Le « choix de Sophie » d'une vache laitière

  • Article du Vendredi 1 juin 2018

Les vaches, comme les humains et tous les autres mammifères, ne produisent du lait que lorsqu'elles ont enfanté. En élevage, chaque année les vaches « laitières » sont inséminées pour donner naissance à un veau. Mère et nouveau-né sont séparés après 24h, malgré l'intensité du lien qui les unit.

Le récit ci-dessous raconte l'histoire d'une vache ayant donné naissance à des jumeaux et qui tenta de garder l'un de ses petits, en effectuant un choix similaire à celui du personnage de Sophie dans le roman de William Styron, “Le choix de Sophie”. Devant la menace de perdre ses deux enfants dans un camp d'extermination, Sophie avait été contrainte d'en livrer un dans l'espoir de sauver l'autre.

Les vaches laitières sont des mamans privées de leurs petits. Avant le verre de lait, il y a la douleur d'une mère et la détresse d'un nouveau-né.


vache et veau, une famille

Par le vétérinaire Holly Cheever

" J'aimerais vous raconter une histoire touchante et vraie. Après avoir obtenu mon diplôme à l'école vétérinaire de Cornell, j'ai fréquemment exercé dans les exploitations laitières de Cortland. J'y étais appréciée du fait de la douceur de mes interventions sur les vaches.

L'un de mes clients me sollicita un jour pour résoudre un mystère : la veille, dans une prairie, l'une de ses vaches Brune des Alpes avait mis bas pour la cinquième fois dans sa vie. Une fois rentrée à la ferme avec son nouveau-né, son veau lui fut retiré, et elle, conduite en salle de traite. Mais son pis était vide, et il le resta pendant plusieurs jours.

Après la naissance de son veau, cette vache aurait dû produire près de 47 litres de lait par jour. Cependant, et en dépit du fait qu'elle se portait bien par ailleurs, son pis restait vide. Elle partait au pré le matin après la première traite, revenait pour la traite du soir, et restait la nuit en prairie – c'était un temps où les bovins étaient autorisés à profiter un minimum de certains plaisirs au cours de leur vie – mais jamais son pis n'était gorgé de lait comme celui d'une vache qui a mis bas.

Je fus appelée deux fois sur place pendant la première semaine suivant son accouchement, mais je ne trouvai aucune explication. Finalement, le onzième jour, l'éleveur m'appela : il avait trouvé la réponse : la vache avait donné naissance à des jumeaux, et par un « choix de Sophie », elle avait livré l'un de ses veaux à l'éleveur et gardé l'autre dans un bois en bordure de prairie. Chaque jour et chaque nuit, elle retrouvait et nourrissait son petit – le seul qu'elle ait jamais pu garder auprès d'elle. Malgré mes efforts pour convaincre l'éleveur de laisser la mère et son petit ensemble, il lui fut enlevé et envoyé dans l'enfer des box à veaux.

Pensez un instant au raisonnement complexe élaboré par cette maman. Premièrement, elle se rappelait la perte de ses précédents petits et la conséquence de rentrer avec eux à la ferme : ne plus jamais les revoir (une situation déchirante pour toute mère mammifère). Deuxièmement, elle formule un plan et l'exécute : si ramener son veau à la ferme signifie le perdre inévitablement, alors elle installera et cachera son autre petit dans les bois, comme les biches, jusqu'à son retour. Troisièmement – et je ne sais comment l'expliquer – au lieu de cacher les deux veaux, ce qui aurait attiré la suspicion de l'éleveur (une vache gestante quittant la ferme le soir, la même vache revenant au matin non-gestante mais sans progéniture), elle lui en a donné un et gardé l'autre. J'ignore comment elle a pu faire cela – il aurait été plus probable qu'une maman désespérée tente de cacher ses deux petits.

Tout ce que je sais, c'est qu'il se passe derrière ces yeux magnifiques beaucoup plus de choses que nous, humains, n'avons jamais voulu voir. En tant que maman, qui ai pu élever mes quatre enfants, et n'ai pas eu à souffrir de la perte d'un seul d'entre eux, je ressens sa douleur."


Holly Cheever, Docteur en médecine vétérinaire
Vice Presidente du New York State Humane Association
traduit du site AllCreatures.org

Bannière Les poissons et moi...

Les poissons et moi...

  • Article du Vendredi 3 avril 2015

J'ai tardé 3 ans à larguer le poisson... J'ai même travaillé dans un élevage de bars en Bretagne. Ainsi pendant plusieurs étés, j'ai alimenté, sorti les morts, trié, manipulé les poissons avec des épuisettes (havenaux). Au cours de ces manipulations, il arrive que des poissons tombent sur le sol des pontons, on les ramasse comme on peut, ils se blessent, parfois crèvent de stress.

