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L'altruisme efficace : aider humains et animaux le plus efficacement possible.


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Ce mardi 5 juillet a eu lieu à Paris la conférence de lancement de l’association Altruisme Efficace France, en présence notamment de Peter Singer (1) et de Hélène Giacobino (2).

Mais l’altruisme efficace, qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit d’aider les autres, tout en réfléchissant aux moyens les plus efficaces d’aider le plus d’individus possible. En adoptant une démarche scientifique et rationnelle, il est possible de mieux évaluer l’impact de nos actions sur le monde qui nous entoure.

 

Les animaux sont aussi concernés par l’altruisme efficace

 

Que la souffrance soit subie par des animaux plutôt que par des humains ne la rend pas moins importante. Comme l’explique Peter Singer, l’égalité de considération des intérêts doit s’appliquer indépendamment de l’âge, du sexe, de la race ou de l’espèce des individus. Évidemment, les intérêts des individus ne sont pas similaires en tout point : un cochon ne sera pas passionné par une conférence sur l’altruisme efficace, à la différence de certains humains. En revanche, tous les animaux, qu’ils soient humains ou non, ont un intérêt à ne pas souffrir. Que l’on soit un lapin, un enfant en bas-âge ou une femme trentenaire, nous souhaitons tous éviter la souffrance. Ne pas reconnaître l’importance de la souffrance d’un animal à l’égal de celle d’un humain serait faire preuve de spécisme. La question animale est donc à prendre en compte lorsqu’on réfléchit à l’altruisme efficace.

 

Les chiffres comptent

 

Chaque année, 60 milliards d’animaux terrestres et plus de 1 000 milliards d’animaux marins sont tués pour la consommation alimentaire humaine. La quantité de souffrance que cela représente est pour ainsi dire impossible à appréhender. À titre de comparaison, à chaque fois qu’un chien ou un chat est euthanasié dans un refuge, ce sont 2600 animaux d’élevage terrestres qui perdent la vie. Aux États-Unis, sur les 9,1 milliards d’animaux terrestres abattus par an, 8,6 milliards sont des poulets de chair. Et 139 millions de poulets meurent de faim, de soif, de blessures ou d’infections dans les élevages avant d’atteindre l’âge d’être tués. Le nombre de poulets qui meurent dans les élevages avant l'âge de 40 jours est 5 fois supérieur à tous les animaux tués ou euthanasiés dans les refuges, l’industrie de la fourrure et les laboratoires.

nombre de poulets morts en élevage comparé au nombre d'animaux tués pour la fourrure, la recherche, et dans les refuges

Source : countinganimals.com

Malgré ces chiffres accablants, les dons aux organisations de défense animale aux États-Unis sont dédiés à plus de 50% aux chiens et chats, alors que ceux-ci représentent moins de 1% des animaux en souffrance ou tués. La question des animaux utilisés et tués pour la consommation alimentaire est donc largement délaissée alors qu’elle devrait être centrale dans le combat contre la souffrance animale.

Le site Animal Charity Evaluator répertorie les associations de défense des animaux les plus efficaces, en étudiant précisément leur impact selon de nombreux critères. Par exemple, il a été calculé que chaque dollar donné à l’association Animal Equality permet à 13 animaux d’éviter les affres de l’élevage industriel !

poulet en élevage

photo creative commons / Iselin Linstad Hauge

Une réflexion individuelle complexe

Si les chiffres ont leur importance, on ne peut répondre aux nombreuses questions qui découlent de l’altruisme efficace par de simples additions. Bien d’autres paramètres sont à prendre en compte. À titre individuel, quels sont les moyens financiers, le temps, les compétences que l’on peut mettre en œuvre ? Comment éviter de soutenir des projets dont la réalisation est trop improbable ? Dans quel domaine pense-t-on pouvoir s’engager sans se décourager sur le long terme ? Chacun devrait chercher à répondre au mieux à ces questions.

Au delà de ces interrogations, le simple fait de s’alimenter de façon vegan au quotidien épargne de nombreux animaux, tout en nous laissant autant de temps pour agir efficacement contre la souffrance humaine ou animale. Le véganisme s’intègre ainsi parfaitement dans une démarche d’altruisme efficace, puisqu’il provoque des effets concrets pour un investissement de temps minime ou inexistant.

Notes :

(1) Peter Singer est considéré comme l’un des philosophes les plus influents de notre époque pour ses nombreux travaux en éthique appliquée. Il a notamment écrit La libération animale en 1976, qui est un des textes fondateurs du mouvement pour les droits des animaux. Sauver une vie : agir maintenant pour éradiquer la pauvreté en 2009 et The most good you can do en 2015 qui traitent tous deux d’altruisme efficace pour les humains.

(2) Après avoir travaillé 15 ans en tant qu’avocate, Hélène Giacobino s’engage en 2008 à l’association J-PAL et voyage à travers le monde pour faire la promotion des essais contrôlés randomisés qui permettent d’évaluer au mieux les effets des programmes des ONGs qui luttent contre la pauvreté.