propos. La réalité, c’est ça. Cette cage minuscule sert à entraver une truie comme celle dont vous êtes entrain de gratter le ventre et qui grogne de plaisir.

Et quand vous mangez du jambon, et bien c’est cette partie là de son corps que vous mangez. Chaque animal retrouve son individualité, Jenny n’est pas avare d’anecdotes sur leurs histoires. Il y a quelques stars ici. Comme Kayli, la vache qui s’est échappée du « marché aux bestiaux » dans lequel elle aurait dû être tuée. Elle attendait dans ce couloir de la mort avec d’autres animaux et elle a su saisir une opportunité de s’enfuir. Elle a été rattrapée par la police et ramenée au marché. Mais déjà le bruit a couru et des sympathisants sont venus demander sa grâce. Accordée par le gouverneur de l’état !

Pendant 5 jours, j’ai eu la chance de vivre au contact d’êtres précieux. Les animaux et ceux qui prennent soin d’eux, Sheila, Sue, Fela, Scott, Hervé, Jenny, Doug qui travaillent là, Gabriella et Erin qui étaient en stage, et plusieurs bénévoles comme moi. Le travail est très prenant, physique mais l’ambiance est joyeuse, chaleureuse. L’attention portée aux animaux s’étend à tous. J’ai rencontré des gens engagés, unis. Avoir partagé leur quotidien est un privilège qui m’a apporté beaucoup.

Je suis maintenant végane. Et je n’en éprouve plus aucune difficulté.

Vous pouvez découvrir plus sur cette ferme unique en visitant leur site

Pour ceux qui lisent l’anglais, vous pouvez vous procurer le livre formidable et édifiant de Jenny Brown, « The Lucky Ones, my passionate fight for farm animals » !

Anne Lorraine Vigouroux