Bannière Les animaux ne sont plus des biens meubles

Les animaux ne sont plus des biens meubles

  • Article du Mercredi 18 février 2015

Mercredi 28 janvier 2015, l’Assemblée nationale a voté en lecture définitive la disposition de loi reconnaissant l’animal comme étant un « être vivant doué de sensibilité ». Quelles sont les conséquences de ce changement ?

Grâce à l'amendement déposé par Jean Glavany, l’animal est désormais reconnu comme un « être vivant doué de sensibilité » dans le Code civil. Mais ce changement a surtout une portée symbolique. En effet, aucun statut de l’animal n’a été créé.  
Bannière La cruauté envers les animaux ne s’arrêtera pas tant que nous continuerons de manger de la viande

Dans un article publié le 3 février 2015 dans The Guardian, Peter Singer, auteur de La libération animale, fait le point 40 ans après la publication de son ouvrage majeur. Il réagit notamment à la diffusion d'une vidéo faite par Animal Aid, une association militante, filmée en Angleterre dans un abattoir où il a été constaté des actes de cruauté sur des animaux. Pour Peter Singer, tant que nous continuerons à consommer de la viande, ces actes de maltraitance demeureront inévitables. Voici la traduction de cet article par Kévin Barralon. Merci à lui.

"Les animaux pensent-ils ?"

  • Article du Mercredi 3 septembre 2014

De récentes et nombreuses découvertes scientifiques attestent que les animaux sont beaucoup plus intelligents qu’on ne le croyait. Il suffit pour s’en convaincre de regarder l’un des nombreux reportages désormais consacré à ce sujet, comme celui actuellement diffusé sur Arte : « Les animaux pensent-ils ? ». Ce documentaire, réalisé en 2012, révèle quelques-unes des dernières découvertes concernant les aptitudes cognitives des animaux.

On découvre que la guenon chimpanzé Ai et son fils Ayumu sont capables de travailler sur des symboles aussi abstraits que des chiffres romains, et que leur mémoire numérique dépasse largement celle des étudiants humains qui se mesurent à eux.

On y voit des primates, mais aussi des corbeaux californiens et des choucas se servir d’outils, des cacatoès parvenir à ouvrir des mécanismes comprenant cinq systèmes de fermeture différents, une pie tenter d’enlever un gommette jaune fixée sous son bec (non visible pour elle) après s’être vue dans un miroir.


Chris est actif depuis bientôt deux ans aux côtés de L214. Ses compétences, sa gentillesse et sa disponibilité ont d’abord bénéficié à l’équipe lyonnaise dont il est rapidement devenu une figure incontournable. Il est désormais investi pour les animaux et L214 à Colmar et Sélestat, où il vient de s’installer. Le témoignage qu’il nous livre ci-dessous vous permettra de mieux le connaître. Contactez-nous pour le rejoindre sur le terrain.

 


Dans son dernier livre, toujours consacré à la question animale, Florence Burgat sort de son domaine de prédilection – la philosophie -, et de sa culture pour nous entraîner en Inde. Avec cet ouvrage, Ahiṃsā. Violence et non-violence envers les animaux en Inde, nous l’accompagnons durant une vingtaine de jours dans ce pays qu’elle a - courageusement ou inconsciemment - pris le parti de découvrir sans méthode ni savoir, sans idée préconçue sinon les plus communes (les « vaches sacrées », le pays du végétarisme… ).

En raison notamment de textes classiques indiens profondément empreints de compassion pour tous les êtres sensibles, du charisme du Mahatma qui prônait sans relâche l’ahiṃsā (non-violence qui inclut une dimension de bienveillance) et du végétarisme valorisé par plusieurs religions indiennes (hindouisme, bouddhisme, jaïnisme, sikhisme), l’Inde apparaît encore comme un modèle en ce qui concerne les animaux. Mais cette image de l’Inde, en tant que fondatrice de la non-violence, de la protection et des soins envers les animaux, est-elle réellement et encore pertinente ?

J’avance les yeux vers le sol

  • Article du Jeudi 17 avril 2014

J’avance les yeux vers le sol
Ont-ils si peu d’humanité ?
Pourquoi toute cette brutalité ?
Je tremble dans ce sous-sol

Le soleil inonde mon paradis
Le parfum de ma mère
L’odeur de la terre
La chaleur de la vie

La séparation sans raison
Ont-ils si peu de compassion ?
Pourquoi toute cette humiliation ?
Enfermé dans ce camion nauséabond

Nos courses de folie
La joie des enfants
La douce caresse du vent
Le bonheur d’être en vie

Le froid m’a engourdi
Ont-ils si peu de sagesse
Pour nous infliger tant de détresse ?
Le doute m’a envahi

Je revois leur émotion
Moi qui croyais à leur affection
Était-ce une illusion ?
L’effusion d’amour le fruit de mon imagination ?

L’enfer au bout du couloir
Pour moi qui leur faisais confiance
Cette abomination n’a pas de sens
Je cède au désespoir

J’aperçois le bourreau
Prêt à donner la mort
Quel triste sort
Que celui d’un agneau

Chris

texte alternatif